Déclaration préliminaire de Tom
Malinowski Sous-secrétaire d’Etat à la Démocratie, aux Droits de l’Homme et aux
Travailleurs Conférence de presse du 4 juin 2015 à la Résidence de
l’Ambassadeur des Etats-Unis Kinshasa, RDC Merci M. l’Ambassadeur de ce bel
endroit que vous avez mis à notre disposition pour que nous puissions nous
exprimer et échanger avec la presse, et merci à tous de vous être joints à nous
aujourd’hui. Je suis ici en partie pour participer à une conférence qui a réuni
des fonctionnaires de justice et des responsables du gouvernement issus de
certains pays de la région des Grands Lacs, afin de discuter de la manière dont
nous pouvons travailler ensemble afin de mieux rapprocher les institutions
judiciaires en faveur des communautés défavorisées de la région. J’ai aussi eu
l’occasion de rencontrer plusieurs membres du gouvernement congolais pour
parler des questions importantes de démocratie, de droits de l’homme et de
gouvernance qui font l’objet des discussions de nos gouvernements respectifs
depuis un certain temps. Nous nous sommes, à titre d’exemple, entretenus avec
le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur Evariste Boshab, le
ministre des affaires étrangères et le ministre de la justice. Nous avons
rencontré beaucoup de représentants de la société civile ainsi que des membres
de l’opposition politique. Notre message a, avant toute chose, souligné que le
gouvernement des Etats-Unis suit de près les événements qui se déroulent en RDC
et dans la région des Grands Lacs, particulièrement maintenant. En dépit de
tous les défis auxquels la RDC et la région font face, nous constatons que de
grands progrès ont été réalisés, quand nous observons les dix ou vingt
dernières années. Des progrès ont été accomplis dans le cadre de la lutte
contre l’impunité et en ce qui concerne l’édification d’institutions
démocratiques. La société civile est bien plus forte et les gens ont plus
conscience de leurs droits qu’auparavant. En raison de ces progrès, nous
croyons que la RDC a, à tout le moins, l’occasion de réaliser de grandes
avancées dans les années à venir. Le Congo a, premièrement, l’opportunité
d’assurer une passation de pouvoir démocratique en 2016 dans le respect des
prescrits de sa constitution. Il a aussi l’occasion de réduire de manière
significative les violences qui ont gravement affecté l’est du pays—voire d’y
mettre un terme—violences commises par des groupes armés organisés qui
s’attaquent aux populations civiles. Ces choses dépendent des décisions que le
gouvernement doit prendre et de notre capacité de travailler ensemble
étroitement. Venons-en aux questions précises. Permettez-moi d’abord de
souligner que le gouvernement des Etats-Unis soutient résolument la décision du
gouvernement et l’engagement du gouvernement d’organiser des élections
nationales et présidentielles en 2016. Terminer le cycle électoral dans son
entièreté, y compris les élections locales, est une gageure. En outre, les gens
ont des préoccupations que nous connaissons fort bien. Mais, à notre avis, il
importe avant tout d’achever la transition démocratique au sommet en 2016 et
d’assurer qu’aucune action ne sera entreprise dans l’entretemps qui pourrait
compliquer cette transition ou conduire à un retard. Les Etats-Unis ont une
position claire et constante sur la question de la limite des mandats et le
respect des constitutions en Afrique et dans le reste du monde. Nous croyons
que le respect de la limite des mandats est bon pour la démocratie et bon pour
la stabilité. Nous avons vu dans d’autres pays ce qu’il arrive quand ces
principes ne sont pas respectés et nous ne voulons pas voir ces choses se
produire ailleurs. Dans ce contexte, nous saluons et soutenons la décision du
gouvernement d’organiser un dialogue avec l’opposition pour parler du
calendrier électoral et d’autres questions. Et nous encourageons toutes les
parties prenantes, y compris l’opposition, à y participer, malgré les doutes
qu’ils peuvent avoir. Le dialogue devrait toutefois se focaliser rigoureusement
sur les questions électorales et ne pas être utilisé comme prétexte pour
retarder les échéances électorales. Nous avons aussi parlé au gouvernement de
l’importance de garder un espace ouvert pour le dialogue politique, les débats
et les divergences d’opinion dans la société en général, pour autant que cela
se fasse dans la paix. A l’approche des élections, il est crucial que les
libertés fondamentales, y compris la liberté d’expression et la liberté de
rassemblement, soient respectées. Il est également important que le
gouvernement établisse une distinction entre ceux qui expriment leurs idées
pacifiquement en faveur du changement—y compris les jeunes congolais—et ceux
qui recourent véritablement à la violence. Enfin, nous avons eu un certain
nombre de conversations avec le gouvernement et la mission des Nations Unies
établie au Congo sur la situation actuelle dans l’est du pays et l’état de la
relation entre le gouvernement et la MONUSCO. Tout le monde est d’avis que la
MONUSCO n’a pas vocation à s’éterniser en RDC, qu’elle devrait être réduite sur
la base d’un ensemble de critères définis fondés sur les conditions prévalant
sur le terrain. Mais certains groupes armés sont toujours opérationnels dans
l’est, y compris l’ADF, les FDLR et d’autres factions. Des citoyens congolais
continuent de mourir. Le gouvernement doit reprendre sa coopération avec la
MONUSCO et cesser de prendre les populations de l’est de la RDC en otage dans
l’engrenage d’un désaccord sur l’avenir des forces onusiennes, même si ce
différend est légitime. Ce sont les questions dont nous avons parlé. Je
souhaite encore souligner que nous voyons une opportunité de transcender
certaines des questions difficiles qui ont affligé ce pays pendant de longues années.
Comme toujours, cela exige une certaine volonté politique, mais si cette
volonté est présente, le partenariat entre les Etats-Unis et la RDC, fournira,
je crois, le soutien nécessaire à la réalisation de certains de nos objectifs
communs. Merci. Je suis prêt à répondre à vos questions.
Ambassadeur Swan:
Bon après-midi et soyez les bienvenus. Je suis Jim Swan, l'ambassadeur des
Etats-Unis auprès de la République démocratique du Congo. J'ai l'honneur de
vous présenter le Sous-secrétaire d'Etat à la Démocratie, aux Droits de l'homme
et au Travail Tom Malinowski. Au cours de sa carrière remarquable, il a occupé
des fonctions importantes au Département d'Etat, notamment au sein de notre
Personnel de Planification Politique ainsi qu’au Conseil National de Sécurité,
sous l'administration du Président Clinton. Il a aussi été dirigé le bureau de
Washington de la célèbre organisation non-gouvernementale de défense des droits
de l'homme Human Rights Watch. C'est sa première visite en République
démocratique du Congo. Soyez les bienvenus et nous attendons vos questions avec
impatience.
Sous-secrétaire d'Etat Tom Malinowski: Merci M. l’Ambassadeur de ce bel endroit que vous mettez
à notre disposition pour que nous puissions nous exprimer et échanger avec la
presse, et merci à tous de vous être joints à nous aujourd’hui. Je suis ici en
partie pour participer à une conférence qui a réuni des fonctionnaires de
justice et des responsables du gouvernement issus de certains pays de la région
des Grands Lacs, afin de discuter de la manière dont nous pouvons travailler
ensemble afin de mieux rapprocher les institutions judiciaires en faveur des communautés
défavorisées de la région. J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer plusieurs
membres du gouvernement congolais pour parler des questions importantes de
démocratie, de droits de l’homme et de gouvernance qui font l’objet des
discussions de nos gouvernements respectifs depuis un certain temps. Nous nous
sommes, à titre d’exemple, entretenus avec le Vice-premier ministre et ministre
de l’Intérieur Evariste Boshab, le ministre des Affaires étrangères et le
ministre de la Justice. Nous avons rencontré beaucoup de représentants de la
société civile ainsi que des membres de l’opposition politique.
Notre message a,
avant toute chose, souligné que le gouvernement des Etats-Unis suit de près les
événements qui se déroulent en RDC et dans la région des Grands Lacs,
particulièrement maintenant. En dépit de tous les défis auxquels la RDC et la
région font face, nous constatons que de grands progrès ont été réalisés, quand
nous observons les dix ou vingt dernières années. Des progrès ont été accomplis
dans le cadre de la lutte contre l’impunité et en ce qui concerne l’édification
d’institutions démocratiques. La société civile est bien plus forte et les gens
ont plus conscience de leurs droits qu’auparavant. En raison de ces progrès,
nous croyons que la RDC a, à tout le moins, l’occasion de réaliser de grandes
avancées dans les années à venir. Le Congo a, premièrement, l’opportunité
d’assurer une passation de pouvoir démocratique en 2016 dans le respect des
prescrits de sa constitution. Il a aussi l’occasion de réduire de manière
significative les violences qui ont gravement affecté l’est du pays—voire d’y
mettre un terme—violences commises par des groupes armés organisés qui
s’attaquent aux populations civiles. Ces choses dépendent des décisions que le
gouvernement doit prendre et de notre capacité de travailler ensemble
étroitement.
Venons-en aux
questions précises. Permettez-moi d’abord de souligner que le gouvernement des
Etats-Unis soutient résolument la décision du gouvernement et l’engagement du
gouvernement d’organiser des élections nationales et présidentielles en 2016.
Terminer le cycle électoral dans son entièreté, y compris les élections
locales, est une gageure. En outre, les gens ont des préoccupations que nous
connaissons fort bien. Mais, à notre avis, il importe avant tout d’achever la
transition démocratique au sommet en 2016 et d’assurer qu’aucune action ne sera
entreprise dans l’entretemps qui pourrait compliquer cette transition ou
conduire à un retard. Les Etats-Unis ont une position claire et constante sur
la question de la limite des mandats et le respect des constitutions en Afrique
et dans le reste du monde. Nous croyons que le respect de la limite des mandats
est bon pour la démocratie et bon pour la stabilité. Nous avons vu dans
d’autres pays ce qu’il arrive quand ces principes ne sont pas respectés et nous
ne voulons pas voir ces choses se produire ailleurs.
Dans ce contexte,
nous saluons et soutenons la décision du gouvernement d’organiser un dialogue
avec l’opposition pour parler du calendrier électoral et d’autres questions. Et
nous encourageons toutes les parties prenantes, y compris l’opposition, à y
participer, malgré les doutes qu’ils peuvent avoir. Le dialogue devrait
toutefois se focaliser rigoureusement sur les questions électorales et ne pas
être utilisé comme prétexte pour retarder les échéances électorales. Nous avons
aussi parlé au gouvernement de l’importance de garder un espace ouvert pour le
dialogue politique, les débats et les divergences d’opinion dans la société en
général, pour autant que cela se fasse dans la paix. A l’approche des
élections, il est crucial que les libertés fondamentales, y compris la liberté
d’expression et la liberté de rassemblement, soient respectées. Il est
également important que le gouvernement établisse une distinction entre ceux
qui expriment leurs idées pacifiquement en faveur du changement—y compris les
jeunes congolais—et ceux qui recourent véritablement à la violence.
Enfin, nous avons
eu un certain nombre de conversations avec le gouvernement et la mission des
Nations Unies établie au Congo sur la situation actuelle dans l’est du pays et
l’état de la relation entre le gouvernement et la MONUSCO. Tout le monde est
d’avis que la MONUSCO n’a pas vocation à s’éterniser en RDC, qu’elle devrait
être réduite sur la base d’un ensemble de critères définis fondés sur les
conditions prévalant sur le terrain. Mais certains groupes armés sont toujours
opérationnels dans l’est, y compris l’ADF, les FDLR et d’autres factions. Des
citoyens congolais continuent de mourir. Le gouvernement doit reprendre sa
coopération avec la MONUSCO et cesser de prendre les populations de l’est de la
RDC en otage dans l’engrenage d’un désaccord sur l’avenir des forces
onusiennes, même si ce différend est légitime.
Ce sont les
questions dont nous avons parlé. Je souhaite encore souligner que nous voyons
une opportunité de transcender certaines des questions difficiles qui ont
affligé ce pays pendant de longues années. Comme toujours, cela exige une
certaine volonté politique, mais si cette volonté est présente, le partenariat
entre les Etats-Unis et la RDC, fournira, je crois, le soutien nécessaire à la
réalisation de certains de nos objectifs communs. Merci. Je suis prêt à
répondre à vos questions.
Reuters:
Permettez-moi de poser deux petites questions. Si je ne m'abuse, je crois
savoir que les Etats-Unis ont promis de financer le processus électoral de la
RDC à hauteur de 20 millions de dollars. Les Etats-Unis comptent-ils débourser
des fonds supplémentaires, et si c'est le cas, dans quelles conditions cela se
ferait-il? Au sujet du Burundi, on parle à présent d'efforts visant à trouver
une sorte de compromis. Actuellement, il semble que le Président Nkurunziza est
campé sur sa position consistant à vouloir faire un troisième mandat. Les
manifestants demeurent opposés à une telle éventualité. Estimez-vous qu'il y a
de l'espace pour un compromis entre ces deux positions opposées?
Tom Malinowski:
Je répondrai d'abord à votre question sur le Burundi, parce que ça reste une
situation très urgente. Notre position n'a pas changé à ce sujet. Les Accords
d'Arusha ont préservé la paix au Burundi pendant de nombreuses années. Les
Accords d'Arusha stipulent, avec raison, que le pouvoir ne devrait pas être
concentré entre les mains d'une seule personne pendant une trop longue période.
Cette éventualité s'est réalisée, et il est crucial que le président Nkurunziza
respecte la limitation du nombre de mandats imposée par les Accords d'Arusha.
Il est avéré que la majorité des Burundais sont de cet avis, y compris un grand
nombre de personnes faisant partie de la coalition au pouvoir. La résistance
que ses actions ont provoquée au sein de la population garantit quasiment la
difficulté, sinon l'impossibilité, de gouverner le pays, tant qu'il maintiendra
cette position. Des efforts ont été fournis pour promouvoir le dialogue entre
le gouvernement, l'opposition et la société civile. Je crois qu'il y existence
encore un espace de dialogue, particulièrement sur la nécessité de contraindre
les forces qui ont ciblé des civils à la retenue, de rétablir la liberté de
rassemblement et de rouvrir les médias qui ont été fermés. En ce qui concerne
le troisième mandat, c'est difficile de voir une solution à la crise quand le
pouvoir reste concentré perpétuellement entre les mains d'une seule personne au
Burundi. Les Accords d'Arusha doivent être respectés et faire partie de toute
solution à la crise qui puisse être trouvée.
En ce qui concerne
les élections, vous avez totalement raison. Nous nous sommes engagés à soutenir
les élections. Il n'y a pas de conditions précises attachées à cet appui. Comme
je l'ai souligné dans ma déclaration préliminaire, j'ai l'intime conviction
qu'il est important que le gouvernement s'en tienne à ce qui est prévu concernant
la tenue des scrutins nationaux et de la présidentielle en 2016. Il est aussi
extrêmement important de protéger l'espace pour le débat politique et
l'activisme de la société civile et de garantir que les gens qui critiquent le
gouvernement soient en sécurité et qu'ils aient accès à cet espace. Ce sont les
questions que nous suivrons de près pendant le déroulement du processus.
Numerica TV:
Quelle est la position des Etats-Unis à l'égard des tueries récentes à Beni?
Quelle comparaison peut être faite entre
ce qui se passe dans l'Est de la RDC et Boko Haram au Nigeria?
Tom Malinowski:
Nous sommes horrifiés par les assassinats de civils à Beni? La taille et la
force de ce groupe prédateur ont semble-t-il diminué au cours de ces dernières
années, et c'est un fait important. Mais ces tueries nous rappellent qu'il
existe toujours et que les gens continuent de souffrir et de mourir. Cela nous
rappelle aussi que les formes efficaces de coopération qui ont été établies
entre le gouvernement du Congo et les
forces de maintien de la paix des Nations Unies dans l'est doivent être
maintenues actuellement pour faire en sorte que ces personnes soient protégées.
Cette coopération ne devrait pas être interrompue, fût-ce pour une minute, à
cause de différends sur d'autres questions importantes et légitimes.
Concernant Boko
Haram, je n'ai pas de preuve de liens particuliers, et les deux situations
diffèrent grandement. Je pense que nous devrions nous garder de vouloir établir
des liens en l'absence de preuves spécifiques. Mais je ne pense pas que cela
ait une quelconque importance car ce que nous connaissons suffit pour que nous
nous attelions en priorité à prendre les actions nécessaires pour protéger la
population dans les deux pays.
RFI: J'ai aussi
deux questions. Vous avez dit que le gouvernement de la RDC ferait face au défi
de parachever le cycle complet des élections. Cela signifie-t-il que vous
conseilleriez au gouvernement de reporter les scrutins locaux? Ma deuxième
question: il n'y toujours pas de chefs d'accusation retenus contre deux jeunes
activistes deux mois et demi après la réunion qu'ils ont organisée avec
d'autres activistes africains à Kinshasa. Le procès de l'opposant Jean-Claude
Muyambo a débuté hier après plus de 130 jours. Que pensez-vous de la situation
judiciaire actuelle en RDC--condamnez-vous cette situation?
Tom Malinowski: [répondant
à la première question sur les élections locales] Quand je parle de défi, je ne
veux pas dire que c'est impossible. Des préoccupations légitimes ont été
exprimées concernant le budget et la capacité des jeunes et nouveaux électeurs
de participer aux scrutins. Ces préoccupations doivent trouver solution. Ce qui
est important pour nous est que l'occasion historique de parvenir à un transfert
de pouvoir pacifique et démocratique en 2016 ne soit ni différée ni refusée.
Nous espérons donc que le gouvernement répondra à ces défis dans l'entretemps
de manière à faciliter et non retarder la tenue des scrutins de 2016.
Pour en venir aux
cas que vous avez mentionnés, je suppose que vous parliez de l'affaire Filimbi.
Comme je l'ai souligné dans ma déclaration préliminaire, il est important
d'établir une distinction entre les activistes pacifiques et ceux qui peuvent
éventuellement être impliqués dans des violences. A cet égard, ces cas nous
préoccupent fortement. La plupart des personnes qui sont impliquées dans cette
affaire ont été libérées et nous espérons que les deux personnes détenues le
seront aussi, afin que cette affaire soit terminée et oubliée une fois pour
toutes.
Top Congo FM:
Deux questions: Qu'est-il advenu des forces spéciales qui ont été déployées en
Ouganda? Pour autant que je sache, l'Ouganda n'est pas confrontée au
terrorisme, contrairement à ce qui se passe dans l'est de la RDC. Deuxième
question: les gouvernements du Rwanda, du Congo-Brazzaville et de la RDC ont
trouvé judicieux de prolonger le pouvoir de leurs dirigeants en initiant des
pétitions et en modifiant les articles de leurs constitutions qui imposent une
limitation du nombre des mandats présidentiels. Quelle serait la réaction des
Etats-Unis si les peuples de ces pays décidaient de modifier leurs
constitutions?
Tom Malinowski:
Au sujet de la première question, je suppose que vous parlez des forces qui ont
été déployées pour poursuivre l'Armée de la Résistance du Seigneur. C'est un
effort que nous avons entrepris en coopération avec tous les gouvernements
concernés dans la région. Le but est tout simplement de protéger les
populations civiles qui ont été terrorisées par ce groupe armé pendant de
nombreuses années.
Concernant la
question de la limitation du nombre des mandats, nous avons--dans tous les pays
où ce problème s'est posé--entendu les présidents qui veulent prolonger leur
règne dire que leurs peuples veulent qu'ils restent au pouvoir. La réalité est
tout autre. Il bien sur possible de modifier une constitution, mais il reste à
savoir s'il est sage d'agir ainsi. Est-ce bon pour la démocratie? Est-ce bon
pour la stabilité? Je crois que l'expérience nous a démontré que la
concentration du pouvoir entre les mains d'un seul individu pendant une très
longue période est préjudiciable à la démocratie et à la stabilité. Et je crois
qu'il est avéré que la grande majorité des Africains rejette cette idée. Nous
sommes donc d'avis que l'ère des présidents à vie en Afrique et ailleurs doit
être révolue. Nous réitérerons cet argument à maintes reprises que ce problème
arrive ici, dans d'autres pays de la région ou hors de l'Afrique.
Je répondrai à deux
questions supplémentaires.
Magazine des actualités judiciaires: J'ai deux questions à vous poser. Avez-vous parlé des
fosses communes avec les autorités judiciaires congolaises? Et comment
réagissez-vous aux relations actuelles entre le bureau des droits de l'homme de
le MONUSCO et le gouvernement congolais--comment cette situation sera-t-elle
résolue?
Tom Malinowski:
Au sujet de la deuxième question, je dirais simplement que le partenariat entre
les Nations Unies et le gouvernement du Congo est très important à cette étape
relativement aux objectifs que le gouvernement de la RDC a lui-même exprimés.
Ce partenariat a débouché sur des avancées considérables. Nous espérons donc
que les problèmes qui subsistent pourront être pareillement résolus. Concernant
les fosses communes, nous avons été fort préoccupés par la découverte de corps
à Maluku et nous avons encouragé le gouvernement à mener une enquête
indépendante et transparente, comprenant l'exhumation des corps pour déterminer
la cause des décès. Nous apprécions à sa juste valeur l'engagement du
gouvernement à cet égard, nous l'encourageons à travailler avec les partenaires
internationaux et la société civile pour aider à découvrir ce qui est arrivé à
ces gens.
B-One: Deux
questions. La première question a
trait aux forces spéciales qui traquent les membres de la LRA. Les ADF
commettent le même genre d'atrocités en RDC--pourquoi n'envoyez-vous pas une
force spéciale pour les traquer aussi? La deuxième question porte sur le
dialogue spécial que le Président Kabila a convoqué--nous savons qu'il
allongera son mandat, mais quelle serait la position des Etats-Unis si ça
devait arriver?
Tom Malinowski:
Tout d'abord, concernant votre première question, l'une des raisons pour
lesquelles nous avons créé la force chargée de s'attaquer au problème de la LRA
était que la MONUSCO était déjà fortement engagée à résoudre les problèmes
d'insécurité sévissant dans les Kivu et dans d'autres régions de l'Est du
Congo, et beaucoup de gens pensaient que les forces onusiennes étaient
dispersées. En outre, la LRA était active dans des pays différents où la
MONUSCO n'était pas opérationnelle. En ce qui concerne les violences horribles
à Beni, il existe déjà une force militaire chargée de s'attaquer à ce problème.
Le défi qui se pose est de l'utiliser efficacement, dans un effort coopératif,
pour atteindre les objectifs assignés.
Au sujet de votre
deuxième question, comme les responsables du gouvernement américain ont coutume
de le faire, je m'abstiendrai de répondre aux questions hypothétiques. Le gouvernement
congolais s'est engagé à organiser ces élections en 2016, la constitution n'a
pas été modifiée et nous soutenons fermement l'engagement du gouvernement à cet
égard.
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