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vendredi 22 juin 2012

Situation sécuritaire au Nord-Kivu: la société civile accuse le Rwanda


Honorables, Excellences, Représentants des Missions Diplomatiques, Mesdames et Messieurs de la Presse ;
C’est pour nous un honneur de nous retrouver ce jour avec vous ici à Kinshasa, en vue d’échanger face à face avec vous sur la situation de l’Est du pays et plus particulièrement sur ce qui prévaut actuellement au Nord-Kivu. Certains d’entre vous nous lisent, d’autres nous reçoivent aux téléphones et quelques uns entendent  parler de nous au sujet de l’actualité sécuritaire qui fait  toujours la une de l’information de notre Province.
Le président de la société civile du Nord-Kivu, Muiti

Mesdames et Messiers de la Presse,
Considérant le besoin ressenti et la curiosité ardente de la population à avoir l’information à la source et, soucieux de fixer l’opinion sur ce qui se passe chez-nous, nous avons résolu venir vers vous. Cela d’autant plus que vous êtes ceux qui éclairent la société si vous l’informer vraie ou ceux qui la détruisent si vous l’informer  faussement, d’autant plus que la population a droit  a l’information et la vraie conformément a l’article 24 de la Constitution de notre pays .
A travers ce cadre, et usant de vos médias, nous comptons mener une action de lobbying et de plaidoyer devant permettre à l’opinion, à la Société Civile  tant nationale, aux Animateurs des Institutions Politiques de la RDC et les différentes chancelleries, à comprendre ce qui se passe sur le terrain quant à la violence armée, aux affrontements et troubles qui se perpétuent au Nord-Kivu.  
Nous estimons que dès lors qu’on partage une compréhension commune de la situation, nous pouvons nous rencontrer avec les autorités et les partenaires internationaux dans les approches de recherche des pistes de solutions aux sensibilités du moment. Ensemble, nous pourrions agir en synergie aux cotés de Kivutiens  pour relever les défis et limiter la catastrophe avant qu’elle n’embrase toute l’étendue de l’espace national.
A travers cette petite communication incitative d’échanges, nous souhaitons présenter brièvement le Contexte de la situation sécuritaire de l’heure au Nord Kivu (I) avant d’analyse les Causes de la persistance du conflit actuel (II) pour chuter par quelques recommandations (III) que vous voudriez enrichir.
 I.            BREF APERCU SUR LE CONTEXTE SECURITAIRE DU NORD-KIVU
Comme d’aucuns d’entre vous le savent, la Province du Nord-Kivu est à proie à une menace sécuritaire caractérisé par l’activisme des groupes armées étrangers (FDLR, M23, ADF-NALU) et des milices locales (MAY-MAY). Etant donné que c’est le M23 qui fait la une ce jour, parlons-en un tout petit peu avec espoir que nous pouvons faire allusions aux autres dans les débats : les affrontements  opposent ce jour l’armée régulière (FARDC) aux rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), dans la Chefferie de BWISHA, en Territoire de RUTSHURU. Cette situation entraine des déplacements massifs des populations et cause un désastre humanitaire sans pareil. Si des milliers de familles ont franchi la frontière pour gagner l’Ouganda ou le Rwanda, plus de 250.000 personnes sont contraintes à vivre en déplacés internes dans le Territoire de RUTSHURU. Les récents déplacements à la suite des attaques du M23, ont fait afflué des déplacés à KALENGERA, RWANGUBA, RUBARE et RUTSHURU-CENTRE, des déplacés qui n’ont aucune assistance en vivres, en médicaments et en eau potable (le réseau d’alimentation en eau potable des cites de Rutshuru et Kiwanja étant délibérément détruit en Groupement de JOMBA, par les rebelles).
Les M23 qui contrôlent en ces jours l’essentiel des Groupements de JOMBA, BWEZA, KISIGARI et RUGARI paraissent aussi fort que les FARDC pour les raisons que nous évoquerons dans le point suivant. Ces hors la loi, ont réussi à arracher de l’armée plusieurs localités la semaine dernière et ont initié de nouvelles defections aussi bien dans l’Armée que dans la Police. Dans moins d’une semaine, ils ont obtenu la défection du Colonel en Charge des Operations et Cmdt-2nd du 808e  Régiment en Territoire de Beni (à ERINGETI), de l’Inspecteur de la Police en Ville de GOMA ainsi que d’autres Officiers et Militaires en Territoire de LUBERO (ce week-end). Ce qu’il faut noter, c’est que, tous ceux qui ont fait défection sont des anciens militaires CNDP. Ce qui est quand même curieux, les officiers en défection réussissent à se retirer bonnement avec d’importantes armes et munitions des FARDC qu’elles retourneront contre l’armée loyaliste.
A la suite de menaces de ces rebelles le week-end passé, une dizaine d’organisations des humanitaires œuvrant dans ce Territoire ont purement et simplement retiré leur personnel ; seuls MSF et CICR sont encore sur place.    
II.          ANALYSE DES CAUSES DE LA PERSISTANCE DE L’INSECURITE AU NORD-KIVU
Depuis la dernière décennie, l’on s’aperçoit que les Provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ne sont jamais stables. Cela du fait que ceux qui ont toujours déstabilisé  cette zone, n’en déplaise la grandeur des crimes dont ils sont auteurs,  ne sont jamais punis de leurs actes et réussissent à infiltrer les forces et services de sécurité de la RDC.

·         De la protection des Criminels 
Ils ont toujours été protégés par un pays voisin, dont ils sont originaires, c’est le Rwanda.
Ces trois exemples de l’histoire suffisent pour l’illustrer :
-Souvenez-vous des actes de crime contre l’humanité, de génocide perpétrés entre 2004 et 2006 par  JULES MUTEBUSI et LAURENT N’KUNDA BATWARE au Sud-Kivu (à Bukavu) et au Nord-Kivu (Kiwanja, en territoire de Rutshuru). Au lieu que ces criminels soient en prison, ils circulent en toute quiétude au Pays de Mille collines et ce, en dépit des sollicitations d’extraditions de la part de la RDC.   
-Le Général BOSCO N’TANGANDA, recherché par la Cour Pénale Internationale (et patron du M23) mais qui vit paisiblement dans son village natal au RWANDA, où il a enterré son père en décembre dernier, comme peuvent en témoigner les Officiers militaires  et certaines Autorités politico-administratives du Nord-Kivu  parties aux obsèques organisées par l’insurgé.
-Enfin, Mrs  MAKENGA, VIANEY KAZARAMA, SERAPHIN MIRINDI, INNONCENT KAINA et Me MAHAMBA qui agissent en leaders du M23 et qui sont basés respectivement à RUHENGERI et GISENYI (au RWANDA), d’où ils interviennent tout haut sur les medias sans être inquiétés  ni par le Gouvernement Rwandais, moins encore par le Gouvernent Congolais. C’est  révoltant.
Tout ceci traduit en suffisance la nature transfrontalière du conflit armé Nord-Kivu qui ne devrait plus être chaque fois réduite aux simples considérations tribalo-ethniques, comme c’est la tendance que se font les politiques vivant à Kinhasa. Le recel de malfaiteurs, le complot de déstabilisation, l’agression de KIGALI suivi du laxisme, de l’inertie et de l’indifférence de Kinshasa quant à ce font que la violence armée se perpétue à l’Est du pays en général et au Nord-Kivu en particulier.
·         De l’infiltration des Forces et Services de Sécurité
Il s’observe une infiltration avérée aussi bien dans les institutions politiques congolaises que dans la police et l’armée. Ce qui fait qu’aucun secret de défense n’échappe a l’ennemi affronté : 
S’agissant spécialement de l’armé :
 -Le mal commence avec l’entrée de l’AFDL et ses alliés en 1997. On a vu les mercenaires Rwandais de MZE LAURENT KABILA entrer avec lui, personne ne sait ils étaient combien ; lorsqu’il les a demandé de rentrer, personne ne sait  combien sont rentrés. C’est ainsi qu’on a vu tout de suite le RCD être créé  avec les mêmes militaires, ce qui deviendra plus tard le CNDP et aujourd’hui  M23.
-La mise en place du processus de mixage est aussi l’autre moyen qui a consacré l’infiltration dans l’armée, voire  la Police. Le mixage n’a pas établit l’identité des hommes de troupe. Les défections enregistrées en ces jours sont également conséquence du mixage. La plupart de mixés sont auteurs  de turbulences, troubles, conflits armés et autres graves violations des droits humains.

Ceux qui prétendent avoir de revendications sont essentiellement manipulés et/ou marionnettes.   Ainsi, prenant l’exemple du M23, la Société Civile du Nord-Kivu s’interroge comment le M23 peut prétendre revendiquer les Accords du 23 mars 2009 dont il n’a jamais été signataires. N’est-ce pas une manière tacite de prouver qu’il est le prolongement du CNDP ? Comment se fait-il que le CNDP en tant que parti politique peut-il continuer à soutenir une milice armée. Pourquoi le CNDP prétendu parti politique de la majorité présidentielle peut-il quitter la MP et laisser de hautes fonctions au niveau des institutions politiques provinciales et nationales, militaires et policières ?
La réponse à tout ce questionnement  est simple : le RWANDA, parrain du RCD, CNDP ou du M23 ne s’est jamais inscrit jusque là dans la logique de bon voisinage, de la Paix, de la Stabilisation et du développement de la RDC. Il rêve toujours la balkanisation de la RDC sous la bénédiction de certaines puissances qui sont aussi connus de tous.
Malheureusement, l’autorité Congolaise qui devrait hausser le ton quant à ce, garde silence et de ce fait assimilée complice dans ce qui se passe contre les paisibles citoyens du Nord et du Sud-Kivu.
Fort de cette brève analyse,  nous pouvons, à titre de conclusion, terminer cette communication par quelques petites recommandations, des recommandations que vous voudriez enrichir.

III.        DES RECCOMMANDATIONS

Ø  Au Gouvernement Central :
-Eviter de tribaliser ou ethniciser l’actuel conflit armé du Nord-Kivu, dont les causes sont clairement Rwandaises ;
-Veiller à l’unité nationale et a l’intégrité du territoire  et éviter, par tous les moyens, à consacrer la balkanisation de la RDC ;
-Assurer la prise en charge conséquente des militaires engagés au front (solde, ration alimentaire, équipements…) et procéder par leur stricte identification, en y écartant les infiltrés ;
-Revoir la stratégie du commandement  militaire sur les lignes de front et au besoin la releve permanente de ce Commandement étant donné la suspicion impliquant la trahison par certains officiers en charge des opérations agissant à la solde des rebelles qu’ils sont sensés combattre ;  
-Initier un cadre d’évaluation des opérations militaires au Nord et au Sud-Kivu et associer la société civile dans cet exercice, pour se rassurer de leur impact sur l’amélioration de la situation sécuritaire;
-Mener avec le concours de la Société Civile de grandes actions de lobbying et  plaidoyer auprès de la Communauté Internationale, visant à obtenir la suspension des aides au RWANDA ainsi que d’autres sanctions au niveau des organisations régionales et sous-régionales. 
-Accélérer la reforme de l’armée, de la police et services de sécurité en RDC.
Le vice-président de la société civile du Nord-Kivu, Me Omar Kavota
Ø  Aux Députes  Nationaux
-Interpeller constamment le Gouvernement en rapport avec la situation sécuritaire du Nord et du Sud Kivu, la recherche et le maintien de bonnes relations a travers une diplomatie agissante de la RDC-RWANDA ;
-Inviter le Gouvernement a organiser un Cadre de Dialogue Social avec la Société Civile et les Elus, sur l’évaluation de la situation sécuritaire et les différentes opérations militaires en cours du Nord-Kivu ainsi que des accords faisant l’objet des revendications du M23.
Ø  Aux Représentants des Missions Diplomatiques accrédités en RDC
-Inviter leurs Etats à suspendre toute aide au RWANDA afin de le contraindre à contribuer à la stabilité de la sous-région et d’opter une politique de bon voisinage;
-Dénoncer la menace de la balkanisation de la RDC et considérer que les actuels dirigeants Rwandais représentent une menace sur la paix et la sécurité de la sous-région ;
-Contraindre l’Etat Rwandais  à livrer les criminels recherchés par la Justice qui restent cachés sur son territoire;
-Appuyer la reforme de l’armée de la police et d’autres services de sécurité.

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