- Radio Okapi - La marche des chrétiens catholiques de
Kinshasa, prévue ce jeudi 16 février, a été dispersée par la police. Trois
prêtres et deux religieuses ont été arrêtés. Les manifestants qui étaient tout
de même parvenus à la paroisse Saint Joseph de Kalamu, lieu de rassemblement où
devait partir la marche, ont été bloqués à l’intérieur de l’église par les
forces de l’ordre, avant d’être libérés grâce à l’intervention de la Monusco.
Selon Thierry Nlandu, porte-parole du Conseil de l’apostolat
des laïcs catholiques du Congo (CALCC) qui organisait la marche, cette
manifestation visait à exprimer le rejet des résultats des élections du 28
novembre 2011 et à exiger la démission du bureau de la Commission électorale
nationale indépendante (Ceni).
Les fidèles de l’Eglise catholique ont bradé l’interdiction
de la marche décidée la veille par le gouverneur de la ville province de
Kinshasa, André Kimbuta Yango.
Ils sont partis de leurs paroisses respectives après la messe
de six heures, mais un impressionnant dispositif policier a été déployé dans
différents coins de la capitale. La police a dispersé des groupes de
manifestants à coup de gaz lacrymogène.
Une partie d’entre eux, qui avaient réussi à arriver à la
paroisse Saint Joseph de Kalamu, s’y sont retrouvés bloqués, la police ayant
bloqué toutes les issues.
Les prêtres arrêtés par les forces de l’ordre ont été
conduits au poste de police du district de la Funa, selon un reporter de Radio
Okapi.
Les membres de la section des droits de l’Homme de la Monusco
ont ensuite réussi à obtenir de la police la libération des chrétiens bloqués
dans cette église.
Cette marche des chrétiens commémorait aussi le 20e
anniversaire de la repression sanglante des chrétiens qui avaient manifesté
en 1992 pour réclamer la réouverture des travaux de la Conférence nationale
souveraine (CNS) et l’instauration de la démocratie dans le pays.
Des messes organisées à Mbuji-Mayi
Pour commémorer la journée du 16 février 1992, le diocèse de
Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental) a annoncé, ce jeudi 16 février, l’organisation des
messes dans toutes les paroisses locales.
Le vicaire judiciaire, l’abbé François Lukumuna, a précisé
que le diocèse de Mbuji-Mayi n’a pas planifié une grande marche comme à
Kinshasa mais « beaucoup d’autres choses au niveau local afin de protester
énergiquement contre la fraude électorale ».
«Nous-mêmes, au diocèse de Mbuji-Mayi, nous rejetons les
résultats publiés par la Ceni et nous exigeons la vérité des urnes»,
a-t-il déclaré.
L’abbé François Lukumuna a indiqué qu’à cette occasion,
l’église appuiera la demande de démission du bureau de la Ceni qui, selon elle,
n’a pas respecté la volonté du peuple.
Intervenant, ce matin, au cours du journal parlé de la radio
catholique Fraternité, le chancelier intérimaire du diocèse de Mbuji-Mayi a,
par ailleurs, souhaité que toutes les églises du Congo puissent commémorer «
les martyrs de la démocratie » (NDLR : ceux qui étaient décédés lors
de la marche du 16 février 1992).
Selon des témoins, depuis la dernière prise de position des
évêques du Congo sur les résultats des élections de novembre 2011, l’église
catholique de Mbuji-Mayi fait retentir la cloche chaque jour et à une certaine
heure.
Pas d’unanimité
L’évêque de Butembo-Beni et administrateur apostolique de
Kasongo, Monseigneur Melchisedek Sikuli Paluku, a rejeté l’idée d’organiser de
telles manifestations.
Dans un communiqué pastoral datant du mercredi 15 février, il
interdit cette marche aux fidèles catholiques, estimant que l’initiative de cette
activité n’émanait pas de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Edouard Tambwe, un abbé de Kasongo, a déclaré à Radio Okapi:
«Nous voulons porter à la connaissance de tous, les
précisions suivantes : ce qui se préparait n’est pas l’initiative de la Cenco.
Le contexte actuel nous invite actuellement à une grande prudence et à éviter
toute action pouvant entrainer des conséquences fâcheuses. Nous avons besoins
d’autres choses que des marches et manifestations qui ne peuvent qu’aggraver notre
situation. Monseigneur-évêque insiste sur le fait que ce qui se prépare à
Kinshasa ou ailleurs ne vient pas du sommet ou de la hiérarchie de l’église
catholique du Congo, la conférence des évêques.»
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