RAPPORT
FINAL DES TRAVAUX DU CONCLAVE DU RASSEMBLEMENT DES FORCES POLITIQUES ET
SOCIALES ACQUISES AU CHANGEMENT TENU A KINSHASA LE MARDI 4 OCTOBRE 2016
I.
CONTEXTE POLITIQUE
La
situation de la République Démocratique du Congo empire chaque jour davantage
sur les plans politique, économique et sécuritaire.
Sur
le plan politique, le processus électoral est bloqué par la seule volonté du
pouvoir de Monsieur Joseph Kabila. Ce blocage s’appuie sur la confiscation des
ressources publiques à des fins partisanes et l’instrumentalisation de l’armée,
de la police nationale, des services de renseignements et de la territoriale.
Il en est de même des institutions de la République sur lesquelles reposent
tout régime démocratique plus spécialement, le Parlement, le Gouvernement, la
Cour constitutionnelle, les juridictions de l’ordre judiciaire et, dans le cas
de la RDC, la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI, devenues des
simples bras séculiers du pouvoir en place.
Sur
le plan économique, la dégradation de la situation politique en RDC s’enlise,
sur fond d’une crise économique et sociale sans précédent, qui plonge dans une
plus grande précarité la population déjà paupérisée à souhait et rivée à la
misère.
L’inconséquence
des choix et l’irresponsabilité dans la conduite des politiques publiques
marquée par la corruption, la prédation, l’impunité et le manque d’orthodoxie
ont conduit notamment à détérioration des réserves de change, à la diminution
des recettes budgétaires, au retour de l’inflation, à la chute du pouvoir
d’achat des populations ainsi qu’à la montée en masse du chômage.
Sur
plan sécuritaire, chaque jour qui passe, le régime Kabila précipite la RDC dans
une crise qui menace sa stabilité, celle de la Sous-région des Grands Lacs et
compromet toutes perspectives de développement du pays.
Ainsi,
des foyers de tension et de contestation du régime s’allument dans plusieurs
contrées de la République.
A
Béni, Lubero, Rutshuru et Walikale dans la province du Nord-Kivu, le cycle
infernal des tueries sauvages continue à faucher nos compatriotes dans
l’indifférence totale de ceux qui gouvernent le pays.
Dans
tout le pays à Lumbumbashi, Matshipisha et Kasumbalesa dans la province du
Haut-Katanga, à Kalemie dans le Tanganyika, à Kolwezi dans la province de
Luluaba, à Kavumu et dans la ville de Bukavu au Sud-Kivu, à Goma dans le Nord-Kivu, à Mbuji-Mayi au Kasaï Oriental, à Dimbelenge, Tshimbulu et à Kananga dans
le Kasaï central et à Kinshasa, pour ne citer que ces cas les plus récents, des
millions de Congolais ne cessent d’exprimer leur rejet de Joseph Kabila à la
tête de la RDC et leur opposition catégorique à toute prolongation de son
mandat au-delà du 19 décembre 2016. Ils réclament tous le respect absolu de la
Constitution de la République et l’organisation de l’élection présidentielle
conformément à celle-ci.
Partout,
à travers le pays, les membres des
partis politiques de l’opposition et tous ceux qui désapprouvent les méthodes
dictatoriales du régime Kabila sont réprimés, arrêtés arbitrairement et
condamnés à des lourdes peines par des procédures judiciaires injustes et
expéditives.
En
somme, les populations congolaises vivent de plus en plus dans la terreur et
dans l’incertitude quant à l’avenir et ce, par la volonté d’un seul homme, Joseph
Kabila qui, arrivé au terme de son second et dernier mandat présidentiel, tient
à demeurer au pouvoir en violation de la Constitution et contre la volonté du
peuple souverain. Le pouvoir Kabila est donc désormais une menace pour la sécurité, la stabilité et la paix aussi
bien en RDC que dans l’ensemble de la Sous-région des Grands Lacs.
Cette
dégradation de la situation en RDC était prévisible. Aussi, pour endiguer
celle-ci et promouvoir ensemble la démocratie, les forces politiques et
sociales acquises au changement ont-elles, à l’issue de leur conférence de
Genval du 08 au 10 juin 2016, créé le Rassemblement, un cadre unifié de
réflexion et d’action commune. Cette initiative a été massivement saluée par le
Peuple congolais qui l’a manifesté notamment par l’accueil triomphal réservé au
Président du Conseil des sages du Rassemblement, Monsieur Etienne Tshisekedi wa
Mulumba le 27 juillet 2016 et par sa participation impressionnante au meeting
organisé le 31 du même mois.
Plus
de quatre mois après la naissance du Rassemblement, les craintes qu’il a
exprimées dans l’Acte d’engagement pris à Genval se sont confirmées.
En
dépit de l’opposition farouche du Peuple congolais déjà exprimée les 19, 20 et
21 janvier 2015, à toutes velléités de remise en cause du Pacte républicain de
Sun City (Afrique du Sud), coulé dans la Constitution du 18 février 2006, et de
nombreux appels à la raison que la communauté internationale n’a cessé de lui
lancer notamment à travers les résolutions 2098, 2211, 2277 et 2293 du Conseil
de sécurité de l’ONU, Joseph Kabila a poussé le défi à son comble en organisant
un pseudo dialogue national, en réalité un monologue de sa mouvance, pour
légitimer sa stratégie de conservation autoritaire du pouvoir et de violation
de cette Constitution.
Voilà
pourquoi, les lundi 19 et mardi 20 septembre dernier, répondant massivement au
mot d’ordre du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au
changement, à Kinshasa, Bukavu, Goma, Mbuji-Mayi, Kananga, Béni, Uvira,
Mbandaka, Bandundu et ailleurs les Congolais ont, une fois de plus, manifesté
leur ras-le bol du régime Kabila et revendiqué la convocation du scrutin pour
l’élection présidentielle conformément à l’article 73 de la Constitution.
A
Kinshasa, cette manifestation pacifique pourtant déclarée auprès du Gouverneur
de la ville, a été réprimée dans le sang
par le pouvoir en désarroi et a donné la mort à plus d’une centaine de
Congolais et causé des milliers des blessés sous le coup des balles réelles
tirées par les forces de l’ordre, sans compter d’importants dégâts matériels,
des arrestations arbitraires, des rafles des jeunes et des condamnations
pénales à la sauvette. Le Rassemblement demande une enquête internationale
indépendante sur ces crimes et violations massives des droits de l’homme.
La
forte mobilisation populaire des 19 et 20 septembre 2016 a prouvé
incontestablement que :
1.
le Rassemblement est la seule force en qui le Peuple congolais place sa
confiance, car porteuse de ses aspirations les plus profondes au changement
démocratique ;
2.
le Peuple congolais, maître de son destin, ne veut pas de Joseph Kabila comme
Président de la République ;
3.
les Congolais ne se reconnaissent pas dans le dialogue convoqué par Joseph
Kabila a sous la facilitation d’Edem Kodjo ;
4.
les Congolais tiennent au respect de leur Constitution et veulent élire leur
nouveau Chef de l’Etat en conformité avec elle et dans les plus brefs délais.
C’est
sur cette toile de fond, d’un contexte politique marqué non seulement par la
recrudescence de la répression aveugle des forces démocratiques par le pouvoir
Kabila et l’obstination de celui-ci de changer l’ordre politique forgé par les
forces vives de la Nation congolaise à travers l’Accord global et inclusif
signé à Sun City en 2003, mais aussi par la détermination inoxydable du Peuple
congolais de défendre, même au prix du sang, la Constitution du 18 février 2006
ainsi que l’alternance démocratique, que le Conseil des sages du Rassemblement
a décidé de convoquer son conclave à cette date. Celui-ci s’est tenu à
Kinshasa, au siège de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social,
UDPS.
Les
composantes du Rassemblement ci-après ont participé au conclave. Il s’a git de
:
1.
L’UDPS
2.
LA DYNAMIQUE DE L’OPPOSITION
3.
LE G7
4.
L’ALTERNANCE POUR LA REPUBLIQUE
5.
LE G14
6.
LA CONVENTION DES REPUBLICAINS
7.
LA MAJORITE PRESIDENTIELLE POPULAIRE
8.
LE FRONT DU PEUPLE
9.
LA SOCIETE CIVILE
10.
LES ALLIES DU PRESIDENT TSHISEKEDI
La
liste nominative des participants par composante est annexée au présent rapport.
Les
travaux du conclave se sont déroulés sous la direction du le Président du
Conseil des sages du Rassemblement, Monsieur Etienne Tshisekedi wa Mulumba,
Président de l’UDPS.
OBJECTIF
DU CONCLAVE
Il
convient de rappeler que pour éviter le chaos à la RDC, le Rassemblement des
forces politiques et sociales acquises au changement, a souscrit à l’idée du
dialogue politique inclusif préconisée par la résolution 2277 du Conseil de
sécurité des Nations Unies. C’est ainsi que dans l’Acte d’engagement de la
Conférence de Genval, le Rassemblement a exigé la mise en œuvre intégrale de
cette résolution et s’est engagé à y participer activement.
Dans
ce cadre, le Rassemblement a adressé, en date du 31 août 2016, à Madame la
Présidente de la Commission de l’Union africaine, une lettre dans laquelle il a
exposé ses termes de référence pour la tenue d’un dialogue politique véritable,
crédible et inclusif en vue du déblocage du processus électoral en République
Démocratique du Congo.
Le
conclave du Rassemblement tenu ce jour a eu pour objectif de définir, dans la
ligne droite de la correspondance rappelée ci-dessus et au regard des derniers
développements de la situation politique en RDC, des positions communes sur les
différentes questions que soulève le processus électoral et, de manière
générale, la crise politique montée de toutes pièces par le Président Kabila.,
le tout dans la perspective de la tenue effective du dialogue politique
conformément à la résolution 2277 du Conseil de sécurité sus évoquée.
II.
ORDRE DU JOUR DU CONCLAVE
L’ordre
du jour du conclave du Rassemblement a comporté les points ci-après :
1.
Les conséquences de la non convocation du scrutin pour l’élection
présidentielle par la CENI le 19 septembre 2016 ;
2.
La fin du second et dernier mandat présidentiel de Joseph Kabila le 19 décembre
2016 ;
3.
Le processus électoral ;
4.
L’exercice du pouvoir après le 19 décembre 2016 ;
5.
Le dialogue politique inclusif
6.
Les garanties de bonne fin et de la mise en œuvre des conclusions du dialogue
inclusif.
Avant
d’examiner ces différents points, les participants au conclave ont tenu à
rappeler et à souligner ce qui suit :
L’agenda
politique majeur de la République Démocratique du Congo en cette année 2016
consiste en l’impérieuse nécessité de valider définitivement le PACTE
REPUBLICAIN et de renouveler l’attachement du Peuple congolais à la
Constitution de la République.
Lors
de la signature de l’Accord global et inclusif à Sun City, en Afrique du Sud,
les délégués de la classe politique et de la société civile, forces vives de la
nation, réunies en dialogue intercongolais, ont fait le constat que « depuis
l’indépendance, le 30 juin 1960, la République Démocratique du Congo, est
confrontée à des crises politiques récurrentes dont l’une des causes
fondamentales est la contestation de la légitimité des institutions et de leurs
animateurs ».
En
vue de mettre fin à cette crise chronique de légitimité et de donner au pays
toutes les chances de se reconstruire, ils ont convenu, le 17 décembre 2002, à
Pretoria, de mettre en place un nouvel ordre politique fondé sur une nouvelle
Constitution démocratique sur base de laquelle le Peuple congolais puisse
choisir souverainement ses dirigeants, au terme des élections libres,
pluralistes, transparentes et crédibles ».
La
volonté politique ainsi exprimée par les forces vives de la Nation s’est
matérialisée à travers la nouvelle Constitution adoptée à 85 % par référendum
populaire et promulguée le 18 février 2006.
En
matière d’organisation et d’exercice du pouvoir, les préoccupations majeures du
constituant, après avoir créé les nouvelles institutions de la République, ont
été « les suivantes :
1.
assurer le fonctionnement harmonieux des institutions de l’Etat ;
2.
instaurer un Etat de droit ;
3.
contrer toute tentative de dérive dictatoriale ;
4.
garantir la bonne gouvernance ;
5.
lutter contre l’impunité ;
6.
assurer l’alternance démocratique »
C’est
pourquoi, non seulement le mandat du Président de la République n’est
renouvelable qu’une seule fois, c’est-à-dire que ce mandat est de cinq ans au
minimum et de dix ans au maximum, mais aussi le Président de la République
exerce les prérogatives notamment de garant de la Constitution.
C’est
ici également le lieu de souligner que l’Accord global et inclusif de Sun City
avait entre autres buts de rétablir la RDC dans son unité et dans son intégrité
territoriale, de promouvoir la réconciliation nationale, de restaurer la paix
au pays et d’assurer sa stabilité.
Le
Rassemblement affirme qu’à ce jour, l’Accord global et inclusif de Sun City n’a
aucune autre alternative.
Le
Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement rejette,
avec force, qu’au nom d’une idée pernicieuse et obscurantiste de la démocratie,
l’histoire de la RDC soit un éternel recommencement et que l’on puisse, en
défiant le peuple, se maintenir au pouvoir par la force et fouler aux pieds cet
Accord ainsi que la Constitution de la République qui en est la résultante.
Au
demeurant, Joseph Kabila est le premier bénéficiaire de cet Accord fondateur de la République et,
à ce titre, il porte la responsabilité historique de sceller définitivement le
Pacte républicain en matérialisant pour la première fois dans notre pays
l’alternance démocratique en décembre 2016.
III.
EXAMEN DES POINTS INSCRITS À L’ORDRE DU JOUR
Après
débat et délibérations, le Rassemblement des forces politiques et sociales
acquises au changement fait connaître au Peuple congolais et à la communauté
internationale ce qui suit :
1.
DE LA NON CONVOCATION DU SCRUTIN POUR L’ÉLECTION DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
LE 19 SEPTEMBRE 2016
Le
19 septembre 2016, la CENI n’a pas convoqué le scrutin pour l’élection du
Président de la République comme le lui prescrit l’article 73 de la
Constitution. La CENI a donc violé intentionnellement la Constitution de la
République.
La
responsabilité de cette violation incombe non seulement à la CENI, mais aussi
au Gouvernement de la République qui, à dessein, n’a pas mis à sa disposition
les moyens financiers requis à cet effet ainsi qu’au Président Kabila qui n’a
pas veillé à ce que ces deux premières
institutions s’acquittent de leurs obligations constitutionnelles respectives
conformément à l’article 69 de la Constitution.
Le Rassemblement
souligne, par conséquent, que les forces acquises au changement n’ont aucune
responsabilité dans le blocage actuel du processus électoral.
Le
Rassemblement exige des sanctions contre les institutions responsables de cette
impasse politique. A cet effet, il
demande la démission immédiate des membres de la CENI ainsi que du
Gouvernement pour leur responsabilité
dans l’impasse électorale actuelle.
S’agissant
du Président de la République, déjà en préavis, le Rassemblement intensifiera
les actions pacifiques amorcées les 19 et 20 septembre jusqu’à son départ du
pouvoir le 19 décembre 2016.
2.
DE LA FIN DU SECOND ET DERNIER MANDAT PRESIDENTIEL DE JOSEPH KABILA
Le
19 décembre 2016, le second et dernier mandat de Monsieur Joseph Kabila à la
tête de la République Démocratique du Congo expire.
Si
par défi, il demeure, néanmoins, au pouvoir au lendemain de cette date alors
que son mandat présidentiel aura perdu sa légalité et sa légitimité au regard
des dispositions des articles 5, alinéa 1er, 70 alinéa 1er et 220 alinéa 1er de
la Constitution, ainsi que des normes les plus élémentaires de tout régime
démocratique, Monsieur Joseph Kabila aura commis un parjure et une violation
intentionnelle de la Constitution de la République constitutive de haute
trahison.
En
conséquence, pour le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises
au changement, à partir du 20 décembre 2016, Monsieur Joseph Kabila ne pourra
plus engager la République Démocratique du Congo tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur du pays.
C’est
pourquoi :
1)
le Rassemblement appellera le Peuple congolais à ne plus reconnaître
l’autorité, du reste illégitime et illégale, de Joseph Kabila et à résister pacifiquement au coup d’Etat qui
sera ainsi accompli avec la bénédiction de la Cour constitutionnelle ;
2)
le Rassemblement invitera les partenaires extérieurs ainsi que l’ensemble de la
communauté internationale à ne plus traiter avec Monsieur Joseph Kabila au nom
de la République Démocratique du Congo ;
Le
Rassemblement initiera toutes actions pacifiques conformément à l’article 64 de la
Constitution et aux lois de la République pour mettre fin à la forfaiture et à
la trahison de la Nation perpétrées par Monsieur Joseph Kabila.
3.
DU PROCESSUS ELECTORAL
Pour
le Rassemblement, le processus électoral doit être conforme à la Constitution,
transparent et crédible.
3.1.
Cadre institutionnel
Le
Rassemblement exige que toutes les institutions impliquées dans le processus
électoral, plus spécifiquement la Commission Electorale Nationale Indépendante,
CENI, la Cour constitutionnelle et le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de
la Communication, CSAC, jouissent
pleinement de leur indépendance et soient véritablement neutres et
impartiales.
En
effet, la CENI et la Cour constitutionnelle dans leur configuration actuelle,
sont partisanes et partiales en faveur de la mouvance kabiliste. Quant au CSAC,
il est incapable de garantir le libre accès aux médias publics à tous les
courants d’opinion et l’impartialité des
médias en général.
Aussi,
le Rassemblement exige t-il la restructuration de ces trois institutions
instrumentalisées par le pouvoir.
Dans
le même ordre d’idées, le Rassemblement préconise qu’une équipe d’experts de
l’Organisation des Nations Unies, ONU, et de l’Organisation Internationale de
la Francophonie, OIF, soit commise auprès de la CENI pour renforcer ses
capacités et garantir aux compétiteurs son impartialité.
Le
Rassemblement rappelle que la neutralité et l’impartialité est un devoir imposé
également par la Constitution aux Forces armées, à la Police nationale, aux
services de renseignement, à la territoriale et à l’administration publique en
général.
3.2.
Enrôlement des électeurs
Le
Rassemblement considère que le processus en cours est un recensement déguisé de
la population et sert à retarder l’élection présidentielle pour permettre à
Monsieur Kabila de demeurer au pouvoir au mépris de la Constitution et contre
la volonté du Peuple congolais.
Pour
cette raison, le Rassemblement demande l’évaluation minutieuse de l’opération
d’enrôlement des électeurs en cours en vue d’en assurer la régularité et de
l’accélérer.
3.3.
Séquence des scrutins
Le
Rassemblement dénonce énergiquement la prorogation des mandats des élus
politiques à laquelle le régime Kabila se livre depuis plusieurs années par une
exploitation abusive des dispositions de la Constitution et des exigences de la
démocratie, et ce, avec la caution de la Cour constitutionnelle.
Pour
le Rassemblement, toutes les institutions dont les mandats des membres sont à
terme, doivent cesser de fonctionner. Le Rassemblement appelle, une fois de
plus, à l’organisation diligente des élections afin de pourvoir aux vacances
ainsi créées.
Par
ailleurs, compte tenu de l’importance de chaque scrutin et du prescrit de la
Constitution, d’une part, et afin de ne pas troubler le choix des électeurs,
d’autre part, pour le Rassemblement :
1)
la priorité doit être donnée à l’élection présidentielle couplée, comme par le
passé, avec les législatives nationales ;
2)
dans le délai de 30 jours maximum, à compter de la proclamation des résultats
provisoires des élections présidentielle et législatives, les élections provinciales
et sénatoriales devront être organisées ;
3)
les élections locales, communales et urbaines
se tiendront après l’installation des institutions nationales et
provinciales.
3.4.
Calendrier électoral
Un
calendrier électoral fera l’objet d’un consensus entre les parties au dialogue
et figurera dans le document final.
Ce
calendrier doit intégrer rationnellement toutes les opérations préélectorales
et électorales pour les élections
présidentielles et législatives, comme ce fut le cas en 2006 et 2011.
Toutes
les autres matières afférentes au processus électoral non abordées par le
conclave, feront l’objet des discussions dans le cadre d’un véritable dialogue
inclusif et crédible organisé conformément à la résolution 2277 du Conseil de
sécurité des l’ONU.
4.
DE L’EXERCICE DU POUVOIR APRÈS LE 19 DÉCEMBRE 2016
Depuis
2012, les mandats des députés provinciaux, des gouverneurs et vice-gouverneurs
des provinces et des sénateurs a expiré.
Le
19 décembre prochain, le mandat présidentiel de Joseph Kabila sera échu tandis
qu’en février 2017, celui des députés nationaux arrivera à son terme.
Ainsi,
dans quelques mois, la République Démocratique du Congo, par la seule volonté
de Joseph Kabila, se trouvera dans la situation atypique d’un Etat dont les institutions nationales et provinciales à
mandat électif auront toutes perdu leur légitimité. Il en résultera, par
conséquent, un vide du pouvoir qui, dans
un régime démocratique, ne peut émaner que du Peuple souverain comme le
prescrit, d’ailleurs, l’article 5 alinéa 1er de la Constitution de la
République.
C’est
pourquoi, le Rassemblement souligne la nécessité de définir un régime spécial
devant assurer la gestion du pays de manière à organiser sans tarder les
élections dans le respect de la Constitution et des normes démocratiques.
5.
DU DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF
Le
Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement
réaffirme son soutien à la résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’ONU,
seul cadre dans lequel le dialogue politique
doit se tenir en vue de mettre fin à la
crise politique délibérément créée par Monsieur Joseph Kabila.
C’est
pourquoi, le Rassemblement réitère son appel à la communauté internationale en
général et aux Nations Unies, en particulier, pour leur implication plus
active, en concertation avec l’Union Africaine en vue de créer les conditions
favorables à la convocation et à la tenue d’un Dialogue véritable, crédible et
réellement inclusif.
Pour
le Rassemblement, ce Dialogue devra mettre autour de la table deux parties :
les participants aux discussions de la
Cité de l’Union Africaine, d’un côté, et le Rassemblement et ceux avec lesquels
il partage les positions, de l’autre.
Quant
à l’ordre du jour, il devra porter essentiellement sur les points ci-après
:
1.
les matières relatives au processus électoral ;
2.
le régime spécial devant assurer la gestion du pays de manière à organiser les
élections dans le respect de la Constitution et des normes démocratiques ;
3.
les mécanismes appropriés pour garantir le respect des engagements pris et la
bonne fin du processus électoral.
Afin
que le dialogue politique inclusif se déroule dans la sérénité et dans la
confiance mutuelle entre les parties prenantes, le Rassemblement réaffirme
qu’il est impérieux que le pouvoir en place réalise une détente politique
effective notamment par les actes ci-après:
la libération sans condition de tous les prisonniers politiques et d’opinion
tant à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays ;
l’abandon des poursuites judiciaires injustes et inspirées par des motivations politiques contre les leaders de l’Opposition ;
le retour en toute sécurité et sans ennuis des exilés politiques congolais ;
l’arrêt de toutes formes d’harcèlement, d’intimidations et de menaces contre les membres de l’opposition tant à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays ;
l’arrêt et l’abandon des tracasseries fiscales, administratives et policières contre les membres de l’Opposition et de la société civile
la suppression et l’interdiction des dédoublements des partis politiques de l’Opposition ;
la levée de toutes entraves à la liberté de presse et de manifestation ;
le libre accès des médias publics à tous les courants de pensée et d’opinion ;
la réouverture de tous les médias proches de l’Opposition fermés ;
la liberté de mouvement des membres de l’Opposition
l’abandon des poursuites judiciaires injustes et inspirées par des motivations politiques contre les leaders de l’Opposition ;
le retour en toute sécurité et sans ennuis des exilés politiques congolais ;
l’arrêt de toutes formes d’harcèlement, d’intimidations et de menaces contre les membres de l’opposition tant à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays ;
l’arrêt et l’abandon des tracasseries fiscales, administratives et policières contre les membres de l’Opposition et de la société civile
la suppression et l’interdiction des dédoublements des partis politiques de l’Opposition ;
la levée de toutes entraves à la liberté de presse et de manifestation ;
le libre accès des médias publics à tous les courants de pensée et d’opinion ;
la réouverture de tous les médias proches de l’Opposition fermés ;
la liberté de mouvement des membres de l’Opposition
En
outre, le Rassemblement considère qu’il est de la plus haute importance que les
parties prenantes au dialogue politique inclusif s’engagent préalablement et
sans équivoque à respecter :
1.
l’intangibilité du Pacte républicain et du nouvel ordre politique contenus dans
l’Accord Global et Inclusif de Sun City, notamment en ce qui concerne la
limitation du nombre et de la durée des mandats du Présidents de la République.
2.
la Constitution du 18 février 2006 ;
3.
la primauté de l’Etat de droit, les droits humains, les libertés fondamentales,
individuelles et collectives ;
4.
la Résolution 2277 (2016) du Conseil de sécurité des Nations Unies, plus
spécialement dans ses dispositions concernant le dialogue politique, le respect
des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ainsi que la libération de
l’espace politique.
Quant
à la facilitation du dialogue inclusif, le Rassemblement lance un appel
pressant aux Nations Unies et à l’Union Africaine pour qu’elles la confient à
une personnalité dont la stature internationale confère une autorité morale
suffisante pour inspirer confiance aux parties prenantes et garantir à tous la
neutralité et l’impartialité. Il convient que cette personnalité soit choisie
en dehors des responsables internationaux déjà impliqués à divers niveaux dans
les différentes crises de la Région des Grands Lacs et en contact avec les
différents milieux politiques congolais.
La
facilitation peut également être assurée collégialement par une équipe dont les
membres seront capables de remplir une telle mission dans les mêmes conditions
de confiance, de neutralité et d’impartialité.
Pour
le Rassemblement, la durée du dialogue politique inclusif ne peut dépasser dix
(10) jours.
6.
DES GARANTIES DE BONNE FIN
Pour
le Rassemblement, les deux parties au dialogue, à savoir le Rassemblement des
forces politiques et sociales acquises au changement, d’un côté, et la mouvance
kabiliste et alliés, de l’autre, conviendront des mécanismes appropriés pouvant
garantir le respect des engagements pris et la bonne fin du processus
électoral.
7.
CONCLUSION
Enfin,
le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement
rassure le Peuple congolais de son engagement inébranlable et de sa
détermination farouche à lutter avec lui pour le respect absolu de la
Constitution de la République et l’alternance démocratique en République
Démocratique du Congo.
Kinshasa,
le 4 octobre 2016
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