Depuis le début de cette année 2011, le vent de la démocratie et de la liberté souffle sur le monde arabe. Le peuple tunisien puis le peuple égyptien ont renvoyé leurs dirigeants et ils ont aboli les régimes autoritaires en place.
La Libye est entrée dans le même processus. Avec d’autres, la France a espéré que l’issue en serait rapide et heureuse, malheureusement le régime du colonel Kadhafi a décidé de noyer dans le sang la révolte qui le menaçait. En deux semaines, les espoirs du peuple libyen se sont transformés en cauchemar.
Dès le début de la crise en Libye, la France a pris l’initiative d’exiger des sanctions contre le régime libyen, aux Nations unies comme au sein de l’Union européenne, d’impliquer la Cour pénale internationale qui, pour la première fois, a été saisie dès le début d’une crise à l’unanimité du Conseil de sécurité, pour des actes qui peuvent relever du crime contre l’Humanité, mais aussi d’acheminer une aide humanitaire massive à l’hôpital de Benghazi et à la frontière tuniso-libyenne.
Le colonel Kadhafi pariait sur l’impuissance de la communauté internationale. La France s’est battue sans relâche pour convaincre, dans toutes les enceintes internationales, comme avec tous ses partenaires occidentaux, arabes et africains, de la nécessité de ne pas laisser faire le régime libyen. Plusieurs décisions ont ainsi été prises notamment au Conseil de sécurité des Nations unies qui a adopté une première résolution dès le 26 février, et au Conseil européen du 11 mars sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy et David Cameron.
Parallèlement, d’autres organisations régionales se sont aussi mobilisées : l’Union africaine, qui a souligné la légitimité des aspirations du peuple libyen à la démocratie et à la justice et le Conseil des ministres de la Ligue des Etats arabes qui a lancé, le 12 mars, un appel au Conseil de sécurité pour qu’il impose immédiatement une zone d’exclusion aérienne et qu’il assure la protection des populations civiles.
Tous ces appels pressants de la Communauté internationale, tous ces avertissements, toutes ces sanctions, n’ont malheureusement pas infléchi la froide détermination du régime libyen. Et dès lors, l’emploi de la force devenait la seule solution. Le 17 mars, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 1973 qui constitue une base juridique solide à une intervention dont le but premier est la protection des populations civiles.
La France est favorable à ce que l'Union africaine reprenne l'initiative et favorise une solution politique - à condition, bien sûr, que celle-ci respecte la résolution 1973 et les aspirations du peuple libyen. Elle prend acte de l'organisation par l'Union africaine d'une réunion à Addis-Abeba le 25 mars et destinée à « mettre en œuvre un mécanisme de consultation continue et d'action concertée" pour résoudre la crise libyenne ». Les membres permanents du Conseil de Sécurité ont été invités. La France y participera.
La France n'applique évidemment pas deux poids et deux mesures en décidant d'intervenir en Libye et non en Côte d'Ivoire ou en Somalie. Les Nations-Unies sont présentes en Côte d'Ivoire à travers l'ONUCI : nous poussons celle-ci à être plus active pour empêcher les massacres de civils par les partisans de Laurent Gbagbo. En Somalie, l'Union africaine est courageusement intervenue à travers l'AMISOM ; celle-ci a bénéficié de l'aide internationale, notamment française. En Libye, il n'y avait pas d'alternative : l'intervention internationale, qui a eu l'aval de la Ligue arabe et qui se fonde sur la résolution 1973, a permis d'éviter un massacre de grande ampleur.
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