La
situation humanitaire déjà précaire de la province a connu dans certains
territoires une aggravation suite à l’insécurité causée par des attaques de
groupes armés et des combats les opposants aux FARDC. Les 13 et 14 juin, de
violents affrontements ont opposé le M23 aux FARDC au niveau de Rutsiro et
Ngonkwe. Situées à près de 10km des sites de déplacements, les zones de combats
et l’avancée du front ont provoqué quelques déplacements préventifs notamment à
Ntamugenga, site abritant près de 4.500 ménages déplacés et d’autres mouvements
ont eu lieu dans les localités environnantes. Par ailleurs, au sud du
Territoire de Masisi, des attaques répétées de groupes armés à Remeka et dans
les environs de Katoyi, ont provoqué des mouvements de populations vers Kinigi
et Kibabi. Plus de 700 ménages déplacés avaient été identifiés au niveau de
Katoyi Centre pour bénéficier d’une assistance mais pour des raisons
sécuritaires et suite au déplacement de ces derniers, l’intervention a dû être
suspendue temporairement.
Sur
l’ensemble de la province du Nord Kivu, les partenaires humanitaires oeuvrent à
assister les personnes déplacées et les personnes vulnérables. Cependant, face
à l’ampleur des besoins et à l’insécurité prévalente, les interventions ne
peuvent pour l’instant pas répondre à l’ensemble des besoins identifiés. A
l’image des évènements précités, la poursuite des affrontements et le
rapprochement de la ligne de front dans certaines zones occasionnent des
déplacements supplémentaires dans des sites déjà fortement peuplés et saturés.
Les capacités d’accueil dans les sites publics et en familles sont poussées à
leur limite, augmentant notamment les besoins en abris et biens non
alimentaires ainsi qu’en eau, hygiène et assainissement. Les interventions des
partenaires humanitaires déjà mise en oeuvre risquent de ne pas avoir l’impact
voulu dans le cas où les populations assistées se trouvent à nouveau déplacées.
La nécessité d’assurer la protection des populations civiles reste primordiale
et nécessaire avant toute intervention en faveur des personnes vulnérables.
Nombre
de personnes déplacées internes au Nord-Kivu depuis avril 2012
Katanga:
La population déplacée interne a plus que doublé en moins de six mois
Selon
le Comité provincial inter-agence (CPIA) du Katanga, le nombre de personnes
déplacées internes est passé de 55.400 au 31 décembre 2011 à 130.831 au 31 mai
dernier, soit une augmentation de plus de 100 % en seulement six mois. Ces
personnes se trouvent principalement dans les territoires de Kalemie, Pweto,
Mitwaba, Manono, Malemba Nkulu et Nyunzu. Environ 75.000 personnes déplacées au
Katanga ont fui leur milieu d’origine au cours du second trimestre de cette
année à cause de l’insécurité liée à l’activisme du groupe Maï-Maï de Gédéon
et des opérations militaires des FARDC contre ce groupe armé. La poursuite des
opérations militaires de l’armée nationale contre les Maï-Maï Yakutumba au
Sud-Kivu dans la zone frontalière avec le Katanga, d’une part, et, d’autre
part, la précarité de la situation sécuritaire dans la zone de Kasongo Mwana au
Katanga Centre, accentuent la pression sur les populations. La plupart de ces
personnes déplacées sont restées à ce jour sans assistance humanitaire alors
que les humanitaires ont été contraints à quitter la zone de Kasongo Mwana
suite à l’attaque le 13 juin d’un poste de la Police Nationale Congolaise par
les éléments Maï-Maï du groupe Gédéon.
Equateur:
Plus de 1.200 Centrafricains ont fui vers la RDC suite à l’insécurité
Les
autorités administratives du District du Nord-Ubangi confirment l’arrivée de 1.230 personnes de nationalité centrafricaine dont 280 femmes et 724 enfants dans
la localité de Ngele, dans le Territoire de Bosobolo. Ces personnes auraient
fui des attaques armées en fin mai dans leurs villages d’origine, selon les
premiers résultats d’une mission d’évaluation. Un lieu d’aménagement leur a été
offert mais leurs conditions de survie restent difficiles. Un décès a été
rapporté depuis leur arrivée dans le Territoire de Bosobolo.
Réponses
et besoins humanitaires
Nord-Kivu
: La réponse humanitaire s’organise mais reste limitée à cause de l’insécurité
persistante
Territoire
de Rutshuru : selon les estimations rapportées par
l’ONG locale FEMISA, plus de 19.000 ménages seraient déplacés dans ce
territoire à la date du 4 juin 2012. La plupart des personnes déplacées se
trouvent en famille d’accueil, cependant une partie a trouvé refuge dans des
sites spontanés et des sites publics. Des interventions en eau, hygiène et
assainissement ont été menées notamment sur le site de Ntamugenga où Caritas a
procédé, les 12 et 13 juin, à une distribution de vivres au profit de 3.960
ménages déplacés. En date du 14 juin, 800 autres ménages ont bénéficié de la
même assistance sur le site spontané de Rubare, situé à quelques kilomètres de
celui de Ntamugenga. L’ONG International Rescue Committee (IRC) a également
distribué, le 13 juin, des intrants médicaux essentiels devant couvrir un mois
d’intervention au Centre de santé de référence de Ntamugenga. Depuis le début
des combats, le nombre de consultations est passé d’une moyenne de 40 cas par
jour à près de 160 cas actuellement, en majorité des blessés. IRC est en
partenariat avec la zone de santé de Rwanguba et apporte un soutien
supplémentaire à l’ensemble des centres de santé de la Zone de santé depuis le
début de la crise.
Territoire
de Masisi : dans la zone de santé de Mweso, l’ONG
Merlin a renforcé ses activités de cliniques mobiles dans cinq postes de santé,
notamment dans des zones où les populations vulnérables éprouvent des
difficultés à accéder aux centres de santé. A Katoyi Centre, suite à
l’insécurité causée par les attaques de groupes armés, l’assistance en vivres
et abris initialement prévue par l’ONG Care International au profit de 720
ménages déplacés sera reconduite très prochainement dans la mesure où la situation
sécuritaire le permettra. Par ailleurs, des interventions en eau, hygiène et
assainissement ont été menées par différents partenaires dans la zone de santé
de Mweso et les distributions de vivres aux personnes déplacées dans sept camps
CCCM se sont poursuivies à travers l’ONG Caritas, partenaire du Programme
alimentaire mondial (PAM).
Territoire
de Lubero : dans la Zone de santé de Kayna, les
résultats d’une mission conjointe des autorités sanitaires et du PRONANUT font
état d’un taux inquiétant de Malnutrition aiguë globale (MAG) de 12,2 %, le
seuil d’intervention se situant à 10 %. Certains partenaires humanitaires
tentent de répondre à cette situation à travers leurs projets, tel que
Lutherian World Federation (LWF) qui a distribué à Luofu (sud Lubero) des
intrants agricoles à 300 ménages, certains déplacés et d’autres ayant des
enfants malnutris. Par ailleurs, dans la même localité, le Gouvernement
provincial a également procédé à une distribution de vivres et savons au profit
de 618 ménages déplacés.
Territoire
de Walikale: suite à la reprise de l’axe Walikale –
Kibua par les FARDC, des équipes humanitaires, dont le RRMP, sont actuellement
sur le terrain afin de mener des évaluations et déterminer les besoins des
personnes déplacées en conséquence des affrontements successifs entre groupes
Maï-Maï Cheka et FARDC. Cette situation s’ajoute à celle qui a prévalu au
début de l’année 2012, où d’importants mouvements de populations avaient eu
lieu le long de l’axe.
Le
PAM apporte une assistance alimentaire à plus de 50.000 personnes dans la zone
de Mitwaba au Katanga
Pour
répondre aux besoins grandissants des personnes déplacées, le Programme
Alimentaire Mondiale (PAM) – en collaboration avec l’ONG CORDPS – a distribué
cette semaine des vivres à 1.276 IDP dans le site Kabulo, 52 km de Kalemie. Le
PAM a également débuté l’acheminement de plus de 1.000 tonnes des vivres
destinées à l’assistance des déplacés dans les territoires de Pweto, Mitwaba,
Malemba Nkulu et Manono. Pour contribuer à la réponse humanitaire aux besoins
des IDP au Katanga, le Gouvernement provincial a mis 400 tonnes de farine de
maïs à la disposition du PAM. 3
Malgré
cette contribution, le stock en vivres du PAM reste insuffisant pour couvrir
les besoins des personnes déplacées dans la province. Actuellement le Programme
Alimentaire Mondial apporte une assistance alimentaire à 55.000 personnes dans
la région de Mitwaba au Katanga et à plus de 240.000 nouveaux déplacés dans les
deux Kivu.
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