L’Association Africaine de défense des Droits de
l’Homme, ASADHO, est très préoccupée par les agressions répétées du Rwanda
contre le Congo, les difficultés des Forces Armées de la République
Démocratique du Congo à bouter dehors l’ennemi, la porosité de la
frontière rwando-congolaise, la déclaration des autorités rwandaises de retirer
leurs militaires au Congo alors qu’ils n’étaient plus sensés être sur le sol
congolais depuis 2009 et, par la position changeante du Gouvernement congolais
concernant la force internationale neutre.
En effet, depuis l’année 1998 où le Rwanda a
agressé pour la première fois le Congo, la situation sécuritaire à l’Est de la
RDC n’a pas changé. Les congolais sont tués régulièrement par les soldats
rwandais et leurs alliés du M23, et par les différents mouvements
rebelles congolais et étrangers. Les femmes sont violées, les crimes
internationaux sont commis et les richesses nationales sont pillées par les
prédateurs de tout bord, sans que les FARDC et la justice congolaise n’arrivent
à mettre fin à cet état de choses.
Face à cette situation, certaines autorités
congolaises posent des actions de nature à créer des questionnements sur la
volonté politique réelle de mettre fin à la guerre dans toute la transparence
et responsabilité. Il s’agit notamment des actes ci après :
- En 2009, en violation des dispositions
constitutionnelles, le Gouvernement congolais avait invité les troupes des
armées rwandaises et ougandaises au Congo sans l’aval du Parlement. A ce jour,
personne ne sait combien des militaires rwandais et ougandais étaient
venus et combien étaient réellement quittés le Congo ;
- Le Gouvernement a protégé pendant longtemps
M. Bosco Ntangada, alors qu’il savait que ce dernier était un véritable
danger pour les populations congolaises ;
- En 2010, l’appel du Gouvernement à mettre
fin au mandat de la Monusco alors qu’il savait que les FARDC seules ne
sauraient assurer la protection des civils à l’Est ;
- Après avoir accepté la mise en place de la
force internationale neutre dans le cadre de la CIRGL, le Gouvernement vient de
changer de position en demandant au Conseil de Sécurité de modifier le mandat
de la Monusco dans le but de la voir jouer aussi le rôle de la force
internationale neutre ;
- Le huis clos décrété par l’Assemblée
Nationale actuelle lors des débats sur la question de l’Est avait privé
le peuple, première victime de la guerre de l’Est, de savoir ce qui se passe
dans cette partie du pays.
Vu la longue durée de cette guerre, de 1998 à
2012, et ses conséquences sur la vie de tous les congolais, la question
de l’Est ne peut plus être traitée seulement par le Président de la République,
le Parlement et le Gouvernement. Elle concerne tout le peuple (Société civile,
partis politiques, confessions religieuses, sociétés savantes,
presses…). En discuter entre Congolais devient un devoir patriotique.
Ainsi, l’ASADHO appelle au dialogue national
pour :
1. Analyser les causes profondes internes et
externes qui permettent au Rwanda d’entrer et de sortir facilement du
Congo ;
2. Analyser les causes profondes qui
sont à la base du faible rendement des FARDC face aux militaires
rwandais ;
3. Echanger sur les stratégies de mobilisation
de toutes les populations contre la balkanisation du Congo ;
4. Parler de la persistance des mouvements
rebelles à l’Est ;
5. Parler des relations entre le Congo et
tous les Etats voisins ;
6. Donner une suite aux violations des droits
et crimes internationaux commis à l’Est ;
7. Echanger sur le rôle que peut jouer la
justice pour contribuer à l’instauration de la paix à l’Est.
8. Donner une suite au rapport mapping des experts
des Nations Unies.
Face à ce qui précède, l’ASADHO recommande :
Au Présent de la République :
- de lancer le dialogue
national sur la situation à l’Est du Congo dans le meilleur délai ;
A la Communauté Internationale :
- de soutenir
matériellement et financièrement le dialogue national sur la situation à l’Est
du Congo.
Fait à Kinshasa, le 4 septembre 2012
ASADHO
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