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samedi 22 juin 2013

Réfus des étudiants rwandais de réjoindre le M23 en Rdc: le gouvernement congolais déplore et condamne cette violation flagrante de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba

I.         DE LA TROISIEME TRIPARTITE SUR LES RÉFUGIÉS A KIGALI

Les 20 et 21 juin derniers s'est tenu la troisième réunion tripartite entre le Rwanda, la RDC et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Kigali au Rwanda. Cette rencontre avait pour ordre du jour l’examen de la question des réfugiés rwandais se trouvant sur le territoire congolais, à dix jours de l’entrée en vigueur d’une clause de cessation du statut de réfugiés rwandais sollicité par les autorités du Rwanda.
C’est depuis le 31 décembre 2011 que le gouvernement rwandais avait annoncé sa décision de mettre en œuvre au 30 juin 2013 la clause de cessation du statut de réfugié pour ses ressortissants où qu’ils se trouvent.
Ainsi que l’a fait clairement savoir notre Ministre de l'Intérieur qui a en charge le dossier des réfugiés lors de cette tripartite, pour la RDC, la clause de cessation du statut des réfugiés rwandais ne peut pas être appliquée en RDC en l’état actuel de la situation. Le Gouvernement de la RDC a réitéré  ainsi la position qu'il avait exprimée à Pretoria (Afrique du Sud) en avril dernier considèrent que l’application de cette clause est «mécanique et inopérante» car elle ne porte pas de solutions durables aux multiples problèmes vécus aussi bien par les réfugiés que par la RDC, pays d’accueil, du fait de leur présence.
En effet, si Kigali appliquait cette clause au 30 juin 2013, il sera considéré qu’il n’y a plus de citoyens rwandais ayant un statut de réfugiés dans notre pays. Une fiction aussi vielle irréelle.
Cette disposition doit être accompagnée de mesures concrètes organisant pour les réfugiés des campagnes d’information sur la clause de cessation et ses conséquences. Elle devrait aussi renforcer toutes les activités préalables pour passer du rapatriement facilité au rapatriement volontaire.
En plus la commission tripartite devra programmer la réunion du groupe technique en vue d’élaborer un plan détaillé des opérations de rapatriement.
Il ne faut pas perdre de vue que, pour le cas congolais, cette décision du Rwanda concerne 127.000 réfugiés rwandais vivant sur le territoire de la RDC. Au terme de cette tripartite, nous sommes heureux qu’un consensus se soit dégagé autour de la position congolaise. Espérons que ce soit le début d’une accalmie dans la région.

II.      DES SEIZE ÉTUDIANTS RWANDAIS EXILÉS EN OUGANDA

Vous avez appris comme moi que seize étudiants rwandais ont demandé et obtenu l'asile en Ouganda parce qu'ils ont déclaré être victimes du harcèlement des autorités de leur pays pour avoir refusé de se joindre aux forces négatives congolaises du M23.
Ce fait nous révèle qu’il n'y a plus  le moindre doute possible sur les vraies origines de la guerre que subit la RDC à l'Est de son territoire. Il est une fois de plus attesté que c’est bien dans le territoire de ce pays voisin que se trouve la main qui arme et soutient les criminels du M23. La nouveauté c’est que les commanditaires de la guerre contre la RDC se permettent de contraindre des étudiants rwandais à rejoindre les forces négatives après la signature de l'accord-cadre d’Addis-Abeba engageant tous les Gouvernements des pays de la région.
En effet, ces étudiants rwandais, dont 14 jeunes garçons et deux filles, qui se sont enfuis de leur pays le 3 juin dernier, ont expliqué que la raison de leur fuite était d'échapper au harcèlement de leurs autorités qui les persécutent pour n’avoir pas adhéré à un programme de "conscientisation politique" à Butare, dont ils ont constaté que les participants avaient été forcés de traverser la frontière vers le Congo et de se battre dans les rangs du M23. L'un de ces jeunes âgé de 21 ans, M. Mugisha, a même affirmé qu'ils avaient imploré les autorités de leur pays de leur épargner cet enrôlement forcé sans succès. Raison pour laquelle ils ne peuvent retourner au Rwanda. Le Gouvernement de la RDC déplore et condamne cette violation flagrante de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba qui entretient ainsi les conditions de rupture de la paix dans la région des Grands Lacs.

III.             DÉPLOIEMENT DE LA BRIGADE D'INTERVENTION DE LA MONUSCO ET REDDITIONS DANS LES RANGS DES FORCES NEGATIVES

Le Gouvernement se félicite du déploiement progressif de la bridage d’intervention des Nations-Unies à Goma et dans les environs. En effet à ce jour, la totalité des éléments tanzaniens et une grande partie des éléments sud-africains composant cette brigade sont déjà sur place à Goma avec leurs matériel et équipement. Plus de 2.000 unités sont déjà sur terrain sur les 3.000 attendues. Les éléments Malawites de la Brigade sont attendus dans moins d’une semaine.
C’est presque superflu de le dire au vu de l’enthousiasme que suscite l’arrivée des éléments de la brigade d’intervention, mais le Gouvernement tient à appeler au soutien de tous les congolais à cette force internationale et aux FARDC en tout ce qui est susceptible de leur permettre le meilleur accomplissement possible de leur tâche.
Il est constaté ces derniers temps une forte augmentation du nombre de redditions des membres des groupes armés tant nationaux qu'étrangers qu'il s'agisse des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des Forces combattantes Abancunguzi (FOCA), du mouvement du 23 mars (M23), aussi bien que divers groupes Maï-Maï, notamment les Patriotes résistants Maï-Maï (PRM) et un de l’UPCP (FPC).
Le Gouvernement salue cette augmentation des redditions dans les rangs des forces ciblées par la résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu qui a créé la brigade d’intervention. Nous continuons d’encourager tous ceux de nos compatriotes qui trainent encore parmi les forces négatives à en sortir aussi vite qu’ils le peuvent. Car, si la brigade d’intervention peut se limiter à dissuader les forces négatives de persévérer sur la voie où elles sont engagées, nous aurons beaucoup gagné ; notamment par rapport aux pertes en vies humaines. L’objectif du gouvernement n’est pas d’aller en guerre. L’option demeure triptyque : le premier axe est politique, le deuxième diplomatique. L’option militaire n’est envisagée que comme dernier recours.

IV.        DU RECENT RAPPORT D'AMNESTY INTERNATIONAL SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME DANS LES MINES CONGOLAISES

Un rapport d'Amnesty international datant du 19 juin 2013 et intitulé "Pertes et profits" a fait état d'atteintes graves aux droits humains dans  les compagnies minières chinoises qui opèrent en République démocratique du Congo et particulièrement au Katanga. Il est affirmé que les "creuseurs" (vocable désignant les mineurs artisanaux) sont maltraités, mal payés et soumis à des règles iniques.
Le rapport fustige en plus les expulsions forcées – prohibées par le droit international – et l'imposition de conditions de travail très dangereuses constituant des formes d'exploitation, voire d’esclavage. Notamment : de nombreux mineurs travaillent à main nue, des dizaines de milliers d'enfants sont employés en raison de leur petite taille dans des galeries mal aérées qui s'enfoncent parfois à plus de 100 mètres sous le sol. Et le rapport souligne que les "creuseurs" sont gravement exploités à la fois par les responsables des pouvoirs publics et les acteurs privés qui contrôlent les sites miniers.
Des containers seraient transformés en cachots où les mineurs sont enfermés plusieurs jours quand ils enfreignent les règles, sans compter les accidents, glissements de terrain, meurtres, etc. Le comble, selon Amnesty International, c'est que les mineurs artisanaux sont obligés de passer par l'intermédiaire d'entreprises concessionnaires qui sous-payent le produit de leur travail. Alors que dans un comptoir de vente la teneur du minerai est estimée à 18%, les acheteurs (marchands chinois) ne paient que pour une teneur de 4%.
D'après le rapport, les autorités congolaises ne feraient rien pour empêcher les compagnies minières et les marchands de bafouer les droits fondamentaux de la personne. Pire, elles auraient elles-mêmes commis des violations de ces droits afin de faciliter les opérations d'extraction.
La première chose à dire à cet égard est que le Gouvernement qui a pris acte de ces graves accusations est préoccupé par la situation des mineurs telle qu’elle ressort de ce rapport. Il importe toutefois de signaler qu’en confrontant les informations relayées par Amnesty International avec celles à notre disposition, on est frappé par le caractère trop ciblé dudit rapport. En effet, comme l'a si bien relevé un expert de la division des mines de la province du Katanga, « Comment expliquer que de toutes les entreprises minières qui écument le Katanga, seules les entreprises chinoises sont accusées au sujet des problèmes rencontrés par les creuseurs artisanaux ? »  
Les entreprises minières installées au Katanga appartiennent en effet à une trentaine de nationalités différentes. Aucune d’elles n’offre à ses employés et clients des conditions différentes des compagnies chinoises. Rien ne justifie donc l’acharnement sur la seule Chine à cet égard. Surtout que cet élan de solidarité exprimée aujourd’hui par Amnesty International ne s’est pas observé pendant que ceux-ci vivaient des situations bien pires avant et après l'indépendance.
Tout porte à croire que les multiples pressions exercées sur le président Joseph Kabila pour l’amener à revoir à la baisse le volume des engagements commerciaux et industriels entre la RDC et la Chine ayant fait long feu, des groupes d’intérêts recourent vraisemblablement à des ONG internationales comme Amnesty International qui semble avoir décidé de mettre sur la balance sa crédibilité. C'est dommage car c’est là un cas de concurrence déloyale qui n’est pas dû au hasard au moment où notre pays est redevenu le 1er producteur mondial de cobalt.

V.      LIBÉRATION DES ÉTUDIANTS CONGOLAIS EN INDE

Vous le savez, vingt et un étudiants congolais avaient été arrêtés mercredi dernier en Inde dans des conditions marquées par des attitudes racistes évidentes de la part de certains policiers indiens. Suite à cette arrestation, la machine diplomatique de la République a été déployée. Aussi sommes-nous satisfaits que lesdits étudiants aient à ce jour recouvré leur liberté.
Nous demandons aux autorités indiennes de veiller à ce que les policiers qui se sont caractérisés par un tel racisme soient  sanctionnés.
A notre peuple, nous recommandons que cet incident n'entrave en rien les bonnes relations avec les ressortissants indiens vivant en République Démocratique du Congo qui n’ont aucune responsabilité dans le comportement répréhensible de quelques policiers de la ville de Jalandar en Inde.

VI.             UN ANCIEN EMPLOYE DE LA CPI ACCUSE D'ABUS SEXUELS

Le Gouvernement de la RDC se félicite de l'ouverture d'une enquête indépendante demandée par la Cour pénale internationale sur des accusations d’agressions sexuelles par un de ses anciens employés en République démocratique du Congo.
Nous avons appris le communiqué de la CPI du jeudi dernier qui a précisé que cette décision fait suite à l’accomplissement d’une enquête initiale interne, laquelle avait “confirmé la gravité des allégations et la nécessité d’une enquête plus détaillée”. Le Gouvernement congolais suivra de près cette affaire afin que les victimes obtiennent réparation. Il salue d'ores et déjà la décision de la CPI d'appliquer dans ce cas le principe de la tolérance zéro.

Lambert MENDE OMALANGA 
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté
Porte-parole du Gouvernement

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