Mardi, 23
Juillet 2013 - Congo News
Les morts
ne sont pas morts dit un adage africain. Et bien ce vieux proverbe vient de se vérifier
plus d’une année après la disparition dans un crash d’avion, en février 2012, d’Augustin
Katumba Mwanke (AKM), le conseiller présidentiel le plus puissant. Vous ne
rêvez pas, feu Augustin Katumba Mwanke a pris la parole pour laver son «
honneur » car dit-il la décennie qu’il a passé au pouvoir a été un « vrai
calvaire ».
A. Katumba
s’est plaint d’avoir « été affublés de tous les qualificatifs associés à tous
les noms de réputation peu glorieuse : le diable de l’ombre, le carrefour de
tous les chemins de dérive, le mauvais esprit par qui le mal congolais puise
ses racines et sa sève de turpitude », sont là quelques noms d’oiseaux dont on
l’accablait. Cette liste hideuse de diabolisation demeure le menu de toutes les
chancelleries occidentales et dans bien de salons huppés du microcosme Kinois
dit-il, l’a poussé à sortir de son mutisme pour « lever les équivoques et les
mensonges qui verdissent à l’ombre du mensonge » poursuit-il. Autre chose qui a
poussé « le tout puissant AKM » à prendre la parole c’est la souffrance qu’a
endurée sa famille : sa femme Zozo et ses enfants (4), ses parents et ses amis.
Le natif de Pweto a ainsi parlé de son parcours scolaire et professionnel, de
son exil en Afrique du Sud (vraie galère), de sa spectaculaire ascension au
sommet de l’Etat, de sa vision du Congo ainsi que de ses animateurs d’hier,
d’aujourd’hui et de demain. Feu le président Laurent Désiré Kabila, Moïse
Katumbi Chapwe, Joseph Kabila, Vital Kamerhe, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, Dan
Gertler, Moïse Ekanga, etc. sont là une brochette des personnalités que AKM a
décrites. Cette parole Katumba Mwanke dit AKM l’a prise le jeudi passé 18
juillet à l’Hôtel Karavia de Lubumbashi, devant un parterre des invités venus
notamment de Kinshasa. En fait Katumba Mwanke avait un livre en projet avant sa
mort brusque dans le Kivu, ce projet a été découvert les tiroirs de son bureau
dans sa résidence de Pweto au Katanga. C’est son ami Hacen Lebatt, professeur
mauritanien, l’adjoint de Ketumile Masiré lors du lancement du processus
politique en 2001, qui a pris le soin de faire aboutir car il ne cessait de lui
conseiller d’écrire un livre au regard de sa riche expérience politique. AKM
lui promettait de s’y pencher et avait finalement commencé à mettre quelque
chose par écrit. Le projet a donc été conduit par Lebatt avec le concours de la
maison de presse française EPI Nice. La parole de AKM a été libérée à
l’occasion du vernissage de son livre post mortem « Ma vérité » préfacé par
Abdoulaye Yerodia Ndombasi et postfacé par l’ombrageux et maladroit Evariste
Boshab. Ce rendez-vous politico-littéraire a été présidé par le gouverneur du
Katanga en personne Moïse Katumba Chapwe. Presque tous les proches de Katumba
Mwanke avaient répondus présents comme Fridolin Kasweshi, Moïse Ekanga et
Pascal Kinduelo. La rédaction de Congonews vous propose une recension de ce
livre pour percer le mystère Katumba Mwanke. Dans cet ouvrage de 212 pages,
Katumba Mwanke y assène ses pics, même si il s’en défend, à ses adversaires
politiques, et il étale au grand jour sa vénération pour M’Zee Laurent-Désiré
Kabila et Joseph Kabila qu’il appelle le Boss. L’avenir politique de la RDC
aussi l’intéresse, là il voit plutôt Moïse Katumbi Chapwe le gouverneur du
Katanga promit à un grand destin. Toute de suite, quand on feuillette l’ouvrage
de AKM, on s’aperçoit que la préface est de Abdoulay Yerodia Ndombasi,
ex-dircab et ministre des Affaires étrangères de M’Zee. Cela est quelque peu
curieux quand on sait que le compagnon de M’Zee ne portait pas particulièrement
AKM dans son cœur et trois autres hauts cadres du PPRD : Vital Kamerhe, feu
Samba Kaputo et Théophile Bemba. « La bande à quatre » les appelait-il avec
dédain. La prise de parole de AKM a été édifiante aussi sur le système de
conservation de pouvoir mis en place par lui autour d’un Think Tanks qui
s’appelait COST (comité de stratégie) dont les membres étaient : AKM lui-même (coordonateur),
Vital Kamerhe, Daniel Ngoy Mulunda, Theophile Bemba, Evariste Boshab, Pierre
Lumbi, Samba Kaputo, Didier Etumba. On se rend compte aussi dans ce livre que
l’amateurisme transpirait au sommet de l’Etat avec les pseudo-révolutionnaires.
Comme lorsque M’zee lui demande à AKM d’aller accueillir le président
mozambicain à la hâte. Il fut accueilli sans tapis rouge. Anecdote qui fait
rire mais qui en dit long sur cet apprentissage au sommet de l’Etat. Dans ce
livre il y a plein d’anecdotes comme ça. Son ascension commence véritablement
avec sa nomination au poste de gouverneur du Katanga en 1998 en remplacement de
Gäetan Kakudji nommé ministre de l’Intérieur. Beaucoup comme Kyungu Wa Kumwanza
ne lui ont pas facilité la tâche confie-t-il.
Ses pics d’abord : Kyungu et Kamerhe
AKM n’est pas tendre avec Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, actuel président de l’Assemblée provinciale du Katanga et dernier gouverneur mobutiste de la province cuprifère selon ses propres termes. A Kyungu, AKM reproche la campagne de diffamation dont il a fait l’objet quand il fut nommé gouverneur du Katanga. AKM dit que la tradition voulait que le gouverneur de la province du Katanga soit Mulubakat. Sa nomination avait braqué l’establishment provincial d’autant plus que son choix avait été opéré hors du cercle de préférence des « éléphants » du pouvoir de l’époque notamment ceux autour du puissant Gaëtan Kakudji. AKM dit aussi que la division de la Province selon le double schisme Kasaïen /Katangais et katangais du nord et katangais du sud, donnait lieu à toutes sortes des commérages à son endroit. Et Gabriel Kyungu l’a « qualifié de Kasaien, l’ennemi juré de Katangais ». Kyungu dit-il excellait dans la promotion de sa filiation kasaienne en mettant en exergue son nom de Katumba, un nom Kasaien. Si à Kyungu il ne reconnait aucun mérite, tel n’est pas le cas de Vital Kamerhe, l’ex-speaker de l’Assemblée nationale et patron de l’UNC. De Vital Kamerhe, AKM lui reconnait beaucoup des talents notamment celui de communicateur redoutable, qualité qu’il avoue n’avoir pas. Ses premiers discours en tant que gouverneur ont été de véritables fiascos, écrit-il. Je ne suis pas un tribun confie-t-il dans son livre. A part la verve oratoire, AKM dit de Kamerhe qu’il est la mémoire des accords de paix de Lusaka qui régentaient le processus politique d’alors. « Il les connaissait par cœur », dit AKM. C’est ainsi que dans le Think Tank (COST) qu’il avait mis en place peu après la mort de LDK (Laurent-Désiré Kabila) en 2001, il avait confié à Vital Kamerhe la communication. D’ailleurs, reconnait AKM dans son livre l’excellent talent de communicateur de Vital Kamerhe s’est aussi révélé lors de la présidentielle de 2006. A part son extraordinaire talent d’orateur, AKM a souligné aussi le fait que Vital Kamerhe était celui qui était le mieux connecté au monde diplomatique. Personne mieux que lui ne connaissait aussi bien les cercles diplomatiques internationaux. Grâce au réseau de Vital Kamerhe, Katumba Mwanke affirme que cela a permis à leur Think Tank de savoir ce qui se concoctait dans les milieux internationaux. Milieu inconnu par beaucoup, lui y compris avoue-t-il. Juste après ces éloges à l’égard de l’ex-bras droit de Kabila, AKM écrit dans son livre que la propension de Vital Kamerhe de se mettre en valeur nuisait à ses contributions. Parlant de VK, il dit exactement ceci : je me demande aujourd’hui si ce ne sont pas ces tendances mêlées à des ambitions parfois excessives qui ont fini par le conduire à se démarquer de notre camp et à envisager un destin en totale opposition au nôtre ».
Ses pics d’abord : Kyungu et Kamerhe
AKM n’est pas tendre avec Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, actuel président de l’Assemblée provinciale du Katanga et dernier gouverneur mobutiste de la province cuprifère selon ses propres termes. A Kyungu, AKM reproche la campagne de diffamation dont il a fait l’objet quand il fut nommé gouverneur du Katanga. AKM dit que la tradition voulait que le gouverneur de la province du Katanga soit Mulubakat. Sa nomination avait braqué l’establishment provincial d’autant plus que son choix avait été opéré hors du cercle de préférence des « éléphants » du pouvoir de l’époque notamment ceux autour du puissant Gaëtan Kakudji. AKM dit aussi que la division de la Province selon le double schisme Kasaïen /Katangais et katangais du nord et katangais du sud, donnait lieu à toutes sortes des commérages à son endroit. Et Gabriel Kyungu l’a « qualifié de Kasaien, l’ennemi juré de Katangais ». Kyungu dit-il excellait dans la promotion de sa filiation kasaienne en mettant en exergue son nom de Katumba, un nom Kasaien. Si à Kyungu il ne reconnait aucun mérite, tel n’est pas le cas de Vital Kamerhe, l’ex-speaker de l’Assemblée nationale et patron de l’UNC. De Vital Kamerhe, AKM lui reconnait beaucoup des talents notamment celui de communicateur redoutable, qualité qu’il avoue n’avoir pas. Ses premiers discours en tant que gouverneur ont été de véritables fiascos, écrit-il. Je ne suis pas un tribun confie-t-il dans son livre. A part la verve oratoire, AKM dit de Kamerhe qu’il est la mémoire des accords de paix de Lusaka qui régentaient le processus politique d’alors. « Il les connaissait par cœur », dit AKM. C’est ainsi que dans le Think Tank (COST) qu’il avait mis en place peu après la mort de LDK (Laurent-Désiré Kabila) en 2001, il avait confié à Vital Kamerhe la communication. D’ailleurs, reconnait AKM dans son livre l’excellent talent de communicateur de Vital Kamerhe s’est aussi révélé lors de la présidentielle de 2006. A part son extraordinaire talent d’orateur, AKM a souligné aussi le fait que Vital Kamerhe était celui qui était le mieux connecté au monde diplomatique. Personne mieux que lui ne connaissait aussi bien les cercles diplomatiques internationaux. Grâce au réseau de Vital Kamerhe, Katumba Mwanke affirme que cela a permis à leur Think Tank de savoir ce qui se concoctait dans les milieux internationaux. Milieu inconnu par beaucoup, lui y compris avoue-t-il. Juste après ces éloges à l’égard de l’ex-bras droit de Kabila, AKM écrit dans son livre que la propension de Vital Kamerhe de se mettre en valeur nuisait à ses contributions. Parlant de VK, il dit exactement ceci : je me demande aujourd’hui si ce ne sont pas ces tendances mêlées à des ambitions parfois excessives qui ont fini par le conduire à se démarquer de notre camp et à envisager un destin en totale opposition au nôtre ».
Différence
entre VK et AKM
Contrairement
à VK, AKM vouait presque un culte aux Kabila, père et fils. Même quand les deux
prenaient des décisions stupides, il n’osait pas s’y opposer ou le faisait
timidement. AKM confondait les Kabila à l’intérêt national. VK lui respectait
et M’Zee et Joseph Kabila sans pour autant les vénérer comme AKM. Ce faisant,
Kamerhe mettait l’intérêt supérieur de la nation au dessus de toute autre
considération. Ce qui lui donnait un sens critique et non une loyauté aveugle.
VK est resté un homme libre, pas un suiviste ou un fanatique.
Le COST (comité de stratégie)
Le COST (comité de stratégie)
A part
vital Kamerhe, un autre membre de cette société quasi secrète a retenu notre
attention plus que tous. Il s’agit de Daniel Ngoy Mulunda, l’ex-président déchu
de la CENI. On se rend compte que la polémique avant sa désignation au Bureau
de la Céni comme président en 2011 valait son pesant d’or car le pasteur était
bien politisé qu’il le niait. AKM dit de Mulunda que c’est un grand manœuvrier
qui a un courage qui frise la témérité. Au COST, Mulunda était en charge des négociations
politiques de Sun City, il était au cœur du dispositif de conservation de
pouvoir de Kabila, honneur que même les membres les plus capés du PPRD n’avait
pas. Au COST, selon l’expression de AKM, il n’y avait que les éléments les plus
efficaces et les plus déterminants du camp présidentiel. Didier Etumba,
l’actuel général des FARDC était de ceux-là aussi, Katumba dit de lui qu’il est
d’une loyauté sans borne pour le Boss (nom par lequel il désigne J. Kabila).
Dans l’antichambre du COST, il y avait ses plus proches collaborateurs comme
c’est à lui que revenait la charge de coordonner cette structure. Ses
collaborateurs les plus proches étaient Moïse Ekanga qui l’a d’ailleurs
convaincu sur le contrat chinois », Robert Mena et Dikanga Kazadi notamment.
AKM voit Moïse Katumbi président de la RDC
Bien que
n’étant pas membre du COST, Moïse Katumbi Chapwe tient une place particulière
dans le cœur de AKM. Le « tout puissant » dit ceci de son frère Bemba (ethnie
du sud du Katanga): « puisse la divinité l’éloigner (la mort) de Moïse et lui
donner longue vie. Il est assurément l’un des meilleurs espoirs que notre pays
a aujourd’hui et l’une de ses planches de salut, demain quand sonnera l’heure
des grands destins futurs… ». AKM qui est avare des mots, a tout dit avec ce
passage sur l’actuel gouverneur du Katanga. De surcroit, en reprenant dans son
livre la mise en garde sévère de sa femme Zozo sur l’exercice du pouvoir en
Afrique ne demande-t-il à Joseph Kabila de prendre sa retraite en 2016 comme
lui-même l’envisageait (ou le laisser suggérer pour endormir ses adversaires)
sur ses terres natales de Pweto. En effet dans son livre il dit qu’après avoir
accepté la nomination au poste de gouverneur du Katanga, il l’appela sa femme
pour l’informer et celle-ci lui dit : « comment peux-tu accepter une chose
pareille ? Le Pouvoir en Afrique est sale. On en sort jamais indemne. Dans le
meilleur des cas on y laisse des plumes et dans le pire des cas son cadavre. Tu
dois tout faire pour refuser».
AKM oisif
sur le dernier mandat de Kabila
Sur le
dernier mandat de Kabila AKM est resté oisif entretenant le doute ce qui prouve
qu’il n’avait pas l’étoffe d’un Kamerhe d’avoir le culot de se démarquer du
président de la République lorsqu’il emprunte un sentier anticonstitutionnel.
Voilà ce que dit AKM sur le dernier mandat de Kabila : « que décidera le Boss
lui-même, en toute âme et conscience ? Voudra-t-il s’arrêter à la fin du second
mandat et s’adonner à organiser une vie de retraite paisible, entouré de sa
petite famille et de certains amis avec qui il aime partager la simplicité de
la vie exactement comme en rêver le M’Zee, le père Fondateur » ? Faire croire
que M’Zee pensait prendre sa retraite c’est prendre les Rd-congolais pour des
oies sauvages.
AKM sa
traversée du désert, les contrats miniers et Dan Gertler
Dans son
livre AKM a également évoqué sa traversée du désert lorsqu’il fut contraint de
quitter le gouvernement que cité dans le
rapport de l’ONU sur les pillages des ressources naturelles (rapport Kassem). A
cette époque écrit-il, j’ai beaucoup appris des hommes et de leurs déloyautés.
Il se défend d’avoir pillé les ressources naturelles de la RDC. Il dit que la
Miba était la seule entreprise qui pouvait procurer de l’argent à l’Etat et
elle a été mise à contribution pour conserver l’unité territoriale. Il rejette
aussi les accusations selon lesquelles il s’était enrichi avec la création de
la Sengamines. Son nom, dit-il, a figuré dans cette société pour remplir une
exigence légale qui voulait qu’il y au moins 7 actionnaires pour constituer une
SARL. C’est à la demande de M’Zee que son nom y figurait et LDK leur avait fait
signer à lui et autres sociétaires comme Kalume et Kazadi un document pour
qu’il ne touche aucun dividende ni intérêt dans cette société. Il revient
évidemment sur les contrats IDI Diamonds, EMAXON et « contrat chinois », sans
rien renier. Il assume tout.
Il parle
aussi de Dan Gertler, l’homme d’affaires juif. Il dit de lui tout le bien du
monde jusqu’à dire qu’il est son jumeau qu’il n’a pas eu. « Dan, mon ami, mon
twin brother malgré tout ce qui semble nous différencier, je suis fier d’être
le frère que tu n’as pas eu. Restons comme un seul pour toujours...». Il est
également revenu sur le limogeage de Antoine Ghonda par Jean-Pierre Bemba qui
lui reprochait de n’obéir qu’à Kabila. Il a également parlé de l’accord de
Cascades signé dans sa chambre d’hôtel en Afrique du Sud entre la Majorité
présidentielle et le MLC. C’était, explique-t-il, pour casser la cohésion au
sein de l’opposition armée. Voilà, ramassé en quelques lignes l’ouvrage à titre
posthume de AKM. Nous reviendrons dans nos prochains numéros sur des anecdotes
et des faits qui peuvent éclairer une partie de notre histoire récente. Ce
livre est resté inachevé avec sa mort brusque.
PAUL MULAND
PAUL MULAND
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