Reporters sans frontières et son organisation partenaire en
République démocratique du Congo, Journaliste en Danger (JED),
s'inquiètent vivement de la mesure de suspension
décrétée le 1er décembre 2012 par le
Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC)
contre Radio Okapi. Ce média, administré depuis dix
ans par les Nations unies, émet sur l'ensemble du territoire de
la République Démocratique du Congo. Suspendue pour quatre
jours, Radio Okapi pourrait subir de plus lourdes sanctions si elle
ne se plie pas aux exigences du CSAC.
Selon le Président de cet organe de régulation des
médias, M. Jean Bosco Baala, contacté lundi par JED, Radio
Okapi se voit officiellement reprocher de ne pas avoir soumis sa grille
de programmes à l'organe de régulation : "Le
Directeur de l’information publique de la MONUSCO a opposé une
fin de non recevoir à la requête du CSAC au motif que Radio
Okapi serait bénéficiaire d’un régime de
"privilèges et immunités" qui ne l’oblige pas
de déposer ses grilles des programmes auprès du CSAC
", peut-on lire dans la mesure du CSAC.
JED estime que la non transmission d’une grille de programme ne
peut, à elle seule, justifier une décision aussi
préjudiciable à des millions de personnes qui ne peuvent
s’informer autrement que par cette radio. "Alors que la situation humanitaire et sécuritaire au
Nord-Kivu préoccupe toute la communauté internationale, la
suspension de Radio Okapi prive la population d'informations
cruciales, et contribue à renforcer le sentiment
d'insécurité », a déclaré, pour
sa part, Reporters sans frontières.
Depuis quelques semaines, après la prise de la ville de Goma par
les rebelles du M23, la région subissait déjà un
contrôle médiatique dénoncé par Reporters sans
frontières et Journaliste en danger, et se trouve un peu plus
isolée du reste du monde par cette mesure excessive du CSAC. Tout en encourageant les responsables de la radio onusienne à
trouver une issue à ce blocage, Reporters sans frontières et
Journaliste en danger demande à l'organe de
régulation de lever cette suspension, sans aucune autre condition
préalable.
Le brouillage de la radio empêche la diffusion par les ondes FM,
mais celle-ci reste accessible sur Internet. Conscient de l'importance
de l'accès à l'information en zone de conflit, le
Représentant spécial des Nations unies a décidé
d'utiliser des "voies alternatives afin de permettre, même de
façon intermittente, la poursuite des programmes de Radio
Okapi dans le Nord-Kivu", une initiative saluée par les
deux organisations.
L’instance de régulation des médias congolais a
également, en date du 28 novembre 2012, adressé à titre
conservatoire une mise en demeure à la Radio France
Internationale (RFI) pour diffusion des "interviews
portant des propos désobligeants à l’égard des
autorités et des institutions de la RDC". Le CSAC accuse RFI d’avoir diffusé de
façonrécurrente, entre les 22 et 27 novembre 2012, des
interviews accordées à une "force négative
[…] occupant illégalement une portion de la RDC".
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