« Le Seigneur est vraiment ressuscité,
Et il est apparu à Simon » (Lc 24, 34).
Chers frères et sœurs,
1. Oui, vraiment, le Seigneur est ressuscité. Lui qui était mort, il est vivant. Comme le dit la liturgie, « La mort et la vie se sont livré un duel prodigieux : le Maître de la vie mourut ; mais vivant, il règne » (Séquence Victime paschali). Sa mort était réelle, et non pas apparente : « il est vraiment descendu aux enfers » (credo), la demeure des morts, mais il n’a pas connu la putréfaction, qui était censée commencer le quatrième jour. Il est mort pour nous donner la vie. Notre Dieu aime tellement la vie qu’il meurt pour nous donner la vie en abondance.
2. Le Christ est mort, mais il est ressuscité le troisième jour. Telle est la vérité fondamentale de notre foi, l’événement central de l’histoire de l’humanité. Le Christ qui avait fait irruption dans le temps et l’espace des hommes, les transcende désormais. Tout en ayant un corps, il n’est plus astreint à l’espace et au temps, il a un corps spirituel, qui peut entrer dans un lieu et en sortir par un acte de volonté. Il apparaît et disparaît, les yeux peuvent le voir ; il nous parle, nous voyons les mouvements des lèvres, nous pouvons l’entendre ou ne pas l’entendre. Il a gardé les marques des clous et de la lance, il a mangé en présence de ses apôtres, mais il n’est pas nécessaire qu’il mange. Désormais, en tant que tel, il échappe aux sens. C’est le Christ de la foi que l’on ne reconnaît que par des signes appropriés : stigmates, fraction du pain, sa voix qui appelle, communauté, réunion autour des apôtres. Il n’est plus de ce monde, tout en agissant puissamment dans le monde, notamment par l’économie des sacrements.
3. Le Christ est mort et ressuscité, après avoir accompli son œuvre de rédemption et réalisé le pardon des péchés de l’humanité. La rédemption, c’est le Seigneur qui s’est fait notre proche parent (gô’ẽl) et qui, touché par les contraintes de notre situation, nous a délivrés de l’esclavage du péché.
4. Il ne faut (cependant) pas concevoir la résurrection de Jésus comme si celui-ci était quelqu’un qui est revenu à la vie biologique ordinaire et qui par la suite, selon les lois de la biologie, devait un jour ou l’autre mourir de nouveau. Jésus n’est pas non plus un fantôme (un « esprit »). Il n’est pas quelqu’un qui, en réalité, appartient, au monde des morts, même s’il lui est possible de se manifester de quelque manière dans le monde de la vie » (J. RATZINGER-BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Vol. 2, Vatican, Librairie éditrice vaticane, 2011, p. 307). Jésus, le Vivant, ne meurt plus. La mort sur lui n’a plus d’empire (Rm 6, 9). Il est ressuscité pour quitter les contraintes de la corporéité, du temps et de l’espace.
5. La condition du Christ après sa résurrection nous donne une idée de ce que sera notre résurrection, dont elle est la garantie. « S’il n’y a pas de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité, et si Christ non plus n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi » (1 Cor 15, 13-14). Si le Christ n’était pas ressuscité, nous aurions cru à un imposteur et nous aurions été les pires des imposteurs (1 Cor 15, 15).
6. La résurrection du Christ, c’est la victoire de la vie sur la mort, de tout ce qui favorise et promeut la vie sur ce qui la diminue ou l’étiole ; c’est la victoire du bien sur le mal, de tout ce qui élève l’homme sur ce qui l’avilit ; la victoire de l’excellence sur la médiocrité ; le triomphe de ce qui converge sur ce qui diverge et s’éloigne, le triomphe de l’unité sur la division.
7. C’est dire que les marchands de la mort, ceux qui atrophient et tuent la vie, ceux qui s’accrochent au mal, ceux qui rabaissent l’homme, qui tiennent à la médiocrité, qui favorisent la division, ces hommes et femmes tournent le dos au mystère pascal et à ses effets dans notre vie et dans la société.
8. En cette année de la cohérence chrétienne, nous devons nous faire un point d’honneur « d’accorder notre vie à l’appel que nous avons reçu » (Ep 4, 1), de renoncer à notre existence passée et de nous dépouiller du vieil homme des antivaleurs que sont la corruption, la cupidité, le vol et le mensonge. Vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière. Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité (Ep 5, 8-9). Eveille-toi,-toi qui dors. Lève-toi d’entre les morts et sur toi le Christ resplendira (Ep 5, 14).
9. En cette année électorale, où nous sommes appelés à élire les institutions censées gouverner le pays et promouvoir le développement intégral de tous, préparons-nous à voter de manière responsable pour que le pays bénéficie des bienfaits de la résurrection du Christ, dans la solidarité, la recherche du bien commun, la justice et la paix.
10. Puisse le Seigneur nous ressusciter avec lui, pour une vie nouvelle au plan spirituel et matériel, dans la lumière du Christ.
11. Joyeuses Pâques à tous(tes).
+ L. Cardinal Laurent MONSENGWO PASINYA
Archevêque de Kinshasa
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