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mercredi 22 décembre 2010

Evasion à la Prison de « Haute Sécurité » de Buluo au Katanga, une Ong katangaise condamne l’usage disproportionné des armées à feu par les forces de sécurité


 L’Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains, ACIDH, une Ong œuvrant au Katanga, déplore les évasions à répétition  enregistrées à la prison de « Haute sécurité » de Buluo, située à environ 110 Km de la ville de Lubumbashi, note un communiqué de cette organisation. La dernière évasion date  du  samedi 27 novembre 2010. ACIDH  condamne l’usage  disproportionné des armes à  feu  par les éléments de la Police Nationale Congolaise et de la Police Militaire commis à la garde de cette prison, entraînant ainsi mort d’homme parmi les détenus non armés qui tentaient de s’évader. Elle saisit l’occasion pour inviter une fois de plus le Gouvernement à fournir plus d’efforts pour améliorer les conditions carcérales dans cette prison.
Le samedi 27 novembre 2010 à minuit, les détenus de la Prison de Buluo dite de «  Haute sécurité » se sont mutinés pour exprimer  leur « ras-le-bol ».  Des informations recueillies font état d’un bilan de 33 prisonniers dont 7 d’entre eux ont été rattrapés évadés et 4 tués dont trois 3 sur place et 1 qui a succombé de suite de ses blessures à l’Hôpital Daco à Likasi. Selon des sources concordantes, ces personnes ont été tuées par balles réelles tirées par les éléments de la police (PNC) et de la police militaire (PM) qui tentaient d’empêcher aux détenus de s’évader.
 Les mauvaises conditions de détention qui caractérisent cette prison semblent être la principale cause de ces évasions à répétition. D’après des sources concordantes, les détenus de Buluo n’ont pas accès à une alimentation suffisante Depuis la décente du comité provincial de sécurité dans cette prison au mois de mars dernier, le gouvernement provincial du Katanga prend en charge l’alimentation des pensionnaires en la fournissant régulièrement  une provision alimentaire.
Cependant, cette dernière semble insuffisante pour les détenus et de bonne qualité bien que les efforts du Gouvernement provincial sont salués en cette matière. La prison manque de manière criante un dispensaire pour des soins primaires, pas de produits pharmaceutiques. L’on déplore également le  manque d’un moyen de transport, ce qui entraîne qu’en cas de maladie, les dirigeants locaux doivent se débrouiller pour conduire le patient à l’Hôpital à Likasi à environ une dizaine de kilomètres.
Depuis plusieurs années, le  quartier populaire de la prison n’existe plus. Jadis ce quartier servait entre autres aux prisonniers de lieux de divertissement. La conséquence est que tous les détenus sont obligés de vivre dans le quartier cellulaire, dans une promiscuité indescriptible. Au jour de l’évasion, les effectifs de la prison étaient de 229 détenus entre prisonniers ordinaires et ceux dangereux. A cela il faut ajouter le manque des frais de fonctionnement ; la situation administrative confuse des détenus dont les dossiers avaient été incendiés lors de l’évasion précédente; le nombre insuffisant de policiers civils et militaires commis à la garde de cette Prison pourtant dite de « Haute Sécurité ».
L’ACIDH rappelle à l’opinion publique que ces évasions ne sont pas à leur première perpétration dans cette Prison. A titre purement  illustratif, le 24 décembre 2003, Buluo avait connu une évasion spectaculaire de 127 détenus sur un total de 232 que comptaient les effectifs. Les gardes avaient tiré à balles réelles en tuant 4 personnes dont 1 détenu, 3 civils par erreur dans leurs champs lors de poursuites des fugitifs et en blessant 4 autres.
Le lundi 15 octobre 2007, toujours à Buluo, une tentative d’évasion s’était soldée par 2 tués et 2 blessés du côté de la police Lire à ce sujet «  tentative d’évasion à la prison de Buluo, 2 morts et 2 blessés », selon le site d’Okapi.net du 16 octobre 2007 et l’incendie des bureaux du Directeur de cette prison ainsi que du greffe entraînant ainsi la perte de tous les dossiers administratifs des prisonniers.
Cette situation a  entraîné un flou dans l’administration de cette prison et dans la gestion des  détenues dans la mesure où  les autorités pénitentiaires  n’avaient aucune trace pour rétablir avec exactitude la situation administrative de chacun des détenus. Une liste aléatoire de ces derniers avait été reconstituée par l’administration pénitentiaire avec possibilité de se tromper sur la peine de chacun créant ainsi  un sentiment de frustration  dans le chef des détenus.
Le mercredi 20 janvier 2010, 6 bandits de grand chemin tous venant de Goma s’étaient évadés aux petites heures en escaladant le mur. Cet état de chose  montre simplement que l’évasion du samedi 27 novembre dernier n’est pas un fait du hasard. Mais plutôt une conséquence de l’indifférence des autorités gouvernementales pourtant souvent informées de la situation soit à travers de nombreux rapports des autorités pénitentiaires soit par des visites de terrain, souligne le communiqué de cette Ong.
Lors de la décente effectuée à la Prison centrale de Buluo au mois de mars dernier  pour s’assurer  des  difficultés de fonctionnement  de cet Etablissement carcéral par le comité provincial de sécurité, des promesses en terme des solutions aux problèmes soulevées ont été faites. Cependant, l’absence des frais de fonctionnement et la réhabilitation de ce centre demeurent et exigent des solutions concrètes et durables, pour freiner les cas d’évasions devenues monnaies courantes. Jusqu’à ce jour ces questions comme tant d’autres bien que importantes n’ont jamais trouvé de solutions.
Ainsi, l’ACIDH recommande au ministre national de la Justice et des Droits Humains de prendre des mesures appropriées pour réhabiliter la Prison de Buluo notamment son quartier populaire  afin de sécuriser aussi bien les détenus que la population ; de deiller à l’amélioration des conditions carcérales notamment assurer une alimentation suffisante et de qualité , mettre en place une structure de santé bien équipée pour assurer l’accès des prisonniers aux soins primaires ;  d’équiper la prison d’un matériel roulant pour assurer la mobilité du personnel pénitentiaire et le transport des prisonniers malades vers l’hôpital ; d’assurer des frais de fonctionnement de la prison de manière régulière et de renforcer les effectifs de la Police Nationale Congolaise et de la Police Militaire à la garde de la prison tout en se rassurant de leur formation sur l’usage des armes à feu et la sécurisation des prisons.
Cette Ong recommande ensuite aux autorités  judiciaires militaires d’ouvrir une enquête pour  dénicher les personnes qui ont tiré sur les 4 prisonniers tués et de les sanctionner conformément aux textes de loi de la République. Et enfin au Parlement et à l’Assemblée Provinciale, elle leur recommande d’interpeller chacun en ce qui le concerne, les ministres national et provincial de la Justice et des Droits Humains sur les facteurs à la base de ces multiples évasions à la prison de Buluo et les solutions y apportées.

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