ACIDH, Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains Action against impunity for human rights.
Audience de la Cour Militaire de la GOMBE dans l’affaire Ministère Public et Parties Civiles Contre Colonel Daniel MUKALAY Wa MATEZO Inspecteur principal de la Police Nationale Congolaise et Consorts – Rôle Pénal 0066.
Chronique judiciaire n°17.
I. Audience du 14 février 2011. C’est à 10h30 que l’audience de ce jour a été déclarée ouverte par le Premier Président de la Cour, le colonel MASUNGI MUNA. A cet effet, il a accordé la parole à la greffière pour donner lecture de la feuille d’audience. Quatre renseignants et l’expert de la société Airtel Congo ont été entendus à l’audience de ce jour.
1. De la procédure.
La RDC représentée par ses avocats, a comparu comment civilement responsable. Renseignant colonel Kanold, commissaire Nehema et sous commissaire Corine Bila.
a. Questions de la Cour aux renseignants
La commissaire Nehema et la sous commissaire Corine Bila ont déjà été entendues lors des audiences précédentes, elles ont été invitées à l’audience de ce jour pour être confrontées avec le colonel Kanold cité par la sous commissaire Corine Bila. Kanold Kamana, inspecteur provincial adjoint en chargé de l’administration et de la logistique de la province Orientale, numéro matricule 12713/A.
Q. Connaissez-vous les officiers se tenant dans le box des accusés ? R. Oui, sur les cinq prévenus, je connais très bien le colonel Mukalayi, le major Kitungwa, le major Ngoy et quant aux deux autres, je les connais seulement de vue.
Q. Quelle relation entretenez-vous ? R. Juste des relations professionnelles. Avec le colonel Mukalayi, au delà des relations professionnelles, nous avons des relations d’inimitié.
Q. Pourquoi avez-vous des relations d’inimitié avec le prévenu colonel Mukalayi ? R. Le colonel m’a arrêté arbitrairement à plusieurs reprises. En avril 2004, j’étais le numéro 2 de l’inspection provinciale de l’Equateur et le colonel Mukalayi était le numéro 2 de la Direction Générale des Renseignements Spéciaux (DGRS) Equateur, il avait monté un plan macabre pour assassiner l’inspecteur provincial de l’Equateur et tant d’autres officiers et malheureusement pour lui ce projet avait été dévoilé. Une commission de discipline avait été mise sur pied et j’étais le président. Dans la commission, la décision avait été prise de le retourner à Kinshasa et depuis ce jour là il m’avait dit qu’il ne me pardonnera jamais. Je serai affecté à Kinshasa et comme numéro 2 de la police d’intervention rapide. J’ai été interpellé par le colonel Mukalayi pour plusieurs faits que je n’avais pas commis, il m’a même séquestré un jour dans son bureau de 11 à 21 heures ni avait été l’intervention des amis j’allais y passer la nuit. En janvier 2009, dans un dossier des Ukrainiens géré par la Direction Générale de Migration (DGM), le colonel m’a fait subir des tortures morales et physiques et le 7 janvier 2009 de 19heures à 23heures, je suis tombé dans un coma. A ma sortie de l’hôpital, j’ai reçu un mandat d’arrêt signé par le colonel Mukalayi et quatre policiers étaient venu exécuter ce mandat. J’ai eu la vie suave grâce à l’intervention du Général Ugnom.
Q. Connaissez-vous la sous commissaire Corine ? R. Oui.
Q. Comment la connaissez-vous ? R. Elle a travaillé avec moi en 2002 et 2003 dans le département d’études et d’analyse. J’étais le responsable et je l’avais affecté au service de protocole.
Q. Vous êtes-vous entretenu avec elle en juin 2010 ? R. Oui.
Q. De quoi avez- vous parlé ? R. Je suis arrivé à Kinshasa le 20 juin 2010 pour une mission de service. Le 21 juin je suis allé à l’inspection générale faire viser ma feuille de route et l’ordre de mission. En sortant, elle m’a interpellé et m’a dit que son enfant était malade, qu’elle avait besoin d’argent pour acheter le médicament. Je vais lui remettre cinq dollars.
Q. Lui avez-vous parlé du colonel Mukalayi ? R. Non.
Q. Ne lui aviez vous pas demandé un service quelconque ? R. Non, jamais.
Q. Reconnaissez-vous l’avoir rejoint à son église ? R. Oui.
Q. Pourquoi ? R. Six ou sept jours après lui avoir remis les cinq dollars américains, elle va m’appeler et me dire que la situation de son enfant s’était aggravé, qu’ils l’avaient emmené à l’église pour un traitement spirituel en plus du traitement médical qu’il recevait. Elle va me demander encore de l’aide. Comme j’étais en ville, je lui ai demandé de me rejoindre ; elle me répondra qu’elle ne pouvait pas laisser l’enfant seul dans un tel état. Je lui demanderais l’adresse de son église et le soir en rentrant à la maison je suis allé à son église et je lui ai remis vingt dollars en présence de son mari, je les ai même réconfortés.
Q. Ne lui avez-vous jamais demandé la feuille de leur registre de la journée du 01 juin 2010 ? R. Non.
Q. N’avez-vous jamais parlé de cette feuille avec la commissaire Nehema? R. Non, jamais.
Q. Reconnaissez-vous avoir dit au commissaire Nehema que vous êtes de la deuxième ceinture qui s’occupe du dossier de M. Chebeya ? R. Je ne lui ai jamais dit cela.
Q. Reconnaissez-vous lui avoir demandé l’identité de la sous commissaire Corine ? R. Non, je connais très bien le nom de la sous commissaire Corine, elle a travaillé avec moi plus de deux ans.
Q. Etiez-vous à Kinshasa le 3 juin 2010? R. Non, je suis arrivé le 20 juin et je suis allé à l’inspection générale de la PNC le 21 juin 2010 pour des formalités administratives.
Q. Sous commissaire Corine, pouvez-vous encore répéter devant la Cour ce que vous avez déclaré à l’audience précédente sur le colonel Kanold ?
R. Le mercredi 02 juin 2010, je n’étais pas de poste. Le colonel Kanold, numéro 2 de la police de Kisangani m’a appelé toute la journée, il a dit qu’il voulait me voir, je lui avais répondu que je ne suis pas de service. Le 03 juin 2010, il va me rappeler et insister de me rencontrer car c’était très important d’après lui. Je vais donner la même réponse. Il va me rappeler encore le soir et me dire qu’il pouvait venir où j’étais. Je lui ai donné l’adresse de l’église et il est arrivé. On est monté dans sa jeep et là, il va me demander d’arracher pour lui la feuille du registre du 01 juin 2010 qu’il en a vraiment besoin et que je l’aide. Mon mari est passé me prendre juste en ce moment là, il va me remettre 20 dollars américains pour que je mette du crédit dans mon téléphone et l’appelle le lendemain matin une fois en possession de cette feuille. J’ai trouvé sa demande bizarre.
Le 04 juin 2010, j’étais de service, j’apprendrai l’assassinat de M. Chebeya que ce dernier était arrivé à l’inspection générale de la PNC sur rendez-vous de l’IG. Le colonel Kanold va m’appeler le soir pour vérifier si j’avais pu arracher la feuille demandée et je lui ai dit que je ne pouvais faire ça. Il me dira que ce n’était pas grave qu’il allait chercher quelqu’un d’autre pour lui rendre le service. Il y’a trois semaines, il a appelé mon collègue de service de l’équipe B, le commissaire Nehema pour lui demander mon identité complète. Cette dernière lui répondra qu’elle ne connaissait pas mon nom.
Q. Commissaire Nehema, confirmez-vous ce que la sous commissaire Corine vient de dire ? R. Oui, il m’a appelé pour me demander les identités de tous ceux qui avaient travaillé dans l’équipe du service sécurité le 01 juin 2010, je lui ai demandé d’aller se renseigner chez notre chef. Mais il me dira ceci : « saches que je suis dans la deuxième ceinture de ceux qui s’occupent du dossier Chebeya ». Quelques instants après il va me rappeler et me demander l’identité complète de la sous commissaire Corine. Je vais demander pourquoi il cherchait son identité, il n’a pas répondu et je lui ai dit que je ne connaissais pas son nom.
Q. Colonel Kanold, quelle est votre réaction ? R. Je suis inquiet du mensonge bien cousu.
Q. Sous commissaire Nehema, reconnaissez-vous avoir demandé au colonel Kanold de l’argent ? R. Non, je ne lui ai jamais demandé de l’argent, mon enfant n’était pas malade. Je sais seulement qu’il m’avait remis vingt dollars américains pour l’appeler dès que je serais en possession de la feuille du registre qu’il m’avait demandé.
Q. Colonel Kanold, pensez- vous vraiment que ces deux policières sont entrain de mentir et dans quel intérêt ? R. Je présume qu’elles sont devenues acolytes du colonel Mukalayi que c’est un coup bien monté contre moi. Mes documents vous prouvent que je suis arrivé à Kinshasa le 20 juin 2010.
Q. Commissaire Nehema, connaissez-vous que le colonel Mukalayi et Kanold ont des relations d’inimitié ? R. Non.
Q. Et vous sous commissaire Corine ? R. Je l’ignore.
Observation du MP n’a pas des questions. Cependant, il constate que les deux renseignantes sont venues pour brouiller ce procès, pour lui comme la feuille de la journée du 1 juin 2010 dans le cahier registre de l’inspection générale n’a pas été arrachée, il ne trouve pas opportun de continuer le débat qui ne l’avance en rien.
b. Questions des parties Civiles.
Q. Colonel Kanold, quand vous êtes allé faire signer votre feuille de route à l’inspection générale de la Police Nationale Congolaise, étiez-vous enregistré à l’entrée principale ? R. Non, à l’entrée principale, on n’enregistre que les visiteurs et non les officiers.
Q. Sous commissaire Corine, confirmez-vous avoir vu le colonel Kanold le 3 juin 2010 ? R. Oui, c’était le 02 juin 2010 parce que je me souviens bien que le mercredi était mon jour de prière.
Q. Où travaille votre mari ? R. Il travaille chez Axe Service, une agence de transfert d’argent.
Q. Avez-vous travaillé avec le colonel Kanold ? R. Oui, dans le bureau action et dans le département d’études et analyse à la DGRS.
Q. Selon vous, quelle serait la raison de la demande du colonel ? R. Je ne sais pas, mais personnellement j’ai trouvé la demande louche.
Q. Colonel Kanold, est- ce votre numéro, le 0813643464 ? R. Oui.
Q. Est-il est masqué ? R. Non, c’est mon numéro Airtel qui est masqué.
Q. Présentement que faites-vous à Kinshasa ? R. Je suis en mission de service.
Observation : nous constatons que le colonel Kanold connaît bien la sous commissaire Corine parce qu’ayant travaillé avec elle dans un même département et il n’avait pas d’intérêt de demander son identité à la commissaire Nehema. Le 02 et 03 juin 2010, le colonel Kanold était en Province Orientale sa feuille de route nous le prouve, il est arrivé à Kinshasa le 20 juin 2010. La Cour constatera que le deux renseignantes ont fait de fausses déclarations et la rigueur de la loi doit leur être appliquée.
c. Questions de la défense.
Q. Comment expliquer officier que vous soyez allé chercher votre agent dans le lieu de son intimité ? R. Je ne suis jamais allé la chercher chez elle, je suis allé là où elle m’a dit être, c’était à son église. J’y suis allé parce qu’elle avait besoin d’une assistance sociale.
Q. Avez-vous souvent appelé la commissaire Nehema ? R. Oui, elle aussi elle m’appelle souvent.
Q. Quel était le contenu de vos communications ? R. Dernièrement, elle m’a appelé pour me dire que son enfant était malade, qu’elle avait besoin d’aide.
Q. Il vous est déjà arrivé de voyager sans feuille de route ? R. Non, la police est un service bien organisé.
Q. Que feriez-vous si l’on arrivait à démontrer par le relevé téléphonique que vos appels du 02 et 03 juin 2010 étaient pris en charge par les antennes de Kinshasa ? R. J’aimerais bien le savoir aussi, je suis vraiment curieux parce que tout ce qui se dit ici me surprend.
Q. Comment expliquer que vous soyez venu avec tous les documents justifiant vos rapports d’inimitié avec le colonel Mukalayi alors que vous avez été saisi par un mandat d’amener qui ne mentionne pas l’objet de votre arrestation? R. J’ai lu dans la presse écrite que mon nom a été cité au procès Chebeya.
Q. Quelle a été l’objet de votre mission à Kinshasa le 20 juin 2010 ? R. J’étais venu prendre les équipements des policiers pour la manifestation du 30 juin 2010.
Q. Quand aviez-vous quitté Kinshasa? R. Le 21 juillet 2010.
Q. Comment expliquer que votre feuille de route renseigne le départ pour le 29 juin 2010 ? R. Je ne suis pas rentré le 29 juin 2010 parce que j’avais 9 tonnes d’équipement à envoyer par une agence de fret, ce qui a pris du temps.
Observation : Que la Cour constate que le Colonel Kanold peut rester en séjour irrégulier à Kinshasa, tout comme il peut être arrivé à Kinshasa sans feuille de route le 02 et le 03 juin 2010. Nous demandons que la Cour invite la directrice des ressources humaines de la PNC et demande à la société de communication de nous fournir le relevé téléphonique de ces trois renseignants.
d. Questions de la RDC, le civilement responsable.
Nous n’avons pas des questions, nous nous inscrivons dans la demande du MP de pouvoir clore ce débat parce que le registre est intact et la feuille n’a pas été arrachée.
Intervention de la Cour.
Observation, la Cour juge les demandes inopportunes parce qu’elles n’avanceront pas le procès. Expert de la société de télécommunication Airtel. A l’audience passée, M. Aluku l’expert d’Airtel avait présenté son rapport sur demande de la Cour. Les parties civiles qui n’étaient pas en possession de ce rapport avaient demandé que l’on suspende les débats autour de ce rapport pour lui permettre d’en prendre connaissance et en discuter à l’audience d’aujourd’hui.
a. Questions de MP.
Après avoir consulté le dossier, le MP retrouve que le relevé fourni le 8 juin 2010 sur demande de l’inspecteur Mukinzi à la cote 99 et celui fourni sur demande de l’Auditeur Général à la cote 1223 par la société Airtel concordent. Selon ce rapport, le cheminement de M. Chebeya confirme qu’il était arrivé à l’inspection générale de la PNC.
Q. Peut-on confondre la zone de couverture de l’antenne stadium avec celle du Palais du peuple?
R. Les deux antennes prennent en charge le même périmètre, l’antenne stadium émet jusqu’à un rayon de 810 mètres alors que celle du Palais du peuple, un rayon de 910 mètres ; c’est une antenne de renfort, elle a été ajouté parce qu’il y’avait une surcharge de connexion dans ce périmètre.
Q. Pouvez-vous nous dire où se trouve l’antenne Rond-point Bandal ?
R. Avant, elle était juste derrière la station Moulaërt, à cause des érosions, elle a été déplacée pour le centre kimbanguiste sur l’avenue Saïo mais elle regarde du coté de l’avenue de libération ex-24 novembre. Elle a une capacité de 1.200 mètres de rayon.
Q. Est-ce que cette antenne peut prendre en charge les appels émis au niveau du Palais du peuple, inspection générale de la PNC, RTNC parce que ce n’est pas loin ?
R. Il m’est difficile de confirmer mais c’est possible de vérifier en faisant un graff test pour voir si elle prend aussi en charge tout ce périmètre.
Observation, le MP demande à la Cour que ce test soit fait pour lever certaines équivoques.
b. Questions de la Cour.
Q. M. l’expert, pouvez-vous examiner les appels des numéros 0997027665 du prévenu colonel Mukalayi et le 0896925281 du colonel Alaine Ilunga Mwenze à la date du 01 juin 2010?
R. Le 01 juin 2010, il y a eu 6 communications entre ces deux numéros.
NUMERO D’appel
Date
Heure d’appel durée
Antenne ou site prise en charge
1 Prévenu colonel Mukalayi appelle le colonel Alaine 1 juin 2010 9h06’ -Antenne stadium
2 Prévenu colonel Mukalayi appelle le colonel Alaine 1 juin 2010 9h08’ - Antenne palais du peuple.
3 Colonel Alaine envoie un SMS au prévenu colonel Mukalayi 1 juin 2010 9h24’ - Antenne stadium
4 Colonel Alaine appelle le prévenu colonel Mukalayi 1 juin 2010 9h39’ - Antenne stadium
5 Prévenu colonel Mukalayi appelle le colonel Alaine 1 juin 2010 9h49’ - Antenne stadium
6 Colonel Alaine appelle le prévenu colonel Mukalayi 1 juin 2010 9h59’ - Antenne stadium
Observations du MP, il constate qu’il y a eu réellement communication entre le colonel Alaine et le prévenu Mukalayi le 1 juin 2010. Il fait observer en plus que le prévenu Christian Kenga Kenga avait déménagé pour habiter sur l’avenue démocratie au n°15 non loin de M. Chebeya qui était au n°9. C’est qu’il a demande à la Cour d’organiser une descente sur terrain à l’inspection générale de la PNC ainsi qu’à Mitendi le lieu où on avait découvert le corps.
b. Questions des parties civiles.
Observation : nous constatons que le 01 juin 2010 à partir de 17h33’, M. Chebeya n’avait pas émis des appels jusqu’à 19 heures. C’est à partir de cette heure qu’il va commencer à émettre les SMS qui étaient pris en charge par l’antenne du Palais du peuple, le relevé des appels du prévenu Mukalayi nous renseignent aussi que ces différents appels à ces heures là étaient pris en charge par la même antenne, ceci pour dire que le téléphone de M. Chebeya était resté entre les mains du prévenu Mukalayi pendant que le prévenu Christian Kenga Kenga emmenait le corps de M. Chebeya pour le déposer à Mitendi.
Les relevés téléphoniques sont des indices qui vont corroborer avec d’autres indices du dossier. Nous faisons constater à la Cour qu’il y a plus d’appels que d’habitude entre le prévenu Christian Kenga Kenga, le prévenu Mukalayi et l’Inspecteur Général John Numbi pendant cette période suspecte et les antennes déterminent les différends lieux où chacun se trouvait.
Q. Qu’est-ce que le MP a fait des SMS que M. Chebeya avait envoyés à un agent de la MONUC, division droit de l’homme qui disait « prière de me rejoindre à l’inspection générale de la PNC » ?
R. A l’instruction du dossier, nous n’avions pas pu joindre Madame Yande à cause de ces immunités, mais la Cour étant indépendant peut la faire venir. La cour a invité Madame Yande, présente dans la salle, de comparaître. Cette dernière a dit ne pas pouvoir comparaître sans autorisation de sa hiérarchie à cause de son immunité. La cour devra écrire au ministère des Affaires étrangères qui va les saisir et c’est une très longue procédure. Cependant, elle va mettre à la disposition de la Cour le message reçu de Chebeya qu’elle garde.
Renseignante colonel Alaine
Cette dernière a déjà eu à comparaître mais elle a été invitée pour être confrontée au colonel Mukalayi
a. Questions de la Cour.
Q. Dans la matinée du 01 juin 2010, aviez-vous parlé avec le prévenu colonel Mukalayi ? R. Oui, ça devait être une fois.
Q. Le relevé téléphonique nous renseigne que vous aviez communiqué six fois ? R. Ce jour là j’étais contacté par plusieurs officiers me demandant le programme de l’IG. J’ai appelé le commandant sécurité de l’IG qui m’a dit que l’IG sera à Maluku et j’ai informé tous les officiers.
Q. Prévenu Mukalayi, confirmez- vous ce nombre d’appels ? R. Oui je le confirme, on s’est appelé le 01 juin 2010, c’était pour avoir le programme de l’IG.
Q. Colonel Alaine, confirmez-vous ces appels ? R. Oui, je ne peux pas nier avoir communiqué avec le colonel Mukalayi parce que la technologie a démontré.
b. Questions du MP.
Q. Colonel Alaine, lorsque vous avez été entendue pour la première fois devant la Cour, vous avez soutenu que vous ne vous souveniez pas de vos conversations avec le prévenu Mukalayi, vous le confirmez ? R. Je n’étais pas catégorique et je n’avais jamais niée, seulement je ne me souvenais plus. Heureusement que la technique vient de nous rafraîchir la mémoire.
Q. Prévenu Mukalayi, confirmez-vous que c’est après les appels avec le colonel Alaine que vous avez appelé M. Chebeya pour lui dire que l’IG pouvait le recevoir aujourd’hui entre 16h30 et 17h30 ? R. Oui, je le confirme.
Q. Pouviez-vous confirmer ce rendez-vous sans que le colonel Alaine ne vous ait donné le programme de l’IG? R. Quand j’ai appelé le colonel Alaine, je ne lui ai jamais parlé du rendez vous de M. Chebeya, je lui ai juste posé la question sur le programme de l’IG et elle m’a dit que l’IG sera à l’inspection après Maluku étant donné qu’il n’était pas arrivé au bureau depuis trois jours.
Q. Colonel Alaine, confirmez-vous ces déclarations ? R. Non, je ne lui ai jamais dit cela.
Q. Est-ce que, le 31 mai 2010, l’IG était à l’inspection générale de la PNC ? R. Je ne l’ai pas vu et généralement quand l’IG arrive, les honneurs lui sont rendus et tout le monde sais que l’IG est là.
c. Questions des parties civiles.
Q. Colonel Alaine, quel est le numéro de téléphone du commandant de sécurité de l’IG ? R. C’est le 0997125187.
Q. A qui appartient le numéro 0812196799 qui est le seul numéro que nous retrouvons après vos appels avec le prévenu Mukalayi ? R. Je ne sais pas.
Observation : dans le relevé téléphonique du colonel Alaine entre l’heure où le prévenu Mukalayi l’a appelé, il n’y’a pas d’autres appels ni avant les appels du prévenu Mukalayi ni après. La cour constatera que le colonel Alaine est entrain de mentir quand elle déclare qu’elle a appelé différents officiers pour leur informer du programme de l’IG. Elle n’a jamais appelé le numéro du commandant sécurité de l’IG le 01 juin 2010.
Dans le registre qu’elle a amené à l’intention de la Cour, nous avons remarqué que les mentions du registre enregistrées le 01 juin ne sont pas identiques à celles du registre de l’entrée principale c'est-à-dire les noms des visiteurs ne sont pas les mêmes pour la journée du 01 juin 2010. Car un visiteur ne peut pas arriver au bureau du protocole sans commencer par l’entrée principale.
Q. Vous nous aviez dit que les fiches d’audiences sont remplis 48 heures avant, les fiches présentées devant la Cour étaient remplis le 30 juin 2010, c’était un dimanche. Travaillez-vous le dimanche ? R. Je n’ai jamais remplis ces fiches ni le registre, ce sont mes collègues de service. Moi je coordonne et quand l’IG n’est pas là le travail continue.
Q. Pourquoi ces fiches étaient-elles établies le dimanche 30 juin 2010 ? R. (elle n’a pas répondu : pas de réponse.)
Q. Comment expliquez-vous le refus d’organiser l’audience de M. Chebeya ? R. Je n’ai jamais été saisie de sa visite.
Q. Pourquoi les deux registres sont différents ? R. Parce que c’est deux services différents et mes services ne s’occupent des visiteurs qu’à l’intérieur de l’inspection générale.
Q. Pourquoi les noms des visiteurs sont différents dans les deux registres à la journée du 01 juin 2010, c’est une continuité de service ? R. Je ne sais pas répondre à cette question.
Q. Le policier Kalungwa nous a déclaré ici devant la Cour que le 01 juin 2010, le major Milambwe prévenu en fuite, leur avait dit que l’IG ne viendra pas, quelle est votre réaction ? R. Ce sont deux services différents, ces réunions ou ordres n’engagent en rien mes services.
Q. Aviez-vous vu les véhicules de vos chefs à votre retour de Maluku ? R. Oui, j’ai vu le véhicule de l’un des adjoints de l’IG et beaucoup d’autres véhicules dans le parking.
Q. Parmi tant d’autres véhicules, n’aviez-vous pas remarqué des véhicules particuliers qui n’étaient pas de la police ? R. C’est un parking et c’est tout à fait normal qu’il y ait plusieurs véhicules, je n’ai pas fais attention.
Q. Prévenu Mukalayi , le 31 mai 2010 à 21heures, pourquoi vous avez appelé M. Chebeya? Est- ce que c’était pour fixer un rendez-vous de l’IG ? R. Oui, c’était pour l’informer que l’IG pourra le recevoir incessamment.
Q. Colonel Alaine, à quelle heure terminez-vous le travail ? R. Nous terminons généralement à 16heures, si l’IG est encore à l’intérieur, nous attendons jusqu’à son départ à moins que lui-même nous demande de partir et dit qu’il va rester travailler jusqu’aux heures tardives.
Q. Quand vous partez, qui s’occupe de recevoir les visiteurs qui viennent après ? R. Ce sont les gardes.
Q. Est-ce que ces gardes ont un répondant à l’intérieur ? R. Là, je ne sais pas, ils sont indépendants de mon service.
Q. Prévenu Mukalayi, comment comptiez-vous organiser la réception de M. Chebeya auprès de l’IG parce que le protocole n’était pas informé? R. j’allais l’annoncer directement chez le protocole s’il était arrivé.
Q. Colonel Alaine, quelle est votre réaction ? R. Je n’allais pas l’annoncer chez l’IG s’il était présent parce que moi je me refaire à ce qui est officiel et je ne reçois les ordres que de mon chef qui est l’IG.
Q. Prévenu Mukalayi, comment pouviez-vous être sûr que M. Chebeya allait être reçu vu la réaction du colonel Alaine ? R. Normalement elle allait se référer à l’IG et moi-même j’allais appeler l’IG pour lui dire que M. Chebeya était arrivé. Il allait intimer l’ordre au colonel Alaine de le faire entrer.
Q. Colonel Alaine, comment jugez- vous ce rendez vous de 17 heures ? R. Souvent quand l’IG a des rendez-vous à ces heures là il me prévient.
Q. Connaissez-vous bien les jeeps de vos deux adjoints ? R. Ces Jeeps sont identiques sans numéro d’immatriculation, il m’est difficile de les identifier, celle de l’IG est particulière avec trois étoiles.
Observation de la défense : le colonel Mukalayi reconnaît avoir parlé avec le colonel Alaine pour connaître le programme de l’IG et non pour lui parler du rendez-vous de M. Chebeya. Il est tout à fait normal qu’il y ait discordance dans le registre parce que nous avons tous appris ici que les officiers ne sont pas enregistrés à l’entrée principale. La prochaine audience est renvoyée au lundi 21 février 2011.
ACIDH
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