1. L'Union européenne (UE) salue les avancées au Burundi depuis la
signature des Accords de paix d'Arusha. Elles ont permis au Burundi de
s'engager sur la voie du développement, de la stabilité et de la démocratie, et
de participer à des missions de paix sur le continent africain. L'UE a été un
acteur engagé en soutien de ce processus. Elle entend le rester en travaillant
étroitement avec ses partenaires, en particulier l'UA, la CIRGL, et les Nations
Unies dont la mission électorale (MENUB) doit pouvoir jouer pleinement son
rôle.
2. Le prochain cycle électoral au Burundi, entre mai et août 2015,
constitue un enjeu majeur pour consolider les progrès accomplis et contribuer à
la construction d'un avenir plus solide. Le pays ne peut pas manquer cette
opportunité au risque d'un retour en arrière. En adoptant le Code électoral, la
Feuille de route pour les élections de 2015 ainsi que le Code de bonne
conduite, l'ensemble des partis et acteurs politiques burundais ont tracé la
voie. Il s'agit maintenant de les respecter dans leur intégralité. L'UE salue
les efforts de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et
l'encourage à assumer son rôle en toute indépendance et impartialité. Elle
appelle la CENI et les institutions burundaises concernées à assurer la mise en
œuvre des mesures correctives à l'enrôlement des électeurs agréées lors de la
réunion d'évaluation du 22 décembre 2014 et à renouer le fil du dialogue avec
les partis et acteurs politiques tout au long du processus électoral.
3. Devant les tensions et intimidations qui ont marqué la période
pré-électorale, l'UE appelle les autorités à faire des efforts supplémentaires
afin d'assurer le caractère inclusif, paisible et transparent du processus.
Opposition comme majorité portent des responsabilités à cet égard, mais il
incombe aux autorités de garantir l'exercice des droits civils et politiques,
des libertés fondamentales, y inclus la liberté d'expression et de la presse
ainsi que l'indépendance de la justice, dans le respect des lois et des engagements
internationaux du Burundi. A cet égard, l'UE exprime sa préoccupation face aux
nombreux cas de poursuites judiciaires visant des leaders des partis
d'opposition et des représentants de la société civile engagés dans la défense
des droits de l'Homme. Ces arrestations et condamnations risquent de porter le
discrédit sur l'ensemble du processus électoral, et sur le fonctionnement de la
justice.
4. L'UE attache une grande importance au maintien des acquis de
l'Accord d'Arusha qui constitue le socle sur lequel la paix et la démocratie se
construisent au Burundi après la période de guerres civiles. À l'heure
actuelle, des voix s'élèvent au Burundi en faveur du respect de l'accord
d'Arusha, tout particulièrement au sujet d'un possible troisième mandat présidentiel.
Ces voix ne peuvent être ignorées. L'UE exhorte les autorités burundaises à
aborder cette question avec sagesse et dans un esprit de réconciliation afin de
trouver rapidement une solution emportant une adhésion large de sorte à apaiser
les tensions et éviter une détérioration de la situation.
5. Suite à l'invitation des autorités burundaises, l'UE a décidé de
déployer une mission d'observation électorale à partir du mois d'avril 2015
afin d'assurer l'évaluation continue et complète de l'ensemble du processus
électoral, en contact étroit avec d'autres missions d'observation. Le soutien
de l'UE au processus électoral, par la présence de cette mission d'observation
et par son appui financier, ne peuvent se concevoir que dans le cadre d'une
compétition électorale inclusive et transparente, ouverte de manière équitable
à tous les partis et acteurs politiques.
6. L'UE invite tous les acteurs à prendre des initiatives visant à
préserver la paix et à réduire les tensions. Elle déplore les évènements
violents qui se sont produits en province de Cibitoke du 30 décembre 2014 au 3
janvier 2015 et exprime sa préoccupation face aux allégations d'exécutions
sommaires commises par des membres des forces de l'ordre et des membres de
l'aile de la jeunesse du parti CNDD-FDD. L'UE salue la formation d'une
commission d'enquête judiciaire qui devra être en mesure de faire son travail
sans entraves et en toute indépendance. L'UE attend également de recevoir les
résultats de l'enquête en cours concernant l'assassinat de trois religieuses
italiennes en septembre 2014 à Bujumbura, qui doit être menée de façon
transparente et impartiale.
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