Kinshasa, le 3 mai 2012,
« Plus vous prétendez comprimer la
presse, plus l’explosion sera forte. Il faut donc vous résoudre à vivre avec
elle » François René de Chateaubriand.
A l’occasion de la journée mondiale de
la liberté de la presse, la
France rend hommage à tous les journalistes qui chaque jour,
cherchent à dire et montrer la vérité, que celle-ci soit insolite, heureuse ou
insupportable, de façon objective et professionnelle.
Le degré de liberté de la presse est en
effet un des indicateurs de progrès ou de recul des droits fondamentaux dans un
pays, de son attachement à la liberté d’expression et d’opinion, mais aussi du
droit pour tous les citoyens d’être informés sur le fonctionnement des
institutions, du secteur privé, et sur ceux qui y participent.
Le droit des citoyens à l’information a
un prix, à en juger par les menaces, arrestations, emprisonnements, et
assassinats dont les journalistes ont été victimes, en temps de guerre comme en
temps de paix.
Rappelons nous aujourd’hui de tous ceux
qui, en République démocratique du Congo, sont morts pour avoir exercé ce
métier, et notamment de :
• Pierre
KABEYA, reporter au journal « KIN-MATIN », tué le 8 juin 1994 à Kinshasa
• Adolphe
KAVULA MISSAMBA, directeur du journal « NSEMO », tué le 12 novembre 1994
• Belmonde
Magloire MASSINHOUN, directeur du journal « Le Point Congo », disparu depuis le
13 septembre 1998 à Kinshasa
• Akite
KISEMBO, interprète de l’envoyé spécial de l’AFP à Bunia, porté disparu depuis
le 3 juillet 2003 à Bunia, dans la province Orientale.
• Pascal
KABUNGULU, journaliste et défenseur des droits de l’Homme, tué la nuit du 31
juillet au 1er Août 2005, à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu
• Franck
NGYKE KANGUNDU, journaliste chef de la rubrique politique au journal La Référence Plus, tué
dans la nuit du 3 novembre 2005 à son domicile de Kinshasa
• Kayilu
MUTOMBO, technicien de maintenance de CCTV (Canal Congo télévision), retrouvé
poignardé, le 29 mars 2006, sur le site de Kisanga (Lubumbashi), dans la
province du Katanga.
• Louis
MWAMBA BAPUWA, journaliste freelance, rédacteur de plusieurs articles
politiques dans les journaux de Kinshasa, tué à bout portant à son domicile de
Kinshasa/Matete dans la nuit du 8 juillet 2006.
• Serge
MAHESHE KASOLE, journaliste et secrétaire de rédaction à Radio Okapi, tué le 13
juin 2007 en pleine rue à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu.
• Patrick
KIKUKU WILUNGULA, reporter-photographe à l’ACP (Agence Congolaise de Presse) à
Goma dans la province du Nord-Kivu, tué à bout portant, le 9 août 2007.
• Didace
NAMUJIMBO Journaliste à Radio Okapi, tué à bout portant, dans la nuit du 21
novembre 2008, à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu.
• Bruno
KOKO CHIRAMBIZA, journaliste et chroniqueur culturel à Radio Star, émettant à
Bukavu poignardé la nuit du 23 Aout 2009
• Patient
CHEBEYA BANKOME alias MONTIGOMO, journaliste cameraman indépendant tué le 5 avril
2010.
• Witness-Patchelly
KAMBALE MUSONIA, journaliste à Radio Communautaire de Lubero Sud, tué le 21
juin 2011.
(Source : Journalistes En Danger)
Certains cas de meurtres ou de
disparitions n’ont jamais été élucidés.
Cette journée est l’occasion pour la France de saluer le courage
dont les professionnels de l’information font preuve en RDC et dans le monde,
artisans discrets de la transparence au service du peuple souverain, défenseurs
des droits de l’Homme au quotidien.
L’Ambassade de France assure la
présidence du groupe inter bailleurs médias en RDC qui réunit une quinzaine
d’Ambassades et d’organisations internationales. Les réunions régulières de ce
groupe permettent aux bailleurs concernés d’établir des positions communes sur
le secteur des médias et de proposer quand cela est nécessaire des démarches
diplomatiques en faveur de la liberté de la presse.
Par ailleurs, dans le cadre du programme
inter bailleurs d’appui aux médias en RDC (d’un montant de 20 millions d’euros)
financés par la Grande
Bretagne, la
Suède et la
France et mis en œuvre par l’opérateur France Expertise
Internationale, un appui important est destiné à Journalistes En Danger sur 5
axes : monitoring des atteintes à la liberté de la presse, plaidoyer et
lobbying pour la liberté de la presse en RDC, fonds d’assistance d’urgence,
viabilité et gouvernance de JED et appui institutionnel.
Enfin la France et ce même programme
apportent une contribution importante au projet Radio Okapi qui organise des
formations en faveur de la protection des journalistes.
Mais la liberté de la presse ne concerne
pas seulement la RDC. C’est
en effet une préoccupation majeure de la France au plan mondial. A cet égard, M Alain
Juppé, ministre des Affaires étrangères et européennes a souhaité rendre publique
la déclaration suivante à l’occasion de la journée internationale de la liberté
de la presse :
« En cette journée mondiale de la liberté de la presse, je pense
en premier lieu à Lucas Deloga, Gilles Jacquier et Rémi Ochlik, journalistes et
photographes français morts au cours des derniers mois en reportage en Tunisie
et en Syrie, ainsi qu'à leur famille et à leurs proches. J'ai souhaité que le
ministère des Affaires étrangères et européennes leur rende hommage en
présentant leurs photos les plus emblématiques des Printemps arabes et de leurs
aspirations démocratiques sur le site France diplomatie.
Cette journée est aussi l'occasion pour
moi de rappeler la forte mobilisation de la France, à Paris et à Bogota, pour obtenir la libération de Roméo
Langlois de France 24, retenu en Colombie depuis samedi.
L'an passé, selon les chiffres de
Reporters Sans Frontières, ce sont près de 66 journalistes qui ont été tués,
tandis qu'un millier d'entre eux étaient arrêtés et emprisonnés.
Je veux rendre hommage à tous ces
journalistes qui payent de leur vie ou de leur liberté l'exercice d'un métier
souvent dangereux, au service de la recherche de la vérité, dans des pays
déchirés par des conflits violents ou tenus par des dictateurs.
Il nous faut saluer le courage de tous
ceux qui, partout dans le monde, défendent au péril de leur vie ce droit
fondamental qu'est la liberté de la presse et
la liberté d'expression, alors que les atteintes à ce droit, universel,
essentiel, persistent dans de nombreux pays.
Le libre exercice du métier de
journaliste constitue une priorité dans notre politique de défense des droits
de l'Homme. Chacun voit en effet que le premier réflexe des ennemis de la
liberté, c'est de bâillonner la presse,
que les premiers alliés des combattants pour la liberté, ce sont des medias
libres. La France
est à cet égard particulièrement vigilante pour la liberté du cyber espace ».
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