Le
Collectif des organisations non gouvernementales des droits de l’homme et de
bonne gouvernance saluent l’initiative prise par le Président Joseph Kabila
Kabange de passer à la phase décisive, bien que ce soit tard, dans la lutte
contre la corruption et le blanchiment des capitaux en faisant une dénonciation
auprès du Parquet général de la république depuis plus de 48 heures. Une
pareille démarche était attendue depuis longtemps pour éradiquer ce fléau
durable ou tout au moins en diminuer sensiblement l’ampleur.
La
RDC est classée, depuis plusieurs décennies, dans la tranche variant entre 75
et 100 % de corruption étatique au monde sans que le Parquet Général de la République n’engage des
enquêtes sérieuses et efficaces pouvant déboucher sur des poursuites
judiciaires, et ce, malgré des multiples dénonciations des parlementaires et des ONG de la
société civile nationales et internationales. Le Parquet Général de la
République s’est montré inerte si pas complaisant ou limité dans plusieurs
dossiers relatifs à la corruption, au détournement des deniers publics et au
blanchiment des capitaux lui soumis par le passé.
Nos
organisations relèvent que l’inféodation de la plupart de hauts magistrats, qui
coiffent l’ordre judiciaire, au gouvernement ne garantit pas d’enquête
indépendante et impartiale. Et le fait que des sources fiables aient évoqué
notamment le nom de Monsieur Moïse Katumbi Chapwe, gouverneur de la province du
Katanga, qui s’était publiquement opposé, comme la majorité des congolais, à la
modification de la constitution pour donner un troisième mandat au Président
Joseph Kabila, nous pousse à craindre une éventuelle instrumentalisation de la
justice à des fins purement politiques à la veille de l’élection présidentielle
de 2016.
Le
Collectif des ONG des droits de l’homme et bonne gouvernance dénoncent toute
démarche tendant à faire organiser des procès spectaculaires, dans le but
déclaré de combattre la corruption, mais qui en réalité viserait des opposants, concurrents ou
adversaires politiques.
Nos
organisations rappellent que plusieurs leaders de l’opposition et de la société
civile croupissent déjà à la prison de Makala à cause de leurs opinions et
n’ont pas droit au procès équitable. Pour rassurer l’opinion publique de son
indépendance et impartialité, le Parquet Général de la République devra étendre
son enquête à tous les cas lui soumis antérieurement par les parlementaires et
ONG des droits de l’homme et bonne gouvernance impliquant des anciens
collaborateurs du Cabinet du Président de la République, des anciens Premier
Ministre et ministres, mandataires publiques et sociétés publiques et privées
des secteurs minier, forestier et pétrolier.
Nos
organisations vont soumettre, incessamment, au Parquet Général de la République
des informations relatives aux autres dossiers impliquant des personnes
précitées.
Nos
organisations considèrent qu’à dix mois des élections législatives et
présidentielle de 2016, le Président Joseph Kabila a la responsabilité
principale faire libérer tous les prisonniers politiques et d’opinons et faire
conclure un consensus national pour l’organisation des élections provinciales,
législatives et présidentielle transparentes et équitables dans les délais
constitutionnels pour une alternance démocratique.
De
ce qui précède, le Collectif des organisations des droits de l’homme et bonne
gouvernance, tout en insistant pour que le Parquet Général de la République
fasse preuve d’indépendance et impartialité, recommande :
· Au Président de la
République, de s’assurer
que sa dénonciation viserait pas certaines personnalités politiques à cause
notamment de leur opposition à un troisième mandat, et de faire libérer tous
les prisonniers politiques et d’opinion avant le dialogue politique ;
· Au Procureur Général de la République, d’agir avec indépendance et
impartialité et prendre en compte tous les cas de corruption et blanchiment des
capitaux notamment ceux relatifs au détournement de 30.000.000 USD de la SNEL
provenant de paiement de facture consommation de l’électricité faite par la
République du Congo-Brazzaville, à la fraude douanière à Kasumbalesa, à Matadi
au Bas-Congo, dans la province du Nord-Kivu…, aux secteurs pétrolier, minier et
forestier.
Fait à
Kinshasa, le 27 juin 2015
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