Radio Okapi - La République démocratique du Congo vient de rater
l’occasion de se connecter à la fibre optique. Sur quatorze pays à connecter,
seule la RDC ne l’est pas encore alors que la République du Congo et le Togo
ont été officiellement connectés pour la première fois, mardi 15 mai, à
l’occasion du lancement du projet WACS (west africain submarin cable system).
Ce projet du géant de télécom MTN vise à connecter quatorze pays africains à la
fibre optique pour utiliser Internet à haut débit.
Les câbles de la fibre optique, déployés pour le projet
WACS, longs de 14.600 km quittent Londres, longent les pays de
l’Afrique de l’Ouest jusqu’à Cape Town (Afrique du Sud). Son coût s’élève à 600
millions de dollars américains.
« La RDC n’a pas été connectée parce que nous
sommes un peu en retard par rapport à la construction du point
d’atterrage qui doit être connecté à la fibre optique. Dans les deux mois
qui suivent, les travaux [de construction de cette station] seront finis. Cette
fois, il y a trois vecteurs qui concordent : il y a la volonté politique
très engagée, la compétence de l’exécutif de la SCPT et la volonté de tous les
employés de la SCPT [à faire aboutir ce projet]», a déclaré Placide
Mbatika, administrateur directeur général de la Société congolaise de poste et
télécommunication (SCTP) qui a assisté lundi au lancement du projet WACS en
Afrique du Sud.
La station d’atterrage permet l’exploitation
effective de la fibre optique. « Fin août, nous serons connectés »,
assure Placide Mbatika. A l’en croire, le déplacement de la délégation
congolaise en Afrique du Sud s’inscrivait davantage dans le cadre d’une visite
d’information. Il a affirmé : « Nous sommes allés visiter le point
d’atterrage de l’Afrique du Sud et nous sommes allés rassurer nos partenaires
sur l’implication de la RD Congo dans le consortium WACS, leur dire que l’Etat
congolais a mis tous les moyens pour notre participation au projet WACS. »
Qui va gérer les revenus de la
fibre optique ?
La RD Congo demeure à la queue des Nations
connectées à la fibre optique alors que le câble
sous-marin qui relie le pays à l’Europe a été posé à Moanda, ville
côtière de l’Ouest, en février 2011. Depuis cette date, les querelles se sont
succédées entre syndicalistes et l’ancien comité de gestion de la SCPT sur
l’entité qui devrait gérer les revenus que générera l’exploitation de cette
technologie. En juin 2011, Alphonse Lukusa, le président d’un syndicat de la
SCPT affirmait à Radio Okapi que les revenus attendus de l’exploitation de la
fibre optique étaient de l’ordre de 30 à 40
millions de dollars américains par mois. Une affaire de gros sou.
Les syndicalistes accusaient l’ancienne ministre du
Portefeuille, Jeanine Mabunda et celui des PTT, simon Bulupiy d’user des
manœuvres visant à retirer la gestion de la fibre optique à la SCPT pour la
confier à une entreprise dénommée Congo câble, fictive, selon les syndicalistes
et créée de toute pièce pour gérer les fonds qui seront générés par
l’exploitation de la fibre optique. Des craintes compréhensibles, estimaient
les observateurs, lorsqu’on sait que les employés
de la SCPT comptent près de cent mois de non paiement de salaires.
Et attendent beaucoup de l’exploitation de la fibre optique.
Taux de pénétration Internet
La fibre optique s’avère utile en RD Congo, un pays
grand comme quatre fois la France, mais qui a l’un des taux de pénétration
d’Internet le plus faible au monde. L’Afrique elle-même ayant un taux de
pénétration de 23%. Les chiffres récents sur le taux réel de pénétration
d’Internet en RDC sont difficilement trouvables. Mais « quinze
fournisseurs d’accès Internet étaient reconnus en 2005, avec un nombre
d’internautes estimé à 140 625, celui des abonnés à Internet WLAN à 24 000 et
celui des abonnés à Internet à large bande à 1 500 la même année » pour
une population estimée à 60 millions d’habitants, indique une étude
réalisée en 2007 par le centre canadien de recherche pour le développement
international (CRDI) pour le compte de l’Office congolais de poste
et télécommunication (OCPT), l’actuelle SCPT.
Dans les grandes villes du pays, les Congolais
accèdent à Internet dans les cybercafés essentiellement pour lire et envoyer
des courriers électroniques. Et de plus en plus des jeunes gens fréquentent les
cybercafés pour utiliser les réseaux sociaux, le débit très faible ne
permettant généralement pas la lecture des vidéos ou les téléchargements de
certains fichiers lourds dont le PDF. En RD Congo, l’Internet reste encore un
bien élitiste. Mais si le pays n’est pas connecté à la fin août, il y a une
élite qui risque d’être pénalisée. C’est celle qui se réunira du 12 au 14
octobre prochains à Kinshasa dans le cadre du XIVè sommet de la francophonie.
Une rencontre qui nécessitera, on s’en doute bien, de l’Internet à haut débit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire