I.
DE
LA TROISIEME TRIPARTITE SUR LES RÉFUGIÉS A KIGALI
Les 20 et 21 juin
derniers s'est tenu la troisième réunion tripartite entre le Rwanda, la RDC et
le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Kigali au
Rwanda. Cette rencontre avait pour ordre du jour l’examen de la question des
réfugiés rwandais se trouvant sur le territoire congolais, à dix jours de
l’entrée en vigueur d’une clause de cessation du statut de réfugiés rwandais
sollicité par les autorités du Rwanda.
C’est depuis le 31
décembre 2011 que le gouvernement rwandais avait annoncé sa décision de mettre en
œuvre au 30 juin 2013 la clause de cessation du statut de réfugié pour ses
ressortissants où qu’ils se trouvent.
Ainsi
que l’a fait clairement savoir notre Ministre de l'Intérieur qui a en charge le
dossier des réfugiés lors de cette tripartite, pour la RDC, la clause de
cessation du statut des réfugiés rwandais ne peut pas être appliquée en RDC en
l’état actuel de la situation. Le Gouvernement de la RDC a réitéré ainsi la position qu'il avait exprimée à
Pretoria (Afrique du Sud) en avril dernier considèrent que l’application de
cette clause est «mécanique et inopérante» car elle ne porte pas de solutions
durables aux multiples problèmes vécus aussi bien par les réfugiés que par la
RDC, pays d’accueil, du fait de leur présence.
En effet, si Kigali appliquait
cette clause au 30 juin 2013, il sera considéré qu’il n’y a plus de citoyens rwandais
ayant un statut de réfugiés dans notre pays. Une fiction aussi vielle irréelle.
Cette disposition doit
être accompagnée de mesures concrètes organisant pour les réfugiés des
campagnes d’information sur la clause de cessation et ses conséquences. Elle
devrait aussi renforcer toutes les activités préalables pour passer du rapatriement
facilité au rapatriement volontaire.
En plus la commission
tripartite devra programmer la réunion du groupe technique en vue d’élaborer un
plan détaillé des opérations de rapatriement.
Il ne faut pas perdre
de vue que, pour le cas congolais, cette décision du Rwanda concerne 127.000 réfugiés rwandais vivant sur le territoire de la RDC. Au terme de cette
tripartite, nous sommes heureux qu’un consensus se soit dégagé autour de la
position congolaise. Espérons que ce soit le début d’une accalmie dans la
région.
II.
DES
SEIZE ÉTUDIANTS RWANDAIS EXILÉS EN OUGANDA
Vous avez appris comme
moi que seize étudiants rwandais ont demandé et obtenu l'asile en Ouganda parce
qu'ils ont déclaré être victimes du harcèlement des autorités de leur pays pour
avoir refusé de se joindre aux forces négatives congolaises du M23.
Ce fait nous révèle
qu’il n'y a plus le moindre doute
possible sur les vraies origines de la guerre que subit la RDC à l'Est de son
territoire. Il est une fois de plus attesté que c’est bien dans le territoire
de ce pays voisin que se trouve la main qui arme et soutient les criminels du M23.
La nouveauté c’est que les commanditaires de la guerre contre la RDC se
permettent de contraindre des étudiants rwandais à rejoindre les forces négatives
après la signature de l'accord-cadre d’Addis-Abeba engageant tous les
Gouvernements des pays de la région.
En effet, ces étudiants
rwandais, dont 14 jeunes garçons et deux filles, qui se sont enfuis de leur pays
le 3 juin dernier, ont expliqué que la raison de leur fuite était d'échapper au
harcèlement de leurs autorités qui les persécutent pour n’avoir pas adhéré à un
programme de "conscientisation politique" à Butare, dont ils ont
constaté que les participants avaient été forcés de traverser la frontière vers
le Congo et de se battre dans les rangs du M23. L'un de ces jeunes âgé de 21 ans,
M. Mugisha, a même affirmé qu'ils avaient imploré les autorités de leur pays de
leur épargner cet enrôlement forcé sans succès. Raison pour laquelle ils ne
peuvent retourner au Rwanda. Le Gouvernement de la RDC déplore et condamne
cette violation flagrante de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba qui entretient ainsi
les conditions de rupture de la paix dans la région des Grands Lacs.
III.
DÉPLOIEMENT
DE LA BRIGADE D'INTERVENTION DE LA MONUSCO ET REDDITIONS DANS LES RANGS DES
FORCES NEGATIVES
Le Gouvernement se
félicite du déploiement progressif de la bridage d’intervention des Nations-Unies
à Goma et dans les environs. En effet à ce jour, la totalité des éléments
tanzaniens et une grande partie des éléments sud-africains composant cette
brigade sont déjà sur place à Goma avec leurs matériel et équipement. Plus de 2.000
unités sont déjà sur terrain sur les 3.000 attendues. Les éléments Malawites de
la Brigade sont attendus dans moins d’une semaine.
C’est presque superflu
de le dire au vu de l’enthousiasme que suscite l’arrivée des éléments de la
brigade d’intervention, mais le Gouvernement tient à appeler au soutien de tous
les congolais à cette force internationale et aux FARDC en tout ce qui est
susceptible de leur permettre le meilleur accomplissement possible de leur
tâche.
Il est constaté ces
derniers temps une forte augmentation du nombre de redditions des membres des
groupes armés tant nationaux qu'étrangers qu'il s'agisse des Forces
démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des Forces combattantes
Abancunguzi (FOCA), du mouvement du 23 mars (M23), aussi bien que divers
groupes Maï-Maï, notamment les Patriotes résistants Maï-Maï (PRM) et un de
l’UPCP (FPC).
Le Gouvernement salue
cette augmentation des redditions dans les rangs des forces ciblées par la
résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu qui a créé la brigade
d’intervention. Nous continuons d’encourager tous ceux de nos compatriotes qui
trainent encore parmi les forces négatives à en sortir aussi vite qu’ils le
peuvent. Car, si la brigade d’intervention peut se limiter à dissuader les
forces négatives de persévérer sur la voie où elles sont engagées, nous aurons
beaucoup gagné ; notamment par rapport aux pertes en vies humaines.
L’objectif du gouvernement n’est pas d’aller en guerre. L’option demeure
triptyque : le premier axe est politique, le deuxième diplomatique.
L’option militaire n’est envisagée que comme dernier recours.
IV.
DU
RECENT RAPPORT D'AMNESTY INTERNATIONAL SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME
DANS LES MINES CONGOLAISES
Un rapport d'Amnesty
international datant du 19 juin 2013 et intitulé "Pertes et profits"
a fait état d'atteintes graves aux droits humains dans les compagnies minières chinoises qui opèrent
en République démocratique du Congo et particulièrement au Katanga. Il est affirmé
que les "creuseurs" (vocable désignant les mineurs artisanaux) sont
maltraités, mal payés et soumis à des règles iniques.
Le rapport fustige en
plus les expulsions forcées – prohibées par le droit international – et
l'imposition de conditions de travail très dangereuses constituant des formes
d'exploitation, voire d’esclavage. Notamment : de nombreux mineurs travaillent
à main nue, des dizaines de milliers d'enfants sont employés en raison de leur
petite taille dans des galeries mal aérées qui s'enfoncent parfois à plus de
100 mètres sous le sol. Et le rapport souligne que les "creuseurs"
sont gravement exploités à la fois par les responsables des pouvoirs publics et
les acteurs privés qui contrôlent les sites miniers.
Des containers seraient
transformés en cachots où les mineurs sont enfermés plusieurs jours quand ils
enfreignent les règles, sans compter les accidents, glissements de terrain,
meurtres, etc. Le comble, selon Amnesty International, c'est que les mineurs
artisanaux sont obligés de passer par l'intermédiaire d'entreprises
concessionnaires qui sous-payent le produit de leur travail. Alors que dans un
comptoir de vente la teneur du minerai est estimée à 18%, les acheteurs
(marchands chinois) ne paient que pour une teneur de 4%.
D'après le rapport, les
autorités congolaises ne feraient rien pour empêcher les compagnies minières et
les marchands de bafouer les droits fondamentaux de la personne. Pire, elles auraient
elles-mêmes commis des violations de ces droits afin de faciliter les
opérations d'extraction.
La première chose à
dire à cet égard est que le Gouvernement qui a pris acte de ces graves
accusations est préoccupé par la situation des mineurs telle qu’elle ressort de
ce rapport. Il importe toutefois de signaler qu’en confrontant les informations
relayées par Amnesty International avec celles à notre disposition, on est
frappé par le caractère trop ciblé dudit rapport. En effet, comme l'a si bien
relevé un expert de la division des mines de la province du Katanga, « Comment
expliquer que de toutes les entreprises minières qui écument le Katanga, seules
les entreprises chinoises sont accusées au sujet des problèmes rencontrés par
les creuseurs artisanaux ? »
Les entreprises
minières installées au Katanga appartiennent en effet à une trentaine de
nationalités différentes. Aucune d’elles n’offre à ses employés et clients des
conditions différentes des compagnies chinoises. Rien ne justifie donc
l’acharnement sur la seule Chine à cet égard. Surtout que cet élan de
solidarité exprimée aujourd’hui par Amnesty International ne s’est pas observé pendant
que ceux-ci vivaient des situations bien pires avant et après l'indépendance.
Tout porte à croire que
les multiples pressions exercées sur le président Joseph Kabila pour l’amener à
revoir à la baisse le volume des engagements commerciaux et industriels entre
la RDC et la Chine ayant fait long feu, des groupes d’intérêts recourent
vraisemblablement à des ONG internationales comme Amnesty International qui semble
avoir décidé de mettre sur la balance sa crédibilité. C'est dommage car c’est
là un cas de concurrence déloyale qui n’est pas dû au hasard au moment où notre
pays est redevenu le 1er producteur mondial de cobalt.
V.
LIBÉRATION
DES ÉTUDIANTS CONGOLAIS EN INDE
Vous le savez, vingt et
un étudiants congolais avaient été arrêtés mercredi dernier en Inde dans des
conditions marquées par des attitudes racistes évidentes de la part de certains
policiers indiens. Suite à cette arrestation, la machine diplomatique de la
République a été déployée. Aussi sommes-nous satisfaits que lesdits étudiants
aient à ce jour recouvré leur liberté.
Nous demandons aux
autorités indiennes de veiller à ce que les policiers qui se sont caractérisés
par un tel racisme soient sanctionnés.
A notre peuple, nous
recommandons que cet incident n'entrave en rien les bonnes relations avec les
ressortissants indiens vivant en République Démocratique du Congo qui n’ont
aucune responsabilité dans le comportement répréhensible de quelques policiers
de la ville de Jalandar en Inde.
VI.
UN
ANCIEN EMPLOYE DE LA CPI ACCUSE D'ABUS SEXUELS
Le Gouvernement de la
RDC se félicite de l'ouverture d'une enquête indépendante demandée par la Cour
pénale internationale sur des accusations d’agressions sexuelles par un de ses
anciens employés en République démocratique du Congo.
Nous avons appris le
communiqué de la CPI du jeudi dernier qui a précisé que cette décision fait
suite à l’accomplissement d’une enquête initiale interne, laquelle avait
“confirmé la gravité des allégations et la nécessité d’une enquête plus
détaillée”. Le Gouvernement
congolais suivra de près cette affaire afin que les victimes obtiennent
réparation. Il salue d'ores et déjà la décision de la CPI d'appliquer dans ce
cas le principe de la tolérance zéro.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre
des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle
Citoyenneté
Porte-parole
du Gouvernement
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