A
la suite de la publication de l’Ordonnance n° 13/078 du 26 juin 2013 portant
création, organisation et fonctionnement des concertations nationales,
l’Opposition Politique Congolaise s’est réunie ce lundi 01 juillet 2013 pour
l’analyser.
Après
examen et débats, elle rend publique la déclaration suivante :
1. L’Opposition
Politique Congolaise tient à rappeler à l’opinion tant nationale
qu’internationale que le dialogue politique national est une demande formulée
par elle et la Société civile, à la suite des élections présidentielle et
législatives chaotiques de novembre 2011, lesquelles se sont caractérisées par
l’opacité, les fraudes massives et ont abouti à des résultats non crédibles,
base de la crise politique du reste aggravée par la déliquescence de l’Etat
caractérisée par son impuissance à défendre l’intégrité du territoire national,
à assurer la paix et la sécurité des personnes ainsi que de leurs biens, la
mégestion généralisée, la corruption, la concussion, l’impunité, le bradage et
le pillage des ressources naturelles de la RDC.
2. L’Opposition
Politique Congolaise rappelle que le dialogue politique national a été
fermement recommandé par la Communauté Internationale dans l’Accord-cadre
d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 l’a confirmé (Cfr Résolution 2098 page 5,
point 5. Engagements Accord-cadre et le point 14 b).
3. En effet, La
Communauté internationale, soucieuse de ramener la paix en RDC, a amené, sous
les auspices du Secrétaire Général des Nations Unies, les pays de la Région à
signer, le 24 février 2013, l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la
coopération pour la RDC et la Région des Grands Lacs.
Cet accord-cadre a été pris en
compte par la Résolution 2098 (2013) du Conseil de Sécurité des Nations-Unies.
La
RDC s’est engagée, dans ce contexte, « à organiser, avec les bons offices de
l’Envoyée Spéciale et du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations
Unies, un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les
parties prenantes congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la
démocratisation et encourager l’organisation d’élections provinciales et
locales crédibles et transparentes ».
4. L’Opposition
Politique Congolaise révèle que l’Ordonnance du Président de la République
portant création, organisation et fonctionnement des concertations nationales
s’est écartée de l’engagement souscrit par le Gouvernement de la République à
organiser un dialogue politique transparent et sans exclusive tant dans sa
forme que dans son fond.
De ce fait, le Président de la
République a violé l’article 215 de la Constitution par le non respect de
l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des
Nations Unies.
5. L’Opposition Politique Congolaise constate
que le Président de la République s’écarte davantage de la Résolution 2098 pré
rappelée du fait qu’il ignore la mission confiée à l’Envoyée Spéciale et au
Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies, d’assurer les
bons offices dans le cadre du dialogue transparent et inclusif tel que
mentionné dans le rapport adressé par les Présidents de deux Chambres du
Parlement au Président de la République lui transmettant le projet d’Ordonnance
convoquant les concertations nationales.
6. L’Opposition
Politique Congolaise relève par ailleurs, l’unilaterisme du Président de la
République et sa volonté à confondre le dialogue inclusif à un Congrès de la
majorité présidentielle.
7. En effet, la convocation du dialogue
devrait être précédée par la mise en place d’un Comité préparatoire incluant
toutes les parties prenantes afin d’en définir le format, l’ordre du jour, le
projet du Règlement Intérieur, les mécanismes de suivi et d’exécution des
décisions.
8. L’Opposition Politique Congolaise dénonce
la confiscation de l’initiative et la mise à l’écart, par le Président de la
République, de l’Envoyée Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies qui,
en vertu de la Résolution 2098, a pour mission de promouvoir et de superviser
un processus politique global sans exclusive.
Partant, l’initiative du
dialogue, c’est-à-dire, sa préparation (identification des parties prenantes,
proposition de l’ordre du jour, la convocation) devrait revenir aussi à
l’Envoyée Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies, travaillant aux
côtés du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC
(Rés. 2098, page 5 pt 4), (Rés. 2098, page 8, pt 14 b).
9. En outre,
l’Opposition Politique Congolaise s’étonne du fait que la médiation africaine
souhaitée par tout le monde et dont le processus a été amorcée par l’envoi de
l’émissaire du Président de la République du Congo n’ait pas été prise en
compte par le Président KABILA lui-même, après avoir fait appel pourtant à la
sagesse d’un Président africain.
10. L’Opposition Politique Congolaise dénonce
la composition déséquilibrée de ce forum avec une forte dominance des membres
de la majorité présidentielle. Elle réclame la représentation égalitaire entre
composantes que sont la majorité présidentielle, l’opposition politique, civile
et armée, la société civile y compris la diaspora. De même, l’Opposition
Politique Congolaise n’est pas d’accord avec la dispersion ou
l’éparpillement des travaux entre trois villes du pays, alors que les questions
à traiter sont transversales.
11. L’Opposition Politique Congolaise note que
le mode de prise de décision doit être le consensus et que les décisions,
recommandations ou résolutions selon le cas devront être opposables à tous.
Elle rejette le fait que le Président de la République, les Présidents de deux
Chambres du Parlement et le Premier Ministre assurent le suivi en lieu et place
d’un Comité de suivi incluant toutes les parties prenantes, à savoir la
majorité, l’opposition, la société-civile et le représentant de la Communauté
internationale.
12. S’agissant des groupes thématiques,
l’Opposition Politique Congolaise relève que la situation sociale des
congolaises et congolais n’a pas été prise en compte. De même qu’il n’est pas
clairement indiqué que le problème de légitimité du pouvoir, des violations
massives des droits humains, des viols et violences faites à la femme,
l’enrôlement des enfants dans les groupes armés, des pillages et bradages des
ressources naturelles, les biens mal acquis, etc seront débattus.
13. L’Opposition Politique Congolaise met en
garde contre toutes tentatives de révision de la Constitution en particulier
les dispositions verrouillées de l’article 220, s’agissant du mandat du
Président de la République.
14. L’Opposition Politique Congolaise
considère dans le cadre du dialogue que des signaux de décrispation soient
lancés par le Président de la République notamment : libérer les
prisonniers politiques et les prisonniers d’opinion, décider l’amnistie pour
permettre à tout le monde de participer aux travaux, enlever la ceinture
policière autour de la résidence du Président Etienne TSHISEKEDI ; libérer
l’organisation des manifestations publiques, ouvrir les médias proches de
l’opposition (Canal Futur TV et RLTV).
15. L’Opposition Politique Congolaise dit ne
pas être concernée par tout dialogue ou concertations nationales qui ne prend
pas en compte ses préoccupations de forme et de fond ci-dessus mentionnées.
16. Enfin, l’Opposition Politique Congolaise
lance un appel vibrant et pathétique à tous les leaders politiques et à la
population congolaise de se lever comme un seul homme pour réclamer et obtenir
un véritable dialogue national qui va amener à la réconciliation, à la cohésion
nationale et à la poursuite du processus démocratique en RDC.
A cet effet, l’Opposition
Politique Congolaise se réunira dans les meilleurs délais afin de définir les
actions concrètes à mener.
Fait
à Kinshasa, le 1 juillet 2013
POUR
LES PARTIS, LES GROUPES PARLEMENTAIRES ET PERSONNALITES DE L’OPPOSITION
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire