Conclusions du Conseil sur la République démocratique
du Congo
1. L'Union européenne est profondément préoccupée par la
situation politique en République démocratique de Congo (RDC). Elle condamne
vivement les actes d'extrême violence qui ont eu lieu les 19 et 20 septembre
2016, en particulier à Kinshasa. Ceux-ci ont encore aggravé la situation
d'impasse dans laquelle se trouve la RDC du fait de la non-convocation dans les
délais constitutionnels du corps électoral en vue de l'organisation de
l'élection présidentielle. À cet égard, l'UE rappelle ses conclusions du 23 mai
2016 et réaffirme la responsabilité première des autorités de la RDC dans
l'organisation des élections.
2. La crise politique de la RDC ne peut être résolue qu'à
travers un engagement public et explicite de tous les acteurs de respecter la
Constitution actuelle, en particulier en ce qui concerne la limitation des
mandats présidentiels ainsi que par un dialogue politique substantiel,
inclusif, impartial et transparent. Celui-ci doit déboucher, en ligne avec
l'esprit de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations Unies, sur
l'organisation d'élections présidentielles et législatives dans le délai le
plus court possible au cours de l'année 2017. Si l'actuel mandat présidentiel
vient à son terme sans qu'il y ait eu un accord préalable sur le calendrier
électoral, l'UE devra considérer l'impact d'une telle situation sur ses
relations avec le gouvernement de la RDC.
3. Le dialogue facilité par l'Union africaine à Kinshasa,
et soutenu par l'UE en tant que membre du groupe de soutien, doit ouvrir la
voie à une nouvelle phase d'un processus politique plus inclusif au cours des
semaines à venir. Il devra être clarifié, d'ici le 19 décembre, la manière dont
se déroulera la période transitoire jusqu'aux élections. L'UE souligne
l'urgence de la situation et l'importance de la participation à un tel
processus de toutes les grandes familles politiques et de la société civile,
dont la Conférence épiscopale du Congo. Elle appelle la majorité et
l'opposition à rechercher les compromis nécessaires portés par un très large
consensus populaire.
4. Afin d'assurer un climat propice à la tenue du
dialogue et des élections, le gouvernement doit prendre un engagement clair de
veiller au respect des droits de l'Homme et de l'état de droit et cesser toute
instrumentalisation de la justice. L'UE appelle à la libération de tous les
prisonniers politiques et à la cessation des poursuites judiciaires
politiquement motivées contre l'opposition et la société civile ainsi qu'à la
réhabilitation des personnes victimes de jugements politiques. L'interdiction
des manifestations pacifiques, l'intimidation et le harcèlement à l'encontre de
l'opposition, de la société civile et des médias ne permettent pas de préparer
une transition paisible et démocratique. Dans ce contexte, l'engagement de l'UE
dans de nouveaux programmes de réforme de la police et de la justice ne peut
être assuré. L'UE appelle la MONUSCO, dans le cadre de son mandat de protection
des civils et dans la limite de ses moyens et de son dispositif, à se déployer
de manière dissuasive et demande la pleine coopération des autorités dans la
mise en œuvre de la résolution adoptée lors de la trente-troisième session du
Conseil des droits de l'Homme.
5. Les très nombreuses arrestations qui ont suivi les
événements du 19 et 20 septembre suscitent de fortes préoccupations quant au
respect des procédures légales et à la volonté de garantir une justice
indépendante. L'UE exhorte tous les acteurs, tant du côté des autorités que du
côté de l'opposition, à rejeter l'usage de violence. Elle rappelle la
responsabilité première des forces de sécurité pour maintenir l'ordre public
tout en assurant le respect des libertés fondamentales. Une enquête
indépendante doit permettre de dégager rapidement les responsabilités
individuelles de chacun. La MONUSCO et le Bureau Conjoint des Nations Unies aux
Droits de l'Homme en RDC (BCNUDH) doivent pouvoir effectuer leur travail de
documentation sans entraves. L'UE a également pris note du communiqué du
Procureur de la Cour Pénale Internationale du 23 septembre 2016, qui a déclaré
surveiller avec une extrême vigilance la situation sur le terrain.
6. L'UE réitère sa forte préoccupation face à la
situation dans l'est du pays, et en particulier à Beni. Dans ce contexte, l'UE
rappelle l'existence de la résolution 2293 du Conseil de sécurité des Nations
Unies qui fixe le cadre onusien de mesures restrictives à l'encontre des
individus ou des entités responsables de graves violations des droits de
l'Homme.
7. Devant les risques d'instabilité dans le pays et la
menace que cela constitue pour la région, l'UE restera entièrement mobilisée.
Les États membres s'accordent dès à présent sur la nécessité de coordonner leur
approche en matière de délivrance de visas à l'égard des détenteurs d'un
passeport diplomatique ou de service. L'UE utilisera tous les moyens à sa
disposition, y compris le recours à des mesures restrictives individuelles
contre ceux qui sont responsables de graves violations des droits de l'Homme, incitent
à la violence ou qui feraient obstacle à une sortie de crise consensuelle,
pacifique et respectueuse de l'aspiration du peuple congolais à élire ses
représentants. Le Conseil invite la Haute Représentante à initier un travail
dans ce sens.
8. L'UE rappelle les efforts significatifs qu'elle a
consentis ces dernières années pour accompagner le pays et confirme sa
disponibilité à les intensifier en réitérant sa demande du 2 juin 2016 au
gouvernement d'initier dans les plus brefs délais un dialogue politique au plus
haut niveau, conformément à l'article 8 de l'Accord de Cotonou. Elle est
disposée à apporter son soutien, y compris financier, à un processus électoral
transparent sur la base d'un accord politique inclusif et d'un calendrier clair
agréé par les parties prenantes, et si toutes les conditions sont réunies
conformément à la Constitution et à la résolution 2277 du Conseil de Sécurité
des Nations Unies. Dans ces conditions, l'UE restera engagée en tant que membre
du groupe de soutien à la facilitation et travaillera étroitement avec ses
partenaires, notamment africains. Elle salue les efforts considérables de la
région pour rapprocher les positions, en particulier lors de la tenue prochaine
d'un sommet sur la RDC organisé à Luanda par la Conférence Internationale su
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