De nouvelles preuves indiquent que 13 employés de la
société de safari ont été injustement emprisonnés
(Nairobi, le 9 juillet 2012) – L’Armée de résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army, LRA), groupe rebelle ougandais, a mené des attaques du 21 au 25 juin 2012 près d’une concession de chasse reculée dans les environs de Bakouma, en République centrafricaine (RCA), a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les assaillants ont tué au moins deux civils et enlevé au moins 14 autres personnes. Ces attaques interviennent après le massacre de 13 civils dans la même zone en mars dernier.
(Nairobi, le 9 juillet 2012) – L’Armée de résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army, LRA), groupe rebelle ougandais, a mené des attaques du 21 au 25 juin 2012 près d’une concession de chasse reculée dans les environs de Bakouma, en République centrafricaine (RCA), a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les assaillants ont tué au moins deux civils et enlevé au moins 14 autres personnes. Ces attaques interviennent après le massacre de 13 civils dans la même zone en mars dernier.
Ces attaques mettent en évidence le danger permanent que
constitue la LRA pour les civils. Elles soulèvent également de graves questions
concernant l’arrestation de 13 employés de la Central African Wildlife
Adventures (CAWA), une concession de chasse de 20.000 kilomètres
carrés appartenant à un propriétaire suédois, pour leur rôle présumé dans le
meurtre de 13 mineurs d’or artisanaux, ou orpailleurs, lors d’une attaque
similaire dans la réserve de chasse vers le 20 mars.
« Les attaques de la LRA contre des civils en
juin donnent clairement à penser que la LRA, et non les employés de la CAWA
emprisonnés, est responsable des atrocités similaires perpétrées en mars »,
a expliqué Ida Sawyer, chercheuse sur l’Afrique à Human Rights Watch. « Le
gouvernement doit de toute urgence renforcer la protection des civils dans la
région de Bakouma et réexaminer les chefs d’accusation qui pèsent contre les
employés de la réserve de chasse. »
Dans une lettre adressée au ministre de la Justice de la RCA, rendue
publique le 9 juillet, Human Rights Watch a déclaré que, d’après ses
enquêtes, les 13 mineurs d’or ont probablement été tués par la LRA et non
par les employés de la réserve de chasse. Human Rights Watch a appelé les
autorités judiciaires à éviter une erreur judiciaire en explorant en détail
toutes les pistes dans le cadre de leur enquête sur l’attaque. Human Rights
Watch a indiqué que la protection des civils contre de telles attaques passe
par l’arrestation et la traduction en justice de ceux qui ont réellement
perpétré ces meurtres.
Les récentes attaques de la LRA
Des témoins ont rapporté à Human Rights Watch et à un
défenseur national des droits humains que, du 21 au 25 juin, au moins
30 combattants de la LRA ont conduit une série d’attaques près de Bakouma,
dans la préfecture de Mbomou, dans l’est de la RCA. La LRA a attaqué le site
local de l’entreprise française Areva, qui mène des activités minières
d’exploitation d’uranium dans cette région, ainsi que les villages voisins de
Lengo, Ouanda et Denguiro. D’importantes quantités de nourriture, de vêtements,
d’appareils électroniques et d’autres matériels ont été pillées sur la base
d’Areva.
À Lengo, à 10 kilomètres de Bakouma, des combattants
de la LRA ont tué un pêcheur près de la rivière le 23 juin. Le même jour,
ils ont frappé un charpentier âgé avec une baïonnette avant de le décapiter.
Alertée par des coups de feu, sa femme est sortie en courant de la maison et a
trouvé le corps de son mari. Alors qu’elle pleurait à côté du corps, les
combattants de la LRA sont revenus, ils ont battu la vieille femme et l’ont
forcée à les conduire jusqu’à sa maison où ils ont pillé tous les biens. Les
combattants l’ont ensuite obligée, ainsi que trois hommes de Lengo, à
transporter les biens volés dans la forêt. Elle a, plus tard, réussi à
s’échapper.
Au moins 10 autres civils ont été enlevés à Ouanda et
Denguiro et dans leurs environs. L’un des hommes, enlevé à Ouanda alors qu’il
achetait de la viande et qui a pu s’échapper par la suite, a raconté :
« Le groupe de la LRA était composé de 34 personnes, des hommes
mais aussi des femmes et des enfants. Deux enfants dans le groupe, une
fille et un garçon, parlaient sango [la langue nationale de la RCA]. Ils
nous ont dit que nous étions avec la LRA. On nous battait beaucoup,
surtout lorsqu’on ne marchait pas assez vite. »
En ce qui concerne l’attaque de la base d’Areva le
24 juin, des témoins ont rapporté qu’un groupe important de combattants de
la LRA, dont des femmes et des enfants, a pénétré dans la base en début
d’après-midi. Le contingent de soldats du gouvernement protégeant la base
d’Areva a rapidement battu en retraite ; ils ont indiqué plus tard qu’ils
s’étaient trouvés à court de munitions. La LRA a ensuite pillé la base,
s’emparant d’importantes quantités de nourriture, de vêtements, d’ordinateurs
et d’autres matériels avant de retourner dans la forêt. Les civils enlevés à
Lengo, Ouanda et Denguiro ont expliqué qu’ils avaient été forcés à transporter
les biens volés depuis Areva en direction de Nzako avant d’être relâchés, pour
la plupart, le 29 juin.
Les massacres de mars 2012
L’attaque de la mi-mai dans la concession de chasse de la
CAWA, au cours de laquelle 13 mineurs d’or artisanaux ont été tués, a été
l’un des plus importants massacres commis en RCA ces dernières années.
Même si à l’époque des faits des indices solides
indiquaient que la LRA avait mené cette attaque, les autorités ont rapidement
arrêté Erik Mararv, gérant et propriétaire suédois de la concession de chasse
CAWA, David Simpson, pilote britannique et employé de la CAWA, ainsi que
11 employés centrafricains de la CAWA. Selon le procureur, les employés de
la CAWA auraient commis ce crime pour déloger les orpailleurs de la région. En
juin Erik Mararv a été libéré de prison pour « congé maladie ». Les 12 autres
restent en détention à Bangui, la capitale centrafricaine.
Une enquête menée par Human Rights Watch dans la région
de Bakouma en mars et en avril a révélé que les combattants de la LRA étaient
dans la région dans les semaines et les mois qui ont précédé et suivi le
massacre et qu’ils étaient probablement les auteurs de ces meurtres. La façon
dont les victimes ont été tuées était similaire à celle observée lors des
précédentes attaques de la LRA documentées par Human Rights Watch : les
victimes ont été retrouvées à plat ventre sur le sol, certaines avaient les
mains liées, et presque toutes semblaient avoir été battues à mort avec de gros
morceaux de bois, en particulier par des coups à la tête. Les assaillants ont
dépouillé de leurs vêtements un certain nombre des victimes, les laissant nues
ou partiellement nues.
Les poursuites engagées contre les 13 employés de la
CAWA ont soulevé des inquiétudes sérieuses quant à la régularité de la procédure,
a déclaré Human Rights Watch. Les employés n’ont été inculpés que le
8 mai, après avoir été détenus pendant plusieurs semaines. Le droit
centrafricain permet aux autorités de détenir des individus afin de les
interroger pendant 72 heures, période pouvant être prolongée pendant
72 heures supplémentaires si nécessaire, mais pas au-delà. Cette limite a
été dépassée pour chacun des 13 employés de la CAWA en détention.
« Il est essentiel que la justice soit rendue
pour le meurtre brutal des 13 mineurs d’or », a déclaré Ida
Sawyer. « Mais la justice doit s’appuyer sur des preuves solides et sur
une procédure judiciaire qui respecte les droits des accusés. S’il y a
eu une erreur judiciaire, elle doit être rapidement résolue. »
La LRA opère dans l’est de la RCA, dans le nord de la
République démocratique du Congo et au Soudan du Sud depuis plusieurs années
après avoir été refoulée du nord de l’Ouganda. Depuis 2008, la LRA a tué plus
de 2.600 civils et en a enlevé plus de 4.000 autres, dont
de nombreux enfants. Plus de 400.000 personnes ont été déplacées de
leurs foyers.
La LRA a intensifié ses attaques en République centrafricaine depuis le début de l’année 2012, et on soupçonne la plupart des hauts dirigeants du groupe d’opérer maintenant en RCA. Joseph Kony, le dirigeant de la LRA, et deux autres commandants sont recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
En mars, l’Union africaine a annoncé une initiative de coopération régionale pour renforcer les efforts de lutte contre la LRA, y compris le déploiement d’une force d’intervention régionale de 5 000 personnes, regroupant des soldats de l’Ouganda, de la RD Congo, de la RCA et du Soudan du Sud qui étaient, pour la plupart, déjà déployés dans la région. Les soldats ougandais et centrafricains déployés en RCA dans le cadre de cette opération sont tous localisés plus à l’est, loin de la région de Bakouma.
La LRA a intensifié ses attaques en République centrafricaine depuis le début de l’année 2012, et on soupçonne la plupart des hauts dirigeants du groupe d’opérer maintenant en RCA. Joseph Kony, le dirigeant de la LRA, et deux autres commandants sont recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
En mars, l’Union africaine a annoncé une initiative de coopération régionale pour renforcer les efforts de lutte contre la LRA, y compris le déploiement d’une force d’intervention régionale de 5 000 personnes, regroupant des soldats de l’Ouganda, de la RD Congo, de la RCA et du Soudan du Sud qui étaient, pour la plupart, déjà déployés dans la région. Les soldats ougandais et centrafricains déployés en RCA dans le cadre de cette opération sont tous localisés plus à l’est, loin de la région de Bakouma.
À la fin de l’année 2011, les États-Unis ont déployé
100 agents des forces spéciales dans la région affectée par la LRA en tant
que conseillers militaires auprès des forces armées menant des opérations
contre la LRA. Si beaucoup de ces conseillers se trouvent en RCA, ils sont
basés à Djema et Obo, deux villes bien plus à l’est que Bakouma.
Le 29 juin, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté une déclaration présidentielle appelant à la mise en œuvre de la toute récente stratégie régionale des Nations Unies visant à répondre à la menace que représente la LRA et remédier à l’impact de ses activités. « Le massacre de mars et les attaques de la LRA en juin montrent que des efforts plus importants sont nécessaires pour protéger les civils dans la région de Bakouma », a indiqué Ida Sawyer. « La présence de conseillers militaires américains et de forces régionales dans la zone pourrait améliorer le recueil d’informations indispensables pour capturer les dirigeants de la LRA et renforcer la protection des civils. »
Le 29 juin, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté une déclaration présidentielle appelant à la mise en œuvre de la toute récente stratégie régionale des Nations Unies visant à répondre à la menace que représente la LRA et remédier à l’impact de ses activités. « Le massacre de mars et les attaques de la LRA en juin montrent que des efforts plus importants sont nécessaires pour protéger les civils dans la région de Bakouma », a indiqué Ida Sawyer. « La présence de conseillers militaires américains et de forces régionales dans la zone pourrait améliorer le recueil d’informations indispensables pour capturer les dirigeants de la LRA et renforcer la protection des civils. »
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