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mercredi 22 décembre 2010

Avant l’installation des nouvelles provinces, des personnalités congolaises se préparent à postuler comme gouverneurs

 Avant même que la mise en place des  nouvelles, certains Congolais se portent déjà candidats aux postes de gouverneurs des futures provinces. C’est le cas du Professeur Joseph Yav Katshung. Il a dit dans message depuis Lubumbashi, dans la province du Katanga. Il compte diriger la future province du Lualaba. Il a dit que sans verser dans ce que d’aucuns qualifient à tort ou à raison de rébellion ou sécession ; et prenant les Citoyens de la RDC, mieux du « Katanga d’antan » à témoin ; soucieux de rester légaliste et respectant la volonté du peuple qui s’était prononcé pour les 26 provinces lors du referendum constitutionnel de 2005, il est poussé par la force des choses à porter sa candidature au poste de Gouverneur du Lualaba.
D’après ce professeur d’Université, le « messie » tant attendu semble tarder à venir  et peut être qu’il ne viendra plus en RDC. L’on a trop souvent été des spectateurs et c’est le temps de se prendre en charge. Comme il l’a  si bien écrit dans son livre intitulé « La Décentralisation au Congo: Une Tour de Babel?, paru aux éditions UniBook, Spuurs, en Belgique,  2009 », au delà du scepticisme affiché par certains « gloutons politiques » qui appliquent la politique de « j’y suis et j’y reste » sans aucun souci pour le bien-être de leurs compatriotes, la décentralisation est juridiquement un mode d'organisation des pouvoirs publics.
Il a ajouté que c’est le transfert de certaines compétences de l'Etat à des collectivités territoriales, autonomes financièrement et juridiquement du pouvoir central. Mais en réalité, elle est aussi l'affaire de chaque citoyen car elle modifie profondément ses relations avec les pouvoirs publics. Tocqueville affirmait par exemple que la centralisation administrative n'était propre  qu'à énerver les peuples car elle tendait « à diminuer parmi eux l'esprit de cité ». Cela est d’autant vrai car, affirme-t-il, lorsque les Grecs demandèrent à Solon de leur donner une Constitution. Celui-ci répondit à la forme interrogative : pour quel peuple et quelle époque ?
En effet, une Constitution se présenterait comme réponse à une attente. Mais elle répondrait à quelle dynamique sociale dans quelle dynamique historique, à quelle ordonnance du temps? Cette demande légitime d'une Constitution faite par les Grecs pour régir leur société fut également formulée par le peuple congolais, las de la politique de centralisation à outrance avec tout son cortège de malheurs. Mais voilà que constitutionnellement, 36 mois - après l’installation effective du Sénat - furent accordés aux gouvernants pour la matérialisation de 26 provinces. Au lieu de s’assumer, ils ont préféré villégiaturer et se réveillent en sursaut autour du  15 mai 2010, date butoir pour fustiger  les difficultés de respecter la constitution.
Quelle irresponsabilité, s’exclame-t-il, surtout quand l’on connaît par cœur le brocard « Gouverner c’est prévoir » ! Il est tenté de postuler pour faire bénéficier à chaque habitant -du Lualaba- des conditions de vie améliorées. C'est dans cette optique que le législateur congolais, mû par ce souci du bien-être de tous les Congolais, a trouvé nécessaire et utile de procéder au découpage politique et administratif du territoire national afin de rapprocher davantage les administrés de l'Administration, cela en vue de cerner les vrais problèmes de la population et en trouver des solutions urgentes et adéquates.
Donc, il estime que le découpage territorial a été décidé de toute évidence dans le seul but d'accélérer partout le progrès économique et social de la population. Il va de soi que ce découpage territorial est une cause noble et l'objectif indiscutable. Ainsi, je soutiens qu’au regard des articles 2 et 226 de la Constitution de la RDC, il ne s’agit plus de décider si la « décentralisation – découpage » est une option, ou de ne pas la voir franchir l’étape du stade initial, mais plutôt de savoir comment la mettre en œuvre dans la pratique pour qu’elle puisse réaliser les objectifs qu’elle s’est fixés. Il ne reste qu’à la Commission électorale d’organiser le plus rapidement possible l’élection du gouverneur dans les nouvelles entités.
Les sceptiques ou les conservateurs de dernière minute  doivent savoir que l’on ne marche jamais contre le courant de l’histoire, prévient le Professeur Yav. Les mutations institutionnelles et socio-politiques  auxquelles nous vivons doivent être comprises comme un élargissement de la démocratie participative pour stimuler la responsabilisation des acteurs à la base. Dans ce sens, le découpage territorial offre non seulement des espoirs d’un renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance locale mais aussi des promesses d’une plus grande efficacité et efficience dans l’offre de services adaptés aux besoins locaux et un cadre adapté pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement.  
Le Professeur Joseph Yav est conscient des embûches et pour les surmonter, il pense qu’il est donc important que les citoyens soient au centre du processus par implication active dans le processus. En effet, pour que réussisse ce découpage, le processus doit être inspiré par l’exigence de la population d’une redéfinition des rapports entre l’État et ses citoyens et non être l’œuvre des calculs politiciens. Il appelle la population du Lualaba doit s’approprier la réforme pour veiller à ce que son esprit soit respecté, que les dispositions juridiques formelles reflètent ses préoccupations et les réalités dans lesquelles elle vit et que ces dernières soient appliquées.
Pour y parvenir de façon efficace, la population doit acquérir un certain nombre de compétences et d’aptitudes, en particulier une bonne compréhension des textes relatifs à la décentralisation. Les citoyens du Lualaba doivent avoir une meilleure compréhension des enjeux et de la manière dont ils peuvent participer et intervenir efficacement au niveau local dans les processus de prise de décisions qui affectent leur vie et leurs moyens d’existence.
Cet universitaire est également conscient du fait que la réalisation de cette condition est un défi majeur en RDC car le chapelet de la pauvreté et l’analphabétisme, freine la participation active et informée des populations locales. Là où l’information existe, elle apparaît souvent tintée des discours partisanes et de division pour faire échec au découpage. Ainsi, à court terme, le succès de la province du Lualaba dépend largement de la mesure dans laquelle la population locale constatera qu’elle apporte des avantages tangibles.
Étant donnés les niveaux de pauvreté actuels, cette population, qui perçoit les principes de la gouvernance démocratique comme essentiels à l’expression de ses initiatives, veut aussi voir mises en œuvre des mesures concrètes susceptibles de résoudre ses problèmes quotidiens : Installations sanitaires et éducatives inadaptées, alimentation en eau insuffisante, manque d’opportunités en matière d’emploi, de débouchés commerciaux et d’investissement, routes impraticables voire inexistantes, etc. Le mot de la fin ou du commencement ?
Il ne me reste qu’à affirmer que la gestion réussie des nouvelles provinces et spécialement de celle du Lualaba avec comme « capitale » Kolwezi mettra les élus locaux au défi de répondre aux demandes des populations. Elle permettra de mettre en relation directe le besoin social tel qu’il est vécu par le citoyen et la décision politique qui lui répond. Toutefois, je suis conscient qu’une gouvernance locale ne peut être efficace que si les relations avec les autres niveaux de pouvoir sont prises en compte, donnent lieu à des échanges, à des négociations et à des actions de coopération. Le Lualaba n’évoluera donc pas en vase clos, mais dans l’unité dans la diversité et non dans l’adversité!

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