Le 14 juillet 2012 - Je tiens tout d’abord à vous
remercier d’avoir répondu nombreux à notre invitation, mon épouse et moi-même,
à venir célébrer dans les jardins de la Résidence la fête nationale française. Je
souhaite également remercier tous ceux grâce à qui cette soirée sera j’espère
digne de la tradition d’hospitalité et de convivialité de cette résidence, à
commencer par les entreprises membres du CFA qui ont bien voulu nous aider à
organiser cette manifestation.
J’ai, juste avant cette
réception, eu le plaisir de remettre des décorations à 5 personnalités que la République française a
souhaité honorer pour les services insignes qu’elles ont rendu à notre pays, à
notre langue ou à la cause de la coopération franco-congolaise :
-
M. Yenyi Olungu Victor - M. Mutinga
Mutuishayi Modeste - M. Muboyayi Mubanga Polydor
-
Mme
Kanyimbo Manyonga Chantal - M. Mir Zahid
Permettez-moi à présent de vous
adresser quelques mots plus personnels. Il y a un an - presque jour pour jour -
j’arrivais à Ndjili pour prendre mes fonctions d’Ambassadeur de France en RDC. A
cette occasion, je retrouvais, avec mon épouse Osvalde et nos deux enfants, un
pays auquel, pour des raisons personnelles et professionnelles, nous sommes
particulièrement attachés. J’y ai retrouvé des amis, des connaissances diverses,
m’en suis fait de nouveaux.
J’ai aussi retrouvé un pays qui
préparait, 5 ans après celles que j’avais connues en 2006, des élections qui
devaient permettre de renouveler le Président de la République et les députés. Je
ne reviendrai pas sur les appréciations formulées par les uns ou par les autres
sur ces élections (elles sont derrière nous), si ce n’est pour souhaiter que
les leçons nécessaires en soient tirées pour améliorer les conditions
d’organisation de celles à venir, tout aussi importantes pour ancrer la
démocratie dans ce vaste pays : les élections provinciales et locales.
En 2006, la période post-électorale avait été
tendue, au point d’aboutir à des conflits à l’arme lourde dans les rues de
Kinshasa, avant que finalement le calme ne revienne et que les autorités
légitimes puissent se consacrer à la priorité des priorités : le
développement.
Cette fois, à l’issue des
élections de 2011, c’est à un nouveau conflit à l’Est que doivent faire face
les autorités congolaises. Le Président de la République Joseph
Kabila a, dans son discours à la Nation à l’occasion de la fête nationale
congolaise, rappelé que la priorité du Gouvernement restait l’amélioration du
bien-être social d’une population qui a trop longtemps souffert. Pour autant,
on voit bien que ce nouveau conflit mobilise les ressources et les énergies,
entravant ainsi la nécessaire mobilisation en faveur de la « révolution de
la modernité », qui a succédé aux « 5 chantiers de la
République ». C’est, pour reprendre une expression du Président de la
République, comme si une main invisible - ou trop visible ? - actionnait
des forces obscures pour, en permanence, ramener la RDC vers l’arrière, au bord
du gouffre ou de l’implosion.
Mesdames et Messieurs, malgré
les apparences, il n’y a pas de fatalité dans le destin des Nations. Certaines
trouvent en elles-mêmes, ou en collaboration avec d’autres, les ressorts
nécessaires pour surmonter les difficultés et les crises qui les menacent.
C’est ce qu’essaient de faire les vieilles nations européennes, qui, à des
moments divers de leur histoire, ont connu des heures bien plus sombres que les
difficultés du moment.
C’est ce que doit faire la RDC,
en mobilisant toutes les énergies et toutes les ressources de ce grand et beau
pays pour sortir des difficultés présentes. Sachez, MM. les Ministres et
parlementaires que, sans parti pris, si ce n’est celui de la paix et de la
sécurité des populations, la
France est et restera aux côtés de la RDC pour l’aider à pouvoir
enfin se tourner vers un avenir meilleur, fondé sur un développement équilibré
et harmonieux.
S’il était inévitable et
nécessaire d’évoquer devant vous cette nouvelle crise à l’Est, il nous faut
aussi ce soir nous tourner vers l’avenir et vers des perspectives plus
prometteuses. Dans 3 mois exactement, la RDC accueillera le XIVème Sommet des
Chefs d’Etats des pays membres de l’OIF, qui ont pour point commun d’avoir
« le français en partage ».
La France a soutenu la
candidature de la RDC à l’organisation de cette grande manifestation. Et ça
n’est que justice, quand on se souvient qu’en 1991, le Zaïre à l’époque devait
déjà l’accueillir et qu’en 2012, plus de 20 ans après, la RDC est devenue par
sa population le 1er pays francophone du monde.
Ce Sommet doit être l’occasion
pour la RDC de présenter un autre visage que celui d’un pays en crise, luttant
contre les vieux démons du séparatisme ou du divisionnisme.
C’est une opportunité pour votre
pays, chers amis Congolais, d’offrir au monde, au moins francophone, l’image
d’un pays uni autour des valeurs communes à celui-ci : la démocratie, la
bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme et du citoyen. Nous n’avons
pas de leçons à donner à qui que ce soit, pas plus à la RDC qu’à d’autres pays
en développement.
Mais nous pouvons, en nous
appuyant sur les leçons tirées de notre passé, vous accompagner dans vos
efforts pour construire, pas à pas, une démocratie participative, dans laquelle
chaque citoyen trouve sa place, se sent à sa place et peut légitimement revendiquer
le respect de ses droits fondamentaux, à commencer par le droit à la vie, à
l’éducation, à la santé et à la sécurité pour lui-même et sa famille.
Beaucoup reste à faire. Mais la
RDC a les ressources nécessaires, humaines et naturelles, pour relever le défi
de bâtir « un pays plus beau qu’avant ». Il faut pour cela de la
volonté - et je ne doute pas, que le gouvernement ait cette volonté, ce
volontarisme nécessaire pour aller de l’avant.
Il faut aussi de l’unité. Et je
ne doute pas non plus que tous les acteurs politiques, tous les corps
constitués, toutes les organisations de la société civile aient à cœur, au-delà
de leurs légitimes divergences, le souci de l’unité du pays. Il faut enfin de
la rigueur, pour lutter contre les fléaux bien connus de la corruption, du
manque de transparence dans la gestion publique ou des divisions ethniques.
Permettez-moi d’exprimer le vœu
qu’à l’occasion de ce Sommet de la Francophonie, la RDC ait à cœur de montrer,
aux yeux du monde, que la… « révolution de la modernité », c’est
certes l’amélioration du bien-être de la population, mais c’est aussi celle du
respect des droits de la personne, celle du climat des affaires, celle du
fonctionnement des institutions.
De grands chantiers sont ouverts.
La RDC se reconstruit, après tant d’années de guerres et de souffrances. Elle doit
pouvoir compter sur l’aide de ses partenaires, traditionnels ou nouveaux. Mais
c’est avant tout à elle, à son gouvernement, à ses responsables politiques, de
la majorité comme de l’opposition, à sa population, qu’elle devra son
développement.
Je voudrais terminer mon propos
par quelques mots à l’adresse de tous les français présents ici ce soir. Notre
pays connaît lui aussi des difficultés, nous le savons tous. Nos nouvelles
autorités politiques, élues à la suite d’un processus démocratique exemplaire,
s’emploient à les surmonter et en appellent pour cela elles aussi à l’unité
nationale dans l’effort. Nous avons, vous avez, votre pierre, votre contribution,
à apporter à l’édifice national mais aussi européen.
Car notre avenir ne peut pas
être fondé sur le repli sur soi. Dans un monde de plus en plus interdépendant,
la France doit garder sa place, son rôle et sa grandeur. Elle a vocation à
rayonner au-delà de ses frontières hexagonales, pour aider à bâtir un monde
meilleur, plus juste et plus respectueux de notre environnement.
Vous êtes, comme tous les
français de l’étranger, le fer de lance de cette volonté de rayonnement de
notre pays. Soyez en fiers, soyez fiers d’appartenir à la République française,
qui porte au-delà de ses frontières et jusqu’ici, au cœur de l’Afrique, sa
devise emblématique : Liberté, Egalité, Fraternité. Soyons dignes de cette
ambition et cultivons avec nos amis congolais, qui nous accueillent sur leur
sol, cette Fraternité sans laquelle aucune paix et aucun développement ne sont
possibles.
Je concluerai mon propos en vous
souhaitant à toutes et à tous une agréable soirée, qui sera agrémentée, au-delà
des mets préparés par Noël Camillieri et son équipe, par la chorale des
Enchanteurs, par l’orchestre Jafroz, mais aussi par un spectacle qui va vous
être proposé dans quelques instants et qui fait suite à une série de
manifestations dans les différents quartiers de Kinshasa, « 7 jours à
Kin », dont la dernière étape est ici ce soir, dans les jardins de la Résidence. Merci
à tous ceux qui ont permis l’organisation des ces « 7 jours à Kin »,
qui s’inscrivent dans le cadre des nombreux évènements culturels co-organisés
par la France et la RDC à l’occasion de cette année francophone.
Que vive la RDC, que vive la
coopération franco-congolaise, que vive la francophonie.
Je vous remercie.
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