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dimanche 17 avril 2011

Constat de Journaliste en danger, montée de l’intolérance politique, prélude à des graves atteintes à la liberté de la presse à quelques mois des élections


Dans le cadre  du renforcement de son Réseau d’alerte pour la surveillance de la liberté de la presse en République démocratique du Congo, Journaliste en Danger -JED-, a réuni à Kinshasa, du 11 au 13 avril 2011, une réunion de ses principaux correspondants venus de toutes les provinces de la RDC. Au moins 15 personnes constituées en majorité des professionnels des médias travaillant dans les grandes villes du pays, ont pris part à cette rencontre qui leur a permis de dresser chacun un état des lieux de la situation des médias et de la liberté de la presse dans leurs milieux.
Secrétaire général de Journaliste en denger, M. Tshivis Tshivuadi
 
 Les correspondants provinciaux de JED ont fait un constat général. L’exercice du métier de journaliste  reste très précaire et soumis aux aléas de tous ordres, politiques, judiciaires et sécuritaires. Cette fragilité est due principalement à la montée de l’intolérance politique dans le chef des autorités politico-administrative qui rechignent à la critique et au débat démocratique ; à l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire par des détenteurs du pouvoir politique ou économique ; et à l’abus du pouvoir par des éléments des services dits de sécurité, se réclamant principalement de l’ANR -Agence Nationale des Renseignements-.
Conséquences, et selon les services de monitoring de JED, au moins 21 cas d’atteintes diverses au travail des journalistes ont été recensés au cours du premier trimestre de cette année 2011, soit une moyenne de 7 à 8 cas de violation de la liberté de la presse par mois. Comparativement à l’année dernière qui avait enregistré 87 cas d’atteinte à la liberté de la presse, la situation actuelle indique une tendance à la détérioration du climat de travail des journalistes, surtout à l’approche des échéances électorales qui s’annoncent.
 Déjà dans cette perspective, JED constate que des pressions de plus en plus nombreuses sont exercées sur des journalistes sous formes des menaces anonymes ou visibles, des agressions physiques et des interpellations injustifiées.
A titre illustratif de ces pressions, et pour ne citer que les cas les plus récents. Il s’agit de celui de Samy Mbeto, journaliste à la radio Kilimanjaro, une station communautaire émettant à Tshikapa, deuxième  ville de la province du Kasaï occidental, au centre de la RDC, a été arrêté et immédiatement conduit en prison, samedi 9 avril 2011 à 17 heures  locale par le parquet secondaire de Tshikapa  pour avoir dénoncé certains acteurs politiques et groupes culturels qui se lancent dans une campagne électorale précoce. Mbeto a été libéré, quatre jours après et sans aucun jugement,  mardi 12 avril 2011,  après paiement d’une caution de 110 USD, soit 100.100 FC.  Il a été demandé au journaliste de ne pas quitter la province et de se présenter chaque mardi et vendredi au parquet secondaire de Tshikapa.
Floribert Issa Saïdi, cameraman- correspondant de Nyota TV et Wantashi TV, deux stations privées émettant à Lubumbashi à Kasongo, un territoire situé à 250 kms de Kindu au Maniema, a été pris à partie, lundi 11 avril 2011, par les agents de la police nationale congolaise qui lui ont arraché sa camera pour l’empêcher de filmer l’arrivée à l’aéroport d’une délégation de l’Union pour la Nation Congolaise -UNC-, parti d’opposition.
Modeste Shabani, directeur de la Radio Sauti ya M’kaaji, une station communautaire émettant à Kasongo, un territoire situé à 250 kms de Kindu, dans la province de Maniema, a fait l’objet des menaces répétées des autorités provinciales pour avoir diffusé un extrait d’une interview accordée à M. Vital Kamerhe, président de l’UNC.  Par la suite, Shabani a été empêché de quitter la ville de Kindu, vendredi matin 1er avril 2011, pour se rendre à Kinshasa.  Son billet de voyage lui a été arraché au pied de l’avion par un agent de la Direction Générale des Migrations –DGM- qui lui a dit agir sur ordre de sa hiérarchie.
 Radio Nyota ya Asubui, une station communautaire et associative émettant à Kalima, une localité située à 101 kms de Kindu, dans la province de Maniema, a été a été scellée, samedi 4 décembre 2010, par la Direction Générale des Recettes Administratives et Domaniales -DGRAD-pour n’avoir pas payé les notes de débit des divisions de Poste, Téléphone et Télécommunications -PTT- et de la communication s’élevant à 52.000 Usd, soit 47.840.000 millions de Fc. Elle a repris ses émissions,  vendredi 11 mars 2011. La reprise des activités de ce média était intervenue sans paiement de fisc après une grande mobilisation de la population qui se considérait que cette radio avait été plutôt sanctionnée à cause de son indépendance.
 « Franc parler » et «Barza du peuple », deux émissions des débats politiques diffusées respectivement par la radio Mitumba et la radio Le Messager du peuple, deux stations communautaires émettant à Uvira, territoire de la province du Sud-Kivu, sont suspendues depuis mardi 14 décembre 2010 et jusqu’à ce jour par le comité territorial de sécurité qui les accusées d’outrage aux autorités locales et nationales, pour avoir critiqué le discours sur l’état de la nation fait par le Chef de l’Etat devant le parlement réuni en congrès.
JED appelle à la mise en place rapide d’un Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication, instance de régulation, réellement indépendant et dirigé par des personnes crédibles, afin de mettre fin aux interférences politiques dans le travail des médias.
JED demande également aux professionnels des médias de s’abstenir de tout acte de nature à mettre en péril leur sécurité, en respectant scrupuleusement les principes éthiques et déontologiques de leur profession.

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