Cela a été dit à la clôture du
Dialogue social initié par la société civile du Nord-Kivu. Les participants ont
exigé une enquête internationale pour faire la lumière sur les massacres de
plus de 250 civils. Fin du dialogue social initié par la société civile pour
trouver les voies et moyens de mettre fin aux tueries dans le territoire de
Beni. Les participants se sont prononcé pour une enquête internationale sur les
massacres de plus de 250 civils dans ce territoire du Nord-Kivu. Selon le
rapport des travaux, parmi les faiseurs des morts et tueurs de Beni il y aurait
des autochtones de ce territoire. Plusieurs recommandations ont été formulés.
Des recommandations adressées aux leaders locaux, au gouvernement congolais
mais aussi à la communauté internationale.
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Déclaration finale du dialogue social de Beni – décembre
2014
Au terme de quatre jours de dialogue social sur
le « leadership cohésif en ville et en Territoire de Beni », organisé par la société civile du Nord-Kivu et facilité par l’Initiative
pour un Leadership Cohésif, nous, fils et filles de la Province, grands
notables de Beni-Lubero, leaders d’opinions
et/ou représentants d’institutions de l'Etat, mus par l’ambition commune
de contribuer à la cessation immédiate des séries de massacres qui endeuillent
et prennent en étau la population civile de cette contrée, rendons
publique la présente déclaration finale :
I. De façon
unanime, constatons les points suivants :
1. L’ennemi a
manifestement un caractère hybride : il s’agit sans conteste des résidus
d’ADF-NALU présents dans la province depuis plus de deux décennies, mais également, des enfants égarés des communautés locales, qu’ils
ont réussi à rassembler autour d’eux. Les relations que cet ennemi a su
tisser localement sont à la fois d’ordre milicien et socio-économique, à
travers un réseau de renseignements et de transactions transfrontalières
mafieuses ;
2. L’ennemi a souvent réussi à gagner à sa cause criminelle – incluant des pratiques Djihadistes - certains acteurs politiques, opérateurs économiques mafieux et autorités coutumières, en vue d’asseoir son emprise sur les lieux, les esprits et les activités socio-économiques de la région, tout cela avec une certaine complicité des pays voisins ;
3. La succession et la juxtaposition d’antagonismes régionaux et de multiples rébellions armées (ou d’occupations d’armées étrangères) au cours des deux dernières décennies (PLC, APR, UPDF, AFDL, RCD-G, RCD-N, RCD-K-ML, RCD-P, MLC, FLC, CNDP, M23, et diverses factions Mai Mai) ont quant à elles favorisé l’émergence et la consolidation de certains groupes armés étrangers dont l’ADF-NALU et de leurs alliés circonstanciels au fil des perceptions d’intérêts communs ;
mafieuses ;
2. L’ennemi a souvent réussi à gagner à sa cause criminelle – incluant des pratiques Djihadistes - certains acteurs politiques, opérateurs économiques mafieux et autorités coutumières, en vue d’asseoir son emprise sur les lieux, les esprits et les activités socio-économiques de la région, tout cela avec une certaine complicité des pays voisins ;
3. La succession et la juxtaposition d’antagonismes régionaux et de multiples rébellions armées (ou d’occupations d’armées étrangères) au cours des deux dernières décennies (PLC, APR, UPDF, AFDL, RCD-G, RCD-N, RCD-K-ML, RCD-P, MLC, FLC, CNDP, M23, et diverses factions Mai Mai) ont quant à elles favorisé l’émergence et la consolidation de certains groupes armés étrangers dont l’ADF-NALU et de leurs alliés circonstanciels au fil des perceptions d’intérêts communs ;
4. Les
fréquents conflits d’intérêts surgis entre membres du leadership
politique local, nourris et entretenus par l’absence de cadres de
dialogue perçus comme impartiaux et crédibles par toutes les parties, ont
favorisé les accusations et suspicions mutuelles entre leaders, au grand
bonheur de l’ennemi ;
5. Fragilisé par l’armée régulière à la
suite des opérations Sukola I, l’ennemi a opté pour un passage d’une
stratégie d’offensive classique à la guérilla puis au terrorisme, afin
de semer plus de confusion et de tirer parti de la grande dispersion des
populations rurales pour frapper à loisir les villageois sans défense.
Du côté de l’armée nationale et de la MONUSCO, l’adaptation à ce nouveau
mode opératoire s’est avérée malaisée, ce qui a été mis à profit par
l’ennemi pour imprimer la terreur et la division au sein d’une
population dont la communion d’efforts avec les FARDC avait
fortement affaibli l’un des groupes armés les plus résilients de la planète. Ce contexte a, en outre, altéré la confiance entre population, FARDC et MONUSCO. Là encore, c’est l’ennemi qui a en tiré les bénéfices.
fortement affaibli l’un des groupes armés les plus résilients de la planète. Ce contexte a, en outre, altéré la confiance entre population, FARDC et MONUSCO. Là encore, c’est l’ennemi qui a en tiré les bénéfices.
II. Dans ce contexte, et au vu des éléments susmentionnés, nous
nous engageons à :
1. Être vigilant face à la menace commune,
en vue de démasquer les stratagèmes de l’ennemi ;
2. Eviter d’être nous-mêmes source de conflits, et se désolidariser
formellement de toute forme d’appui tacite ou actif au jeu de l’ennemi -
tant dans ses prolongements miliciens que socio-économiques ;
3. Impliquer les grands notables (acteurs politiques, chefs coutumiers, société civile, leaders religieux, de la jeunesse et des femmes) présents à ces assises – ainsi que ceux qui adhèrent à l’esprit de cette déclaration finale – à s’investir personnellement et collectivement dans une dynamique cohésive en faveur d’une sortie de l’étau de terreur, de méfiance et de confusion extrêmes dans laquelle la contrée est plongée depuis au moins vingt ans. Cette dynamique inclura également tous les efforts de sensibilisation nécessaires, en vue de sortir leurs fils perdus de la gangue mafieuse et déstabilisatrice de la paix et de la sécurité à Beni ;
4. Encourager les faiseurs d’opinions et grands notables à une communication responsable pour éviter l’intoxication, la désinformation et la propagation des rumeurs. Dans le même sens, redynamiser et dépolitiser le pouvoir coutumier ;
5. Mettre sur pied un comité de suivi des engagements, recommandations et résolutions prises à ces assises, et vulgariser le produit de ce dialogue social auprès de la population, des organes délibérants, des exécutifs provincial et national, ainsi qu’auprès de la communauté internationale, des élus et des instances représentatives, et plus largement, de l’ensemble de la population (composition : 4 membres de la société civile, 2 Députés, 1 Sénateur, 2 membres de l’Exécutif, 2 chefs coutumiers, 3 représentant des confessions religieuses, 2 experts du STAREC, 1 représentant de l’ICCN) ;
6. Mettre à contribution ce cadre en le chargeant d’organiser une rencontre entre les leaders de partis politiques de Beni-Lubero.
3. Impliquer les grands notables (acteurs politiques, chefs coutumiers, société civile, leaders religieux, de la jeunesse et des femmes) présents à ces assises – ainsi que ceux qui adhèrent à l’esprit de cette déclaration finale – à s’investir personnellement et collectivement dans une dynamique cohésive en faveur d’une sortie de l’étau de terreur, de méfiance et de confusion extrêmes dans laquelle la contrée est plongée depuis au moins vingt ans. Cette dynamique inclura également tous les efforts de sensibilisation nécessaires, en vue de sortir leurs fils perdus de la gangue mafieuse et déstabilisatrice de la paix et de la sécurité à Beni ;
4. Encourager les faiseurs d’opinions et grands notables à une communication responsable pour éviter l’intoxication, la désinformation et la propagation des rumeurs. Dans le même sens, redynamiser et dépolitiser le pouvoir coutumier ;
5. Mettre sur pied un comité de suivi des engagements, recommandations et résolutions prises à ces assises, et vulgariser le produit de ce dialogue social auprès de la population, des organes délibérants, des exécutifs provincial et national, ainsi qu’auprès de la communauté internationale, des élus et des instances représentatives, et plus largement, de l’ensemble de la population (composition : 4 membres de la société civile, 2 Députés, 1 Sénateur, 2 membres de l’Exécutif, 2 chefs coutumiers, 3 représentant des confessions religieuses, 2 experts du STAREC, 1 représentant de l’ICCN) ;
6. Mettre à contribution ce cadre en le chargeant d’organiser une rencontre entre les leaders de partis politiques de Beni-Lubero.
III. Nous recommandons:
a) Renforcer les systèmes de surveillance au sein des FARDC en vue de démasquer
les infiltrés et les traîtres menaçant l’ordre public en ville et en
Territoire de Beni ;
b) Suspendre formellement, et momentanément pendant les opérations, les
migrations massives vers les zones opérationnelles et renforcer les contrôles
aux frontières ;
c) Réévaluer le processus DDR et dégager les lacunes et conséquences catastrophiques
qui en ont résulté ;
d) Mettre en place un programme d’encadrement de la jeunesse pour l’épargner
de toute éventuelle sollicitation et/ou manipulation par les forces
négatives ;
e) Apporter une assistance rapide aux déplacés et sinistrés des
divers massacres
commis dans la ville et dans le Territoire de Beni ;
f) Mettre en place un système d’alerte rapide adapté au mode opérationnel
de l’ennemi ;
g) Respecter la procédure pénale en matière d’arrestation de
personnes suspectées
de collaboration avec l’ennemi ;
h) Accélérer l’instruction des dossiers des personnes suspectées de collaboration
avec l’ennemi et déjà arrêtées en les déférant devant leurs juges
naturels ;
i) Réexaminer la mesure de fermeture des radios locales à
Beni et le cas
échéant, la lever ;
j) Poursuivre de manière permanente le travail d’identification
de l’ennemi
en associant la notabilité et la population locale ;
2. A la communauté internationale : de mener une enquête internationale sur les massacres commis récemment dans la ville et dans le Territoire de Beni ;
3. A tous les partenaires du Cadre de dialogue social (Gouvernement central et provincial, communauté internationale) : d’accompagner le Comité de suivi mis en place au terme de ces assises dans la mise en œuvre des engagements et recommandations pris.
Ainsi fait à Beni, le 20 décembre 2014
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