Betou,
Congo, 22 février (HCR) – Obed parle lentement, quand il décrit ce qui semblait
une enfance idyllique avant que sa famille ne soit forcée à fuir en traversant
la rivière située non loin qui sépare son camp de réfugiés de son pays natal.
«
Quand nous habitions dans notre pays, nous avions une grande maison à Libenge,
beaucoup d'amis et nous jouions au football presque chaque jour. Mon idole
était Ronaldino. Mon père était pasteur dans une congrégation et parfois également
infirmier. Ma mère nous gardait, mes frères et sœurs et moi », raconte Obed,
qui a maintenant 14 ans et qui rêve de rentrer dans son pays natal.
Leur
situation a changé il y a deux ans quand la famille a été prise bien malgré
elle dans un conflit entre groupes ethniques en République démocratique du
Congo. Tout cela a commencé lorsqu'ils ont apporté leur aide à des victimes
d'un accident de la route.
«
Je me souviens de ce jour, il y a deux ans, durant le conflit inter-ethnique. C'était
un mercredi. Mon père travaille à la clinique, prenant soin des victimes d'un
accident de voiture – rien à voir avec la guerre qui se déroulait à notre
porte, il faisait juste son travail du mieux possible. J'étais fier de lui »,
affirme Obed.
Ne pouvant quitter la clinique, qui traitait un grand nombre de personnes blessées dans l'accident, il n'a pas pu se rendre à temps à l'église locale où il devait assurer un service religieux. Parmi les membres du groupe ethnique opposé, des rumeurs selon lesquelles il favorisait le groupe ethnique Lobala se sont propagées.
Ne pouvant quitter la clinique, qui traitait un grand nombre de personnes blessées dans l'accident, il n'a pas pu se rendre à temps à l'église locale où il devait assurer un service religieux. Parmi les membres du groupe ethnique opposé, des rumeurs selon lesquelles il favorisait le groupe ethnique Lobala se sont propagées.
«
Mon père soignait les voisins, sans leur demander à quel groupe ethnique ils
appartenait. Ils faisaient tout pour créer un lien entre mon père et les
Lobalas », explique Obed. « Quelle mauvaise interprétation de ses actes?. La
situation a changé très rapidement pour la famille. Ils ont accusé mon père de
troubler l'ordre public. Pour échapper à ces dires, nous avons dû fuir. »
Les
11 membres de la famille ont traversé le fleuve Oubangui la nuit dans un canot,
emprunté par sécurité à un membre de la congrégation de mon père. Après
quelques jours dans un village près de la rivière, ils sont arrivés à Bétou, où
les équipes du HCR les ont enregistrés en tant que réfugiés. Deux ans plus
tard, la famille vit toujours dans le camp de réfugiés de Bétou. Le père d'Obed
travaille parfois en tant qu'infirmier avec les réfugiés ; sa mère vend des
beignets et du savon à l'huile de palme faits à la maison.
La
zone de Bétou accueille toujours environ 17.000 familles – soit près de 60.000
réfugiés enregistrés auprès du HCR et principalement originaires de la
République démocratique du Congo. Plus de la moitié sont des enfants, certains
sont orphelins ou non accompagnés. Malgré les difficultés, Obed se considère
chanceux d'avoir toute sa famille vivant ensemble.
Il
s'est fait de nouveaux amis parmi les réfugiés mais son pays lui manque.
Certains de ses amis sont déjà rentrés dans leur pays – et il espère que sa
famille pourra quitter son refuge depuis deux ans et rentrer également.
Le
HCR recherche l'appui des donateurs pour un programme de rapatriement
volontaire de 24 millions de dollars qu'il espère commencer en avril, qui
pourrait aider Obed et des dizaines de milliers d'autres réfugiés à rentrer
chez eux en RDC cette année.
«
Ici il n'y a pas de guerre mais là-bas c'est mon pays natal », indique Obed. «
Les parents décident pour nous. Nous, les enfants, nous suivons ; Ils partent,
nous partons, ils restent, nous restons aussi. Si nous pouvions choisir, je
voudrais rentrer dans mon pays immédiatement après la fin de l'année scolaire.
»
Obed,
qui est élève de l'école secondaire financée par le HCR à Bétou, préfère les
cours de Méthodes d'action sociale. Son rêve est de devenir journaliste. « Si
ma famille ne peut pas me payer les études, devenir mécanicien me va bien
aussi. »
Le
garçon dit que sa famille parle de rapatriement volontaire vers Libenge et il
espère que son père ne va pas changer d'avis. « Je passerai le message via ma
mère », dit-il en souriant. « Oui, je crois que ça aidera. Ca marche toujours.
» Seul un fleuve les sépare de leur passé, à 1,5 kilomètre de là.
Par Daniela Livia Biciu à Bétou, Congo
Par Daniela Livia Biciu à Bétou, Congo
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