Le
temps arrive toujours à dire vrai sur le patriotisme et le civisme des citoyens, particulièrement
lorsque leur Etat est confronté à la rébellion et à la guerre d’agression. C’est
alors que tombent les masques, et se dévoilent les vrais ressorts des personnalités
qui se caractérisent par des attitudes trompe-l’œil.
C’est
ce qui est arrivé à Roger Lumbala Tshitenge, député national de son état,
ancien seigneur de guerre du fameux mouvement armé Rcd-N, qui fit d’innombrables
victimes dans le territoire de Bafuasende, où des notables continuent à
réclamer qu’il soit envoyé à la Cour pénale internationale pour crimes de
guerre et crimes contre l’humanité.
Non
content d’avoir été fait ministre après
le Dialogue Intercongolais, d’avoir obtenu la nomination de son épouse Ngalula
pour lui succéder au portefeuille de Commerce extérieur, non content d’avoir
échoué à l’élection présidentielle de 2006 et de n’avoir pas fait élire son
candidat à celle de 2011, Roger Lumbala défraie aujourd’hui la chronique, à son
cause de son refuge dans l’Ambassade de l’Afrique du Sud à Bujumbura le 3 septembre
2012.
Le député Roger Lumbala Tshitenge |
Exerçant
leur devoir de vigilance, les services de renseignement burundais avaient
interpellé le 1er septembre 2012 Roger Lumbala, suspecté de louches
va-et-vient dans la Région des Grands Lacs, avec comme point de chute à établir
au Burundi, qu’il voulait transformer en une base arrière clandestine des
mouvements de rébellion qui embrassaient la province voisine du Sud-Kivu, en
visant particulièrement les contrées de Fizi, Lemera et Kamanyola, avec l’appui
affirmé du Rwanda.
Avant
la fuite du lieu de sa résidence surveillée en direction de l’Ambassade de l’Afrique
du Sud à Bujumbura, Roger Lumbala a dû passer par plusieurs heures d’un
interrogatoire qui a mis à nu son implication dans les préparatifs de nouvelles
rebellions à l’Est du de la Rdc. Ce fait avait déterminé que sa mallette soit
saisie avec tous les documents et effets divers qui y étaient contenus, sa
valise ayant été auparavant soustraite par l’une de ses femmes burundaises,
Alice Ndayisenga.
Les
renseignements indubitables sur ses missions clandestines au Rwanda établissent
qu’il entretenait des relations suivies avec le capitaine Célestin Senkoko,
secrétaire particulier du ministre rwandaise des Affaires étrangères et le
général James Kabarebe, ministre de la Défense. Ce dernier est la plaque
tournante de la manipulation pour multiplier les foyers d’insécurité en Rdc. Son
secrétaire particulier connu sous le code « Voyage ou Safari » est
son relai vis-à-vis de Roger Lumbala pour lui transmettre les directives de la
manipulation et les invitations qui s’y apportent. Il est à la fois la source
et l’exécuteur des intentions déstabilisatrices de ses manipulateurs.
Son
interpellation atteste qu’il est l’un des pions du Rwanda, qui lui demandait
avec insistance de prendre la tête du M23 et d’ouvrir des fronts dans le
Sud-Kivu, en lui proposant des « collabos » congolais, apparemment
prêts pour y semer la terreur, en la personne de deux députés nationaux,
lesquels font l’objet des recoupements des renseignements collectés à leur
sujet.
Roger
Lumbala a confirmé, dans un procès-verbal signé par lui le 1er
septembre 2012, à Bujumbura, devant les services de renseignements burundais
que le Rwanda apportait son soutien au M23. Il faisait allégeance au Rwanda, à
l’instar du colonel Ruzandiza alias Makenga Sulutani, en s’impliquant dans la
stratégie rwandaise de déstabilisation de la Rdc, par l’ouverture de plusieurs
fronts, de manière telle que, en se répartissant les rôles, la bande à l’ex-général
Bosco Ntaganda continuait à sévir dans le Nord-Kivu, particulièrement dans le
Rutshuru, avec des postes avancés dans le Masisi. Il a accepté de s’associer
avec le Maï-Maï Raia Mutomboki et certains politiciens natifs du Sud-Kivu, pour
écumer cette province.
Roger
Lumbala a prêté concours idéologique et diverses ressources au colonel John
Tshibangu dans les deux Kasaï. De documents trouvés en sa possession ont
dévoilé qu’il avait vainement construit un alibi, à l’aide d’un manuscrit
rédigé par ses soins destiné au chef d’agence d’une banque à Kinshasa, lui
demandant de mettre à la disposition de son assistant parlementaire, M. Jérémie
Mutombo Kamba une sommes importante en dollars en francs congolais, dans une
correspondances qu’il datait de Paris en France le 6 août 2012.
Ce
stratagème n’a pas réussi, étant donné que Roger Lumbala se trouvait à Kigali,
en dépit de toutes ses dénégations. La lecture de ses mouvements opérés et
retracés dans son passeport diplomatique, également saisi par les services de
renseignements, établissent sans équivoque des va-et-vient dans la Région des
Grands Lacs.
Le leader du Rcd-N, Roger Lumbala |
Mouvements suivis
Le
12 juin 2012, il quitte Kinshasa par l’aéroport de N’djili pour Bujumbura où il
arrive le 13 juin après une escale à Addis-Abeba en Ethiopie. Le 19 juin 2012,
il part de Bujumbura pour Kinshasa qu’il atteint le 20 juin 2012, ayant fait
une escale à Addis-Abeba. Le 29 juin 2012, il quitte Kinshasa pour Brazzaville,
à partir du Beach Ngobila. Le 30 juin 2012, il s’envole de Brazzaville par l’aéroport
de Maya-Maya pour Kigali. Le 2 Juillet 2012, il part de Kigali par avion pour Brazzaville.
Le 9 juillet 2012, à partir du Beach Ngobila de Kinshasa, il traverse le fleuve
Congo pour Brazzaville. Le 14 juillet 2012, il quitte Brazzaville pour l’aéroport
de Maya-Maya pour Bujumbura où il arrive le même jour. Le 2 août 2012, il
quitte Bujumbura par son aéroport pour arriver à l’aéroport de Kigali le 3 août
2012. Le 3 août 2012, il sort du Rwanda par route à destination de l’Ouganda
par le poste frontalier de Cyanika pour rentrer au Rwanda. Le 6 août 2012, il s’en
va de Kigali pour Bujumbura. Le 8 août 2012, il prend son avion à Kigali pour
Brazzaville. Le 13 août 2012, il prend son avion à Kigali pour Bujumbura et le
30 août 20123, il part de Bujumbura.
Le
1er septembre 2012, depuis Kigali, il s’en va par route à
destination de Bujumbura, et c’est ce jour-là qu’il est pris à la frontière
avec le Burundi par les services de renseignements burundais. Du 13 août jusqu’au
1er septembre 2012, jour de son interpellation, il reste à
Bujumbura, même si ses appels téléphoniques ont été pris en charge par des
réseaux de télécommunications de la Rdc couvrant l’Est du territoire national
congolais.
C’est
donc sans surprise que d’autres renseignements supplémentaires ont déballé sa
connexion avec l’ex-colonel Makenga Sulutani du M23. Le dépouillement
professionnel des autres effets de Roger Lumbala trouvés dans sa mallette et
saisis a montré qu’il était de mèche non seulement avec le Rwanda et le M23,
mais aussi avec le colonel John Tshibangu.
Outre
ses contacts avec le précité, il a été trouvé dans les effets de Roger Lumbala,
rédigés de sa propre main, un projet de déclaration de prise de pouvoir que
devrait lire le colonel John Tshibangu pour annoncer à l’opinion d’attendre une
autre déclaration qui, elle, serait lue par Roger Lumbala. Le colonel John
Tshibangu s’active à préparer une hypothétique voie royale à Roger Lumbala, au
mépris de tout encrage dans les valeurs démocratiques.
Dans
une deuxième déclaration, Roger Lumbala fait sienne la rébellion du colonel
John Tshibangu et fait allusion à une armée qu’il dénomme A7, naturellement
allié au M23. Il a esquissé un plan opérationnel destiné à attaque le Kasaï sur
trois axes - Miabi-Kabeya Kamwanga-Tshilenge -. Il avait également des visées à
l’aéroport de Mbuji-Mayi, le camp militaire, le gouverneur de province, la résidence
et le bureau du général Patience, la station provinciale de la Rtnc.
Pour
concrétiser son coup de force, Roger Lumbala avait tablé sur dix jours d’opération,
mettant à contribution 600 rebelles constituant 30 groupes de 20 personnes
chacun, à déployer dans les trois axes, à raison de 200 personnes par axe. Estimant
le coût de cette opération à 6.000 dollars américains, Roger Lumbala avait
prévu 600 armes individuelles, chacune d’elles renforcée de 2 chargeurs, sans
oublier 11 appareils Motorola pour les communications.
Roger
Lumbala, au vu des documents qu’il portait s’activer à nouveau à préparer la
guerre, après l’épisode du territoire de Bafuasende, en s’inspirant probablement
de la lecture des trois des livres, notamment « L’art de la guerre »
de Sun Tse et « Les 36 stratagèmes, Manuel secret de l’art de la guerre »,
traduit du Chinois, présenté et commenté par Jean Lévi.
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