9 avril
2015
Mesdames et messieurs,
Je
voudrais, pour notre rendez-vous de ce jour, vous entretenir de deux sujets. Le
premier concerne l’évolution de l’Opération Sukola 2 et le second la fameuse
affaire de fosse commune découverte à Maluku.
OU EN EST L’OPERATION SUKOLA 2 ?
Après une
première évaluation de l’opération Sukola 2 du désarmement forcé des FDLR que
nous avons faite en février dernier, soit un mois après le lancement de ladite
opération, nous voudrions à présent rendre compte à l’opinion nationale des
évolutions intervenues depuis lors. Il s’agit de bilans globaux des opérations
de traque des forces résiduels des FDLR du 27 janvier au 7 avril 2015.
Après avoir
encerclé et fixé les éléments des FDLR, les Forces Armées de la République
Démocratique du Congo ont récupéré plusieurs localités qui étaient occupées par
ces rebelles rwandais, notamment :
A)
Dans
le Sud-Kivu :
1.
MULENGE
2.
REVWE
3.
LULINDYE
4.
KANYOVU
5.
KAVWE
6.
NYUNDWE
7.
KAGABWE
8.
KANANTENDE
9.
SHENGEBWE
10.
KERHALA
11.
KANGOVA
12.
KITOGA
13.
KIGOGO
14.
BUSHALE
15.
KIDOTI
16.
NGINGU
17.
MUHUZI
18.
KATOBO
19.
KATASHOMWE
20.
MISISI
21.
KASHINDABA,
etc.
B)
Dans
le Nord-Kivu :
1.
TCHAI
1 et 2
2.
KATEMBA
3.
KAZAROHO
4.
KIRUMBA
5.
KAGONDO
6.
KAHUMIRO
7.
KABUENDO
8.
MUGOGO
9.
KATUIA
10.
KALAKE
11.
KISIMBA
12.
KAMATEMBE
13.
MONT
MULIMBI
14.
KATWABE
PARC
S’agissant
du bilan humain, rappelons que 342 éléments des FDLR s’étaient volontairement
rendus, dont 338 avant le début de l’opération de désarmement forcé et 4
pendant la phase préparatoire de cette dernière. Ils sont à l’heure actuelle,
répartis entre les sites de Kisangani, Kanyabayonga et Walungu.
Quant à
l’opération de désarmement forcé Sukola 2, son
bilan à ce jour est de 162 Fdlr capturés, 13 tués au combat et 62
éléments rendus sans opposer de résistance et mis à la disposition de la
Monusco en vue de leur rapatriement. Parmi ces derniers, on compte 15 enfants
soldats.
Ainsi donc,
le chiffre global des éléments Fdlr neutralisés est à ce jour de 575, soit 482
de plus que les 93 éléments neutralisés signalés dans le premier bilan de fin
février. Le nombre des dépendants est de 346, soit une augmentation de 286 par
rapport aux 60 listés lors de la première évaluation. L’opération de
désarmement des FDLR se déroule donc sous de meilleurs auspices que ne
l’avaient prédit les détracteurs de notre pays et de son armée.
Nos forces
engagées dans cette opération ont noté que certains combattants FDLR se sont
déguisés en dépendants et que certains corps de combattants FDLR tués ont été
emportés ou dissimulés par leurs congénères dans leur retraite. Ce qui signifie
que le bilan est en réalité plus important que les chiffres qui viennent d’être
indiqués. Quoi qu’il en soit, en partant de 1.200 éléments FDLR actifs déclarés
avant le lancement de l’opération, une rapide évaluation permet d’établir de
manière effective le désarmement et la neutralisation de près de la moitié de
ces forces négatives. Certes, il en reste quelques 625. Mais un tel bilan après
deux mois seulement d’opérations est élogieux à plus d’un titre pour les FARDC
que certains ont eu la malencontreuse idée de discréditer.
Quant au
bilan matériel de l’opération Sukola 2, il se présente comme suit :
1)
76
AK 47 (11 à la Monusco)
2)
02
pistolets
3)
01
RPG7
4)
02
UZI
5)
01
R4
6)
01
Mor 60
7)
02
Roq 40 mm
8)
11
Bombes Castor
9)
06
Bombes 60mm
10)
05
Gren Def
11)
09
Chargeurs
12)
300
Cart 7.62 x 54 mm
13)
100
Cart 7.62x39 mm
14)
05
Bombes Roq 107 mm
15)
01
Gp électrogène
16)
02
Phonies
17)
10
Motorola
18)
01
Batterie
19)
02
Microscopes
Le bilan en
termes de dégâts ou dommages collatéraux pour toute l’opération est à ce jour
de 4 cases brûlées, 3 tués et 1 blessé au sein de la population civile.
Jusqu’à
présent, nos forces n’ont pas eu à rencontrer une résistance farouche de la
part de l’ennemi. En effet, les FDLR se trouvant en débandade décrochent après
une brève résistance et cherchent plutôt à se réfugier vers les profondeurs des
forêts. Ils y sont désormais pourchassés.
II. LA
FOSSE COMMUNE DE MALUKU : UNE AFFAIRE EN VASE CLOS
Lorsqu’on
suit tout ce qui est dit et écrit sur l’enterrement collectif d’indigents et
corps de mort-nés à Maluku, on a l’impression que pour certaines personnes,
lorsqu’il n’y a rien qui puisse jeter l’anathème sur les dirigeants actuels de
la RDC, il faut en inventer. Ainsi en est-il de cet enterrement routinier et
somme toute banal de dépouilles de personnes indigentes pris en charge par la
municipalité de Kinshasa.
Les
rapports parvenus au Gouvernement de la République signalent effectivement
l’inhumation par les services de la Direction de la morgue centrale de Kinshasa
de 421 corps identifiés comme suit :
·
57
personnes non identifiées
·
30
personnes indigentes identifiées
·
300
morts-nés
·
26
corps abandonnés à l’hôpital Saint Joseph
·
12
personnes abandonnées à l’hôpital général de référence de Kinshasa
Soit 425 mais à l’examen, on se rendra vite compte que
par erreur de frappe, 4 noms avaient été repris deux fois. D’où le chiffre de
421.
Émotion, indignation, stupéfaction,
spéculation, protestations, exigence de vérité, tout se mélange et se bouscule
dans les questionnements, les uns sincères, les autres politiquement motivés
depuis l'annonce par les autorités provinciales de Kinshasa, de cette opération d’enterrement collectif de 421 corps
d’indigents.
La
réglementation des services en charge des funérailles et sépultures dans notre
pays entend par « personnes indigentes », les dépouilles trouvées par
les services sociaux et la police, mais dont ni l’identité, ni les liens de
parenté ne sont établis. C’est le cas des 57 corps de personnes non identifiées
inhumés sur le site de Maluku. Une liste disponible à l’hôtel de ville indique
pour qui le souhaite. Elle reprend, le numéro de réception, le sexe, l’âge, la
provenance et la date d’admission à la morgue centrale de Kinshasa.
La
réglementation sus-évoquée considère comme relevant de la catégorie
d’indigents, les corps des personnes connues par la population (identifiées),
mais abandonnées après leur décès dans les morgues de formations médicales. Une
liste de 30 personnes classées dans cette catégorie est également disponible à
l’hôtel de ville. Elle reprend tous les détails déjà évoqués pour la liste des
non identifiés, y compris la formation médicale de provenance.
Je ne sais
pas s’il faut définir ici un mort-né. Tout le monde sait de quoi il s’agit. Les
300 corps relevant de cette catégorie sont enregistrés dans le livre général de
la réception des corps. Le rapport de l’hôtel de ville précise qu’ils
proviennent le plus souvent de l’hôpital général de référence de Kinshasa et de
l’hôpital pédiatrique de Kalembe-lembe. Il ajoute qu’à ce groupe sont associés
les corps d’enfants abandonnés dans les différents ruisseaux.
S’agissant
des 26 corps abandonnés à l’hôpital Saint Joseph, il faut dire qu’il y avait en
fait 27 corps dont 1 n’a pas été enterré parce qu’il s’agissait d’un cas
judiciaire. Les 27 corps avaient été transférés à la morgue centrale de
Kinshasa par l’hôpital Saint Joseph. En témoigne sa lettre n°
1600/HSJ/DA/MK/122014 du 9 février 2015.
Quant aux
12 corps abandonnés à l’hôpital général de référence de Kinshasa, ils ont été
transférés par ledit hôpital à la morgue centrale le 3 mars 2015. La liste de
ces personnes avec les détails déjà évoqués pour les autres listes, est également
disponible à l’hôtel de ville.
Il n’y a
donc rien qui puisse autoriser un quelconque lien entre cette affaire et les
événements des 19 au 21 janvier 2015. Le bilan de ces événements est
connu : 27 morts. Même les sources les plus mal intentionnées n’ont pas
dénombré 421 morts en janvier dernier. Ceux qui s’adonnent à cet amalgame
tentent simplement d’alimenter inutilement l’affabulation.
Ce type
d’inhumation d’indigents s’est déjà effectué plusieurs fois avant même les
événements de janvier, notamment le 02 avril 2014, 83 personnes ont été
enterrées par les soins des mêmes
services municipaux parmi lesquelles 08 adultes abandonnés, 12
indigents, 27 corps non identifiés et 36 morts nés abandonnés. Le 08 juin 2014,
343 personnes durent inhumées dans les mêmes conditions 13 adultes abandonnés,
23 indigents, 40 corps non identifiés et 267 mort-nés et fœtus. Le 21 décembre
2014, 98 corps ont été enterrés collectivement parmi lesquels : 17
corps abandonnés, 26 indigents et 55 non identifiés. Pourquoi vouloir isoler
les corps inhumés le 09 mars 2015 et en faire une affaire particulière ?
Simplement parce que cette inhumation est postérieure aux évènements de janvier
2015 ? Soyons sérieux.
Rappelons avant toute chose que le
principe selon lequel Tout homme a droit à une sépulture digne est et demeure
un des droits fondamentaux des individus auxquels notre pays a souscrit. Il est
dès lors naturel qu'une telle information soulève des interrogations.
Néanmoins, nous estimons que certaines déclarations entendues ici et là au
sujet de ces inhumations sont au-delà du raisonnable. En effet, malgré les
informations et les explications fournies par les autorités de la municipalité,
c'est-à-dire de la ville de Kinshasa, on va de surenchère en surenchère.
Cette affaire est instrumentalisée
au point de pousser certains enfants du Congo dans la diaspora à entreprendre
des actions malveillantes telle cette agression avec des casses en règle dont
notre représentation diplomatique à Paris a été victime hier.
Les questions qui sont revenues le plus
souvent sont par exemple :
1) Pourquoi
y a-t-il des indigents abandonnés par leurs familles ?
Je
me demande à qui cette question est posée. Le Gouvernement est prêt à
s’impliquer dans une réflexion sur les voies et moyens de ramener plus de
solidarité au sein des familles.
2) Pourquoi
les autorités n’ont-elles pas associé la société civile à l’enterrement
collectif des indigents ?
Nous sommes là en face d’une perception
erronée de la division du travail social. S’il y a un problème avec de telles
actions, c’est à la justice et non à la société civile qu’appartient la
solution. Que chacun face son travail.
3) Pourquoi
avoir enterré ces indigents et bébés abandonnés en catimini sans associer leurs familles ?
Une
question qui ferait sourire n’eut été la gravité des faits. Car en effet, ces
pauvres compatriotes sont indigents parce que plus personne parmi leurs proches
ne s’occupe d’eux. Ces enfants morts en couche ont été abandonnés par leurs
mères. Pour votre information, quiconque suit les émissions des chaînes
publiques et même de Molière TV sait à quel point cette problématique est
poignante. Les services de la Morgue lancent régulièrement des appels aux
familles concernées, souvent sans succès. Où ira-t-on chercher ces fameuses familles
qui accompagneraient les services de l’Etat dans la mise en terre de ces
indigents ? C’est réellement parler pour dire n’importe quoi.
4) Pourquoi
un enterrement aux petites heures ?
Pour
répondre à cette question, je vais vous donner lecture du passage d’un rapport
du Directeur de la Morgue Centrale de Kinshasa à sa hiérarchie au sujet de la sécurité de ces opérations :
« Nous vous saurons gré d’envoyer sur le site un peloton d’agents de
l’ordre afin d’y garantir la sécurité lors du déroulement de la mise en terre.
Ceci éviterait à l’équipe des fossoyeurs commis à cette tâche d’être exposée à
la colère de la population environnante plus préoccupée à préserver leurs
lopins de terre acquis en cet endroit » (13 février 2015).
5) Pourquoi
il n’y a même pas de croix ?
Les
services de l’Etat n’ont aucune possibilité d’établir la confession religieuse
de chaque personne indigente prise en charge. Celui qui a posé cette
question est certainement adepte d’une
religion chrétienne. Ce n’est pas le cas de tout le monde au Congo qui est un
Etat laïc par ailleurs.
6) Quelqu’un
s’est interrogé pourquoi les bébés mort-nés ne sont plus enterrés le même jour
comme on le fait traditionnellement ? Il est probablement le seul à
ignorer que les très jeunes filles qui attendent famille sont parfois l’objet
d’un tel mépris dans leur milieu familial ou scolaire qu’elles commettent
l’irréparable en étouffant leurs bébés et en abandonnant le corps dans une
poubelle ou dans la rue. La mère étant inconnue, on se demande à qui le donneur
de leçons fait allusion pour l’inhumation le jour même.
Les coups de gueule et autres roulements
de mécaniques devant nos ambassades à l’étranger ne sont pas la solution. C’est
depuis plus de 30 ans, nous disent les agents de la morgue centrale que ce fléau
dû au déficit de solidarité familiale rempli nos cimetières d’indigents.
A Kinshasa, les gens ont de plus en plus
tendance à abandonner leurs proches souffrant. C’est une erreur de croire ou de
faire croire que le Gouvernement ou toute autre institution a le pouvoir de
suppléer à ce déficit de solidarité qui est pourtant une règle dans nos
coutumes.*
Au lieu de ne voir dans ce drame qui est
une marque, non pas du gouvernement mais de notre société dans sa globalité,
qu’une occasion pour une polémique politicienne de plus, il serait plus utile
aux uns et aux autres de se rassembler autour d’initiatives susceptibles de
créer des pratiques funéraires moins onéreuses et une meilleure intégration des
jeunes filles-mères avec leurs enfants dans la société.
En un mot, l’Etat par ses structures
locales s’efforce de faire le ménage des défaillances de la solidarité
familiale ou communautaire. Il ne faut pas inverser les responsabilités.
Quoiqu’il en soit, les choses doivent être faites correctement. En l’espèce,
l’opinion retiendra ce qui suit :
I. Le
19 mars 2015 les services de la Morgue centrale de l’Hôpital Général de
Référence de Kinshasa ont effectivement procédé à un enterrement collectif sur
le site du cimetière Fula Fula de la Commune de Maluku de 421 corps de bébés
abandonnés et d’indigents ;
II. Conformément
à la Note circulaire n° 015/2012 du 15 octobre 2012, la Morgue Centrale de
Kinshasa a fait savoir que tout corps ayant totalisé plus de 30 jours de
conservation doit faire l’objet d’enquête sociale pour recueillir les
renseignements authentiques sur la personne décédée et, à fortiori, on
procédera à l’enterrement des indigents ;
III. Il
s’agit d’une opération routinière qui s’effectue régulièrement pour désengorger
la Morgue Centrale de l’HGR de Kinshasa dont la capacité ne dépasse pas 400
places ;
IV. Les
corps ont été portés en terre chacun enveloppé dans un linceul en plastique
conformément aux pratiques en vigueur en pareil cas. Je signale que ceci
intéressera particulièrement les enquêteurs ;
V. Les
bruits les plus invraisemblables s’étant mis à courir sur cette initiative qui,
rappelons-le, relève de l’initiative du service de la Morgue centrale, le
gouvernement provincial de Kinshasa a aussitôt décidé de communiquer là-dessus,
ce qui bat en brèche la légende d’une ‘’découverte’’ (dont l’auteur reste
curieusement anonyme) d’une fosse commune ;
VI. Le
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et Droits humains a, aussitôt après la
communication des faits par l’Hôtel de Ville, enjoint le Parquet à diligenter
sans délai une enquête judiciaire sur cet enterrement collectif. Il n’a attendu
pour cela aucune pression de qui que ce soit.
VII. Les
magistrats et experts se sont d’ores et déjà déployés sur le site. Il s’agit
essentiellement de confirmer ou infirmer les faits tels que relatés et en
examiner la régularité au regard notamment des dispositions de l’ordonnance n°
11-104 du 15 mars 1950 sur les services des inhumations et police des
cimetières qui stipule que chaque congolais a droit à une tombe.
VIII. En
cas de nécessité les enquêteurs apprécieront la coopération de quiconque estime
pouvoir apporter sa contribution à la manifestation de la vérité.
Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre de la Communication et
Médias
Porte-parole du Gouvernement
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