(Kinshasa, le 28 novembre 2012)
I. INCURSION DES FDLR AU RWANDA
Des allégations d’incursion au Rwanda tôt mardi matin, de rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont parvenues au Gouvernement congolais. Selon l'information relayée par la presse, lesdits rebelles seraient venus du territoire de la RDC, plus exactement dans la zone de Kibumba. Un groupe armé congolais assimilé aux forces négatives a même déclaré apporter son appui à cette action. À ce sujet, le Gouvernement tient à signaler qu’il n’existe aucune forme de collaboration entre les forces négatives FDLR et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo. Au cours de ces dernières années, les FARDC ont engagé de rudes offensives contre ces forces négatives rwandaises suite à la décision du Gouvernement de les expulser du territoire congolais. La République Démocratique du Congo s’est du reste joint aux efforts diplomatiques entrepris pour obtenir le tarissement des soutiens dont les FDLR bénéficiaient depuis l’extérieur. Les FDLR à notre connaissance n'auraient plus qu'un effectif de quelques 1 500 combattants tant au Nord-Kivu qu’au Sud-Kivu. Ceux qui les commandent sont connus. Il s’agit de Pacifique Ntawhunguka, au Nord-Kivu et Hamada Habimana au Sud Kivu. Ils sont activement recherchés par la justice congolaise car les crimes qu’ils ont commis contre les populations de la RDC sont d’une atrocité inimaginable.
Le rapport des experts de l'ONU sur la République Démocratique du Congo confirme, si besoin en est encore l'efficacité des offensives militaires et diplomatiques de la RDC contre les FDLR, des offensives qui ont été affaiblies par la mutinerie du M23 que le rapport des Experts des Nations-Unies accuse expressis verbis de pactiser avec ces fameux FDLR.
Il convient de rappeler que ce rapport de l’ONU stipule en outre qu'il n'y a aucune preuve d’un quelconque appui des autorités congolaises à cette force négative. La détermination de notre Gouvernement à éradiquer les FDLR du sol congolais ne souffre d’aucune ambigüité.
Que ces résidus de rebelles rwandais seraient venus du territoire congolais, ne doit en aucun cas laisser croire à une quelconque facilitation des forces gouvernementales congolaises en leur faveur. L’hypothèse est d’autant plus impossible que la région de Kibumba d’où ils seraient venus est sous le contrôle des mutins du M23 depuis plus de deux semaines. Ce fait constitue à lui seul une illustration supplémentaire de l’indispensable nécessité qu’il y a à déployer le plus rapidement possible la Force Internationale Neutre initiée par la CIRGL et adoptée par l’Union Africaine à l’effet de sécuriser la frontière entre le Rwanda et la RDC.
II. APPEL AU M23 A QUITTER LA VILLE DE GOMA
L’objectif du Gouvernement congolais n'a jamais été de guerroyer. Nous attendons reconstruire la paix chez nous et dans la région. Voilà pourquoi le Président de la République Démocratique du Congo s'est inscrit à Kampala dans une démarche de réduction de la tension, d'écoute et de réévaluation de l'accord du 23 mars 2009 qu'on a prétendu aux tout premiers jours des affrontements, être à l'origine du conflit. Cette démarche qui a fait l’unanimité au sein de la CIRGL et de l’Union Africaine a abouti à des décisions impératives dont la plus importante est le départ de Goma et de ses environs immédiats des éléments du M23. C’est le lieu de rappeler que c’est l’effectivité de ce retrait qui ouvrira la voie à cette réévaluation, pas l'inverse.
Même si ce retrait a été annoncé depuis quelques heures, nous attendons d’en visualiser l’effectivité car les éléments du M23 et ceux qui les soutiennent nous ont habitué aux faux-fuyants et aux promesses non tenues. Il est encore trop tôt pour amorcer le débat sur la réévaluation de l'accord de 2009. Qu’il nous soit permis cependant d’observer que la formulation des revendications du M23 a changé de jour en jour depuis leur occupation du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. De nouvelles conditions parfois tirées de la très prolixe rubrique des faits divers de la presse, et de la rumeur, kinoises ruinent la crédibilité de leurs auteurs. On apprend ainsi que ce n’est plus la mauvaise application des accords du 23 mars 2009 avec 55 groupes armés du Kivu qui justifie la mutinerie mais la tentative d’assassinat par des inconnus de notre compatriote le Docteur Mukwege de l'hôpital de Panzi au Sud-Kivu. Cet événement, il faut le rappeler, est survenu trois ans après les accords de 2009 et près de 4 mois après le lancement de la mutinerie…
Peu au fait des réalités kinoises, les portes-voix des M23 ont ajouté à leurs nouvelles conditions la libération du leader de l’UDPS M. Etienne Tshisekedi, une personnalité qui n’a jamais été arrêté, ni placé en résidence surveillée. De l’opportunisme à la petite semaine.
Autres exigences du M23 qui fait décidément feu de tout bois en surfant avec ses bombes et ses mitraillettes sur les thèmes en vogue dans le riche débat démocratique et de société de la RDC : l’arrestation du général Numbi dans le cadre de l’affaire Chebeya du nom d’un activiste des droits de l’homme trouvé mort à Kinshasa début juin 2010 et la dissolution de la CENI. On ne comprend pas trop la rationalité de telles exigences au moment où un procès judiciaire en bonne et due forme est occupé à élucider l’affaire Chebeya et où la dynamique entamée au Parlement pour la révision de la loi portant création et composition de la Commission électorale en vue d’une réforme radicale de celle-ci est en cours.
Ces manœuvres de distraction ne feront jamais oublier au peuple congolais que les éléments du M23 ont ramené à la surface des abominations et des horreurs que notre peuple s’est juré de ne plus revivre. Cette agitation est donc de la peine perdue. L’Histoire ne bégaiera pas au Congo.
La réévaluation de l'accord du 23 mars 2009 n’amènera pas ce pays à exonérer de leurs responsabilités les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui ont été dénoncés notamment par L'ONU.
III. SOLIDARITÉ AVEC LES VICTIMES DE LA GUERRE
La région des Grands Lacs, l’Union Africaine et la Communauté internationale ont exprimé, chacun à sa manière, leur solidarité avec le peuple et l'Etat congolais. La France a ainsi fait adopter au Conseil de sécurité la Résolution 2021 qui condamne les attaques du M23 contre la RDC et demande aux pays étrangers qui soutiennent ce groupe de mettre fin à un tel soutien. Par la voix de son Ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, la France a réclamé une révision du mandat des 17.000 Casques bleus déployés en RDC, estimant à bon escient que "déployer 17.000 hommes et fixer un mandat qui ne permet pas d'intervenir, c'est absurde".
Les Etats-Unis ont pour leur part récemment condamné "la violation de la souveraineté de la RDC" et appelé Kigali à "amener le M23 à se retirer et faire en sorte qu'il ne bénéficie plus de soutien extérieur".
Le Gouvernement est sensible à ces marques de solidarité avec notre peuple et exprime sa reconnaissance à ces partenaires.
Suite aux combats de ces derniers jours, une véritable catastrophe humanitaire s’observe au Nord-Kivu avec de nouveaux mouvements impromptus et incontrôlés de populations déplacées notamment dans les camps de Kanyaruchinya et Mugunga. Sur le plan humain, il y a en plus des morts directes consécutives aux affrontements armés, un désastre humanitaire indescriptible impliquant plus de 300.000 personnes exposées depuis avril 2012 à l’errance, aux intempéries, aux maladies, privées de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux, etc. Suite à la coupure générale d’alimentation en énergie électrique provoquée intentionnellement par les éléments du M23, tous les stocks de vaccin prévus pour différentes campagnes de vaccination au Nord-Kivu ont été endommagés. De sources hospitalières et municipales, les assassinats ciblés perpétrés par le M23 ont coûté la vie à plus de 64 Congolais rien que dans la seule ville de Goma pendant les quelques jours d’occupation de cette ville. 228 civils grièvement blessés par balles ou à la baïonnette ont été reçus dans différentes formations médicales du chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
La dernière victime en date de ces pogroms est Monsieur Uzaribara Mashano, abattu à bout portant sur le site de l’Hôtel Karibu par des éléments du M23. Cet ignoble assassinat a eu lieu cette nuit vers 1h30’ du matin c’est-à-dire quelques heures après le discours spécieux du sieur Runiga sur les prétendues motivations humanitaires de la pseudo-mutinerie.
Fait grave : à l'Hôpital militaire de Katindo des éléments du M23 ont enlevé à la pointe des armes tous les blessés de guerre des FARDC dont aucun n’a donné signe de vie à ses proches jusqu’au moment où nous parlons. Plusieurs centaines d’enfants de moins de dix sept ans ont été contraints de s’enrôler dans les rangs des éléments du M23. Il s’agit bien de cas avérés de crime de guerre qui doivent, du point de vue du Gouvernement, être traités comme tels.
La RDC attend de tous ses amis et de toutes les bonnes volontés dans la région, en Afrique et dans le monde, une solidarité concrète pour permettre à la Justice de passer et soulager les souffrances indicibles endurées par sa population au Nord-Kivu. Nous en appelons également à des élans internes d’une solidarité nationale utile pour la même fin.
IV. DES PILLAGES PERPETRES PAR LE M23 A GOMA
Il faut malheureusement ajouter à ce tableau de détresse des informations faisant état de razzias systématiques perpétrées dans la ville de Goma occupée, par les rebelles du M23 et leurs complices.
Ainsi, depuis le 20 novembre 2012, date de l’entrée des mutins et de leurs accompagnateurs à Goma, plusieurs résidences officielles, entrepôts et véhicules d’entreposage de carburant, véhicules 4 x 4 officiels et privés, ont été systématiquement pillés avant d’être emportés vers une destination inconnue hors du territoire de la RDC. Ce n’est plus un secret, parce que quiconque connaît un parent qui vit à Goma sait que les résidences de la plupart des autorités politico-administratives du Nord-Kivu ont été occupées par les responsables du M23 qui, jusqu’à hier, s’y prélassaient encore.
L’Hôpital militaire de Katindo dont il a été question ci-dessus a été littéralement canibalisé le 25 novembre dans la nuit par des casseurs du M23 qui sont allés jusqu’à démonter les installations d’une morgue moderne d’une capacité de douze dépouilles mortelles récemment acquise par les autorités congolaises. Les pièces de l’installation ainsi démontées ont été emmenées hors de notre pays par ceux qui osent sans rire se qualifier eux-mêmes de patriotes congolais!
L’imposant charroi automobile affecté par le Gouvernement à l’Office des Routes pour la construction et la réfection du réseau routier du Nord-Kivu a tout simplement disparu entre les mains des sbires du M23. Il en est de même des véhicules de l’Office des Voieries et Drainages en charge des travaux publics dans la municipalité de Goma et de ceux de la PNC. Tous ces véhicules prendraient la direction d’un poste frontalier proche d’où aucun n’est encore revenu à ce jour. Dans le même temps, ces bandits ont cassé les bureaux relevant du Ministère des Finances à Goma et fait main basse sur 300 plaques d’immatriculation de véhicules sans doute pour couvrir leurs rapines.
L’immeuble abritant l'assemblée provinciale a été pillé de fond en comble. Ces biens publics et privés emportés vers l’étranger feront, nous y comptons bien, l’objet de procédures de restitutions en bonne et due forme. Les stocks de minerais qui étaient saisis par les services de l’Etat ont aussi traversé la frontière alors qu’ils étaient frappés par une interdiction d'exportation du fait de la non déclaration du site de provenance. De nouveaux crimes économiques contre la RDC.
Une tentative de pillage de la chambre forte de la Banque Centrale à Goma débutée dimanche dans la journée avait échoué jusqu’à hier soir mais les coups de burins et les marteaux piqueurs se sont relayés même de nuit avec de puissants groupes électrogènes installés autour de l’institution bancaire. Avant ce braquage, les recettes de l’équivalent de la DGRAD au Nord-Kivu ont été emportées après le pillage par ces drôles de libérateurs de la résidence et des bureaux du gouvernorat de cette province.
Des dizaines de véhicules et de camions remorques sont dédouanées à vil prix avec la bénédiction des rebelles du M23. Le coût du dédouanement d’un véhicule varie entre 300 et 3000 USD, selon l’humeur et l’intérêt du rebelle présent sur ce site stratégique. Les sources du Gouvernement estiment à plus ou moins 20 véhicules par jour les dédouanements effectués à la douane dite de la Grande Barrière. A l’autre poste douanier, celui de la Petite Barrière, ce sont près de 30 véhicules qui sont dédouanés à vil prix par jour, après que les plaques du pays d’origine aient été retirées.
Tout en réaffirmant sa disponibilité à réexaminer le niveau d’exécution des accords conclu avec les groupes armés du Kivu et à répondre aux griefs légitimes formulés en rapport avec lesdits accords, dès que Goma sera libre de toute occupation irrégulière, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo entend voir les auteurs de tels actes de barbarie en répondre devant la Justice tant nationale qu’internationale. Plus que jamais le Gouvernement considère la lutte contre l’impunité comme une priorité car c’est bien l’impunité qui est à la base de tous les malheurs qui s’abattent actuellement sur notre pays et son peuple.-
Je vous remercie.
I. INCURSION DES FDLR AU RWANDA
Des allégations d’incursion au Rwanda tôt mardi matin, de rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont parvenues au Gouvernement congolais. Selon l'information relayée par la presse, lesdits rebelles seraient venus du territoire de la RDC, plus exactement dans la zone de Kibumba. Un groupe armé congolais assimilé aux forces négatives a même déclaré apporter son appui à cette action. À ce sujet, le Gouvernement tient à signaler qu’il n’existe aucune forme de collaboration entre les forces négatives FDLR et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo. Au cours de ces dernières années, les FARDC ont engagé de rudes offensives contre ces forces négatives rwandaises suite à la décision du Gouvernement de les expulser du territoire congolais. La République Démocratique du Congo s’est du reste joint aux efforts diplomatiques entrepris pour obtenir le tarissement des soutiens dont les FDLR bénéficiaient depuis l’extérieur. Les FDLR à notre connaissance n'auraient plus qu'un effectif de quelques 1 500 combattants tant au Nord-Kivu qu’au Sud-Kivu. Ceux qui les commandent sont connus. Il s’agit de Pacifique Ntawhunguka, au Nord-Kivu et Hamada Habimana au Sud Kivu. Ils sont activement recherchés par la justice congolaise car les crimes qu’ils ont commis contre les populations de la RDC sont d’une atrocité inimaginable.
Le rapport des experts de l'ONU sur la République Démocratique du Congo confirme, si besoin en est encore l'efficacité des offensives militaires et diplomatiques de la RDC contre les FDLR, des offensives qui ont été affaiblies par la mutinerie du M23 que le rapport des Experts des Nations-Unies accuse expressis verbis de pactiser avec ces fameux FDLR.
Il convient de rappeler que ce rapport de l’ONU stipule en outre qu'il n'y a aucune preuve d’un quelconque appui des autorités congolaises à cette force négative. La détermination de notre Gouvernement à éradiquer les FDLR du sol congolais ne souffre d’aucune ambigüité.
Que ces résidus de rebelles rwandais seraient venus du territoire congolais, ne doit en aucun cas laisser croire à une quelconque facilitation des forces gouvernementales congolaises en leur faveur. L’hypothèse est d’autant plus impossible que la région de Kibumba d’où ils seraient venus est sous le contrôle des mutins du M23 depuis plus de deux semaines. Ce fait constitue à lui seul une illustration supplémentaire de l’indispensable nécessité qu’il y a à déployer le plus rapidement possible la Force Internationale Neutre initiée par la CIRGL et adoptée par l’Union Africaine à l’effet de sécuriser la frontière entre le Rwanda et la RDC.
II. APPEL AU M23 A QUITTER LA VILLE DE GOMA
L’objectif du Gouvernement congolais n'a jamais été de guerroyer. Nous attendons reconstruire la paix chez nous et dans la région. Voilà pourquoi le Président de la République Démocratique du Congo s'est inscrit à Kampala dans une démarche de réduction de la tension, d'écoute et de réévaluation de l'accord du 23 mars 2009 qu'on a prétendu aux tout premiers jours des affrontements, être à l'origine du conflit. Cette démarche qui a fait l’unanimité au sein de la CIRGL et de l’Union Africaine a abouti à des décisions impératives dont la plus importante est le départ de Goma et de ses environs immédiats des éléments du M23. C’est le lieu de rappeler que c’est l’effectivité de ce retrait qui ouvrira la voie à cette réévaluation, pas l'inverse.
Même si ce retrait a été annoncé depuis quelques heures, nous attendons d’en visualiser l’effectivité car les éléments du M23 et ceux qui les soutiennent nous ont habitué aux faux-fuyants et aux promesses non tenues. Il est encore trop tôt pour amorcer le débat sur la réévaluation de l'accord de 2009. Qu’il nous soit permis cependant d’observer que la formulation des revendications du M23 a changé de jour en jour depuis leur occupation du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. De nouvelles conditions parfois tirées de la très prolixe rubrique des faits divers de la presse, et de la rumeur, kinoises ruinent la crédibilité de leurs auteurs. On apprend ainsi que ce n’est plus la mauvaise application des accords du 23 mars 2009 avec 55 groupes armés du Kivu qui justifie la mutinerie mais la tentative d’assassinat par des inconnus de notre compatriote le Docteur Mukwege de l'hôpital de Panzi au Sud-Kivu. Cet événement, il faut le rappeler, est survenu trois ans après les accords de 2009 et près de 4 mois après le lancement de la mutinerie…
Peu au fait des réalités kinoises, les portes-voix des M23 ont ajouté à leurs nouvelles conditions la libération du leader de l’UDPS M. Etienne Tshisekedi, une personnalité qui n’a jamais été arrêté, ni placé en résidence surveillée. De l’opportunisme à la petite semaine.
Autres exigences du M23 qui fait décidément feu de tout bois en surfant avec ses bombes et ses mitraillettes sur les thèmes en vogue dans le riche débat démocratique et de société de la RDC : l’arrestation du général Numbi dans le cadre de l’affaire Chebeya du nom d’un activiste des droits de l’homme trouvé mort à Kinshasa début juin 2010 et la dissolution de la CENI. On ne comprend pas trop la rationalité de telles exigences au moment où un procès judiciaire en bonne et due forme est occupé à élucider l’affaire Chebeya et où la dynamique entamée au Parlement pour la révision de la loi portant création et composition de la Commission électorale en vue d’une réforme radicale de celle-ci est en cours.
Ces manœuvres de distraction ne feront jamais oublier au peuple congolais que les éléments du M23 ont ramené à la surface des abominations et des horreurs que notre peuple s’est juré de ne plus revivre. Cette agitation est donc de la peine perdue. L’Histoire ne bégaiera pas au Congo.
La réévaluation de l'accord du 23 mars 2009 n’amènera pas ce pays à exonérer de leurs responsabilités les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui ont été dénoncés notamment par L'ONU.
III. SOLIDARITÉ AVEC LES VICTIMES DE LA GUERRE
La région des Grands Lacs, l’Union Africaine et la Communauté internationale ont exprimé, chacun à sa manière, leur solidarité avec le peuple et l'Etat congolais. La France a ainsi fait adopter au Conseil de sécurité la Résolution 2021 qui condamne les attaques du M23 contre la RDC et demande aux pays étrangers qui soutiennent ce groupe de mettre fin à un tel soutien. Par la voix de son Ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, la France a réclamé une révision du mandat des 17.000 Casques bleus déployés en RDC, estimant à bon escient que "déployer 17.000 hommes et fixer un mandat qui ne permet pas d'intervenir, c'est absurde".
Les Etats-Unis ont pour leur part récemment condamné "la violation de la souveraineté de la RDC" et appelé Kigali à "amener le M23 à se retirer et faire en sorte qu'il ne bénéficie plus de soutien extérieur".
Le Gouvernement est sensible à ces marques de solidarité avec notre peuple et exprime sa reconnaissance à ces partenaires.
Suite aux combats de ces derniers jours, une véritable catastrophe humanitaire s’observe au Nord-Kivu avec de nouveaux mouvements impromptus et incontrôlés de populations déplacées notamment dans les camps de Kanyaruchinya et Mugunga. Sur le plan humain, il y a en plus des morts directes consécutives aux affrontements armés, un désastre humanitaire indescriptible impliquant plus de 300.000 personnes exposées depuis avril 2012 à l’errance, aux intempéries, aux maladies, privées de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux, etc. Suite à la coupure générale d’alimentation en énergie électrique provoquée intentionnellement par les éléments du M23, tous les stocks de vaccin prévus pour différentes campagnes de vaccination au Nord-Kivu ont été endommagés. De sources hospitalières et municipales, les assassinats ciblés perpétrés par le M23 ont coûté la vie à plus de 64 Congolais rien que dans la seule ville de Goma pendant les quelques jours d’occupation de cette ville. 228 civils grièvement blessés par balles ou à la baïonnette ont été reçus dans différentes formations médicales du chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
La dernière victime en date de ces pogroms est Monsieur Uzaribara Mashano, abattu à bout portant sur le site de l’Hôtel Karibu par des éléments du M23. Cet ignoble assassinat a eu lieu cette nuit vers 1h30’ du matin c’est-à-dire quelques heures après le discours spécieux du sieur Runiga sur les prétendues motivations humanitaires de la pseudo-mutinerie.
Fait grave : à l'Hôpital militaire de Katindo des éléments du M23 ont enlevé à la pointe des armes tous les blessés de guerre des FARDC dont aucun n’a donné signe de vie à ses proches jusqu’au moment où nous parlons. Plusieurs centaines d’enfants de moins de dix sept ans ont été contraints de s’enrôler dans les rangs des éléments du M23. Il s’agit bien de cas avérés de crime de guerre qui doivent, du point de vue du Gouvernement, être traités comme tels.
La RDC attend de tous ses amis et de toutes les bonnes volontés dans la région, en Afrique et dans le monde, une solidarité concrète pour permettre à la Justice de passer et soulager les souffrances indicibles endurées par sa population au Nord-Kivu. Nous en appelons également à des élans internes d’une solidarité nationale utile pour la même fin.
IV. DES PILLAGES PERPETRES PAR LE M23 A GOMA
Il faut malheureusement ajouter à ce tableau de détresse des informations faisant état de razzias systématiques perpétrées dans la ville de Goma occupée, par les rebelles du M23 et leurs complices.
Ainsi, depuis le 20 novembre 2012, date de l’entrée des mutins et de leurs accompagnateurs à Goma, plusieurs résidences officielles, entrepôts et véhicules d’entreposage de carburant, véhicules 4 x 4 officiels et privés, ont été systématiquement pillés avant d’être emportés vers une destination inconnue hors du territoire de la RDC. Ce n’est plus un secret, parce que quiconque connaît un parent qui vit à Goma sait que les résidences de la plupart des autorités politico-administratives du Nord-Kivu ont été occupées par les responsables du M23 qui, jusqu’à hier, s’y prélassaient encore.
L’Hôpital militaire de Katindo dont il a été question ci-dessus a été littéralement canibalisé le 25 novembre dans la nuit par des casseurs du M23 qui sont allés jusqu’à démonter les installations d’une morgue moderne d’une capacité de douze dépouilles mortelles récemment acquise par les autorités congolaises. Les pièces de l’installation ainsi démontées ont été emmenées hors de notre pays par ceux qui osent sans rire se qualifier eux-mêmes de patriotes congolais!
L’imposant charroi automobile affecté par le Gouvernement à l’Office des Routes pour la construction et la réfection du réseau routier du Nord-Kivu a tout simplement disparu entre les mains des sbires du M23. Il en est de même des véhicules de l’Office des Voieries et Drainages en charge des travaux publics dans la municipalité de Goma et de ceux de la PNC. Tous ces véhicules prendraient la direction d’un poste frontalier proche d’où aucun n’est encore revenu à ce jour. Dans le même temps, ces bandits ont cassé les bureaux relevant du Ministère des Finances à Goma et fait main basse sur 300 plaques d’immatriculation de véhicules sans doute pour couvrir leurs rapines.
L’immeuble abritant l'assemblée provinciale a été pillé de fond en comble. Ces biens publics et privés emportés vers l’étranger feront, nous y comptons bien, l’objet de procédures de restitutions en bonne et due forme. Les stocks de minerais qui étaient saisis par les services de l’Etat ont aussi traversé la frontière alors qu’ils étaient frappés par une interdiction d'exportation du fait de la non déclaration du site de provenance. De nouveaux crimes économiques contre la RDC.
Une tentative de pillage de la chambre forte de la Banque Centrale à Goma débutée dimanche dans la journée avait échoué jusqu’à hier soir mais les coups de burins et les marteaux piqueurs se sont relayés même de nuit avec de puissants groupes électrogènes installés autour de l’institution bancaire. Avant ce braquage, les recettes de l’équivalent de la DGRAD au Nord-Kivu ont été emportées après le pillage par ces drôles de libérateurs de la résidence et des bureaux du gouvernorat de cette province.
Des dizaines de véhicules et de camions remorques sont dédouanées à vil prix avec la bénédiction des rebelles du M23. Le coût du dédouanement d’un véhicule varie entre 300 et 3000 USD, selon l’humeur et l’intérêt du rebelle présent sur ce site stratégique. Les sources du Gouvernement estiment à plus ou moins 20 véhicules par jour les dédouanements effectués à la douane dite de la Grande Barrière. A l’autre poste douanier, celui de la Petite Barrière, ce sont près de 30 véhicules qui sont dédouanés à vil prix par jour, après que les plaques du pays d’origine aient été retirées.
Tout en réaffirmant sa disponibilité à réexaminer le niveau d’exécution des accords conclu avec les groupes armés du Kivu et à répondre aux griefs légitimes formulés en rapport avec lesdits accords, dès que Goma sera libre de toute occupation irrégulière, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo entend voir les auteurs de tels actes de barbarie en répondre devant la Justice tant nationale qu’internationale. Plus que jamais le Gouvernement considère la lutte contre l’impunité comme une priorité car c’est bien l’impunité qui est à la base de tous les malheurs qui s’abattent actuellement sur notre pays et son peuple.-
Je vous remercie.
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