Depuis plusieurs décennies, les enseignants congolais vivent
dans une situation très dramatique. L’Etat congolais ne consacre qu’environ 7 %
du budget national au secteur de l’éducation. Après la démocratisation
intervenue en 1990, le système de « prise en charge » des enseignants
a été introduit pour éviter des grèves à répétition et épargner des années
blanches et surtout sauver les années scolaires.
Henri Mayina, professeur de droit à l’Institut Notre-Dame de
Fatima, a choisi de faire ce métier pour encadrer la jeunesse. Si tout le monde
refuse d’enseigner, il n’existerait pas de relève et le pays tomberait dans
l’illettrisme, dit-il avec amertume. Il énumère les difficultés qu’il rencontre
dans son travail au quotidien. Il y a des problèmes de travail, des mauvaises
conditions de vie et de travail, le manque de politique salariale. A ces
difficultés s’ajoute l’absence de logistique appropriée.
Selon lui, le métier qu’il exerce n’est pas pris en compte
par les pouvoirs publics. Or, c’est le métier qui devrait être, insiste-t-il,
considéré étant donné que ceux qui gèrent la chose publique doivent avoir des
notions qu’ils auraient apprises à l’école. L’école est le chemin obligée pour
tout le monde et elle est le commencement d’une société. Malheureusement, les
pouvoirs publics négligent ce domaine combien primordial dans la vie d’un pays.
Il a émis le vœu que le gouvernement comprenne que
l’enseignement est un domaine capital et essentiel dans un pays. Pour gérer et
arriver à développer le pays, nous devons avoir des notions scientifiques. Ces
notions, les citoyens les acquièrent à l’école. Il propose que l’Etat améliore
les conditions de travail et de vie des enseignants. Il rappelle au
gouvernement de respecter la Constitution qui dit que l’enseignement primaire
soit gratuit. Mais il regrette la violation de cette disposition. Il recommande
aux pouvoirs publics de prendre en compte cet élément pour valoriser
l’enseignement.
« Je ne fais pas l’enseignement comme une carrière.
C’est un travail secondaire par rapport à mon domaine puisque je suis juriste
de formation. Si je le souhaite, je peux continuer », lance-t-il.
Le préfet de l’Institut Notre-Dame de Fatima, M. Jean-Marie
Kusukila pense qu’il n’est pas facile d’être enseignant en Rdc parce qu’il fait
son travail dans des conditions difficiles. Il est mal payé mais on lui exige
trop. Les conditions dans lesquelles l’enseignant est mis ne sont pas
convenables, reconnaît-il. L’enseignant n’a pas que la charge horaire ou les
recherches à faire, mais il doit vivre.
Pour améliorer le travail de l’enseignant, c’est simple. Il
faut poser la question au pouvoir organisateur. C’est ce dernier qui est
censé mettre à l’aise non pas seulement l’enseignant mais tous les agents de
l’Etat. Pour mettre l’enseignant dans des bonnes conditions, il faut d’abord le
payer décemment en tenant compte le panier de la ménagère. M. Kusikila propose
la piste de solution qui est celle de « Mbudi » qui prévoit qu’un
huissier touche 209 dollars américains contre 2090 pour un secrétaire général.
« Nous avons notre planche à laquelle l’Etat doit se référer. S’il est
incapable de s’y référer, qu’il aille par palier jusqu’à atteindre le montant
convenu dans les accords de Mbudi ».
Il n’y a pas que l’argent qui améliorerait les conditions de
l’enseignement. Il y a tout un conditionnement, l’environnement, affirme M.
Kusukila. Il doit travailler dans les bonnes conditions. Dans un mauvais
environnement, l’enseignant ne peut produire un travail de qualité. En bref, il
y a l’aspect infrastructures, bibliothèque, documentation, recherche. Les
conditions misérables qui vit l’enseignant peuvent être passagères. Avec
l’espérance, il croit que dans les années ou les siècles à venir, ces
conditions changeront. Toutefois, il encourage ses enfants à devenir des
enseignants.
A la question de savoir si la relève dans ces conditions est
assurée. Le préfet de l’Institut Notre-Dame de Fatima enchaîne que sa réponse
est mitigée. D’après lui, la relève est assurée tout comme elle n’est pas
assurée. Dans les instituts supérieurs pédagogiques, les étudiant(e)s sont là
pour le diplôme et non pour embrasser la carrière d’enseignant.
Son établissement a reçu 36 étudiantes stagiaires de l’Isp
Gombe en sections hôtellerie et hôtesse d’accueil. Parmi elles, une seule
a accepté après ses études de graduat de faire l’enseignement. Les 35 autres
ont affirmé qu’ils étudient à l’Isp pour avoir le diplôme. Et rien d’autres.
Leur souhait est de travailler dans des entreprises ou là où ça paye mieux que
dans l’enseignement. De ce point de vue, la relève n’est pas assurée. « Il
arrivera un jour où nous allons importer des enseignants comme on l’a fait
entre les années 62 et 64 avec les Haïtiens ».
En même temps, M. Kusukila mentionne que la relève est
assurée. Une fois leurs études terminées, ceux qui fuient l’enseignement après
plus de deux ans au chômage, ils finissent par rentrer au bercail. Leur premier
réflexe est de fuir ce métier. Lorsque le chômage les ruine, ils viennent
déposer leur demande d’emploi. Après tout, c’est le premier métier qu’ils ont
appris à l’université. L’espoir est permis avec des garçons.
Il fait tout même un constant, l’enseignement va de plus en
plus se féminiser. Comme en Belgique ou en France, la Rdc aura beaucoup plus
d’enseignantes que d’enseignants. Toutes les écoles maternelles s’emploient que
des femmes. Rare sont des écoles maternelles où l’on trouve des enseignants.
Malgré le désintérêt des jeunes à ce métier, M. Kusukila
souligne que l’enseignement ne mourra jamais. L’enseignement a commencé depuis
Charlemagne, il persistera et ne va pas s’esquinter un jour. Sinon un pays qui
n’a pas des gens formés, c’est un pays qui appelle son peuple à la barbarie. Et
donc, la formation et l’enseignement occuperont toujours une place de choix
dans la société. Qui que vous soyez, tout le monde y passe. Et la formation
passe par l’enseignement. Ce n’est pas un secteur à négliger.
L’un des parents, Albert Omba déplore les mauvaises
conditions dans lesquelles travaillent les enseignants congolais. Ces derniers
ont un salaire modique et ils se rabattent sur nous les parents pour compéter
leur salaire que nous appelons « les frais de contribution des
parents ». Parents et autres catégories sociales ont lutté pour mettre fin
à cette pratique, mais elle persiste encore. Il soutient que malgré ce complément,
il ne sera pas possible qu’on atteigne le niveau de vie de l’enseignant
d’antan.
Les mauvaises conditions de vie et de travail des enseignants
ont une incidence négative sur la qualité de qualité de l’enseignement parce
que le programme n’est pas correctement exécuté. Le nombre d’heures pour donner
les cours ne sont plus respecté. L’enseignant peut ne pas dispenser les cours à
cause de son enfant qui serait tombé malade ou soit il a faim et il doit aller
chercher de l’argent de gauche à droite. « Tout ça retombe sur l’enfant et
ça diminue sensiblement le niveau de l’éducation des enfants ».
M. Omba déclare les pouvoirs publics qui ont une seule
obligation, c’est de bien payer l’enseignant. « Quand on parle de Smig et
de Mbudi, jusqu’aujourd’hui on devrait ajouter à chaque enseignant ou
fonctionnaire d’abord le logement. Deux mois après, on lui ajoute le transport
et trois mois plus tard on lui ajoute encore les indemnités familiales et ainsi
de suite… On aurait abouti à quelque chose ». Les autorités disent qu’ils
sont nombreux. Ce nombre fait suite à la demande de ce grand pays. Il se pose
la question si tous les enseignants remplissent le vide qu’il y a pour encadrer
tous les enfants congolais.
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