J’entends vos légitimes aspirations à
l’émergence de la République Démocratique du Congo comme un Etat fort, puissant
et stable, induisant la prospérité et la paix pour ses populations et pour
toute notre sous-région. Votre patriotisme, votre volonté inébranlable de vivre
ensemble au-delà de la riche diversité culturelle de nos ethnies, votre
disponibilité à créer et innover, votre génie pour entreprendre, votre culture
pacifique, … sont les meilleurs atouts de cette « terre d’espoir ».
En me proposant à vos suffrages, je
voudrais être porteur de la fierté, des défis et du rêve congolais. Défis et
rêve pour une autre façon de renforcer l’unité de la Nation et de refonder
l’Etat, de les raffermir intégralement
et durablement.
Ces défis et rêves, les Congolaises et les
Congolais les portent partout où ils se trouvent, au pays comme à l’étranger.
C’est pourquoi, je ne peux m’empêcher de saisir cette opportunité pour saluer
nos compatriotes de la diaspora qui, quel que soit leur statut ou leurs
conditions, participent au développement du pays et méritent, pour cela, tout
notre soutien à leurs revendications non seulement pour
le droit au vote à l’étranger, mais aussi pour la considération de leurs
attaches d’origine lorsqu’ils reviennent au pays. En effet, il ne faudrait pas
que lorsque nos compatriotes de la diaspora reviennent au pays, ils soient
traités comme des étrangers.
Chers Compatriotes,
En cette circonstance solennelle,
j’entrevois vos craintes et vos peurs, que les événements récents traduisent.
Vous vous demandez avec raison notamment si les élections démocratiques doivent
toujours être l’occasion de violences, d’agressions et autres actes de
vandalisme entraînant blessures, pertes en vies humaines, dégâts matériels, et
autres violations graves des libertés fondamentales et des droits
humains. Peurs et craintes d’une démocratie piégée par la tricherie, la
falsification, le mensonge, le crépitement des armes à feu, l’usage des armes
blanches ; une démocratie endeuillée par des tueries, suspectée de
forfaiture...
|
Mme Babandoa |
Le combat démocratique n’est pas celui-là.
C’est pourquoi je dénonce fermement de telles pratiques qui risquent de
décrédibiliser notre jeune démocratie. J’en appelle donc à l’implication de
toutes les Congolaises et de tous les Congolais ainsi que de toutes les
institutions et autorités publiques pour des élections réellement libres,
transparentes, démocratiques et apaisées. Je regrette et dénonce l’absence de
débat politique qui seul est susceptible, dans un esprit élevé de dialogue dans
la tolérance, d’éviter le recours à la force des muscles et des armes en faveur
de la confrontation pacifique et mutuellement enrichissante des idées. Il n’est
pas possible de renforcer autrement la démocratie qui ne peut jamais se
régénérer sans débat, sans transparence et sans possibilité d’une saine
alternance.
Le débat et la transparence sont
indispensables pour réduire l’obscurantisme et le clientélisme dans le jeu
électoral. Mon expérience parlementaire au perchoir où toutes les forces
politiques du pouvoir comme de l’opposition avaient également droit à la
parole, démontre sans équivoque mon attachement au débat et à la transparence
démocratiques qui sont par ailleurs les meilleurs outils pour le rassemblement
et la sérénité des 70.000.000 de congolais. Ma perception à cet égard n’a pas
changé. Je crois profondément que l’on ne peut gérer un pays de plus de 400
ethnies et de presque autant de partis politiques, sans un leadership fort et rassembleur.
Rassembler au-delà des provinces, des
ethnies, des clivages partisans ou
idéologiques, voire au-delà des clivages sociaux et religieux pour se mettre
« au milieu du village », à l’écoute de notre peuple dont environ 90%
se trouve aujourd’hui précarisé et marginalisé.
Rassembler au-delà de ces clivages, c’est
ce qu’impose la fonction présidentielle. Certes, la démarche est rendue plus
difficile dans le cadre d’un scrutin à un tour qui, du fait de la dispersion
des candidats et des votes, peut réduire significativement l’assiette
électorale de légitimité d’un Président de la République qui ne serait élu au
suffrage universel que par une infime portion du corps électoral. Il est à
craindre que cette situation écorne gravement le leadership du prochain
Président de la République, le fasse apparaître comme le Président d’une
faction partisane ou d’une partie du territoire, et rende à terme ingouvernable
le pays. Aussi cette formule devrait-elle être corrigée au cours de la
prochaine législature pour redonner au Président de la République une large
légitimité.
|
Vital Kamerhe et André-Claudel Lubaya |
En attendant, la meilleure correction à
lui apporter réside dans la fédération des efforts et des forces. C’est
précisément ce que l’U.N.C., le parti que je préside et moi-même nous efforçons
de proposer à nos frères et sœurs qui luttent avec nous dans l’opposition pour
vaincre le candidat de l’actuelle majorité présidentielle et assurer une
alternance politique efficiente. Les échanges se poursuivent dans ce sens avec
les partis du groupe dit de « Sulutani » et ceux de la coalition
« AVK ». Quant aux partis du groupe dit de « Fatima », son
leader, Monsieur Etienne Tshisekedi, a
décidé, comme chacun l’a entendu, de mettre fin aux consultations en vue de la
désignation d’un candidat unique ou commun de l’opposition, estimant qu’il
n’est pas indispensable pour l’opposition de se présenter en bloc pour battre les tenants du pouvoir en
place.
Cependant, la sagesse ancestrale enseigne
que « musapi mosi ke kufwuaka nginia ve », « kidole kimoja
hakiuwi chawa » (un seul doigt ne peut écraser un pou), ou encore
« bungi mbupita bulobu » (le nombre dépasse la force), « nkunde
ya bangi, ibobela ne mata » (les haricots qui résistent à la cuisson
se ramollissent sous la pression persistante de plusieurs), « mosapi
moko esukolaka elongi te » (un seul doigt ne suffit à nettoyer le visage).
L’union fait la force.
C’est pourquoi, je reste convaincu de la
nécessité de poursuivre nos échanges avec les autres forces de l’opposition
pour lutter ensemble autour d’un programme commun, contre un adversaire
commun. Aussi, malgré le dépôt de ma
candidature, je reste ouvert au dialogue avec les autres candidats de
l’opposition. C’est ainsi que je remercie l’Honorable Ne Muanda Nsemi qui,
après nous avoir rejoints, a à plusieurs reprises tenté de rapprocher Monsieur
Etienne Tshisekedi et votre humble serviteur. Malgré la prise de position
d’Etienne Tshisekedi, je m’engage à poursuivre ces efforts de pourparlers
jusqu’au bout avec l’UDPS.
De même, les pourparlers se poursuivront
avec Jean-Pierre Bemba du MLC et le Président Léon Kengo wa Dondo de l’Union des Forces du Changement - UFC -, qui sont
tous les deux candidats Président de la République et avec qui nous avons signé
un programme commun de gouvernement dans le cadre du groupe de « Sulutani ».
Dans le même ordre d’idée, je compte aussi
engager des pourparlers avec Monsieur Nzanga Mobutu qui a déposé sa candidature
ce matin, ainsi qu’avec Monsieur Mbusa Nyamwisi, président du RCD-KML.
C’est pour moi ici l’occasion de remercier
mon aîné Pierre Pay-Pay Wa Syakasighe pour le soutien qu’il m’a spontanément
apporté en renonçant à sa propre candidature et pour avoir demandé aux autres
leaders d’en faire autant. Je le remercie pour ce geste patriotique et
inoubliable posé lors du 1er Congrès ordinaire de l’UNC, mon Parti.
Très chers compatriotes ;
Vous prenant à témoin, j’invite donc les
autres forces politiques de l’opposition qui luttent avec nous pour réaliser ce
changement, à ne pas se tromper d’adversaire, à mobiliser toutes leurs
intelligences et toutes leurs énergies, pour porter à son terme cette bataille
patriotique ; bataille que nous,
forces de l’opposition, sommes sûrs de gagner.
|
Des membres de l'Unc |
En effet, notre adversaire, c’est bien le
leadership actuellement au pouvoir que nous devons tous combattre en disséquant
le passif de son action à la tête du pays, action dont la faillite n’est plus à
démontrer. Persistance de l’insécurité et des violations graves des droits de
la personne à travers le pays et singulièrement dans la partie Est du
territoire national. Absence de volonté politique pour réformer l’armée, la
police, les services de sécurité, la justice, l’administration publique.
Opacité et incohérences de nos politiques diplomatiques et de
coopération ; de nos politiques économiques, agricoles, industrielles et
des services ; de nos politiques dans les domaines de l’éducation, de la
santé, du social, de la culture et des arts, du sport, etc. Impunité et
renforcement des antivaleurs. Opacité flagrante dans le financement des cinq chantiers.
Scandale d’un pays aux fortes potentialités hydrauliques et énergétiques, où
cependant les populations sont pauvrement desservies en eaux et en électricité.
Scandale d’une gouvernance qui peine à donner du travail à ses populations
actives, parmi lesquelles des jeunes, dont malheureusement une partie, écrasée
par l’oisiveté, les frustrations et le désespoir, se réfugie dans le banditisme
urbain et est instrumentalisée pour crédibiliser une politique dite de
« tolérance zéro ». Clientélisme, gabegies, prévarications,
corruption, impunité, etc. Voilà ce qui caractérise la gouvernance
actuelle !
Très chers compatriotes,
Le combat de l’opposition consiste non
seulement à dénoncer ces fléaux, mais aussi à proposer à notre population des
alternatives crédibles.
C’est exactement ce que je ne cesse de
faire, depuis l’émergence de profondes divergences entre le pouvoir en place et
moi ; divergences dont tout notre
peuple a été témoin et qui m’ont conduit à démissionner de ma fonction de
Président de l’Assemblée nationale, à quitter le PPRD et à créer l’Union pour
la Nation Congolaise, l’UNC, parti de l’opposition.
Que l’opposition soit représentée par un
ou plusieurs candidats, ma démarche demeure la même. Ici encore une fois, la
sagesse ancestrale rendue notamment dans nos chansons et danses populaires
constatent que « mbwa azali na makolo minei, kasi akolanda se nzela
moko » (bien que ayant quatre pattes, le chien avance sur un seul
chemin).
Chers compatriotes ;
La fermeté de ma conviction et de mon
engagement pour ce combat, aujourd’hui dans l’opposition, demain au sommet de
l’Etat, grâce à vos suffrages, est inébranlable. Elle s’appuie sur la forte
volonté de changement, de liberté, de justice et de progrès qui anime la
majorité des Congolaises et des Congolais, dans nos villes et villages, en
provinces, à Kinshasa ou à l’étranger.
C’est à cette majorité de Congolaises et de Congolais, de tout horizon
politique, de toute condition sociale que je viens proposer ma candidature au
service de la Nation. Ma promesse est de montrer, par les actes, ma fidélité à
la conviction et à l’engagement qui me portent ici pour solliciter votre
soutien et vos suffrages. Avec chacune et chacun de vous, je voudrais relever
le défi du rêve congolais pour « un autre Congo possible ». Soyez-en,
d’ores et déjà, remerciés.
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