Avant même que la mise en place des
nouvelles, certains Congolais se portent déjà candidats aux postes de
gouverneurs des futures provinces. C’est le cas du Professeur Joseph Yav
Katshung. Il a dit dans message depuis Lubumbashi, dans la province du Katanga.
Il compte diriger la future province du Lualaba. Il a dit que sans verser dans ce
que d’aucuns qualifient à tort ou à raison de rébellion ou sécession ; et
prenant les Citoyens de la RDC, mieux du « Katanga d’antan » à témoin ;
soucieux de rester légaliste et respectant la volonté du peuple qui
s’était prononcé pour les 26 provinces lors du referendum constitutionnel
de 2005, il est poussé par la force des choses à porter sa candidature au poste
de Gouverneur du Lualaba.
D’après ce professeur d’Université, le « messie »
tant attendu semble tarder à venir et peut être qu’il ne viendra plus en
RDC. L’on a trop souvent été des spectateurs et c’est le temps de se prendre en
charge. Comme il l’a si bien écrit dans son livre intitulé « La
Décentralisation au Congo: Une Tour de Babel?, paru aux éditions UniBook,
Spuurs, en Belgique, 2009 », au delà du scepticisme affiché par certains
« gloutons politiques » qui appliquent la politique de « j’y suis et j’y reste
» sans aucun souci pour le bien-être de leurs compatriotes, la décentralisation
est juridiquement un mode d'organisation des pouvoirs publics.
Il a ajouté que c’est le transfert de certaines
compétences de l'Etat à des collectivités territoriales, autonomes
financièrement et juridiquement du pouvoir central. Mais en réalité, elle est
aussi l'affaire de chaque citoyen car elle modifie profondément ses relations
avec les pouvoirs publics. Tocqueville affirmait par exemple que la
centralisation administrative n'était propre qu'à énerver les peuples car
elle tendait « à diminuer parmi eux l'esprit de cité ». Cela est d’autant vrai
car, affirme-t-il, lorsque les Grecs demandèrent à Solon de leur donner une
Constitution. Celui-ci répondit à la forme interrogative : pour quel peuple et
quelle époque ?
En effet, une Constitution se présenterait comme
réponse à une attente. Mais elle répondrait à quelle dynamique sociale dans
quelle dynamique historique, à quelle ordonnance du temps? Cette demande
légitime d'une Constitution faite par les Grecs pour régir leur société fut
également formulée par le peuple congolais, las de la politique de centralisation
à outrance avec tout son cortège de malheurs. Mais voilà que
constitutionnellement, 36 mois - après l’installation effective du Sénat -
furent accordés aux gouvernants pour la matérialisation de 26 provinces. Au
lieu de s’assumer, ils ont préféré villégiaturer et se réveillent en sursaut
autour du 15 mai 2010, date butoir pour fustiger les difficultés de
respecter la constitution.
Quelle irresponsabilité, s’exclame-t-il, surtout
quand l’on connaît par cœur le brocard « Gouverner c’est prévoir » ! Il est
tenté de postuler pour faire bénéficier à chaque habitant -du Lualaba- des
conditions de vie améliorées. C'est dans cette optique que le législateur
congolais, mû par ce souci du bien-être de tous les Congolais, a trouvé
nécessaire et utile de procéder au découpage politique et administratif du
territoire national afin de rapprocher davantage les administrés de
l'Administration, cela en vue de cerner les vrais problèmes de la population et
en trouver des solutions urgentes et adéquates.
Donc, il estime que le découpage territorial a
été décidé de toute évidence dans le seul but d'accélérer partout le progrès
économique et social de la population. Il va de soi que ce découpage
territorial est une cause noble et l'objectif indiscutable. Ainsi, je soutiens
qu’au regard des articles 2 et 226 de la Constitution de la RDC, il ne s’agit
plus de décider si la « décentralisation – découpage » est une option, ou de ne
pas la voir franchir l’étape du stade initial, mais plutôt de savoir comment la
mettre en œuvre dans la pratique pour qu’elle puisse réaliser les objectifs
qu’elle s’est fixés. Il ne reste qu’à la Commission électorale d’organiser le
plus rapidement possible l’élection du gouverneur dans les nouvelles entités.
Les sceptiques ou les conservateurs de dernière
minute doivent savoir que l’on ne marche jamais contre le courant de
l’histoire, prévient le Professeur Yav. Les mutations institutionnelles et
socio-politiques auxquelles nous vivons doivent être comprises comme un
élargissement de la démocratie participative pour stimuler la
responsabilisation des acteurs à la base. Dans ce sens, le découpage
territorial offre non seulement des espoirs d’un renforcement de la démocratie
et de la bonne gouvernance locale mais aussi des promesses d’une plus grande
efficacité et efficience dans l’offre de services adaptés aux besoins locaux et
un cadre adapté pour atteindre les objectifs du millénaire pour le
développement.
Le Professeur Joseph Yav est conscient des
embûches et pour les surmonter, il pense qu’il est donc important que les
citoyens soient au centre du processus par implication active dans le
processus. En effet, pour que réussisse ce découpage, le processus doit être
inspiré par l’exigence de la population d’une redéfinition des rapports entre l’État
et ses citoyens et non être l’œuvre des calculs politiciens. Il appelle la
population du Lualaba doit s’approprier la réforme pour veiller à ce que son
esprit soit respecté, que les dispositions juridiques formelles reflètent ses
préoccupations et les réalités dans lesquelles elle vit et que ces dernières
soient appliquées.
Pour y parvenir de façon efficace, la population
doit acquérir un certain nombre de compétences et d’aptitudes, en particulier
une bonne compréhension des textes relatifs à la décentralisation. Les citoyens
du Lualaba doivent avoir une meilleure compréhension des enjeux et de la
manière dont ils peuvent participer et intervenir efficacement au niveau local
dans les processus de prise de décisions qui affectent leur vie et leurs moyens
d’existence.
Cet universitaire est également conscient du fait
que la réalisation de cette condition est un défi majeur en RDC car le chapelet
de la pauvreté et l’analphabétisme, freine la participation active et informée
des populations locales. Là où l’information existe, elle apparaît souvent
tintée des discours partisanes et de division pour faire échec au découpage.
Ainsi, à court terme, le succès de la province du Lualaba dépend largement de
la mesure dans laquelle la population locale constatera qu’elle apporte des
avantages tangibles.
Étant donnés les niveaux de pauvreté actuels,
cette population, qui perçoit les principes de la gouvernance démocratique
comme essentiels à l’expression de ses initiatives, veut aussi voir mises en
œuvre des mesures concrètes susceptibles de résoudre ses problèmes quotidiens :
Installations sanitaires et éducatives inadaptées, alimentation en eau
insuffisante, manque d’opportunités en matière d’emploi, de débouchés
commerciaux et d’investissement, routes impraticables voire inexistantes, etc.
Le mot de la fin ou du commencement ?
Il ne me reste qu’à affirmer que la gestion
réussie des nouvelles provinces et spécialement de celle du Lualaba avec comme
« capitale » Kolwezi mettra les élus locaux au défi de répondre aux demandes
des populations. Elle permettra de mettre en relation directe le besoin social
tel qu’il est vécu par le citoyen et la décision politique qui lui répond.
Toutefois, je suis conscient qu’une gouvernance locale ne peut être efficace
que si les relations avec les autres niveaux de pouvoir sont prises en compte,
donnent lieu à des échanges, à des négociations et à des actions de
coopération. Le Lualaba n’évoluera donc pas en vase clos, mais dans l’unité
dans la diversité et non dans l’adversité!
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