Au
lendemain du lancement par le Chef de l’Etat du Point d’atterrage du câble à
fibre optique de Muanda et de la connexion internationale du pays, j’ai
quelques précisions qui me paraissent utiles à apporter à la communauté
nationale qui attend avec raison le haut débit et aux professionnels du Secteur
des Télécommunications qui, avec raison, attendent d’avoir la preuve de
l’intérêt et de la fiabilité du produit «fibre optique».
1. INTRODUCTION.
La
phase I de la fibre optique (axe Muanda-Kinshasa) a été réalisée avec des malfaçons
techniques. Mais ces installations ont été réceptionnées par un certificat de
réception définitive établi en février 2010 par les autorités de la SCPT. Ce
document atteste que l’installation a eu lieu sans aucune faille.
A
la suite de ces problèmes constatés par mes services, en vue de sauvegarder l’investissement consenti par la République, j’ai
mis en place un Bureau Conjoint de haut niveauqui a en charge le suivi et l’évaluation
du projet. La
partie gouvernementale est composée d’expertsissus de différents ministères, organismes et services de l’Etat dont la DGDP, l’ARPTC, les services de police et
la SCPT.
2. CAPACITE INSTALLEE.
La
capacité maximale de cette fibre G652D est de 10 Gbits par seconde. Les études
approuvées en son temps par la SCPT ont prévu de connecter au départ:
- 10
STM-1 soit 1,55 Gbits/s
- 8
E3 soit 1,176 Gbits/s
- 588
E1 soit 0,272 Gbits/s
Ce
qui fait une configuration de base de 3 Gbits/s sur les 10.
Il
est donc inexact de dire que seuls 2,5 Gbits/s arrivent à l’Hôtel des Postes
pour cause de fuite bien que cette capacité de 3 Gbits/s constitue
manifestement une erreur de conception que le Bureau conjoint s’attelle déjà à
réparer.
3. DEFAUTS DE POSE DU CABLE.
Les
erreurs de pose de la fibre sont légion sur le tronçon Phase 1 Muanda-Kinshasa.
Certaines ont déjà été résolues par le Bureau conjoint de haut niveau. D’autres
les seront à mesure que l’exploitation se mettra en place. La
même situation est observée sur la phase II Kinshasa-Kasumbalesa.
D’où
une mission de contrôle que j’ai tout récemmenteffectuée dans le Bandundu.
J’attends d’en effectuer d’autres. J’ai exigé quedes corrections soient apportées
et expliqué que je pourrais aller jusqu’à suspendre les travaux de la Phase II. Les
Congolais - et le Secteur le sait parfaitement -, dans le réseau large bande,
le sacro-saint principe est la redondance. Je l’ai dit à Muanda.
Il
nous faudra poser une deuxième voire une troisième ligne et il nous faudra
construire des rings mais en l’espèce, il ne faut pas s’attendre à un début en
beauté. La mise en route des hautes technologies ne se fait jamais sans débuts
difficiles. C’est le casde la technologie spatiale. Combien de satellites
lancés dans l’espace n’ont pas posé problème. Il suffit de disposer de bonnes
équipes de veille. Et le ministère veille…
4. RING DE KINSHASA.
Le
Bureau conjoint a examiné la question de l’insuffisance du ring de Kinshasa et
de l’absence des réseaux d’accès tout le long des axes Muanda-Kinshasa et
Kinshasa-Kasumbalesa. Le ministère est d’avis que, vu l’immensité du territoire
national, l’Etat seul ne saurait financer des infrastructures de fibre optique.
Un appel doit impérativement être lancé en direction des investisseurs privés. Les
privés disposent des ressources humaines, techniques et financières
susceptibles d’arroser l’ensemble du territoire national en un temps record.
Beaucoup de pays africains ont arrosé leur territoire national en fibre optique
endéans deux ans en s’appuyant sur le secteur privé.
5. PROBLEME D’ENERGIE.
Les
sources d’énergie étaient bel et bien prévues à la conception du projet mais la
SCPT a signalé au Bureau de suivi-évaluationle vol des batteries des groupes
électrogènes et justifié les coupures de courantau fait de manque de carburant suite
àdes difficultés récurrentes de trésorerie que l’entreprise connaît.
6. COUT DE MAINTENANCE PAR WACS.
Il
est indéniable que la maintenance des infrastructures de haute technologie a un
coût auquel la trésorerie actuelle de la SCPT ne saurait faire présentement face.
7. COUT ELEVE DE LA FIBRE AU
KILOMETRE ET DU POINT D’ATTERRAGE.
Je
l’ai dit à Muanda: quand l’équipe de SEM le Premier ministre Augustin
MatataPonyo a été investie, deux jours après, le projet WACS était lancé et
notre pays était aux abonnés absents. J’ai
été interpellé à ce propos au Parlement et j’ai apporté toutes les réponses que
j’étais en mesure d’apporter partant du principe de continuité de l’Etat.
Une
commission d’enquête parlementaire est à pied d’œuvre.Le Gouvernement n’a rien
à cacher. Le
bel ouvrage de Muanda version DORECO a coûté USD 4,7 millions. Pour
mettre en place ce Projet, il a fallu liquider les engagements de la République
auprès du consortium WACS, soit USD 25 millions. A cela, il faut ajouter l’investissement
de la ligne Muanda-Kinshasa, soit USD 32 millions. Soit USD 61,7 millions.
8. CEREMONIE DE LANCEMENT DU POINT
D’ATTERRAGE.
Il
y a plus d’un an, le 11 mai 2002, 13 des 14 pays membres du Consortium WACS ont pris le départ,
cela fait plus d’un an, laissant sur le quai la très grande République
Démocratique du Congo. Alors
que l’ouvrage du point de vue de génie civil a été réceptionné depuis plusieurs
mois, que les équipements étaient installés par l’équipementier officiel de
WACS, le Français Alcaltel-Lucent qui avait attesté que l’ouvrage avait été
réalisé selon les règles de l’art, que les équipements fonctionnaient
parfaitement, que le go ahead opérationnel du consortium WACS était donné (le
fameux Ready for Service), que le signal haut débit était envoyé par Londres
jusqu’à Kinshasa en passant par Muanda, le Gouvernement se devait de tout
mettre en œuvre pour réduire ce retard humiliant et inacceptable pour notre
pays, et arrêter l’image d’un pays présenté comme un trou noir sur le Continent
dans le secteur des télécoms.
Malgré
tout, le Gouvernement n’entend pas s’arrêter là et redouble d’efforts pour rendre au pays sa place
naturelle de «HUB» du Continent. A
ce propos, je me dois de remercier le Président de la République, Chef de
l’Etat pour avoir rehaussé de sa présence cette cérémonie historique, de haute
portée technologique, qui marque un tournant économique. Pour
l’inventeur de la Révolution de la Modernité, le Chef de l’Etat ne pouvait
manquer un tel événement.
9. CONCLUSION.
Les
efforts du Gouvernement, dans le domaine des télécoms et des NTIC ne visent pas
à redonner simplement espoir au Peuple congolais.
Ils tiennent à matérialiser l’émergence du pays au moyen des technologies
innovantes selon la vision de la Révolution de la Modernité prônée par Son
Excellence Monsieur le Président de la République, chef de l’Etat, Joseph Kabila
Kabange. Une
première autoroute de l’information vient de voir le jour entre Muanda et
Kinshasa. D’autres sont en voie de construction.
Il
reste à multiplier les avenues et autres ruelles pour atteindre les sièges des
entreprises, les pâtés de maisons, le logement de chacun de nous. Cela
passe par la mise sur pied d’une structure professionnelle de gestion et
d’exploitation de ces infrastructures ultra modernes - dont le projet est sous
examen au niveau du Gouvernement -et de connecter le maximum de nos concitoyens
à la Société de l’Information avec certes les moyens de l’Etat mais aussi en
recourant aux capitaux
privés.
Je
peux comprendre le débat qui a cours dans le Secteur, auprès des professionnels. A propos de la fibre optique, il faut noter que
cette technologie ne vaut pas un penny sans opérateurs et sur les six sociétés detéléphonie
mobile, il y a les deuxgrands (Airtel et Vodacom),puis Orange et Tigo, puis Africell
et Standard Telecom.
Je vous informe que l’opérateur Standard Télécom
utilise déjà la fibre optique de Muanda, l’opérateur Vodacom a déjà signé son
contrat Fibre optique. Restent quatre opérateurs: Airtel, Orange, Tigo et
Africell, qui ne peuvent que signer le contrat Fibre. Ils n’ont pas le choix : entre la fibre optique
et le satellite, le choix est clair. Il faut ajouter l’opérateur MTN qui exploite le
réseau en République du Congo sur la liste de ceux qui utilisent déjà la fibre
de notre pays.
Les journalistes connaissent fort bien l’histoire de
la presse, notamment celle dela première agence de presse au monde: Reuters. Reuters est comme la structure qui devra gérer
demain la fibre: elle fournit aux opérateurs-journaux un service de gros. A eux
de l’exploiter au détail pour le public.
A l’époque de la venue de Reuters, les journaux ont
eu beau s’opposer à cette agence estimant devoir collecter eux-mêmes les
informations mais face à la machine de Reuters, les journaux ont déposé les
armes, l’un après l’autre, aux pieds de l’agence et chacun a signé un abonnement
s’il ne voulait pas être éliminé du marché. Cela est dû certes à l’impossibilité des journaux de
concurrencer la puissance de la machine mondiale d’information dont collecter
l’information est le métier, mais cela dépend certes en l’espècedes capacités techniques,
financières, commerciales de la structure que le Gouvernement se doit de mettre
en place.
Je peux vous garantir que le Gouvernement travaille
d’arrache pied afin de mettre en place cette structure susceptible d’offrir un
travail de qualité capable d’attirer les opérateurs mobile et ISP.
Fait à Kinshasa, le 17 juillet 2013
Prof. Tryphon KIN-KIEY MULUMBA,
Ministre
des PT&NTIC.
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