Depuis
le 9 novembre 2007, un communiqué conjoint a été signé à Nairobi entre la
République Démocratique du Congo et le Rwanda sur une approche commune pour
mettre fin à la menace pour la paix et la stabilité des deux pays et de la
région des Grands Lacs.
Chacun
de deux gouvernements avait des engagements pour l’aboutissement heureux de ce
processus. Au point 9(a), (b) et (d) de ce communiqué conjoint, il est clairement
dit que le gouvernement de la Rdc s’engage à : « préparer un plan pour désarmer les ex-FAR/Interahamwe…
il sera demandé à la Monuc de fournir un soutien… le plan inclura la
réactivation et optimisation, parallèlement à l’exercice de la pression militaire,
des efforts destinés à sensibiliser les éléments ex-FAR/Interahamwe à déposer
les armes et à rentrer au Rwanda. »
Ainsi,
des contacts se sont multipliés, d’une part, entre les dirigeants congolais et
les partenaires et, de l’autre côté, entre les autorités congolaises et les
responsables des Fdlr. A ce sujet, une commission interministérielle composée
de Chikez Diemu, Jean-Claude Muyambo et Antipas Mbusa Nyamwisi, respectivement ministres
de la Défense, des Affaires Sociales et des Affaires Etrangères a été mise sur
pied. Elle avait pour mission d’étudier les voies et moyens pour aboutir au
rapatriement des combattants Fdlr et de leurs dépendants. A cet effet, une
rencontre entre le gouvernement congolais et les représentants des Fdlr avait
été prévue le 26 mai 2008 à Kisangani, chef lieu de la Province Orientale. Une autre
rencontre a été organisée à Rome (Italie) par l’Ong catholique Sant Egidio entre
les Fdlr et le gouvernement congolais.
La
tenue de la rencontre de Kisangani sera confirmée à Brazzaville en marge de la
réunion du comité interministériel régional de la Conférence Internationale sur
la Région des Grands Lacs (Cirgl). Au
cours de cette réunion, M. Richard Sezibera, ambassadeur du Rwanda chargé de la
région des Grands Lacs, a fait savoir qu’il n’a pas « de position particulière à ce
sujet ». Et Sezibera de
poursuivre : « le Rwanda
croit que la liste de 6997 génocidaires publiée par son pays en février dernier
(2008 ndlr), ne doit rien bloquer », a-t-il rassuré, avant de calmer
le jeu : « ils peuvent rentrer,
puisque c’est leur propre pays, car tous ceux qui sont en RDC ne sont pas
forcément des génocidaires »
Par
ailleurs, faut-il rappeler que déjà en juin 2007, le ministre des affaires
étrangères de la Rdc avait adressé une lettre à Mgr Jean-Luc Kuye Ndondo dans
laquelle M. Kare Lode consultant norvégien était mis en contribution en ces
termes : « Subsidiairement à
ma lettre n°130/19/NKL/0715/2007 du 01 juin 2007, relative au Mémorandum que
vous m’avez adressé, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que le
Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale appuie,
dans le cadre du processus de paix dans la Région des Grands Lacs, l’initiative
de l’ECC/Sud-Kivu et de M. Kare Lode, Consultant norvégien, en collaboration
avec la Mission Extérieure des Eglises de Pentecôte en Norvège (PYM) et le
Centre pour la Communication Interculturelle (SIK), à travers les deux projets
suivants :
- Le
rapatriement des réfugiés et combattants rwandais (Fdlr, Interahamwe) ainsi que
les groupes burundais et ougandais et leurs assimilés vivants en République
Démocratique du Congo ;
-
Et
le rapatriement des Mbororos. »
A la suite de cette
volonté manifeste de la Rdc à en finir avec le phénomène Fdlr, des résultats
probants ont été atteints, notamment :
1. Regroupement
des combattants Fdlr à Kasiki, en Territoire de Lubero
Après
la conférence de Kisangani (26 mai 2008), déjà en juillet 2008, grâce à la
sensibilisation de l’Eglise du Christ au Congo, du Gouvernement congolais et
des civiles rwandais identifiés à travers le monde, ± 168 Fdlr et leurs
dépendants sont regroupés dans la localité de Kasiki, en territoire de Lubero.
Une délégation rwandaise dans laquelle on pouvait reconnaitre M. Damacene de la Présidence du Rwanda fera
son déplacement à Kasiki pour constater les efforts.
La
sensibilisation s’intensifiera au point de rassembler près d’1 millier des
combattants dans les environs de Kasiki. Mais à la grande surprise, ce plan de
regroupement des ex-combattants sera saboté par ceux qui ne veulent pas de la
paix lorsque la guerre de Laurent Nkunda éclate en août 2008, soit un mois
après le regroupement de ces rwandais à Kasiki. Les troupes de Nkunda avanceront
vers Kanyabayonga à une vingtaine de kilomètre de Kasiki.
Et
au cours d’une nuit, tous les ex-combattants ainsi que leurs dépendants
disparaitront dans la nature à la suite de l’avancée des rebelles de Laurent Nkunda
dont la provenance du soutien était connu de tous. Tous les efforts du
Gouvernement Congolais, de l’ECC et des partenaires sont ainsi jetés à l’eau et
les troupes de Nkunda ayant constaté le démantèlement du camp regroupement des Fdlr
à Kasiki, refuseront de progresser vers Kanyabayonga en tournant
les canons désormais vers Goma (octobre 2008).
Ainsi
dit, entre la Rdc et ceux qui ont créé la guerre de Nkunda, qui d’entre les
acteurs s’est réellement investi dans la recherche de la paix !!! Qui a finalement provoqué la fuite des
combattants rwandais regroupés à Kasiki ?
A
chacun de faire ses déductions !
2. Le
rapatriement par la Commission Nationale pour les Réfugiés en partenariat avec
le Gouvernement Provincial du Nord-Kivu et le Hcr
Arrivé
à la tête de la province du Nord-Kivu en 2007, peu avant la signature du
communiqué de Nairobi, Julien Paluku définit le retour de la paix comme
priorité des priorités. Une forte sensibilisation est faite pour obtenir le
désarmement, la démobilisation et le rapatriement des Fdlr dans leur Rwanda
natal.
Pour
preuve, voici les statistiques des
rwandais rapatriés chez eux depuis 2007 :
-
2007 : 2549
rwandais rapatriés
-
2008 : 3809
rwandais rapatriés
-
2009 : 9019
rwandais rapatriés
-
2010 : 7666
rwandais rapatriés
-
2011 : 5562
rwandais rapatriés
Pendant
les 5 ans du Gouverneur Julien Paluku à la tête de la Province du Nord-Kivu,
28.605 Rwandais ont été rapatriés dans leur Rwanda natal. Par
ailleurs, pour le premier semestre de l’année 2012, voici comment se présentent
les statistiques des rwandais rapatriés :
-
Janvier 2012 :382 Rwandais
rapatriés, février 2012 : 680 Rwandais
rapatriés, mars 2012 : 463 Rwandais rapatriés, avril 2012 : 534 Rwandais
rapatriés, mai 2012 : 872 Rwandais rapatriés, juin 2012 : 1.353 Rwandais
rapatriés, juillet (4 premiers jours) : 228 Rwandais rapatriés.
Depuis
1999 à nos jours : 107.817 Rwandais y compris les combattants Fdlr ont été
rapatriés en bonne et due forme vers le Rwanda. Avec toutes ces statistiques,
il ne reste plus que moins d’un millier de fdlr au Nord-Kivu, les autres étant
des Fdlr dites « congolais » qu’on retrouve aussi bien à Masisi,
Walikale, Rutshuru et Sud Lubero. Avec ces statistiques de rapatriement,
peut-on dire que la Rdc ne montre pas sa ferme volonté de pacifier la région
des Grands Lacs !!!
3. Les opérations multiformes et la guerre de
Bosco Ntaganda
Depuis
2009, après les opérations conjointes, les forces armées de la Rdc ont
poursuivi les opérations contre les Fdlr avec à la tête Bosco Ntaganda qui
malheureusement se révélera par la suite comme celui qui les approvisionnait en
armes. Les troupes qui n’avaient pas de consigne du Terminator Bosco Ntaganda ont
réellement exécuté leur mission au point d’en finir presque avec le phénomène Fdlr.
C’est
encore à ce point de vouloir en finir avec les Fdlr que le dossier M23 surgira
pour saboter encore une fois tous les efforts de pacification et ainsi détourner
l’attention du Gouvernement Congolais qui, par reflexe de conservation, ne
s’occupait plus de la mutinerie en lieu et place des questions importantes
liées aux Fdlr.
Quid
de la lettre du Gouverneur adressée à la Monusco
Devant
le regain de violence, l’Eglise du Christ au Congo (ECC) qui est un acteur
principal dans la recherche de la paix et réconciliation, prendra le taureau
par les cornes pour tenter de sensibiliser les quelques Fdlr ayant échappé aux
opérations qui datent de 2009, l’objectif étant de faire référence au
communiqué de Nairobi qui alliait pression militaire et sensibilisation.
C’est
ainsi qu’en date du 06 juin 2012, le 2ème Vice Président National de
l’Eglise du Christ au Congo, l’Ambassadeur de la Paix, le Révérend Milenge
Mwenelwata, adressera trois lettres d’invitation à :
-
M. Kare Lode (du centre
pour la communication interculturelle
Misjonsveien 34 N_4024 Stavanger, Norvège), lettre N°042/MM/ECC/PN/2012
du 04/06/2012
-
M. Murego Faustin à
Bruxelles, Royaume de Belgique, lettre N°040/MM/ECC/PN/2012 du 04/06/2012
-
M. Nzabonimba Joseph à
Bruxelles, Royaume de Belgique, lettre N°041/MM/ECC/PN/2012 du 04/06/2012
La
lettre adressée à M. Kare Lode stipulait que « l’Eglise du Christ au Congo a le plaisir de vous inviter à séjourner en
République Démocratique du Congo du 7
juin au 30 juillet 2012 afin de participer au suivi-évaluation des projets de
l’ECC financés par le Gouvernement Norvégien par le biais du PYG. »
Les
deux lettres adressées par l’ECC aux deux sujets belges stipulaient
que : « l’Eglise du
Christ au Congo a le plaisir de vous inviter, pour le compte du centre de
communication intercommunautaire (S/K Norvège), à séjourner en République
Démocratique du Congo du 07 juin au 30
juillet 2012 afin de participer au suivi-évaluation des projets de l’Eglise du
Christ au Congo financés par le Gouvernement Norvégien par le biais du PYG. »
L’Eglise
du Christ au Congo, après avoir reçu ses invités, sollicitera une audience
auprès du Gouverneur Julien Paluku en date du 19 juin 2012 ; audience au
cours de laquelle, l’Eglise exprimera sa ferme volonté de poursuivre la
sensibilisation des Fdlr dans laquelle elle était totalement impliquée depuis
2007. Conduite par Mgr Dieudonné Mbaya, Modérateur National, la délégation
sollicitera auprès de l’Autorité Provinciale une facilité d’obtention d’un
moyen de transport vers Motongo en territoire de Walikale.
Fidèle
à sa tradition, Julien Paluku accordera une attention particulière à cette
demande et sollicitera auprès de la Monusco une demande de MOP en faveur de 8
personnes qui sont :
1. Lode
Kare (Consultant Norvégien)
2. Rév.
Kipindula Morisho (ECC)
3. Mgr
Dieudonné Mbaya Tshiakany (ECC)
4. Mgr
Bulambo Lembelembe Josué (ECC)
5. Me
Kyalangalilwa Dieudonné (ECC)
6. Nzabonimpa
Joseph (facilitateur Belge)
7. Murego
Faustin (facilitateur Belge)
8. Félicien
Miganda (Gouvernorat de Province)
Et
la lettre insiste en disant : « les
concernés sont des animateurs du projet « paix et réconciliation » de
l’Eglise du Christ au Congo, ECC, en collaboration avec la Norvège et s’y
rendent pour la poursuite de la sensibilisation au retour des Fdlr »
Le
22 juin 2012 face à la réponse qui tardait de la part de la Monusco, Mgr Mbaya Tshiakany
Dieudonné s’adressera à Madame le Chef de Bureau de la Monusco à Goma en ces
termes : « Nous avons apprécié
votre attitude positive de facilitation du transport par hélicoptère de la
Monusco vers le site de Mutongo et que vous transmettriez à la hiérarchie. Mais
l’exécution n’a pas suivi jusqu’à ce jour. Peut-être était-ce à cause de la présence
de deux belges d’origine rwandaise dans l’équipe de l’ECC. Sur ce, nous tenons
à préciser que les deux facilitateurs belges avaient été antérieurement invités
par le gouvernement congolais pour le même motif, à savoir la sensibilisation
des Fdlr à rejoindre le processus Ddrrr. Ceci eut lieu en mai 2008 à Kisangani…
ils avaient été également invités par le gouvernement à la rencontre entre la
délégation du gouvernement et les représentants des Fdlr à Nyabiondo en août
2008 pour jouer le rôle de facilitateur. Ceci dit, les deux belges ne sont pas
étrangers au processus de la sensibilisation des Fdlr, en collaboration avec
l’ECC. Tous ces déplacements ont été opérés par les vols de l’ONU. »
et Mgr Mbala de poursuivre dans sa lettre adressée à la Monusco « pour le moment, la facilitation de transport
s’étant révélée difficile, nous sommes obligés d’interrompre la mission malgré
la longue attente d’environ 350 combattants à Mutongo. »
Voilà
la vérité sur la prétendue réorganisation des Fdlr par le Gouverneur du
Nord-Kivu dont le souci majeur est de voir le Nord-Kivu débarrassé de ce mal
qui le ronge à savoir les Fdlr qui pillent, volent et violent les congolaises
et congolais et non les rwandaises et rwandais. Doit-on comprendre dans
l’acharnement du Rwanda une absence ou non de volonté de trouver une solution
durable à la problématique liée à la présence des Fdlr en Rdc ???
En
ce jour, il est temps de restituer la vérité à sa juste place et rassurer
l’opinion tant nationale qu’internationale que la Rdc ne ménagera aucun effort
pour détruire les dernières poches des Fdlr, n’en déplaisent à ceux qui veulent
en faire un objet de chantage. Voilà pourquoi nous en appelons à la Cepgl, à la
Cirgl, à la Sadc, à l’Ue ainsi qu’aux systèmes des Nations Unies de soutenir la
Rdc dans ses efforts de rétablissement de la paix seul gage du développement
dans la région des Grands Lacs.
Au
peuple congolais, nous en appelons à la mobilisation générale pour la défense
de la patrie en soutenant les efforts des Fardc et de la Monusco qui se battent
jour et nuit afin que triomphe la vérité et que la paix règne à jamais dans la
région des Grands Lacs.
Je
vous remercie
Goma,
le 5 juillet 2012
Julien PALUKU KAHONGYA
Gouverneur du Nord-Kivu
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