Kindu,
province du Maniema, janvier 2013 - Le mari de Nabintu a été
« massacré » par des hommes en armes, en juillet dernier dans la ville
de Shabunda, au Sud-Kivu. Ils sont arrivés au milieu de la nuit et l’ont
tué « sauvagement ».
Les mots qu’emploient Nabintu témoignent de l’horreur qu’elle a vécue.
Elle n’a eu d’autre choix que de s’enfuir avec ses cinq enfants dont le
plus âgé a tout juste six ans, et le plus jeune un an. Après plus de
150 kilomètres à pied, elle a trouvé refuge
à Kinkungwa, dans le territoire de Pangi au Maniema voisin où, comme
elle, 72.500 personnes se sont regroupées après avoir fui Shabunda.
Arrivée
à Kinkungwa, le « cauchemar » n’était pas fini. Veuve et sans
ressource, Nabintu voit bien que l’état de ses enfants se détériore.
« Je les regardais, et je repensais à cette nuit horrible, à mon mari, à
tous ces
kilomètres parcourus à pied avec eux, à tous mes biens abandonnés
derrière moi, dépourvue de tout moyen de subsistance. Quelle horreur !
Quel malheur ! », raconte-telle le visage plein de larmes.
Pris
en charge dans une unité de nutrition, les enfants de Nabintu ont peu à
peu repris des forces et recouvré la santé. « Regarde ma photo !
Regarde combien j’ai souffert ! Et mes cinq enfants ! Sans ce programme
j’aurais
pu tous les perdre », raconte Nabintu. A son tour, elle a pu bénéficier
du programme de « vivres contre travail » du PAM et a reçu de la
nourriture, pour elle et sa famille, en échange de sa participation à
une activité de multiplication de semences. La famille
d’accueil qui l’héberge lui a donné un bout de terre et désormais elle a
les moyens de nourrir un peu mieux ses enfants.
Depuis
de longs mois, des dizaines de milliers de civils sont victimes, comme
cette famille, de violences, pillages, viols et meurtres commis par
plusieurs groupes armés qui sévissent dans le territoire de Shabunda,
profitant
de l’enclavement de la région. Ces milices profitent aussi du fait que
l’attention nationale et internationale se focalise sur la problématique
du M23, mouvement de rebelles qui a pris le contrôle du Rutshuru et qui
a pu occuper pendant deux semaines Goma,
la capitale provinciale.
En
tout près de 90.000 personnes se sont déplacées du Nord et du Sud-Kivu
vers le Maniema, et huit sur dix se sont regroupés dans le territoire de
Pangi, une région déjà fortement affectée par l’insécurité alimentaire.
Le
taux de malnutrition aigüe globale dépasse les 10 % chez les enfants de 6
à 59 mois et en 2012, le PAM a traité dans la cinquantaine de centre de
nutrition près de 6.000 enfants malnutris.
Pour
le PAM, transporter de la nourriture jusqu’au Maniema est un défi
logistique énorme. Les routes sont en très mauvais états, voire
impraticables et le transport par voie fluviale est extrêmement long. En
décembre, pour
pouvoir répondre rapidement aux besoins de déplacés, le PAM a dû
affréter un avion d’une compagnie privée pour effectuer plusieurs
rotations, depuis Goma, et transporter 42 tonnes de vivres sur place.
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