Les
deux exigences d’un développement durable : diversifier les économies et
investir davantage dans le capital humain
Marrakech, Maroc, 27 mai 2013 - Les
ressources agricoles, extractives et énergétiques de l’Afrique sont la clef de
l’accélération de sa croissance économique ; qui plus est, d’après les
Perspectives économiques en Afrique (PEA) publiées aujourd’hui, leur
exploitation efficace et équitable pourrait être la solution pour conjuguer
croissance économique et développement humain.
Ce
rapport est publié chaque année par la Banque africaine de développement (BAfD),
le Centre de développement de l’OCDE, la Commission économique pour l’Afrique
(CEA) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Les
perspectives économiques du continent pour 2013 et 2014 sont prometteuses :
elles confirment tant sa résilience face aux chocs internes et externes, que
son rôle comme pôle de croissance dans une économie mondiale atone. En 2013,
l’Afrique devrait croître de 4.8 %, puis de 5.3% en 2014 en moyenne.
Toutefois,
le rapport note que cette croissance ne suffit pas à réduire la pauvreté, le
chômage, les inégalités de revenus ni, dans certains pays, à enrayer la
détérioration des niveaux de santé et de l’éducation.
“C’est
le moment d’accélérer le rythme de la transformation économique, pour que les
économies africaines deviennent plus compétitives et créent plus d’emplois
rémunérateurs”, écrivent les auteurs du rapport ; “pour cela il est essentiel
de diversifier les sources d’activité économique.”
D’après
le rapport, c’est en exploitant mieux et davantage la richesse de leurs sols
que les pays du continent pourront distribuer les bénéfices de leur croissance
soutenue à l’ensemble des populations.
“La croissance ne suffit pas”, dit Mario
Pezzini, Directeur du Centre de développement de l’OCDE. “C’est aux pays
africains de réunir les conditions propices pour créer des emplois à partir des
ressources naturelles, maximiser les revenus que génèrent ces dernières par une
taxation adroite, et encourager les investisseurs étrangers et les opérateurs
locaux à développer entre eux des liens économiques.”
Pour
atteindre ces objectifs, les auteurs identifient quatre priorités. Tout
d’abord, réunir les conditions de base pour la transformation économique :
l’infrastructure, l’éducation et des marchés plus grands et plus ouverts. “L’accès
aux marchés est essentiel pour mettre en œuvre un processus de transformation
structurelle basé sur les ressources naturelles : l’intégration régionale et un
meilleur accès aux marchés des grands partenaires pourraient changer la donne”,
dit Emmanuel Nnadozie, Directeur de la Division de la politique macroéconomique
de la CEA.
Deuxièmement,
optimiser l’exploitation des ressources naturelles –y compris l’agriculture--
par une meilleure gestion de la propriété foncière, des systèmes d’imposition
équilibrés et efficaces, ainsi que des incitations concrètes à accélérer et
diversifier les sources de la croissance. Il s’agit par exemple d’améliorer
l’offre de transport, d’engrais ou de semences résistantes pour augmenter la
productivité du secteur agricole : aujourd’hui, l’Afrique détient 24 pour cent
des terres agricoles mondiales, mais elle ne représente que 9 pour cent de la
production.
Troisièmement,
les gouvernements et les investisseurs doivent s’assurer que les revenus des
ressources naturelles et des industries extractives bénéficient à l’ensemble de
la société. Par exemple, ces revenus peuvent être investis dans la formation de
la main d’œuvre, afin qu’elle trouve à s’employer dans de nouvelles activités à
plus forte valeur ajoutée. Enfin, le rapport suggère que les gouvernements
peuvent promouvoir activement le changement et la diversification, par exemple
en développant une offre cohérente d’énergie, de moyens de transport et de
communication au niveau territorial. Cela passe notamment par une dépense
budgétaire prévisible et transparente.
“C’est
le moment”, dit Mthuli Ncube, Économiste en chef et Vice-Président de la Banque
africaine de développement (BAfD), “Après 10 ans de plus grande stabilité, de
politiques macroéconomiques saines et d’expansion des échanges commerciaux, la
croissance a donné aux gouvernements africains des marges de manœuvre inédites
pour définir leurs propres trajectoires de développement, et mettre en œuvre
des politiques de transformation économique.”
La
transformation économique, cela signifie créer des opportunités d’emploi et
d’affaires, mais aussi investir dans la santé, l’éducation et la sécurité
alimentaire. Car à son tour, l’amélioration de la qualité de vie de tous, y
compris des plus vulnérables, peut accélérer le rythme de la transformation
économique, et créer un cercle vertueux de croissance et de développement.
“En
plus des bénéfices directs pour les populations, le développement humain est un
facteur essentiel de la transformation structurelle : il accélère le tempo de
l’innovation et favorise l’absorption des nouvelles technologies”, dit Pedro
Conceição, Économiste en chef du Bureau régional du PNUD pour l’Afrique. “Mais
pour y parvenir, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité et
l’accès aux systèmes d’éducation et de santé, transformer l’agriculture et
créer des emplois afin de réduire les inégalités de revenu.”
A
propos de ce rapport : Les
Perspectives économiques en Afrique analysent les développements économiques,
sociaux et politiques de 53 des 54 pays du continent. Elles sont publiées avec
le soutien financier de l’Union européenne et du Comité des Etats d’Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
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