Me Mbayo, vous êtes Président
National du Mouvement des Indépendants Réformateurs -MIR-, parti membre de la
Majorité Présidentielle ; vous êtes également Député National élu de
Kabongo au Katanga. Ces derniers temps, il s’observe un antagonisme autour de
la révision ou pas de la Constitution. Quel est votre point de vue ?
C’est un débat qui a été ouvert par l’Opposition. Nous
de la Majorité, nous estimons que d’ici jusque 2016, nous avons encore deux
ans. Nous avons été élus sur base du programme de «La Révolution de la modernité ».
Nous avons encore du temps pour travailler, il y a encore du temps. Mais nous
avons suivi qu’il y a des pétitions qui s’organisent. Nous, nous disons que
d'un côté, nous n’allons pas violer la Constitution. Nous sommes respectueux
des lois de la République. De l'autre côté, les gens doivent savoir que la
Constitution actuelle tire son origine de l’Accord Global et inclusif signé le
17 décembre 2002 à Sun City. Les constituants d’alors étaient des belligérants.
L’idée qu’on avait c’était d’unifier le pays et impulser la démocratie. Est-ce
qu'aujourd’hui, nous avons le même enjeu ? Parce que déjà il y a la
démocratie. Nous avons eu à deux reprises les élections. Nous avons maintenant
un autre objectif qui est l’émergence d’ici 2020 à 2030. Ce qui est possible
aujourd’hui, il y a des élus qui sont légitimes et qui peuvent carrément
impulser un référendum. Alors, comme l’Opposition est en train d’aller vers la
population pour une pétition, nous savons déjà que ces 100.000 signatures
seront tirées ici à Kinshasa. J’ai par exemple posé la question dans ma
circonscription de Kabongo, si mes électeurs ont été consultés pour cette
pétition. Il n’en est rien. Nous sommes de la Majorité, nous allons donner la
chance à tous les Congolais de se prononcer sur la question. Il n’est pas
interdit aujourd’hui de penser à un référendum qui pourra par exemple nous
donner un nouveau contrat social avec la population congolaise pour l’émergence
d’ici 2020 à 2030. Et, à ce moment-là, c’est le souverain primaire qui va se prononcer.
Estimez-vous que le contexte
politique, social et économique a tellement évolué qu’il faut revoir certaines
dispositions de la Constitution ?
Le contexte politique a sérieusement évolué. A
l’époque, le pays était divisé en 5 ou 6 morceaux. On avait d’une part le
RCD/KML, le RCD/N, le RCD/Goma, le MLC… Aujourd’hui si vous allez à l’Assemblée
nationale, vous pouvez me donner le quota du RCD, le constituant d’alors ?
Le RDC/Goma n’a aucun député. Quand vous prenez le MLC, il est dans
l’impossibilité d’avoir un Groupe parlementaire à lui seul. Il est avec les
alliés. Donc, le contexte politique a tellement évolué. Dans la même dynamique,
le contexte social a aussi évolué. Vous voyez avec la révolution de la
modernité, il y a toutes ces nouvelles infrastructures. Nous devons aller
de l’avant, vers l’émergence. Alors nous disons que nous devons avoir un autre
contrat social qui n’est pas basé sur l’esprit des belligérants d’alors. Quand
vous prenez l’exposé de motif de notre Constitution en son deuxième paragraphe,
on dit clairement que c’est suite à l’Accord Global et inclusif du 17 décembre
2002, comme il y avait crise de légitimité, il fallait avoir une Constitution
afin d’organiser des élections. Ce qui fut fait. Maintenant, nous avons
d’autres enjeux. Si en 2002 l’objectif était la pacification du pays,
aujourd’hui nous avons l’émergence. Que de réviser cette Constitution-là que de
garder l’Accord global et inclusif comme un haut fait, le choix est clair. La
population était prise en otage. Nous avons des arguments. Nous allons motiver
en disant que comme les enjeux actuels sont ceux de l’émergence, il faut
soumettre au souverain primaire par voie référendaire une nouvelle
Constitution. Dans celle-ci, nous allons respecter les principes de libertés
individuelles parce que la Constitution interdit formellement même en cas de
modification ou de révision, qu’on réduise les libertés individuelles. Nous
allons entériner cela. Aussi, vous savez que dans cette Constitution il est dit
que la nationalité congolaise est une et exclusive. Cela crée des grands
problèmes avec nos frères de la diaspora qui gardent par devers eux leurs
passeports congolais. Nous devons penser à résoudre ce problème en faisant
comme en France par exemple.
Ça fait près de 6 mois depuis que le
Chef de l’Etat a annoncé la formation d’un gouvernement de cohésion nationale.
A votre avis, qu’est-ce qui retarde l’échéance ?
Vous savez, le chef de l’Etat c’est l’un des pouvoirs
constitutionnels qu’il a, et qu’il assume pleinement. Nous nous fions donc à
son pouvoir discrétionnaire. Mais cependant, Monsieur le Président de la
République se prononce solennellement devant le Congrès, il vous dit: je vais
mettre en place un gouvernement de cohésion national. Par éthique politique, un
Premier ministre qu’est ce qu’il fait, il lui présente sa démission. Quand il
lui a déposé sa démission, le président peut lui réitérer sa confiance.
Politiquement, le chef est libéré. Il pourra même de ce fait se choisir
quelqu’un d’autre qui puisse conduire les enjeux du moment.
Bientôt deux ans d’exercice du
gouvernement Matata. En tant qu’élu du peuple, comment jugez-vous son
action ? Est-ce il a rencontré les préoccupations de la
population ?
La République Démocratique du Congo est un
sous-continent. Nous avons un Premier ministre qui, lorsqu’il est arrivé devant
l’Assemblée pour l’investiture, nous avait dit qu’il n’avait pas de programme.
Il fallait donc l’investir sur base du programme de la Révolution de la
modernité initié par le Président de la République. Il nous avait promis un
chronogramme de l’exécution du programme du chef de l’Etat, que nous n’avons
jamais eu pour nous permettre d’évaluer son action. A ce jour, il n’y a que le
Chef de l’Etat, sans doute, qui est censé avoir ce chronogramme qui pourra le coter
comme lui-même l’avait fait avec ses ministres il y a près d’une année. Dans
tous les cas, ça c’est mon opinion, je pense qu’avec le gouvernement Muzito on
avait parlé de la gabegie financière. On avait besoin d’avoir un comptable. Et
le comptable a eu un comportement d’un boutiquier. Vous êtes Premier ministre,
vous allez aux Etats-Unis, ce sont les autorités du Fonds Monétaire
International qui font un coup de fil en Rdc pour lui soutenir. Ca fait tiquer.
Le deuxième voyage, le Premier ministre parle du leadership. Ca fait tiquer.
Pas très longtemps, il y a un article de Collette Braeckman qui dit que
c’est le Premier ministre qui est aimé par la population et haï par le sommet.
De ce fait, nous disons que si le Premier ministre, vous sentez que vous êtes
haï par le Chef, rendez lui votre démission. C’est simple. Le chef de l’Etat a
été élu par toute la population. Je profite de l’occasion pour vous informer
que le Premier ministre était suppléant d’un candidat député malheureux aux
législatives nationales de 2011. Ce qu’il sait au moins ce qu’est se
mouiller une chemise aux élections. Quand vous êtes aux affaires, sachez
respecter celui qui vous a donné la possibilité d’y être. Nous nous remettons
au pouvoir discrétionnaire du chef de l'Etat. S’il veut le reconduire, nous
allons accepter mais de toutes les façons, par éthique politique, parce que le
chef de l’Etat qui est respectueux de la loi, de l’éthique et de la
déontologie, nous sommes convaincus que pour n’avoir pas déposé sa démission
comme l’a fait le Premier ministre français, il va être limogé au lieu de
sortir par la grande porte.
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