I. LES
TIRS SUR L’HELICOPTERE DE LA MONUSCO : UN NOUVEAU CRIME DE GUERRE DU M23
Vous le savez déjà, un hélicoptère de la Monusco a été
canardé vendredi 11 octobre dernier par des éléments du M23 près de Rumangabo au
Nord-Kivu. Cette attaque a été confirmée par le M23 dont un porte-parole nous a
même gratifié de précisions selon lesquelles c’est à la mitrailleuse que les rebelles ont attaqué l’appareil qu’ils avaient
pris pour un aéronef des FARDC. Cette déclaration va à contresens des
propos du même porte-parole du M23 selon lesquels l’hélicoptère ciblé survolait
la zone à très basse altitude. Si tel était le cas, l’hélicoptère était donc
très identifiable. Le M23 a en outre expliqué son geste par le fait que l’hélicoptère
de la MONUSCO suivait un itinéraire différent de celui emprunté habituellement
par les vols de reconnaissance de la Mission. Cela n’est pas une cause de
justification des tirs car aucune portion de l’espace aérien congolais n’est
interdite à la mission des Nations Unies ni soumis à une autorisation préalable
du M23.
Le Gouvernement de la RDC condamne cet acte qui constitue
une violation flagrante du Droit International. Pareil attaque ciblant les
forces des Nations Unies est assimilée à un crime de guerre aux termes des
Conventions de Genève et des Protocoles additionnels. Il importe que la
communauté internationale y réponde par des sanctions appropriées. Cet acte
d’agression de la mission onusienne par le M23 vendredi dernier constitue aussi
une violation flagrante des décisions des Etats membres de la Conférence
Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) qui, lors
du dernier sommet de Kampala, ont exigé à ce groupe armé, de mettre fin à toute
activité militaire.
Le Gouvernement de la RDC exprime toute sa solidarité
avec la MONUSCO et sa Brigade Internationale d’Intervention dont elle apprécie
la persévérance dans l’accomplissement de sa mission de protection des populations
civiles du Nord-Kivu qui ploient depuis plus d’une année sous le joug des
forces négatives du M23. Dans cette optique, nous saluons la décision de
déployer le maximum du personnel de la MONUSCO à l’Est de la RDC et nous
promettons une collaboration franche et loyale sur terrain au Général Abdalah
Wafi qui vient d’être désigné Représentant spécial adjoint du SG en charge de
l’Est.
II. NÉCESSITÉ
DE SANCTIONS DISSUASIVES ET CRÉDIBLES
Il y a quelques jours, faisant écho à
l’injonction du sommet de la CIRGL, le M23 avait lui-même annoncé sa décision
de déposer les armes et le retour de ses membres à la vie civile. À ce jour,
les Congolais écœurés constatent que contrairement à cet engagement solennel,
les mutins ont continué à se renforcer militairement, notamment en recrutant
des nouveaux combattants, dont des enfants, surtout au Rwanda, ainsi que l’ont
certifié la société civile du Nord-Kivu et les chefs de la MONUSCO. À la suite
de quoi, le gouvernement des Etats Unis a annoncé des sanctions contre le Rwanda pour avoir contribué à ces nouveaux recrutements
d’enfants - soldats.
L’efficacité de la stabilisation de la région
des Grands Lacs commande que les Nations Unies et tous les autres membres de la
Communauté internationale rompent avec l’indifférence et qu’ils se joignent à
cette réprobation du mépris du droit international et de la vie humaine affiché
par ceux qui ont créé et soutiennent la force négative M23.
C’est le lieu pour le gouvernement de la RDC
d’appeler la conscience universelle à se montrer intraitable face à
l’entêtement du M23 et de ses maîtres à penser au Rwanda.
Le dernier fait à cet égard est cette
transplantation irrégulière de plusieurs centaines de personnes non identifiées
du Rwanda vers la partie occupée du territoire de Rutshuru par le gouvernement
de ce pays voisin et le M23 ; des personnes présentées comme des réfugiés
congolais soudainement tellement pressés de rentrer chez eux que les combats
qu’ils avaient fui et qui sont toujours en cours dans cette zone
n’effraieraient plus. Une véritable histoire à dormir debout. Pour mémoire, alors
qu’il existe un accord tripartite RDC-Rwanda-HCR en bonne et due forme qui
encadre le rapatriement de cette catégorie de nos concitoyens, la décision de
Kigali d’organiser ce soi-disant rapatriement à l’insu de son partenaire, la
RDC, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle la première concernée
soulève pas mal de questionnements. La très organisée société civile du
Nord-Kivu vient d’attirer l’attention sur des données tendant à indiquer qu’il
s’agirait de personnes de nationalité rwandaise récemment expulsées de la
Tanzanie et qui seraient encadrées par des personnes armées qui pourraient être
des officiels rwandais en mission très spéciale. Notre Gouvernement qui prend
au sérieux ces indications est occupé à les vérifier mais le silence de nos
collègues rwandais à ce sujet n’est pas très rassurant.
Il est désagréable dans ces circonstances de constater
que l’activisme criminel du M23 se trouve parfois encouragé par les messages
contradictoires émis par un certain nombre de nos partenaires. Dire comme on
l’entend trop souvent que le M23 n’est pas la seule force négative dans la
région, que la solution militaire n’est pas possible pour pacifier le Kivu, ou
encore qu’il faut réintégrer inconditionnellement tous les mutins du M23 au
sein des FARDC, est contreproductif au regard des efforts de dissuasion qui
sont les plus efficients dans le cas d’espèce. De tels messages envoient le
mauvais signal de l’impunité et de la prime à la criminalité dont on sait
qu’elles sont les principaux vecteurs des fléaux des séditions et des sévices dans
notre pays. Plus de fermeté s’impose dans l’application de la Résolution 2098 du
Conseil de Sécurité qui exige expressis
verbis l’éradication des forces négatives M23 et autres.
Tout message équivoque à l’égard des groupes armés
irréguliers, quels qu’ils soient, est un encouragement à persévérer dans les
pratiques négatives auxquelles elles s’adonnent. Il est souhaitable que nos
partenaires de la communauté internationale soient plus attentifs à cet aspect
des choses.
III.
RÉCIDIVISME ET IMPÉTINENCE DU M23
Faisant continuellement fi des recommandations et
décisions des Chefs d’Etat de la CIRGL, les rebelles du M23 ont jusqu’à ce jour,
poursuivi leurs activités militaires à partir de bases arrière situées
principalement au Rwanda. Leurs positions dans de localités occupées du
Nord-Kivu continuent à être renforcées, des trous de fusiliers continuent à
être creusés, des renforts en hommes, parmi lesquels des enfants soldats
continuent à affluer du Rwanda. Si ce n’est pas pour relancer l’agression, on
se demande bien pourquoi.
Sur le recrutement d’enfants soldats, qui constitue un
crime de guerre sanctionné par le droit international depuis l’entrée en
vigueur de la Cour Pénale Internationale en 2002, les
rapports de la société civile locale et des ONG internationales sont explicites
et corroborent les observations de la Mission des Nations Unies pour la
stabilisation du Congo (MONUSCO) et de nos services.
Tous ceux qui, au Rwanda, s’évertuent à apporter appui
et soutien à ces recrutements d’adultes ou d’enfants pour la déstabilisation de
la RDC bafouent l’Accord-cadre d’Addis-Abeba dont ce pays, membre des Nations
Unies, de l’Union Africaine et de la CIRGL est signataire. De plus, ils foulent
aux pieds les lois internationales qui interdisent strictement l’utilisation
d’enfants dans des conflits armés.
Ici également, comme dans plusieurs autres cas, il faut,
hélas, déplorer la complaisance de la communauté internationale qui s’illustre
par une application sélective des sanctions contre ceux de ses membres en
conflit avec le droit international. Une situation de deux poids deux mesures
que le Président de la République, Joseph Kabila, a eu à dénoncer à la tribune
de l’Assemblée Générale des Nations-Unies à New York.
Le silence observé à ce sujet entretient une dangereuse
zone de non droit qui est un vivier criminel déstabilisateur de la région des
Grands Lacs. Cet état des choses est entretenu par les réactions disparates
illustrées par l’adoption d’une multitude de résolutions et recommandations
dont la mise en application est fragilisée par une multitude d’exceptions et
d’arrangements ponctuels en sens contraire qui se substituent aussitôt auxdites
résolutions et recommandations.
Pour le gouvernement congolais, il n’est pas possible d’assurer
une protection universelle crédible des enfants contre leur recrutement dans
les groupes armés si un tel recrutement est condamné dans certains pays et toléré
dans d’autres. On ne peut sérieusement vouloir instaurer la paix dans la région
des Grands Lacs si, dans le même temps, on ne sanctionne que du bout des lèvres
ceux qui créent et entretiennent délibérément le M23 au Nord Kivu et qui,
depuis quelques mois, s’efforcent, selon tous les renseignements disponibles,
de lancer toujours au départ du Rwanda une offensive de déstabilisation de la
province du Sud Kivu avec d’autres groupes criminels qu’ils organisent. Nous
sommes suffisamment au fait de ces manœuvres. Le Sud Kivu sera défendu comme il
se doit.
IV. KAMPALA ET LES
CONCERTATIONS NATIONALES
Quelques contradictions ont émaillé ces derniers jours
les pourparlers de Kampala entre le gouvernement de la RDC et le M23. Ces contradictions ont prolongé lesdits
pourparlers au-delà des délais prévus. O a eu parfois l’impression que les
éléments du M23 n’ont demandé ces
pourparlers que pour gagner du temps. Le Gouvernement estime à ce jour avoir
été jusqu’au bout de sa bonne foi en donnant tout ce qu’il était possible de
donner sans sacrifier l’existence même de la RDC. Il a ainsi :
(i)
accepter de poursuivre
les pourparlers au-delà de tous les délais prévus à cette fin,
(ii)
accepter de prendre
en charge toutes les dépenses des pourparlers aux frais du Trésor,
(iii)
déférer à la demande
des Chefs d’Etats de la CIRGL d’observer une retenue sur le théâtre des opérations
militaires pendant la durée des pourparlers,
(iv)
clarifier les détails
de la réponse institutionnelle à la requête du M23 pour l’amnistie et
l’intégration au sein des FARDC en fournissant des listes de personnes non
éligibles d’où il ressort que le plus grand nombre des membres de ce groupe
bénéficiera de l’amnistie et sera éligible, le cas échéant à l’intégration dans
les FARDC aux conditions de tous les autres citoyens.
Nous estimons avoir fait notre part en remettant à la
facilitation ougandaise les conclusions que nous inspiré les propositions du
M23. Alors que nous attendons le document de synthèse intégrant nos vues et
celles des éléments du M23. Dans une tentative peut–être un peu trop
volontariste de réaliser cette synthèse, le facilitateur a provoqué notre émoi
en explorant des pistes qui nous apparaissaient comme s’écartant des principes
sur lesquels se fonde l’ordre constitutionnel en vigueur dans notre pays et le
droit international. Nous n’en sommes pas encore arrivés à nous en formaliser au
point de dénoncer la facilitation.
Depuis la réussite des Concertations
Nationales au cours desquelles les Congolais ont démontré qu’ils avaient encore
la capacité de trouver tout seuls les chemins de l’unité et de la cohésion,
d’aucuns ne cessent d’interpeller le Gouvernement quant à l’opportunité de la
poursuite des pourparlers de Kampala surtout après la forclusion du délai de
14 jours fixés par le Sommet de la CIRGL. Notre réponse définitive sera connue
après la prochaine évaluation de ces pourparlers que nous mènerons ensemble
avec ceux qui les avaient initié, à savoir les Chefs d’Etats de la CIRGL.
Entretemps, la délégation du Gouvernement continuera à rechercher à un point de
chute qui n’énerve ni la souveraineté, ni les lois de notre pays.
Il faut dire que nous partageons les préoccupations de ceux qui n’attendent plus grand chose de ces pourparlers après avoir entendu les propos mensongers, discourtois et méprisants tenus par deux responsables du M23, Messieurs René Abandi et Roger Lumbala, qui se trouvent être respectivement chef et chef adjoint de la délégation de ce groupe armé aux pourparlers de Kampala. Alors que les parties à ces pourparlers s’étaient engagés réciproquement ne pas compromettre les chances d’aboutissement de ces derniers par des déclarations intempestives aux médias, René Abandi, chef de la délégation rebelle a, livré dernièrement ce qu’il a appelé ses quatre vérités à l’excellente journaliste belge Colette Braeckman qui les a affichées dans la livraison du 08 octobre du quotidien Le Soir de Bruxelles. En fait de vérités, il a servi à l’opinion une énième version des raisons de la guerre menée par le M23, attribuant au Gouvernement congolais la responsabilité de toutes les turpitudes de ce dernier. Quant à son adjoint Roger Lumbala, la bienséance m’interdit de répéter ici les propos orduriers propres aux bas fonds des caniveaux, qu’il a prononcés envers le Chef de l'Etat.
Il faut dire que nous partageons les préoccupations de ceux qui n’attendent plus grand chose de ces pourparlers après avoir entendu les propos mensongers, discourtois et méprisants tenus par deux responsables du M23, Messieurs René Abandi et Roger Lumbala, qui se trouvent être respectivement chef et chef adjoint de la délégation de ce groupe armé aux pourparlers de Kampala. Alors que les parties à ces pourparlers s’étaient engagés réciproquement ne pas compromettre les chances d’aboutissement de ces derniers par des déclarations intempestives aux médias, René Abandi, chef de la délégation rebelle a, livré dernièrement ce qu’il a appelé ses quatre vérités à l’excellente journaliste belge Colette Braeckman qui les a affichées dans la livraison du 08 octobre du quotidien Le Soir de Bruxelles. En fait de vérités, il a servi à l’opinion une énième version des raisons de la guerre menée par le M23, attribuant au Gouvernement congolais la responsabilité de toutes les turpitudes de ce dernier. Quant à son adjoint Roger Lumbala, la bienséance m’interdit de répéter ici les propos orduriers propres aux bas fonds des caniveaux, qu’il a prononcés envers le Chef de l'Etat.
Ces saillies médiatiques apparaissent à
l’analyse comme des roulements de mécaniques pour servir une stratégie de
diversion au moment où nos services viennent d’établir avec certitude que les
mentors du M23 au Rwanda s’apprêtent à lancer une nouvelle offensive terroriste
au Sud Kivu. C’est le lieu de rappeler aux uns et aux autres cette vérité
indiscutable selon laquelle la tyrannie est toujours limitée par l'endurance
des victimes. En ce moment où les Congolais se mobilisent pour consolider leur
unité dans la lutte contre les agresseurs et leurs affidés, ceux qui, dans
cette région des Grands Lacs, croient encore pouvoir rééditer les tristes
exploits d’un certain Adolf Hitler en Autriche ou en Pologne au début de la
seconde guerre mondiale ont du souci à se faire. La République Démocratique du
Congo est déterminé à faire payer cher cette forfaiture.-
Je vous remercie.
Lambert
MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec
le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté
Porte-parole du Gouvernement
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