Les forces de sécurité lancent des attaques et détiennent des
manifestants ainsi que d’autres habitants locaux
(Kinshasa, le 22 décembre 2011) – Les forces de sécurité
congolaises ont tué au moins 24 personnes et placé en détention arbitraire des
dizaines d’autres depuis le 9 décembre 2011, date à laquelle le président
Joseph Kabila a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle
controversée, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le gouvernement doit
mettre un terme immédiat aux attaques et aux arrestations arbitraires lancées
par les forces de sécurité contre les partisans de l’opposition et la
population locale dans un effort apparent pour empêcher toute protestation
contre les résultats controversés des élections, a rapporté Human Rights Watch.
Human Rights Watch a constaté que parmi les personnes
tuées se trouvaient des militants et des partisans, ainsi que des personnes
interpelées dans la rue, ou même dans leurs maisons. Human Rights Watch a été
informé de dizaines d’autres attaques et meurtres commis par les forces de
sécurité. L’organisation a lancé des recherches pour confirmer ces derniers
faits et poursuit ses enquêtes.
« Depuis que Joseph Kabila a été déclaré
vainqueur de l’élection présidentielle, les forces de sécurité ont tiré sur des
petites foules, apparemment pour empêcher la tenue de manifestations contre le
résultat de l’élection », a déclaré Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch.
« Ces manœuvres sanglantes contribuent à fragiliser le processus
électoral et donnent l’impression que le gouvernement ne reculera devant rien
pour rester au pouvoir. »
Joseph Kabila, le président sortant, a été investi à
Kinshasa, capitale de la RD Congo, le 20 décembre suite à une élection qui a
été fortement critiquée par les observateurs nationaux et internationaux des
élections comme manquant de crédibilité et de transparence. Le 16 décembre, la
Cour Suprême nommée par Joseph Kabila a rejeté la demande de l’opposition qui
souhaitait l’annulation du vote pour cause d’allégations de fraude.
Les incidents liés à des exactions commises après les
élections par les forces de sécurité ont été documentés par sept membres de
Human Rights Watch dans le cadre d’une collaboration avec 17 activistes des
droits humains congolais répartis dans tout le pays après avoir reçu une
formation d’observateurs pour les élections. Human Rights Watch a interrogé 86
témoins, dont des victimes et des membres de leurs familles, et a en outre
rassemblé des informations provenant d’autres sources.
Human Rights Watch a recueilli de nombreux témoignages au
sujet d’incidents au cours lesquels des membres de la Garde Républicaine
attachés à la sécurité présidentielle, la police et d’autres forces de sécurité
ont tiré sur des groupes de personnes dans la rue qui avaient peut-être
manifesté contre le résultat des élections, se préparaient à manifester, ou
étaient de simples passants. Au cours d’autres incidents, des personnes
soupçonnées d’être des partisans de l’opposition ont été prises pour cibles et
tuées.
Au moins 24 personnes ont été tuées par les forces de
sécurité entre le 9 et le 14 décembre, dont 20 à Kinshasa, 2 dans le Nord-Kivu
et 2 dans la province du Kasaï Occidental. Human Rights Watch a aussi documenté
un incident au cours duquel un groupe de jeunes à Kinshasa a jeté des pierres sur
un prêtre qui a par la suite succombé à ses blessures.
Il semblerait que la police et d’autres forces de
sécurité masquent l’étendue des meurtres en enlevant rapidement les corps, a
déclaré Human Rights Watch. Plusieurs sources ont informé Human Rights Watch
que le gouvernement avait donné pour instruction aux hôpitaux et aux morgues de
ne pas fournir d’informations concernant le nombre de morts, ni de détails sur
les individus blessés par balles aux membres de leurs familles, aux groupes de
défense des droits humains ou au personnel des Nations Unies, entre autres.
Certaines familles ont retrouvé les corps de leurs êtres chers dans des morgues
situées loin de Kinshasa, ce qui indiquerait que des corps sont transportés
jusque dans des zones excentrées.
Human Rights Watch a établi que les forces de
sécurité ont aussi bloqué par la force des tentatives lancées par des groupes
d’opposition afin d’organiser des manifestations pacifiques contre les
irrégularités liées aux élections et arrêté un certain nombre d’organisateurs
sous des accusations fallacieuses de menace à la sécurité de l’État. La Garde
Républicaine, qui n’est pas autorisée à arrêter des civils, a appréhendé des
partisans de l’opposition et les a placés dans des lieux de détention illégaux
dans le Camp Tshatshi, base de la Garde à Kinshasa, et au Palais de Marbre, un
des palais présidentiels. Certains détenus ont souffert de mauvais traitements.
« Le fait que les forces de sécurité aient ouvert
le feu sans aucun état d’âme sur des manifestants pacifiques et des passants
illustre de façon brutale jusqu’où le gouvernement est capable d’aller pour
réduire au silence les voix dissidentes », a expliqué Anneke Van
Woudenberg. « Les Nations Unies et les partenaires internationaux de la
RD Congo devraient exiger de toute urgence que le gouvernement reprenne le
contrôle de ses forces de sécurité. »
La Garde Républicaine est constituée d’environ
12 000 soldats dont la principale tâche est d’assurer la sécurité du
président. Au regard de la loi congolaise, la Garde Républicaine n’a pas le
pouvoir d’arrêter ni de détenir des civils, ni d’assurer la sécurité lors des
élections. Les forces de police de la RD Congo sont responsables de la sécurité
et du maintien de l’ordre public durant les élections. Le chef de la police
nationale, le Général Charles Bisengimana, peut demander l’assistance de
l’armée congolaise régulière si ses propres forces ne sont plus capables
d’assurer le maintien de l’ordre public, mais pas celle de la Garde
Républicaine.
Le Général Bisengimana a affirmé à Human Rights Watch qu’il n’avait pas demandé de l’aide à l’armée pour maintenir l’ordre public dans Kinshasa, et qu’il ne prévoyait pas la nécessité de le faire dans un futur proche. Il n’a pas été en mesure d’expliquer à Human Rights Watch pourquoi des soldats de la Garde Républicaine se trouvaient déployés sur une telle étendue dans tout Kinshasa, y compris dans des lieux où il n’y avait aucun bâtiment présidentiel à garder. Il a ajouté que la Garde Républicaine ne dépendait pas de son autorité ni de son contrôle.
« La Garde Républicaine n’est pas autorisée à arrêter des civils congolais et à les maintenir dans des lieux de détention illégaux », a conclu Anneke Van Woudenberg. « Le gouvernement devrait ordonner la libération immédiate des toutes les personnes détenues, et entreprendre une enquête impartiale afin d’établir les responsabilités en ce qui concerne ces arrestations illégales et les mauvais traitements infligés aux détenus. »
Le Général Bisengimana a affirmé à Human Rights Watch qu’il n’avait pas demandé de l’aide à l’armée pour maintenir l’ordre public dans Kinshasa, et qu’il ne prévoyait pas la nécessité de le faire dans un futur proche. Il n’a pas été en mesure d’expliquer à Human Rights Watch pourquoi des soldats de la Garde Républicaine se trouvaient déployés sur une telle étendue dans tout Kinshasa, y compris dans des lieux où il n’y avait aucun bâtiment présidentiel à garder. Il a ajouté que la Garde Républicaine ne dépendait pas de son autorité ni de son contrôle.
« La Garde Républicaine n’est pas autorisée à arrêter des civils congolais et à les maintenir dans des lieux de détention illégaux », a conclu Anneke Van Woudenberg. « Le gouvernement devrait ordonner la libération immédiate des toutes les personnes détenues, et entreprendre une enquête impartiale afin d’établir les responsabilités en ce qui concerne ces arrestations illégales et les mauvais traitements infligés aux détenus. »
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