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jeudi 4 juillet 2013

Harcèlement judiciaire et intimidations dirigés contre M. Sibu Matubuka, Président de l’intersyndicale des magistrats de la RD Congo



Kinshasa, le 3 juillet 2013 - L’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) appelle le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), M. Kitoko Kimpele, à faire cesser le harcèlement judiciaire et les intimidations dirigés contre M. Sibu Matubuka, Conseiller à la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete et Président de l’intersyndicale des magistrats, pour avoir signé un communique de presse dénonçant le tripatouillage des résolutions de l’assemblée générale ordinaire du CSM.
En effet, après la publication des ordonnances présidentielles d’organisation judiciaire relatives à la carrière des magistrats civils et militaires, en date du 1er juin 2013, l’Intersyndicale des magistrats congolais a rendu public son communiqué de presse établissant que lesdites ordonnances ne reflètent pas l’esprit et la lettre des résolutions adoptées par l’assemblée générale du CSM le 30 avril 2013 et demandant au Président de la république la suspension de leur exécution, à défaut, leur retrait ou leur renvoi à une Assemblée générale extraordinaire du CSM autrement composé. Le même communique recommande aussi une enquête indépendante afin d’identifier les auteurs du tripatouillage des travaux du CSM et de les faire sanctionner.
Au lieu d’attendre la réaction du Président de la république audit communiqué, le Président du CSM, mis en cause,  a instruit le Premier Président de la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete d’engager une action disciplinaire, contre le Président de l’Intersyndicale  M. Sibu Matubuka, aux allures d’un règlement de compte. C’est ainsi qu’en date du 24 juin 2013, ce dernier la notification d’un procès verbal de constat de faute disciplinaire et d’ouverture d’action disciplinaire aux motifs qu’il aurait manqué « aux devoirs de son état, à l’honneur et à la dignité de ses fonctions en soutenant, en réaction aux différentes ordonnances d’organisation judiciaire au  nom de son syndicat, qu’ils vont déposer leur rapport d’observation des travaux du CSM avec comparaison des principes et résolutions avec les ordonnances dictées notamment par le tribalisme, le copinage et le népotisme.
Le procès verbal de constat de faute disciplinaire et d’ouverture d’action disciplinaire  précité laisse présager des poursuites pénales éventuelles à l’encontre du Président de l’Intersyndicale des magistrats en y faisant référence aux dispositions des articles 136 alinéa 2 du code pénal livre II tel que modifié par la Loi n° 71/001 du 12 juin 1971 et 1er de l’ordonnance –Loi n° 66/342 du 7 juin 1966 relative à la répression du racisme et du tribalisme. Et M. Sibu aurait reçu plusieurs sms le menaçant de mort !
L’ACAJ condamne avec fermeté ces intimidations et harcèlement judiciaire dirigés contre le Président de l’Intersyndical des magistrats, qui n’a fait qu’accomplir ses obligations syndicales. Elle juge la démarche du Président du CSM contraire aux exigences de tolérance.
« Ces intimidations et harcèlement judiciaire dirigés contre un leader syndical sont inacceptables. Ils traduisent la volonté du Président du CSM à déstabiliser les magistrats responsables de syndicats independants, et ce en violation de l’article 38 de la Constitution qui garanti à tous les congolais le droit de fonder des syndicats ou de s’y affilier librement pour défendre leurs intérêts professionnels collectifs », a déclaré Me Georges Kapiamba, Président National de l’ACAJ.
« Les magistrats, défenseurs du principe de l’évolution de la carrière suivant les critères objectifs de compétence, de rendement, de diligence, de dévouement, d’intégrité, d’indépendance, d’impartialité l’indépendance et de leur bien-être, portés par l’Intersyndicale, devraient se solidariser avec le Président Sibu pour  faire échec à l’attaque injuste dont il est victime», a-t-il ajouté.
L’ACAJ rappelle au Président du CSM qu’aux termes de l’article 23 de la Constitution toute personne, dont un Magistrat, a droit la liberté d’expression qui implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions notamment par la parole, l’écrit et l’image. Et qu’en faisant poursuivre disciplinairement et/ou pénalement un Magistrat responsable d’un syndicat à cause des critiques émises contre la gestion de son bureau, il se rend coupable d’abus et détournement de pouvoir et d’obstruction délibérée à l’exercice d’un droit fondamental reconnu à un défenseur des droits sociaux (article 180 du code pénal livre II).
C’est pourquoi, l’ACAJ recommande :
· Au Président de la République, de faire droit à la demande de l’Intersyndicale de magistrats quant à la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante pour identifier les auteurs du tripatouillage des résolutions de l’Assemblée générale du CSM, pour ainsi donner effet à sa politique de tolérance zéro;
· Au Président du CSM, de mettre fin aux attaques dirigées contre le Président de JUSI et de l’Intersyndicale de magistrats, et soutenir l’appel lancé au Président de la république pour une enquête indépendante;
· Aux Membres du Bureau du CSM, de veiller à ce que leur Président n’use pas de sa position pour régler des comptes aux responsables des syndicats indépendants qui ont formulé des reproches contre leur travail ;
· A tous les Magistrats, de défendre fermement la liberté syndicale et d’expression, et manifester leur solidarité au Président de l’Intersyndicale;
· Aux Membres de l’Intersyndicale, de ne pas céder aux intimidations, mais de continuer à défendre, par toutes les voies de droit, leur Président, les principes de l’indépendance des magistrats et de l’évolution de la carrière suivant les critères objectifs.
· Aux ONG de défense de l’indépendance du pouvoir judiciaire, de se mobiliser pour faire échec à l’action du Président du CSM qui mine sérieusement l’exercice de la liberté syndicale et d’expression au sein du Pouvoir judiciaire.
Le 1er juin 2013, le Président de la république a fait publier 35 ordonnances d’organisation judiciaire. Après leur analyse minutieuse, l’Intersyndicale de magistrats, regroupant les syndicats JUSI et SCRAMEC, a publié le 12 juin 2013 un communiqué de presse par lequel il démontre, avec plusieurs exemples, que lesdites ordonnances ne reflètent pas les résolutions de la dernière assemblée générale du CSM, tenue à Kinshasa du 20 au 30 avril 2013, en ce que notamment il y a eu banalisation de grades,  de promotions accordées aux magistrats déserteurs, décédés ou sous actions disciplinaires ou condamnés.

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