En date du 18 août 2012, l’ASADHO avait rendu
public un communiqué de presse intitulé « Les critères à prendre en
compte pour la composition de la Force Neutre d’interposition » et
dans lequel elle demandait que « les
troupes de tous les Etats impliqués dans le conflit armé congolais, entre
1996 et 2003, et dans l’exploitation illégale des ressources naturelles
soient exclues de ladite Force internationale neutre à déployer à la frontière
congolo-rwandaise ». Il s’agit en l’occurrence de l’Angola, la
Namibie, le Zimbabwe, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.
En réaction à ce communiqué, le gouvernement
congolais, par la bouche de son porte-parole, a déclaré lors d’une interview
rendue public le lundi 20 août 2012 que « cette ONG n’était pas qualifiée et n’a pas été sollicitée pour émettre un
quelconque avis sur une matière aussi sensible que la guerre. Celle-ci, a-t-il
indiqué, relève de la compétence du Parlement et de l’exécutif national ».
Dans un éditorial reflétant le point de vue du Gouvernement diffusé au journal
de mercredi 22 aout 2012, à 20H00, sur la Radiotélévision Nationale
Congolaise(RTNC), et totalement consacré à la position prise par l’ASADHO, le
Gouvernement dit notamment que : « à l’évidence, l’ASADHO est
opposée aux intérêts nationaux congolais à cette guerre injuste, lesquels
consistent simplement à démanteler définitivement les interférences criminelles
rwandaises en RDC ».
Le Collectif des Ongdh considère que ces propos
sont de nature à soulever la population contre une organisation citoyenne qui
n’a fait que donner son point de vue dans un débat démocratique et à l’exposer
non seulement au mépris, à la haine et à la vindicte populaire, mais aussi à
préparer l’opinion aux actions que des forces obscures manipulées pourraient
entreprendre contre cette association.
Le Collectif des Ongdh en RDC note avec amertume,
véhémence et frustration que pareilles déclarations officielles du gouvernement
congolais démontrent à suffisance sa détermination à extirper de la vie
nationale tout débat de société portant ainsi gravement atteinte à la
démocratie et au droit à la liberté d’expression tels que garantis par
divers instruments juridiques internationaux ratifiés par la RDC et sa
Constitution. Ces déclarations relèvent, par ailleurs, de la pire nostalgie de
certains acteurs, hier très actifs dans les différents mouvements armés,
aujourd’hui tous rétribués par des postes politiques, jouissant de la totale
impunité des actes d’agression, crimes de guerre et crime contre
l’humanité dont ils portent encore la responsabilité jusqu’à ces jours.
En effet, le Collectif des Ongdh tient à rappeler à
l’opinion tant nationale qu’internationale que le peuple congolais garde encore
vifs en mémoire notamment des nombreuses vies humaines de ses fils et filles
perdues, des femmes enterrées vivantes (à Makobola, Mwenga, et Kasika),
des viols et atrocités sur les populations civiles, de nombreux déplacés de
guerre à l’est du Congo, des pillages des villages et des ressources
naturelles, la privation d’eau et d’ électricité ayant occasionné d’énormes
dégâts dans les hôpitaux et maternités à Kinshasa, etc. pendant que le ministre
Lambert Mende Omalanga, porteur de la déclaration notoirement dangereuse
ci-haut décriée, était alors porte-parole du Rassemblement Congolais pour la
Démocratie (RCD) avant de regagner le RCD/KML, entre autres mouvements
complices dans l’agression de la RDC. Ces actes ne resteront pas impunis !
Aussi, compte tenu de tout ce qui précède et eu
égard au danger de voir le pays revivre l’expérience du passé, le Collectif des
Ongdh s’approprie et tient à réaffirmer la position émise par l’ASADHO dans son
communiqué pré-rappelé car, on s’en souviendra, les violations des droits de
l’Homme ont été perpétrées aussi bien dans la partie du territoire du Congo
géré en son temps par l’entité gouvernement qu’à l’est de la RDC géré par les
rebelles et leurs agresseurs alliés ; il en était de même du pillage des
ressources naturelles. Depuis, tous ces Etats demeurent intéressés par la RDC
pour l’assouvissement de leurs intérêts. Le rapport mapping des experts des
Nations Unies et bien d’autres rapports n’en disent-ils pas long ?
D’autres Etats ci-haut cités, poursuivent, jusqu’à ces jours, l’exploitation
illégale des ressources naturelles du Congo dans un silence complice de
l’exécutif congolais qui frise la haute trahison.
Dans ce contexte, le Collectif des Ongdh pensent
qu’aucun des Etats intéressés ne devrait revenir sous quelque mandat que ce
soit sur le territoire congolais car le peuple ne garde aucun bon souvenir de
leur présence dans le passé si ce n’est soutenir, contre la volonté de
celui-ci, un régime n’ayant aucun égard pour le respect et la promotion des
droits de l’Homme et incapable de protéger ses citoyens.
C’est pourquoi, et au regard de ce qui précède, le
Collectif des Ongdh en RDC recommande :
1. Au
Conseil de sécurité des Nations Unies, le renforcement du mandat de la MONUSCO
comme unique force bénéficiant encore de la confiance du peuple congolais
pouvant être déployée à ce titre en cette partie du pays ;
2. A l’Union
Africaine, de se joindre à l’opinion du peuple congolais en mettant un
terme au mandat confié à la Conférence Internationale sur la Région des
Grands Lacs (CIRGL) ;
3. Au
Parlement congolais, d’interpeller, à sa session de septembre 2012, le
gouvernement congolais sur la question de l’opportunité de la mise en place
d’une force internationale neutre à l’est de la RDC dans l’esprit de la CIRGL
et d’accélérer le processus d’adoption de la proposition de loi sur la
protection des défenseurs des droits de l’Homme.
4. Au
gouvernement de la RDC, de cesser toute campagne de dénigrement contre les
Ongdh et les considérer comme partenaires.
Fait à Kinshasa, le 27 août 2012
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