Chers
compatriotes,
Avant tout propos, Je voudrais vous présenter deux
invités de marque qui, en signe de solidarité avec notre peuple, ont fait le
déplacement de Kinshasa pour encourager les Congolaises et les Congolais à
œuvrer dans la cohésion et que Je vous prie de bien vouloir accueillir
chaleureusement.
Il s’agit d’abord de Son Excellence Monsieur Dénis
Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, qui a fait montre d’une
disponibilité et d’une sollicitude particulière à l’égard du peuple
congolais, avant, pendant et après les Concertations nationales.
Il s’agit ensuite de Madame Nkosozana Dlamini
Zuma, première femme à être élue à la fonction de Présidente de la
Commission de l’Union Africaine, et signataire, à ce titre, de l’Accord-cadre
sur la Paix, la Sécurité et la Coopération pour la République Démocratique du
Congo et la Région, signé à Addis-Abeba le 25 février 2013.
Honorable
Président de l’Assemblée nationale,
Honorable
Président du Sénat,
Honorables
Députés Nationaux et Sénateurs,
Distingués
invités,
En procédant le 07 septembre 2013 à l’ouverture des
travaux des Concertations nationales, j’assignais aux Délégués la mission de
dégager les voies et moyens susceptibles de consolider la cohésion interne,
en vue d’assurer la victoire de notre pays sur le double front de la défense
de la souveraineté nationale et du développement économique et social.
Méthodiques, les Délégués ont d’abord posé un
diagnostic complet du pays, dressant ainsi l’état de la nation sur le plan
politique, économique, social et culturel, avant de formuler des
recommandations visant à consolider la démocratie et l’Etat de droit, et à
améliorer substantiellement la gouvernance publique, et partant, la vie
des hommes et des institutions.
Lors de la clôture des assises des Concertations
nationales, j’ai salué le patriotisme et la sagesse des Délégués, ainsi
que la qualité des résultats de leurs délibérations, motifs de fierté pour
une nation soucieuse d’affirmer son identité et en quête d’appropriation de
son destin.
Ma présence ce jour, devant les deux chambres du
Parlement réunies en congrès, a pour objet d’indiquer, à notre peuple et aux
institutions de la République, la marche à suivre pour matérialiser lesdites
recommandations, améliorer le vécu quotidien des Congolais, et baliser
l’avenir de notre pays.
En liminaire, Je voudrais réitérer mon entière
satisfaction pour le succès des Concertations nationales, ainsi que mes
félicitations aux filles et fils de notre pays qui y avaient participé.
Je voudrais rappeler à ces derniers que, quelque
pertinente que soit une recommandation, sa capacité contributive à la
transformation de la société est fonction de sa mise œuvre. Le défi qui,
désormais, se pose à la collectivité nationale, est donc celui de la
matérialisation de ce que les Délégués ont, ensemble, proposé au terme de
leurs travaux. Un défi qui, lui aussi, ne peut être relevé qu’ensemble:
hommes et femmes, jeunes et vieux, institutions publiques et société civile.
Mesdames
et Messieurs ;
C’est à ce prix, et à ce prix seulement que, grâce
aux Concertations nationales, demain sera différent d’aujourd’hui.
L’émergence de la République Démocratique du Congo exige en effet que chacun
s’engage et que, là où il sert la République, chacun s’améliore.
Par-delà la mobilisation générale, c’est donc à un
changement profond que nous sommes individuellement et collectivement
appelés. Changement de mentalités, de méthodes et de comportement.
Pour mettre fin aux conflits sous toutes les formes,
poursuivre la reconstruction du pays et conforter la perspective d’un Congo
fort, uni et prospère, il nous faut donc plus d’éthique et de sens du bien
public ; il nous faut plus de participation et de consensus, tout en
respectant les fondamentaux de tout exercice démocratique ; il nous faut
plus de solidarité dans l’effort et dans le partage des dividendes ;
bref, il nous faut davantage de cohésion nationale.
Chers
compatriotes,
Vu le nombre et la diversité des recommandations, il
y a lieu de planifier leur mise en œuvre à court, moyen et long terme, aux
niveaux tant national, provincial que local.
A cet effet, et en attendant de murir le projet de
création éventuelle de la fonction de Médiateur, j’ai décidé la mise sur
pied, pour une durée initiale d’un an, renouvelable autant que de besoin,
d’un Comité national de Suivi des recommandations des Concertations
nationales. Il s’agit d’une équipe restreinte, mais représentative, aussi
bien des cinq thématiques examinées au cours des Concertations nationales,
que de la diversité des participants à ce forum historique.
Ce Comité sera placé sous la même co-présidence que
les Concertations nationales et, chaque année, il organisera un forum sur la
cohésion nationale, afin d’examiner les conflits de toute nature opposant les
congolaises et congolais, et de recommander les actions spécifiques à mener
pour pacifier les cœurs et les esprits.
Chers
compatriotes,
La violence persistante, du fait des
groupes armés agissant comme bras séculiers de certaines puissances
étrangères, est à la base d’un drame humanitaire sans nom dans les
Territoires de Rutshuru et Nyiragongo au Nord Kivu, ainsi qu’en Ituri, dans
la Province Orientale.
Il est évident que le soutien extérieur, dont ces
groupes armés bénéficient, en violation de la loi internationale, procède
d’une stratégie de déstabilisation et de fragilisation des institutions
de la République, afin de priver notre pays d’une partie de ses terres et de
ses ressources naturelles.
L’exemple le plus éloquent à ce sujet est celui des
insurgés actuels dont le sort est scellé. Ils sont en effet pris en tenailles
entre le feu des FARDC et l’étroitesse d’une voie de sortie politique
soucieuse de ne pas faire le lit de l’impunité, ou encourager la récidive.
Prévus pour quelques semaines, les pourparlers de
Kampala durent depuis dix mois. Prolongées de quatorze jours par le dernier
Sommet des Chefs d’Etat de la Région des Grands Lacs, ils tirent en longueur,
sans perspective immédiate de conclusion, et ce malgré la bonne foi du
Gouvernement qui ne peut toutefois pas transiger sur les conditions de
l’amnistie et l’inéligibilité à la réintégration dans les FARDC des
récidivistes impénitents.
Le Gouvernement n’a cessé et ne cessera d’accorder
une chance au dialogue, comme voie de résolution de cette crise. Il ne pourra
cependant exposer plus longtemps la vie de nos compatriotes du Nord Kivu aux
bombardements aveugles et sévices de tous genres.
Comme l’aventure des insurgés précités, le projet
funeste du démembrement organisé de notre pays dans lequel elle s’inscrit est
inévitablement voué à l’échec. D’abord, parce que notre peuple, qui est prêt
à mourir pour défendre le territoire national, veille ; mais aussi parce
que la cause du Congo est juste, et que la malédiction est le partage de ceux
qui veulent en amputer une partie.
Chers
Compatriotes,
Conscients du calvaire qu’endurent ainsi, si
injustement, nos frères et sœurs de la Province du Nord Kivu et de l’Ituri,
et ce depuis plusieurs années, et voulant aider à y mettre fin, les
Concertations nationales se sont penchées sur la problématique des groupes
armés nationaux et étrangers encore opérationnels sur notre territoire,
et ont relevé les conséquences néfastes de leur présence sur notre sol, aux
plans politique, économique, humanitaire, social, sanitaire et écologique.
Elles ont par ailleurs fait l’évaluation des programmes correspondants de
désarmement, démobilisation, intégration/réintégration, réinsertion sociale
et rapatriement, et proposé des améliorations pour les programmes en cours et
à venir.
Dans ce domaine, la recommandation cardinale des
Concertations nationales est celle de l’éradication des groupes armés. J’y
souscrits sans réserve et affirme que ces groupes, quels qu’ils soient, n’ont
d’autre choix que de déposer les armes et se rendre, ou d’y être contraint
par la force.
Et à cette fin, nous veillons à la
professionnalisation et à la montée en puissance des FARDC, la défense du
territoire national et la sécurité des biens et des personnes étant des
prérogatives régaliennes de l’Etat. Les résultats enregistrés à ce sujet sont
satisfaisants, comme l’attestent les hauts faits d’armes dont les éléments de
nos forces armées ont récemment fait preuve sur le terrain, et que
notre peuple a salué. Je félicite, une fois de plus, les dignes filles et
fils de notre pays qui ont choisi de servir sous le drapeau, et qui, sont
déployés sur toute l’étendue du territoire pour défendre notre pays.
Comme je l’ai dit il y a une année, la réforme du
secteur de sécurité demeure la priorité des priorités. Recrutement de
qualité, discipline rigoureuse, formation et équipement conformes aux
standards internationaux, organisation interne efficiente et compatible avec
le caractère républicain de l’armée, affectation des officiers et hommes de
troupes en fonction des besoins opérationnels et dans le strict respect du
principe de rotation sur l’ensemble du territoire national en sont les
principes directeurs.
Une feuille de route a déjà été élaborée par le
Gouvernement afin d’opérationnaliser cette grande réforme et d’en accélérer
le rythme.
Pour sa part, le Gouvernement est appelé à
finaliser le projet de loi de programmation militaire et à allouer un budget
conséquent à cette réforme.
Mesdames
et Messieurs ;
Pour renforcer davantage la discipline au sein des
FARDC et de la Police, l’Auditeur général est, quant à lui, appelé à
accentuer les enquêtes à charge des Officiers supérieurs, subalternes, ainsi
que des hommes de troupe, sur qui pèsent des accusations liées au pillage des
ressources naturelles, de détournement de la solde des militaires, des
munitions et du matériel destiné aux forces armées. Plus généralement, tout
affairisme doit être banni de l’armée et de la police parce que l’expérience
montre en effet que quand un officier a pour maîtres le drapeau et l’argent,
le premier en pâtit nécessairement.
Il va sans dire que les cadres et agents des
services de sécurité, seront désormais soumis à des règles d’éthique aussi
rigoureuses.
L’Auditeur Général doit tout autant, et sans
complaisance aucune, engager des poursuites contre toutes les personnes
présumées auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité,
particulièrement les violences sexuelles et l’enrôlement d’enfants et leur
utilisation à des fins militaires. L’objectif en ce domaine est de faire, de
la République Démocratique du Congo, une terre inhospitalière pour les
auteurs de ces crimes odieux.
Afin de m’en assurer personnellement, et d’éviter la
tendance à l’instrumentalisation de ces souffrances humaines à des fins
inavouées, je vais, très prochainement, nommer un Représentant personnel du
Chef de l’Etat chargé de promouvoir la lutte contre les violences sexuelles
et le recrutement des enfants, et de servir d’interface avec la communauté
internationale en ce domaine.
Dans cette même optique, vital pour la Nation,
d’éradication des groupes armés, j’enjoins les institutions de la République
à prendre, chacune en ce qui la concerne, toutes les mesures nécessaires.
Dans cet ordre d’idées, il y a lieu d’identifier et de traduire en justice
les personnes qui entretiennent les groupes armés, quel que soit leur rang
social ; de redynamiser et d’élargir le programme STAREC sur l’ensemble
du territoire national, de procéder au rapatriement de nos compatriotes
réfugiés dans les pays voisins et au retour, au lieu de leur résidence
habituelle, des personnes déplacées, de tenir compte des personnes
vulnérables, réfugiés, femmes et enfants dans le programme national de
réinsertion sociale, et d’organiser le retour chez eux des Mbororo et des
autres groupes, illégalement présents sur le territoire national.
Chers
Compatriotes ;
En matière de paix et de réconciliation nationale,
je partage les vues des Délégués aux Concertations sur la nécessaire
implication de toutes les institutions de la République.
Dans cet ordre d’idées, j’ai signé ce matin une
ordonnance portant mesures de grâce.
J’ai, également demandé au gouvernement, une fois
terminée la libération conditionnelle des prisonniers civils, de procéder,
avec diligence, à celle des prisonniers militaires, et de déposer, devant les
bureaux des deux chambres législatives, le projet de loi portant amnistie.
Ces mesures permettront, j’en suis sûr, d’instaurer un nouveau climat de
confiance entre les Congolaises et les Congolais.
Je voudrais cependant rassurer ces derniers que la
quête de la cohésion nationale n’est pas synonyme d’impunité. Bien au
contraire : sans justice, la réconciliation est factice !
C’est le sens de la réforme en cours de notre
appareil judiciaire. C’est aussi celui de notre active coopération avec la
Cour Pénale Internationale.
Au plan interne, il est important de rappeler que
depuis quelques décennies, le peuple congolais est victime de la perpétration
de nombreux crimes internationaux par les insurgés. Il mérite que justice lui
soit rendu. Nonobstant les compétences de la Cour Pénale Internationale, il
est judicieux d’instituer, au sein de nos juridictions, des chambres
spécialisées dans la répression desdits crimes.
Dans les milieux urbains, particulièrement à
Kinshasa, une nouvelle forme de criminalité s’observe de plus en plus, créant
la psychose au sein de la population. Toutes les voies de droit doivent être
utilisées par la police et la justice, afin d’y mettre fin, rapidement et de
manière définitive.
Quant aux compatriotes détenus à la Cour Pénale
Internationale, ainsi que devant d’autres juridictions à travers le monde, au
nom de la réconciliation nationale et du droit des citoyens à la protection
consulaire, je charge le gouvernement de faire le suivi de leurs
dossiers.
Mesdames
et Messieurs,
Dans le même esprit, et parallèlement à la poursuite
de l’érection, en divers endroits du pays, de monuments en mémoire des
victimes des guerres en République Démocratique du Congo, des dispositions
vont être prises afin de procéder au rapatriement des dépouilles mortelles de
l’ancien Président de la République, MOBUTU SESE SEKO, et de l’ancien
Premier ministre, Moïse TSHOMBE, en accord avec leurs familles respectives.
Chers
Compatriotes,
La gouvernance politique et institutionnelle a, elle
aussi, fait l’objet des travaux des Concertations nationales. Comme les
Délégués à ces assises, Je suis pour le respect, par tous, de l’esprit et de
la lettre de la Constitution de la République dans son ensemble, telle
qu’adoptée par référendum populaire en 2005.
S’agissant des élections, je recommande à la CENI
d’envisager, dès ce jour, la présentation au Parlement, dans le meilleur
délai, du calendrier électoral et de poursuivre le cycle électoral en vue de
procéder avec diligence, à l’organisation des élections locales, municipales,
provinciales et sénatoriales.
J’invite par ailleurs les deux chambres de notre
Parlement ainsi que le gouvernement à mener une réflexion prospective sur le
mode de scrutin proportionnel. Il y a lieu également d’entrevoir les
modalités pratiques d’organiser les élections provinciales au suffrage
universel indirect, afin de minimiser le coût des opérations électorales.
J’ai tout aussi noté avec grand intérêt la proposition de faire obligation
aux formations politiques de présenter sur chaque liste de candidats, au
moins 30 % de femmes. C’est certes un progrès notable, mais qui ne garantit
pas une augmentation sensible de la représentation féminine dans les
Assemblées délibérantes. Et puisque les femmes constituent la majorité de
notre population et le vivier de la créativité nationale, Je propose donc que
nous fassions mieux. Dans cette optique, J’invite le législateur à examiner
la possibilité d’ajouter, dans chaque circonscription de trois sièges ou
plus, un siège pour lequel la compétition ne serait ouverte qu’aux femmes.
J’ai noté aussi que, pour crédibiliser davantage les élections à venir, les
Délégués aux Concertations nationales ont recommandé le recensement
général et l’identification des Congolais. Ceci permettra la
délivrance de nouvelles cartes d’identité. J’en conviens parfaitement, cela
d’autant plus que le dernier recensement général remonte à 1984, soit il y a
près de trente ans. Quant au Sénat et aux Assemblées provinciales, j’estime
qu’il est nécessaire, et cela conformément à la Constitution, de les
maintenir jusqu’à l’installation effective du nouveau Sénat et des nouvelles
Assemblées provinciales issus des élections qui doivent être organisées dans
un délai court et raisonnable.
Mesdames
et Messieurs,
En matière de réformes institutionnelles, je tiens à
saluer avant tout le travail que les Honorables Députés et Sénateurs
ont abattu jusqu’à présent sur le plan de la production législative, et je
les encourage à maintenir cet élan. Je forme aussi le vœu de voir
les deux chambres législatives poursuivre avec plus de rigueur le contrôle
parlementaire, gage d’une réelle amélioration de la gouvernance.
Chers
Compatriotes,
En ce qui concerne le Gouvernement, je vous annonce
que, dans le cadre de ma politique d’ouverture, prônée depuis mon
investiture, un « Gouvernement de cohésion nationale » sera bientôt
mis en place. Il comprendra aussi bien des représentants de la Majorité que
ceux de l’Opposition et de la société civile et aura pour missions prioritaires
le rétablissement de la paix et de l’autorité de l’Etat à travers le pays, la
consolidation de la cohésion nationale, la poursuite de la reconstruction,
l’appui au processus de décentralisation et à l’organisation des élections,
et l’amélioration des conditions sociales des populations.
Mesdames
et Messieurs,
Comme vous le savez, le 15 0ctobre dernier,
j’ai promulgué, la loi portant organisation et fonctionnement de la Cour
Constitutionnelle. J’invite les deux chambres législatives à accélérer l’examen
et l’adoption de la loi devant organiser le Conseil d’Etat, de manière à
permettre l’installation de l’ensemble des ordres de juridiction prévus par
la Constitution.
Par ailleurs, pour rendre effective l’autonomie
financière et budgétaire du Pouvoir judiciaire, j’exhorte le Gouvernement et
le Parlement à mettre à la disposition de celui-ci, et ce dès l’exercice
budgétaire 2014, une dotation suffisante.
Quant à la problématique de la nationalité, et en
attendant qu’un consensus national puisse se dégager sur cette question, je
demande au Gouvernement de tout mettre en œuvre pour accorder des
facilités consulaires aux compatriotes qui ont acquis une autre nationalité.
Mes chers
compatriotes,
En ce qui concerne la décentralisation et le
renforcement de l’autorité de l’Etat, je demande au Parlement de
compléter l’arsenal juridique relatif à ces matières ainsi qu’au régionalisme
politique. Dans ce cadre, j’annonce l’installation progressive de nouvelles
provinces et le transfert de leurs compétences, charges et ressources,
conformément à la Constitution. C’est là aussi une des raisons
fondamentales d’organiser en priorité les élections locales. J’adhère aux
recommandations des Concertations nationales sur la définition d’une
politique nationale d’aménagement du territoire, du Schéma national
d’aménagement du territoire ainsi que des plans provinciaux et locaux
d’aménagement du territoire. Le Gouvernement devra faire diligence pour leur
adoption.
En même temps, j’exhorte le Gouvernement à associer
l’autorité coutumière dans la promotion de l’unité et de la cohésion
nationale, et dans le processus de développement à la base.
Je note aussi une recommandation qui rencontre celle adoptée à la Conférence
des Gouverneurs à Kananga sur la modernisation des villages par regroupement
et par affinités. C’est en effet un schéma pratique de modernisation
des milieux ruraux.
En complément à cette réforme et pour offrir
davantage d’opportunités de progrès social et économique à la majorité des
congolais, particulièrement ceux vivant en milieu rural, je demande au
Gouvernement de faciliter l’accès universel aux titres individuels en faveur
des occupants des parcelles de terres dans tous nos villages tout en veillant
à la protection des terres revenant aux communautés locales. Cela permettra à
tout congolais de détenir une garantie réelle, et de remplir ainsi une des
principales conditions pour être éligible au crédit bancaire.
Chers
Compatriotes,
En matière économique, les Délégués aux
Concertations nationales ont fait un état des lieux sans complaisance.
Le diagnostic établi confirme notre vision
d’accorder une place de choix à la promotion des Congolais, en vue de
l’émergence d’une classe moyenne nationale. Ce changement permettra de
générer des ressources capables de répondre aux impératifs de pacification du
territoire national, de restaurer l’autorité de l’Etat et de satisfaire les
besoins sociaux. Cet accroissement de ressources facilitera aussi la marche
du pays vers le statut d’Etat émergent.Dans cette perspective, les défis à
relever sont multiples. Il s’agit principalement des défis
structurels et opérationnels en vue de promouvoir le développement
économique, financier et celui du secteur productif en se focalisant sur un
secteur privé et le partenariat public-privé capable de remplir la fonction
de principal moteur de croissance économique. A titre d’exemple, les
défis ci-après méritent d’être mentionnés :
-
le caractère extraverti de notre économie ;
-
l’inadéquation entre l’évolution positive des indicateurs macroéconomiques et
le vécu quotidien des Congolais ;
-
l’insuffisance des instruments de contrôle et de régulation
économique ;
-
la nécessité d’accroître le niveau d’exécution budgétaire ;
-
la nécessité de promouvoir une classe moyenne congolaise ;
-
les difficultés d’accès au crédit ;
-
l’impératif de rationaliser le système fiscal ;
-
la lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics et le
coulage des recettes.
Afin de répondre à ces préoccupations, il me paraît
indispensable d’intégrer des indicateurs susceptibles de mesurer de
façon réaliste le niveau de vie des populations, afin d’établir l’adéquation
entre la stabilité du cadre macroéconomique et le vécu quotidien des
Congolais pour que les sacrifices consentis ne soient pas vains.
Ainsi, je
préconise que soient prises notamment les mesures ci-après :
Dans tous les cas, je voudrais, une fois de plus,
vous rassurer que je fais miennes les recommandations issues des
Concertations nationales. A cet effet, j’engage le Gouvernement de cohésion
nationale à bien les exploiter afin d’enrichir, d’ici à la fin de l’année, le
programme économique en cours.
Honorables
Députés,
Honorables
Sénateurs,
Chers
compatriotes,
Quels que soient les efforts sur le plan du
développement, notre économie ne saurait atteindre sa vitesse de croisière
dans une ambiance de corruption, de détournement des deniers publics, de
coulage des recettes publiques et d’enrichissement illicite. Une lutte
continue s’impose dans ce domaine.
Les mécanismes répressifs existants doivent être
réactivés et des nouveaux sont à mettre en œuvre à court terme.
J’engage les institutions à cet effet, notamment le Parlement et les
Assemblées provinciales, dans le cadre de leurs pouvoirs de contrôle.
Pour ma part, j’entends procéder, à la nomination
d’un Conseiller spécial du Chef de l’Etat en charge de cette question. Il
aura pour mission principale d’assurer un monitoring permanent de l’évolution
des patrimoines, ainsi que des cas de malversation, de corruption et
d’enrichissement illicite dans le chef des responsables politiques nationaux
et provinciaux, des hauts fonctionnaires et cadres de l’Administration
publique, des mandataires publics et autres agents publics, …
A cet effet, j’instruis le Gouvernement de soumettre
au Parlement un projet de loi généralisant l’obligation de déclarer les
biens à tous les mandataires publics.
Mesdames
et Messieurs,
Pour mettre en place les bases d’une société juste
et bannir toute forme de discrimination afin de construire une société
solidaire, nous devons assurer à nos frères et sœurs avec handicap, une
représentativité dans les institutions publiques et privées. Ils doivent être
protégés.
Je demande au Gouvernement de concevoir et de mettre
en application, dans le plus bref délai, un programme national relatif à
l’éducation des enfants avec handicap.
Je saisis cette occasion pour lancer un appel solennel
à toutes les familles congolaises, aux congrégations religieuses, aux chefs
coutumiers, aux gouverneurs des provinces, aux différentes autorités
municipales, de veiller particulièrement à la protection des orphelins, des
personnes âgées, des handicapés stigmatisés et traités injustement de
sorciers.
Honorables
Députés,
Honorables
Sénateurs,
Distingués
Invités,
Comme vous vous en êtes certainement rendu compte,
les mesures que je viens d’annoncer n’ont pas visé toutes les six cent
soixante dix-neuf préoccupations exprimées par les Délégués aux Concertations
nationales.
Le contenu du Rapport Général des travaux de ce
Forum historique, qui sera publié incessamment, montre la nécessité de donner
une suite appropriée et urgente à chaque question soulevée. Dans la
plupart des cas, il sera nécessaire de procéder à des réformes radicales.
C’est pourquoi, je prends ici solennellement
l’engagement de veiller à l’application stricte de toutes les autres
recommandations par les institutions compétentes de la République, notamment
en ce qui concerne la diplomatie, les infrastructures de base,
l’environnement, l’eau et l’électricité, l’éducation, la santé, la recherche
scientifique, la culture, le sport et la jeunesse. Je m’engage aussi à
veiller à ce que les réformes que ces recommandations appellent soient
effectivement initiées et mises en œuvre.
C’est l’occasion pour moi d’en appeler à la
conscience républicaine de chaque Congolaise et de chaque Congolais. Car,
aucune de ces recommandations et les mesures qui en découlent ne pourraient
aboutir sans l’implication de tous. L’heure est donc à la mobilisation
générale.
A travers cette volonté commune que nous avons tous
ensemble exprimée, c’est en réalité, notre peuple qui a ainsi pris
rendez-vous avec l’histoire. Chacun de nous a donc la charge de veiller à
honorer cet engagement ; il n’existe pas d’alternative à l’unité de
notre Nation. Nous avons le devoir de rendre à notre pays ses lettres de
noblesse, de lui redonner sa voix et son poids dans le concert des nations
compte tenu de ses nombreuses potentialités. Notre volonté, notre
détermination et notre intelligence sont irremplaçables pour surmonter tous
les défis qui jalonnent notre marche vers le futur.
Vous l’avez compris, c’est donc à un nouveau départ
que je convie ce jour le peuple congolais.
Au cours des dix dernières années, nous avons œuvré
ensemble pour l’imposition d’une gouvernance démocratique à tous les niveaux
en vue de la consolidation de l’unité nationale et du relèvement
socioéconomique de notre pays. Grâce à l’apport de tous, des résultats
importants ont été réalisés. Je vous demande, ce jour, de persévérer pour
accélérer le processus de la reconstruction du pays.
Voilà pourquoi nous devons agir en toutes
circonstances comme un peuple uni et un Etat indivisible.
Il est vrai que la démocratie va de pair avec le
multipartisme. Mais il est aussi important que les acteurs politiques et ceux
de la Société civile se rassemblent autour des fondamentaux et de
l’essentiel, surtout lorsque les valeurs qui structurent la communauté
nationale sont en péril.
Pour changer le Congo, nous devons d’abord
nous-mêmes changer dans notre manière de vivre ensemble, de faire la
politique, de gérer l’Etat et la communauté nationale. Bref, de vivre la
démocratie.
Honorable
Président de l’Assemblée nationale,
Honorable
Président du Sénat,
Honorables
Députés et Sénateurs,
Distingués
invités,
Chers
compatriotes,
Mon propos de ce jour a consisté à rendre compte à
la Nation des mesures urgentes que j’ai prises sur base des recommandations
résultant des travaux des Concertations nationales et à remplir mon devoir
constitutionnel de prononcer un discours sur l’état de la nation devant les
deux chambres législatives réunies en congrès.
Pour réaliser de façon certaine toutes les
aspirations du Peuple congolais telles qu’exprimées dans les recommandations
des Concertations nationales et les traduire en mesures d’exécution
conséquentes, je demande aux autorités budgétaires et aux services
mobilisateurs des recettes de tout mettre en œuvre pour doter le Gouvernement
de la République d’un budget crédible.
A cet effet, je mettrai un soin particulier dans le
choix des animateurs des institutions et dans l’application rigoureuse et
systématique de la sanction pour mettre hors d’état de nuire tous les
éléments susceptibles d’hypothéquer notre détermination à améliorer la
condition sociale du citoyen congolais et la gouvernance de la République.
Pour terminer, Je voudrais, Excellence Monsieur
Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, Madame Nkosozana
Dlamini Zuma, Présidente de la Commission de l’Union Africaine, vous
redire notre joie de vous avoir parmi nous en ce jour mémorable de notre
histoire et vous remercier, pour l’intérêt soutenu que vous témoignez à la
République Démocratique du Congo.
Que vive
la cohésion nationale.
Que vive
la solidarité africaine.
Et que
Dieu bénisse notre pays, la République démocratique du Congo.
Je vous
remercie.
|
APO
mercredi 23 octobre 2013
Les belles promesses du Président Joseph Kabila aux parlementaires réunis en congrès
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