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lundi 8 juin 2015

Massacres dans le territoire de Beni au Nord-Kivu: la société civile locale interpelle la communauté nationale et internationale


Me Omar Kavota, Coordonnateur du Centre d’Etudes pour la Paix et les Droits de l’Homme (CEPADHO), Ong des droits de l'homme active à l’Est de la RDC qui a démissionné volontairement des fonctions de Vice-Président et Porte-parole de la Société Civile du Nord-Kivu, pour
fin mandat et Teddy Kataliko, Président de la Coordination de la Société civile Territoire de Beni, ont animé lundi 8 juin 2015 à Kinshasa une conférence de presse sur la situation sécuritaire dans le Nord-Est de la Rdc et les consultations présidentielles en cours.

Objectif de la communication
L’objectif de cette Conférence de presse est de tenter tant soit-peu de restituer la vérité des faits sur ce qui se passe au Nord-Kivu. Par ce qu’en tant que témoins directs des événements, nous avons de la peine en réalisant que nombreux d’entre nous (Opérateurs politiques, Analystes, Journalistes, Diplomates, Citoyens lambda, etc. .) sont ceux qui comprennent mal ou ne comprennent pas du tout ce à quoi la République fait face à l’Est du pays. Cela l’est de manière innocente pour la grande partie de gens.
Cependant, il est possible qu’une petite minorité d’agitateurs et des manipulateurs quand bien même sachant le véritable problème qu’il y a, se contentent de désinformer l’opinion, de présenter autrement le problème en vue de tirer des dividendes de la situation.
La conséquence c’est qu’en force de dénaturer le problème, en force de l’ignorer ou de le présenter autrement, l’on isole les chances d’y
trouver de véritables solutions et de fois l’on décourage la solidarité nationale et internationale pourtant requise pour l’endiguer.
Nous sommes convaincus que si les medias que vous représentez peuvent restituer la vérité à la Société, celle-ci se mobilisera en faveur d’une  solution durable et définitive pour arrêter le mal.
A cet effet, nous envisageons articuler notre Communication de ce jour sur 3 points, à savoir :
- La problématique des massacres des civils à BENI ;
- La récente attaque de l’aéroport de Goma ; et enfin,
- Notre point de vue sur les tractations en cours au sujet d’un prochain  Dialogue National.
I
Aperçu sur la situation des massacres des civils à Beni
Ce qui se passe en Ville et en Territoire de Beni c’est le pire de l’histoire de notre pays. Tuer les personnes à la manchette ou à la hanche, éventrer les femmes enceintes, broyer les têtes des enfants en les cognant contre le mur sans moindre pitié tel est l’image de ce qui se vit dans cette partie du pays depuis le 2 octobre 2014. Jusqu'à ce jour, nous comptons au moins 430 personnes sauvagement exécutées, ce qui présente une moyenne de 54 civils tués chaque mois, soit 14 civils/semaine et donc 2 morts chaque jour.
Si face à cette cruauté nous pouvons rester indifférents, alors notre sens humain perd sa valeur. La question que nombreux se pose c’est sans doute, qui fait tout ça ?
Il ne faut pas passer par 4 chemins pour identifier l’ennemi, les tueurs des Civils à Beni. Nous savons qu’ici à Kinshasa vous avez appris toute sorte de ragots  quant à ce. Certaines bouches vous ont dit sans rire que :
- Ce sont les Fardc engagées dans les Operations Sukola 1  qui massacrent les civils à Beni ;
- Ce sont les casques bleus de la Monusco qui distribuent les machettes et les armes aux tueurs ;
- Ce sont les compatriotes rwandophones en migration vers le Territoire de Beni ou d’Irumu (Ituri)  qui massacrent les civils, etc. Retenez que tout cela n’est que mensonge éhonté. Ce genre d’affirmations mensongères faites surtout dans l’unique intention de nuire de décourager toutes les volontés disponibles à contribuer à endiguer l’hémorragie, de désinformer ou d’intoxiquer la population traduisent purement et simplement, à défaut de la complicité et de la haine, la trahison contre notre chère patrie la RDC.

S’agissant par exemple de ceux mettent en cause les Fardc
Qui peut ignorer que dans la plupart des cas, nombreux survivants des massacres ne l’ont été que grâce à l’intervention des Fardc ? Allez-y voir, dans les localités où les massacres ont été perpétrés, comme : Eringeti, Kainama, Kokola, Kisiki, Mbau, Mamundioma, Kambi Ya Miba, Mavivi, Musuku, en Secteur de Beni-Mbau pour le Territoire de Beni ou dans certains Quartiers comme Paida, Boyken, Ngadi ou Matembo en ville de Beni. Méconnaître ces sacrifices consentis par l’armée dans ces moments difficile relève de l’ingratitude, si non de la complicité avec les tueurs.
Aussi, rappelons-nous : Il y a eu des moments où l’armée au cours de cette Opération Sukola 1 a mené des rudes  combats, où l’on pouvait facilement assister à la mort de 5 Officiers supérieurs, sans compter la vingtaine ou la trentaine des combattants. Mais, jamais ce jour-là
à on a assisté à aucune scène de pillage ou d’assassinat d’un seul civil par les militaires en colère pouvant prétexter  venger leurs compagnons d’armes.
Comment se pourrait-il qu’à l’ occasion de rien ces militaires qui ont défendus la population au prix de leur sang soient ceux qui se détournent et se livrent aux massacrent les civils ? Non, c’est absurde et donc injustifiable.
Nous croyons par contre que les opérateurs de cette thèse cherchent tout simplement soit à révolter les militaires soit à les inciter à se retourner contre les civils pour briser ainsi le mariage Fardc-Population. Aussi, il se voit dans cette campagne une certaine volonté des détracteurs du Chef de l’Etat (Commandant Suprême des Fardc) à vouloir opposer la population contre lui, en le présenter comme le bourreau de ceux en faveur de qui il se bat pour sécuriser. C’est méchant et très malhonnête.
Quant à ceux qui accusent les casques bleus de la Monusco : Pendant qu’on voit les éléments de la brigade d’intervention de la Monusco agir au côté des Fardc pour combattre l’ennemi à Beni, pendant qu’on assiste aux embuscades contre les Casques bleus à Beni, ça parait insultant de dire que la Monusco serait de mèche avec ceux qui tuent les civils à Beni.  Il est clair que les conspirateurs de pareille thèse  voudraient susciter de l’énervement dans le Chef de la mission en vue d’obtenir son désengagement. Pour le bien être de la population, il faut leur faire échec et se méfier d’eux.
Et pour ceux qui incriminent nos compatriotes d’expression rwandaise en migration vers Irumu et Beni : Il faut noter que ceux-ci ne peuvent apporter la moindre preuve de
leur affirmation. Il y a lieu de croire que pour des intérêts inavoués ou par nostalgie du mal, il y a ceux dont le plaisir c’est de raviver les tensions interethniques pour perpétuer la violence à l’Est du
pays. Ce sont eux qui pourraient être à l’origine de ces propos.

Mais alors la question persiste, qui massacre les Civils à Beni ?
En réponse, mes dames et Mrs de la Presse, disons cela tout haut à l’intention de toute la Communauté tant nationale qu’internationale : Ceux qui tuent à Beni, ce sont des terroristes. Ce sont des islamistes, des djihadistes du genre ou de l’espèce Boko Haram, El Shabaab, Al Qu’Aïda, etc. et cela avec comme objectifs :
• La mise en place d’un système de terreur d’épuration systématique des populations civiles,
• Le déplacement force des populations en vue d’occuper progressivement leurs terres et d’exploiter     les ressources naturelles,
• L’installation des foyers d’intégristes religieux et des bases d’entrainement terroristes dans la zone
Un ensemble des sujets Ougandais, Kenya, Somaliens, Tanzaniens, Rwandais, Soudanais, Burundais, Centrafricains et Congolais qui se couvrent le label Adf-Nalu (au nom de cette rébellion ougandaise) aujourd’hui sous une nouvelle dénomination ‹ MDI › Muslum Defense
International, alors que ce sont des véritables terroristes qui s’assignent pour mission islamiser de force toute la région et créer un Etat Islamiste dans la Région de Grands Lacs.
L’extrême nord du Territoire de Beni, dans le Parc de Virunga et la Vallée de la rivière Semuliki ont abrité jusqu’il y a peu des centres d’Instruction pour former ces terroristes. Leurs essais de bombes artisanales ont fait par plus de 4 fois des victimes en Ville de Beni au cours du premier Trimestre de 2014.
Pour ces Terroristes, l’armée régulière congolaise ne pouvait pas venir démanteler ce centre international de terrorisme (allusion faite aux destructions par les Fardc des Camps Madina, Canada, Issa, Makoyova, Makembi, Tsutsubo, Abia Kambi Ya Miba, Kambi Ya Chui) qui a valu des millions des dollars, d’importantes ressources matérielles et humaines. Et comme pour y arriver l’armée a bénéficié de la complicité de la population, les Djihadistes viennent faire payer cela à cette population. Ces Terroristes, pour s’enraciner, ont réussi à asseoir un réseau d’intelligence très entretenue, un circuit financier/économique transfrontalier très fort ainsi que des complicités locales et internationales. A ce sujet, au premier semestre 2013 nous avons par exemples documenté de cas de recrutements des jeunes dans des mosquées au Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema et Ituri, le kidnapping des plus ou moins 894 civils en Territoire de Beni convertis de force en musulmans (selon les témoignages de plus de 383 civils libérés, des combattants-Adf rendus ou capturés par les Fardc). Ceux qui s’opposaient à cette conversion forcé étaient exécutés sans autre forme de procès, c’est le cas de 3 Prêtres de la Paroisse Catholique de Mbau, en à en croire un combattant ADF capturé.
C’est pourquoi nous disons que le contexte sécuritaire en Territoire de  Beni nécessite une attention particulière de chacun de nous. Le problème est aussi grand que nous ne l’imaginons. Il nécessite, pour l’endiguer, la mobilisation de toute la Communauté nationale et internationale, la solidarité des toutes les provinces de la RDC, des Etats de la Région, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, des USA et des Nations Unies. Seule la RDC ne peut pas faire face à cette hémorragie sans le concours des Etats amis. C’est ici l’occasion de féliciter la Tanzanie qui a joué sa part en mettant la main sur le cerveau n° 01 de l’ADF
MDI, Jamili Mukulu. Les autres Etats voisins devaient en matière de coopération avec la RDC dans cette lutte, imiter la Tanzanie, étant donné que nombreux recrues viennent de chez eux.
Nous encourageons le Chef de l’Etat à prendre le devant dans la mobilisation de la Communauté nationale et internationale pour que ce problème soit compris de par le monde. Si le Nigeria, le Cameroun, le Mali n’ont pas eu honte de le faire pour appeler à la solidarité
internationale, la RDC ne pourra plus non plus à son tour s’en empêcher. Nous voudrions finir ce point en fixant l’Opinion que : ce qui se
passe à Beni n’est jamais l’affaire de massacres des Civils par les Fardc ou la Monusco, ou la complicité de l’armée. Le dire ainsi c’est tout simplement cracher sur les efforts jusque-là consentis par les Fardc, voire sur la mémoire de ceux qui sont tombés sur la ligne de front pour cette cause.
Sachons tous qu’à Beni il y a plutôt des Terroristes, sans objectif militaire. Ils ont de têtes pensantes (en RDC et à l’extérieur du pays), des Noyaux des Coordinations  dans les profondeurs (foret /parc) et des groupes satellites opérant en groupuscules dans les faubourgs  des agglomérations pour décapiter, éventrer les civils sans défense. Contenir leur mode opératoire passé de la guerre classique à la guérilla ou guerre en symétrie nécessite une compréhension commune et des moyens conséquents aussi bien humains que matériels, la solidarité nationale et internationale.
Chercher à réduire ce grand problème aux simples individus (Commandants des Operations militaires par ex., unités Fardc engagées sur les fronts) revient à le minimiser, à le dénaturer et à s’isoler des pistes vers une solution durable.

De la récente attaque de l’aéroport de Goma
A notre niveau, la récente attaque de l’aéroport de Goma est un signe qui ne trompe pas sur les risques d’une nouvelle guerre à l’Est du pays. Ce serait peut-être inapproprié de réduire une menace de ce genre à un seul petit individu Kambale Malonga, présenté comme cerveau de cette tentative de déstabilisation par les Officiels. Avec la menace terroriste dans la région, les incursions  rwandaise et ougandaise dans le Territoire de Rutshuru, Nyiragongo et Beni observées les mois derniers, il y a lieu de considérer que derrière Kambale Malonga se cache une main noire. Kambale  parait un arbre qui cache la forêt. Partant du mode opératoire des combattants, des armes dont ils ont fait usage, le lieu choisi pour déstabiliser la ville (très stratégique même pour la province), il faut comprendre qu’il y a là un réseau qui peut avoir des ramifications aussi bien à l’intérieures qu’à extérieur du pays. Tout en saluant l’action des Forces et Services de sécurités qui ont réussi à mettre la main sur ces malfrats, nous restons prudents en attendant la suite et appelons la population à plus de vigilance. Dans l’entre temps, nous encourageons le Gouvernement Central à ouvrir l’œil et le bon, à suivre de près la situation pour éviter toute éventuelle surprise.

Des consultations en perspectives d’un éventuel dialogue national, notre point de vue
Tout en étant en Province, nous suivons de près la démarche entreprise par le Chef de l’Etat qui  procède en ces jours par les consultations de la représentation de la population en vue de juger ou non de la pertinence d’un éventuel Dialogue National.
Nous saluons cette approche choisie par le Président de la République qui depuis son avènement à la tête de ce pays s’est toujours montré ouvert pour échanger sur des questions intéressant la vie de la Nation. Cependant, étant donné que  Kinshasa n’est la RDC, nous encourageons le Chef de l’Etat à faire le tour de Province pour écouter aussi la voie de l’intérieur du pays. A la limite, si le Président pouvait faire le tour de grands blocs de la république (Est, Centre et Ouest) et écouter les avis et considérations des Congolais de l’arrière-pays, afin de se faire un aperçu véritablement national.

Toutefois, s’il arrive que l’agenda du Chef de l’Etat ne lui facilite pas de faire le tour des
Provinces en réponse à notre vœu, qu’il lui plaise au cas où il est décidé de la tenue du Dialogue National a lieu, d’inscrire sur les matières à traiter, outre le dossier électoral, le dossier sécuritaire
et particulièrement du Terrorisme en émergence à l’Est du pays. Par ce qu’il est clair que dans le contexte actuel de Terrorisme au Nord-Kivu et dans d’autres provinces de l’Est, la sécurité du processus électorale est menacée.

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