L’Association Africaine de défense des Droits de l’Homme, Asadho, est
vivement préoccupée par la suspension par le Président de la République des
opérations Amani Leo et Kamilifu alors que lesdites opérations n’ont jamais
fait l’objet d’une quelconque évaluation par les parties prenantes - Fardc,
Monusco, autorités politico-administratives et société civile -.
En effet, lors du dernier séjour du Président Joseph Kabila au Nord et
Sud-Kivu du 9 au 12 avril 2012, il a exprimé sa volonté de faire arrêter
M. Bosco Taganda et a suspendu les opérations militaires qui permettaient de
traquer les groupes rebelles nationaux et internationaux, auteurs de plusieurs
violations des droits de l’Homme à l’Est.
Si l’annonce d’une éventuelle arrestation de Bosco Taganda constitue une
bonne nouvelle pour les victimes et défenseurs des droits de l’Homme, la
suspension improvisée des opérations militaires est un véritable danger tant
pour l’armée que pour les populations civiles. Car la suspension elle-même
n’est pas accompagnée par des mesures de nature à renforcer la paix
et la protection des populations civiles à l’Est.
Les populations de l’Est craignent pour leur sécurité dans la
mesure où les régiments militaires engagés dans les opérations Amani Leo
et Kamilifu n’ont pas été préparés sur le plan matériel, psychologique et
militaire pour faire face à la suspension desdites opérations. Ils risquent de
ne pas se soumettre au commandement des responsables des régions militaires du
Nord et Sud-Kivu, ce qui pourrait entrainer encore des défections au sein de
l’armée et aggraverait l’insécurité à l’Est du pays.
Face à ce qui précède, l’Asadho
recommande :
- Au Président de la République :
- de
faire organiser une rencontre qui réunirait les parties prenantes (Fardc,
les autorités politiques, la Monusco, société civile) pour évaluer les opérations
militaires à l Est et tirer des leçons.
- Au Gouvernement de la République
- de prendre
des mesures pour que l’arrestation de M. Bosco Taganda n’entraine aucune
violation des droits fondamentaux pour les populations civiles,
- Au x Fardc
- de prendre
des mesures urgentes pour encadrer la suspension des opérations militaires et
d’assurer la meilleure intégration des militaires qui étaient impliqués
dans lesdites opérations.
Fait à Kinshasa, le 16 avril 2012
Asadho
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