La brigade internationale chargée
de traquer les groupes armés dans l’Est de la Rd Congo est en cours de
déploiement dans le Nord-Kivu. Mais certains acteurs estiment qu’il faut faire
la part des choses. Et que cette brigade ne peut traquer que le M23 et les
forces dites négatives comme le dit la résolution 2098 des Nations unies. Pour
d’autres, cette brigade ne peut traquer les groupes d’autodéfense populaire
créés par Laurent-Désiré Kabila qui luttent pour l’intégrité territoriale du
pays.
L’arrivée
de cette brigade, pour le moment je ne peux pas dire que c’est une solution
mais qu’à même c’est un soulagement. C’est ce que pense un ancien leader d’un
groupe armé du Nord-Kivu, Didier Bitaki. « L’armée ne tenait plus, la
police était en déséquilibre total et les services de sécurité apparemment
avaient perdu le sens de service qu’ils devraient rendre à la République. Et
qu’à l’arrivée de cette brigade franchement c’est un motif de satisfaction si
elle fera le travail pour lequel elle a été invitée en Rdc », a poursuivi
Didier Bitaki.
« Pour
moi tout celui qui a été impliqué de près ou de loin dans la situation à l’Est
est unanime qu’il faut qu’il y ait la paix dans cette partie du pays. C’est
pour cette paix que nous, pendant notre temps nous nous sommes battus dans le
but de chercher une solution pour contrecarrer la provocation rwandaise. Nous
nous étions engagés dans ce combat et enfin de compte il est temps qu’on y
mette fin parce que les solutions qu’on a envisagées n’ont pas apporté la paix ».
Voilà
pourquoi, dit-il qu’ils sont des observateurs et ils regardent ce que la
brigade va faire. Si elle aura besoin d’un accompagnement, « nous sommes
prêts pour l’accompagner dans la réalisation de ses missions au cas où elle
rencontrait les difficultés sur le terrain ».
Il
estime que ce vocable de groupe armé est très mal défini et très mal compris.
Il y a qu’à même certaines choses et équivoques qu’il faut lever. Il y a à
l’Est du pays plus de 27 groupes armés identifiés et qui opèrent dans les
différents secteurs. La première question qu’il faut soulever pourquoi il y a
eu la résolution 2098 des Nations unies et cette résolution visait quoi ? « Je
pense que le contenu de la résolution place en tête de l’ensemble de déstabilisateurs
de l’Est du pays, le M23 ».
C’est
pour le M23 que cette résolution des Nations unies a été votée et pour le contrecarrer
parce qu’il occupe illégalement une partie du territoire national et qui
échappe définitivement aux autorités de l’Etat. La Rdc existe moins les
territoires de Rutshuru et de Nyiragongo. En conséquence, les Nations unies
reconnaissant la souveraineté de la Rdc ne doivent pas dormir sur leur laurier aussi
longtemps que la Rdc est un Etat membre à part entière souffre de cette
imputation d’une partie de son territoire.
Il
faut distinguer deux choses, les groupes armés amis qui soutiennent les Institutions
depuis bien longtemps. Il donne le cas de différents groupes Maï-Maï qui
luttent pour contrecarrer les groupes rebelles soutenus par le Rwanda et
l’Ouganda. « Ca ce n’est pas un fait à cacher ». Ces groupes-là
sont-ils visés par cette résolution et s’ils sont visés par cette résolution,
c’est-à-dire le gouvernement se transformera-t-il en ennemi de ces
groupes ? C’est ça la question. Et si cette brigade n’arrivera pas à
mettre fin à l’ensemble des activismes des groupes armés, comment sera la
situation après cette brigade. Il est conscient qu’il y a des cibles possibles
de cette brigade, notamment le M23 et les autres groupes alliés et non pas aux
groupes alliés aux Fardc.
« Au
moins soyons sincères et honnêtes. Les Fardc sont alliées à certains groupes
armés qui les soutiennent dans les différentes opérations contre les Fdlr, le
M23 et tout autre mouvement qui pourraient chercher à déstabiliser les
institutions. « Je ne sais pas si on transformera ces groupes en ennemis
de la République parce qu’on risque de mettre les gens dans une confusion
où tout le monde deviendra l’ennemi dans ces conditions et être déstabilisé
davantage. Je pense qu’il y a une nette distinction à faire entre les forces
rebelles, ennemies de la République et les groupes armés qui avaient pris la
relève des Fardc lorsqu’elles étaient en difficulté face à l’avancée des
mouvements rebelles qui luttaient contre le gouvernement ».
Par
ailleurs, le président de la société civile du Nord-Kivu, Thomas Daquin Muiti
affirme que le travail de l’intégrité territorial et de la sécurité intérieure
du pays, le travail de la sécurisation de la population et ses biens ne revient
pas à qui que ce soit. C’est un travail, c’est une mission régalienne de l’Etat
à travers les services de sécurité dont l’armée, la police…
A
la question de savoir sir ces groupes armés qui luttent pour l’intégrité
territoriale doivent être traqués, Thomas Daquin Muiti dit que ces groupes
armés savent la mission qu’ils poursuivaient. Lorsqu’il y a une structure, une
armée internationale qui vient appuyer l’armée nationale dans sa défaillance
mais aujourd’hui elle est en train de prouver c’est à quoi il est capable, ces
groupes armés doivent cesser de travailler. « Et nous sommes en train d’y
travailler nous-mêmes pour leur dire que cette fois-là qu’il y a des gens qui
viennent faire ce que vous vous étiez en train de revendiquer. Donc, vous devez
disparaitre. Ce que nous sollicitons aux partenaires, c’est nous accompagner
pour savoir qu’est-ce que ces jeunes deviennent après s’être démobilisés et
après avoir déposé les armes ? ».
Le
gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku abonde dans le même sens que le
président de la société civile du Nord-Kivu. A son avis, quand ces groupes
tuent des gens il est exclu de les appeler des forces positives. « Qu’il
s’agisse des Maï-Maï, du M23 et des tous les autres groupes armés sont des
forces négatives et ne peuvent être appelés des forces positives ». La
brigade des Nations unies est au Nord-Kivu pour nettoyer la région de toutes
ces forces, y compris les Fdlr et les Adf-Nalu qui insécurisent la population.
Ils sont tous la proie de cette brigade, ajoute-t-il Julien Paluku. Car, la
brigade arrive pour se joindre au gouvernement congolais et aux forces armées
congolaises pour que l’Est du pays cesse de prendre en otage tout l’ensemble de
la République en y affectant tous les moyens qu’il faut pour gérer la question
sécuritaire.
A
l’opposé, le président de l’Union pour la nation congolaise, Vital Kamerhe,
soutient une solution politique pour amener un minimum de cohésion dans le pays
pour assurer le plein succès des opérations. Il sera alors proposé aux groupes
armés congolais, à ne pas confondre comme l’a fait la résolution du Conseil de
sécurité des Nations unies les Maï-Maï (forces d’autodéfense populaire) qui
avaient été crées par Laurent-Désiré Kabila pour défendre le territoire
national. Ils ont été abandonnés à leur triste sort en favorisant d’autres
groupes armés. « Cet abandon des uns au profit des autres a créé de frustrations
et il ya eu des groupes armés abandonnés qui deviennent maintenant des bandits
contre les populations », a expliqué Vital Kamerhe.
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