Dans
une lettre ouverte rendue public, le 2 mai 2013, la vieille de la commémoration
de la Journée mondiale de la Liberté de la presse, Journaliste en danger (JED)
a appelé les médias et les journalistes congolais à briser les chaines de la
censure et de l’autocensure.
A
l’occasion de la célébration de cette journée mondiale sur le thème : «
Parler sans crainte : assurer la liberté d’expression dans tous les
médias », JED a attiré l’attention des professionnels des médias
congolais sur le sens du combat qu’ils sont appelés à mener pour défendre leur
propre liberté, la liberté de la presse.
Pour JED, la célébration de cette journée, dédiée
à la liberté de la presse, donne à tous les
journalistes l’occasion de faire un état des lieux non complaisant de la
situation réelle qui prévaut dans le secteur des médias congolais, au delà des
chiffres et des statistiques sur les atteintes aux droits d’informer et d’être
informé. Car, en vérité, année après année les mêmes problèmes se posent. Année
après année, les mêmes questions sans réponse.
Les relevés effectués chaque année par le
monitoring de JED, indiquent sans surprise, la dégradation constante
du climat de travail des journalistes, et la mise sous coupe réglée de la
presse et des médias congolais par des pouvoirs politiques et financiers.
Depuis
le début de l’année 2013, JED a enregistré au total 52 diverses violations des
droits d’informer et d’être informé en RDC, soit une moyenne de 3 cas
d’atteinte à la liberté de la presse chaque semaine. Ces cas avérés d’atteintes
à la liberté de la presse se repartissent de la manière suivante :
-
04 journalistes en prison
-
06 journalistes incarcérés
- 08 journalistes interpellés
- 05 journalistes agressés,
maltraités ou torturés
- 07 journalistes menacés ou harcelés
- 12 diverses pressions exercées aux
journalistes ou aux médias
- 10 entraves à la libre circulation
nationale ou internationale de l’information
A
la même période du 3 mai 2012, JED avait pu dénombrer 64 cas d’attaques
dirigées contre les journalistes et les médias sur l’ensemble du territoire
national. Quand on compare la situation de 2012 à celle de 2013, on
constate ce qui suit :
- dans l’ensemble, une tendance à la baisse en termes de
nombre d’atteintes à la liberté de la presse (-12).
- une augmentation de nombre des journalistes jetés en prison
(+3) à cause de leur travail.
- une augmentation des diverses pressions (+8) et menaces
directes ou indirectes (+3) dirigées contre les médias et les journalistes.
- une diminution des privations de liberté
des journalistes sous forme d’interpellations et incarcérations (-7) et celle
des cas de censure ou entrave au travail des journalistes (-19)
Cette pseudo tendance à la baisse, en termes de nombre
d’attaques contre les journalistes et les médias, trouve en réalité son
explication dans la censure et l’autocensure auxquelles sont confrontés les
journalistes au quotidien.
Pour
JED, il n’y a aucun doute : le prétexte de la
guerre et la paranoïa sécuritaire cachent désormais des motifs inavoués
qui servent à réduire au silence des médias qui gênent, ou à se débarrasser des
journalistes qui dérangent.
Alors
que la communauté internationale commémore cette journée spéciale dédiée à la
liberté de la presse, la République Démocratique du Congo, qui porte bien son
nom de « République
Démocratique », affiche un tableau sombre avec quatre journalistes derrières les barreaux, deux principales
chaînes de télévision proches de l’opposition (Canal Futur Télévision et Radio
Lisanga Télévision) fermées depuis la fin des élections du 28 novembre 2011, un
journal (Quotidien Le Journal) suspendu depuis plus d’une année, et deux
films-documentaires (Affaire Chebeya, un crime d’Etat ?, et Sankuru :
enfer ou paradis oublié ?) réalisés par des journalistes censurés et
interdits de diffusion. Le tout, en toute illégalité et impunité.
Dans
cette lettre ouverte, JED a également salué le courage et la mémoire de ceux
qui risquent chaque jour leur vie pour servir la cause de l’information. En
effet, au cours de ces dix dernières années, près d’une dizaines de
professionnels des médias congolais ont été tués dans des conditions qui n’ont
jamais été clairement élucidées.
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