Il
y a un an jour pour jour, la rébellion du groupe armé M23 dans l'est de la
République démocratique du Congo prenait fin avec la signature par les
dirigeants de ce groupe et par le gouvernement congolais, ainsi que par les
garants du processus de paix, des « Déclarations de Nairobi », contenant
plusieurs engagements en faveur de la paix à la suite de la défaite militaire
du M23. La signature de ces textes a constitué un moment important. Les rebelles
du M23, appuyés par le Rwanda, avaient combattu le gouvernement congolais
pendant 19 mois, s'emparant brièvement de Goma, la principale ville de l'est de
la RD Congo, et commettant de multiples crimes de guerre, notamment
des meurtres, des actes de violence sexuelle et le recrutement d'enfants par la
force.
Les Déclarations de Nairobi
stipulaient clairement que les chefs du M23 responsables de crimes de guerre,
de crimes contre l'humanité et d'autres graves violations des droits humains
n'auraient droit à aucune amnistie. À l’inverse, les individus responsables de
tels crimes seraient traduits en justice.
Mais un an plus tard, aucun
progrès n'a été accompli. La plupart des dirigeants du M23 se trouvent au
Rwanda ou en Ouganda, à l’abri de la justice, malgré les engagements pris par
ces deux pays ainsi que par la RD Congo d'appuyer les efforts régionaux en
faveur de la justice et de ne pas protéger ou accorder refuge à des individus
présumés responsables de graves violations des droits humains.
Au
cours de la décennie écoulée, des dirigeants rebelles responsables de graves
abus ont été intégrés dans les rangs de l'armée congolaise, dans le cadre
d'accords de paix. Cette pratique consistant à accorder des « récompenses pour
des crimes » n'a eu aucun effet bénéfique, et surtout pas pour les civils
congolais. Souvent, les chefs rebelles auteurs d'exactions ont continué de
commettre les mêmes crimes sous l'uniforme de l'armée congolaise et, lorsqu'ils
étaient mécontents de leur salaire, de leur poste ou de leur lieu de
déploiement, ont déserté pour former de nouveaux mouvements de rébellion.
L'engagement pris par le gouvernement congolais d'arrêter et de poursuivre en
justice les dirigeants du M23 responsables d'abus a représenté un
changement important afin de mettre fin à ce cercle vicieux. Mais cet
engagement est sans valeur s'il n'est pas suivi d'action et en la matière, la
coopération du Rwanda et de l'Ouganda est cruciale.
Le M23 a été défait début
novembre 2013, suite à la forte pression exercée par la communauté
internationale sur le Rwanda qui avait soutenu ce groupe armé, et au
déploiement d'une Brigade d'intervention des Nations Unies qui avait pour
mandat d'effectuer des opérations offensives contre les groupes armés. La
plupart des combattants du M23 et leurs chefs se sont alors enfuis au Rwanda et
en Ouganda, pays voisins de la RD Congo. Parmi eux se trouvaient plus d'une
dizaine d'hommes faisant l'objet de mandats d'arrêt émis par la RD Congo pour
crimes de guerre et crimes contre l'humanité, et six figurant sur des listes de
personnes faisant l'objet de sanctions de la part des Nations Unies et des
États-Unis.
Ce mois-ci, une délégation du
gouvernement congolais séjourne en Ouganda pour préparer le rapatriement en RD
Congo d'anciens combattants du M23. Cette délégation doit ensuite se rendre au
Rwanda en janvier, afin de préparer le retour d'anciens combattants du M23 qui
s'y trouvent. Alors que les dirigeants de la région discutent des conditions
dans lesquelles ces retours pourront se faire, ils devraient considérer comme
une priorité de faire en sorte que les engagements en faveur de la justice
inscrits dans les Déclarations de Nairobi soient honorés, et que des procès
équitables et crédibles soient tenus.
Les envoyés internationaux auprès
de la région des Grands Lacs ont également un rôle important à jouer. Leur
contribution a été essentielle dans les efforts ayant mené à la fin de la
rébellion du M23 et à la signature des Déclarations de Nairobi. Ce même rôle de
leadership est maintenant nécessaire pour garantir que les engagements pris en
faveur de la justice se traduisent dans les faits, au lieu de rester lettre
morte.
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