Sous la présidence de S.E. M.
Joseph Kabila Kabange, Président de la République, Chef de l’Etat, la troisième réunion
extraordinaire du Conseil des Ministres a eu lieu ce lundi 4 juin 2012 à la
Cité de l’Union Africaine.
Les points à l’ordre du jour
comprenaient :
I.
Examen
et adoption d’un texte.
II.
Exposé
d’un invité
Avant d’aborder le vif des
travaux, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement a, au nom de l’ensemble de
l’exécutif, présenté à Monsieur le Président de la République Joseph Kabila
Kabange leurs meilleurs vœux à l’occasion de son 41ème anniversaire de naissance.
I.
EXAMEN ET ADOPTION D’UN TEXTE
Le Conseil des Minsitres a par la
suite repris l’examen de l’Avant-Projet de Loi des Finances pour l’exercice
2012 qui avait débuté lors de la première réunion ordinaire du Conseil vendredi
1er juin.
A ce sujet, il convient de noter
que le Projet de Loi des Finances de l’année 2012 qui sera défendu devant la
représentation nationale présente un budget en équilibre tant en recettes qu’en
dépenses évalué à 7.577,9 milliards de FC (Sept Mille Cinq Cent Soixante Dix
Sept Milliards Neuf Cent Millions de Francs Congolais), plus ou moins 8
milliards USD soit 43,9 % du Produit Intérieur Brut et un taux d’accroissement
de 20,3 % par rapport au budget de l’exercice 2011 qui était de l’ordre de
6.296,6 milliards de FC (Six Mille Deux Cent Quatre Vingt Seize Milliards Six
Cent Millions de Francs Congolais).
Les recettes comprennent 4.717,4
milliards de FC (Quatre Mille Sept Cent Dix Sept Milliards Quatre Cent Millions
de Francs Congolais) de recettes internes représentant 62,3 % des recettes et
2.860,5 milliards de FC (Deux Mille Huit Cent Soixante Milliards Cinq Cent
Millions de Francs Congolais) de
recettes extérieures. Constituées des recettes d’appuis budgétaires et
de financement des investissements, ces recettes extérieures qui représentent
37,7% des recettes totales, soit 16,6 % du PIB enregistrent une baisse de 5 % par rapport à leur niveau prévisionnel de
2011.
Quant aux dépenses, elles se
chiffrent à l’instar des recettes à 7.577,9 milliards de FC (Sept Mille Cinq
Cent Soixante Dix Sept Milliards Neuf Cent Millions de Francs Congolais) à
raison de 3.723,2 FC (Trois Mille Sept Cent Vingt Trois Milliards Deux Cent
Millions de Francs Congolais) de dépenses courantes et de 3.854,7 FC (Trois
Mille Huit Cent Cinquante Quatre Milliards Sept cent Millions de Francs
Congolais) au titre de dépenses en capital.
Il est à noter que ce projet budget
de l’Etat pour 2012 qui se décline comme une mise en œuvre chiffrée du
Programme d’action du Gouvernement approuvé le mois dernier par l’Assemblée
Nationale ne contient pas les recettes propres des provinces. Il ne présente
que le budget du pouvoir central. Dans ledit budget, les dépenses à caractère
national allouées aux provinces s’élèvent à 1.779763.273.910 FC (Mille Sept
Cent Soixante-Dix-Neuf Milliards Sept Cent Soixante Trois Millions Deux Cent
Soixante Treize Mille Neuf Cent Dix Francs Congolais).
II.
EXPOSÉ
D’UN INVITÉ
Invité par le Conseil des
Ministres, le Chef d’Etat Major Général des FARDC, accompagné par les officiers
commandant les différentes forces, a été entendu par les membres du Gouvernement
sur les opérations militaires à l’Est.
Il a brossé à l’intention des
membres du Gouvernement l’état des lieux des FARDC à ce jour et présenté le
film chronologique des actions menées par elles pour rétablir la paix et la
sécurité dans cette partie du partie perturbée de manière récurrente depuis
près de deux décennies, les actes d’indiscipline provoqués dans quelques régiments
du Nord et du Sud Kivu n’étant que les dernières en date de ces perturbations.
Le Conseil des Ministres a ainsi appris
que cette mutinerie est venue se greffer sur une série d’actions
déstabilisatrices ourdies par des groupes armés étrangers et nationaux qui
sévissent dans l’Est de notre pays. Il s’agit pour les groupes étrangers des Ougandais
de la LRA en Province Orientale, d’autres Ougandais de l’ADF-NALU et de
Rwandais des FDLR au Nord Kivu, des mêmes FDLR et des Burundais des FNL au
Sud-Kivu.
Quant aux groupes armés
nationaux, une vingtaine d’entre eux sont restés plus ou moins actives et écument
encore certaines entités dans les Kivu, en Ituri (Province Orientale) et dans
certains coins du Katanga. Ce sont les groupes CNDP, PARECO, Kifuafua, Simba,
FRF, Yakutumba, Raïa Mutomboki, Maï Maï Tcheka, Vurondo, Mongols, Zabuloni,
FPRI, FPJC et Gédéon.
Paradoxalement, ces milices
armées se proclament toutes « nationalistes » et affirment se battre
pour des communautés locales qu’elles prétendent protéger contre des groupes
armés étrangers mais ils collaborent ouvertement avec les dits groupes armés
étrangers, s’en prennent à des compatriotes et s’attaquent à leur propre
gouvernement tout en réclamant des négociations avec des cahiers de charges
creux.
Il a été constaté que certains
acteurs politiques nationaux ou locaux n’hésitent pas à prendre fait et cause
pour ces criminels et plaident passionnément pour leu intégration au sein des
FARDC dont ils mettent à rude épreuve le caractère national et républicain.
Quoiqu’il en
soit, les FARDC ont été réorganisées depuis novembre 2008 par une action
volontariste de leur Commandant Suprême d’assainissement d’effectifs,
d’équipement et de formation par la réouverture des académies, écoles ou
centres d’instruction. Elles ont, depuis lors entrepris une opération efficace
de neutralisation de tous ces groupes armés, qu’ils soient nationaux ou
étrangers. En même temps qu’était mise en œuvre au niveau du Gouvernement une
diplomatie agissante envers tous les Etats voisins.
Comme résultat de ces efforts, le
Chef d’Etat Major Général des FARDC a porté à la connaissance du Conseil des avancées
fort significatives dans le processus de sécurisation et de pacification de
l’Est de 2008 à 2012. Ainsi :
-
La
LRA, groupe terroriste ougandais qui a sévi en Province Oriental est passée de
1.200 éléments en 2008 à presque 0
aujourd’hui. La LRA qui a pratiquement disparue du territoire congolais est
signalée en RCA et au Sud Soudan. Les routes de Dungu à Doruma, de Faradje à
Watsa et de Dungu à Bangadi naguère fermées à toute circulation, ont été
rouvertes à la libre circulation. La RD Congo maintiendra néanmoins sa
participation au dispositif mis en place par l’UA pour traquer les éléments de
la LRA aux côtés de l’Ouganda, la RCA et le Sud Soudan.
-
L’ADF
NALU (Ougandais), un autre groupe criminel ougandais dans le Grand Nord-Kivu
qui disposait d’un millier de combattants avu ce nombre être réduit de plus de
moitié suite aux coups de boutoirs des FARDC qui ont rétabli la libre
circulation entre Beni et Kasindi, Beni et Komanda rendue impossible par ces
terroristes.
-
Les
FDLR (génocidaires et terroristes rwandais). C’est probablement le groupe
étranger doté de plus de capacités de nuisance. Évalué en 2008 à 7.000 Rwandais
(4.000 au Nord-Kivu, 3.000 au S/Kivu), le nombre de ses éléments est
actuellement de 1.000 personnes tout au plus dont 550 au Nord-Kivu et 450 au
Sud-Kivu.
-
FNL
(groupe armé burundais allié au FDLR au Sud-Kivu) : plus ou moins 500
personnes dont seuls quelques éléments épars associés à des coupeurs de route
dans le Sud-Kivu sont encore actifs.
Il ressort des renseignements partagés
par le Conseil que la longévité du terrorisme d’origine étrangère à l’Est de la
RDC est alimentée par un réseau de complicité entre des Congolais et ces forces
négatives. 35 % de ressortissants congolais auraient ainsi été identifiés dans
les rangs des FDLR rwandais. Ils étaient 40 % dans l’ADF/NALU ougandaises et 25
% dans la LRA ougandaise lorsqu’elle était active dans les Uélés.
D’autres groupes opportunistes qui
se sont signalés dans des provinces comme à l’Equateur, au Katanga, au Bandundu
ou au Bas-Congo n’ont connu qu’un destin éphémère, ayant été maîtrisé dans
l’œuf par les forces de défense congolaise car ils ne bénéficiaient pas d’une complicité
significative de la part des populations et de la classe politique locales.
Il appert assez clairement que la
résistance des forces négatives de l’Est aux efforts pour leur éradication est
proportionnelle à la complicité dont elles bénéficient localement de la part de
nationaux qui affaiblissent les lignes de défense de la Nation en
communautarisant les problèmes de défense et de sécurité nationales ou en
devenant des caisses de résonnance d’intérêts non congolais. Tout en
encourageant la dénonciation des crimes commis parfois par des membres des
FARDC qui doivent être sévèrement sanctionnés, le Gouvernement souhaite que
l’on cesse d’en généraliser la responsabilité.
Les désordres graves créés par la
mutinerie de Bosco Ntaganda et sa bande vont être très bientôt totalement
circonscrits grâce à la vélocité des FARDC. Le bilan humain des engagements
provoqués par cette mutinerie est le suivant :
-
200
mutins emmenés par le duo Ntaganda-Makenga ont été tués ; 250 d’entre eux
ont été blessés ; 374 mutins se sont rendus aux FARDC dont 25 citoyens
rwandais. Une quantité importante d’armes et munitions ont été récupérées par
les FARDC.
-
Du
côté des FARDC, on déplore 40 morts et 93 blessés.
Les FARDC sont parvenus à réduire
la nocivité des groupes armés et à rétablir l’autorité de l’Etat dans la
majeure partie des Kivu, en Ituri et au Katanga. Le phénomène coupeurs de
routes qui est brandi de temps en temps pour exciper de la poursuite de l’état
de guerre procède en fait d’une criminalité résiduelle qui s’observe dans toutes
les situations post-conflit. Elle relève des forces de police.
Des pourparlers ont lieu avec les
Rwandais et les Ougandais au sujet des opérations menées et à mener par les
FARDC contre les forces négatives de leurs pays opérant en RD Congo sans qu’il
ne s’agisse d’opérations conjointes avec leurs armées.
Le Gouvernement a tenu a adresser
ses félicitations aux FARDC pour la détermination, la bravoure et la discipline
dont elles ont fait montre lors de la dernière crise créées par la mutinerie.
Des ressources humaines et logistiques adéquates continueront à être mises à
leur disposition pour accélérer leur modernisation et leur montée en puissance.
L’objectif poursuivi par le Gouvernement dans cette partie de la République
n’est pas d’écraser qui que ce soit. Il s’agit bien de gagner la paix pour tous
les Congolais à quelque communauté qu’il appartienne. La guerre de l’Est a des
soubassements politique, identitaire et mafieuse. À ce titre il appartient aux
Congolais en général et à ceux des entités de l’Est concernées de refuser la
fatalité de la guerre et d’opter en âme et conscience de vivre en bonne
intelligence les uns avec les autres et de renoncer au recours à la violence
pour résoudre les problèmes normaux de la convivialité sociale. Même les
ingérences que nous reprochons parfois à des acteurs étrangers qui viennent
mettre de l’huile sur le feu de ces conflits se nourrissent de nos propres
attitudes et comportements les uns envers les autres.
Commencée à 9 heures, la
troisième réunion extraordinaire du Conseil des Ministres s’est terminée vers
13 heures.-
Je vous remercie.
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