Article
d'actualité, 5 avril 2012
DUNGU,
République démocratique du Congo, 5 avril (HCR) – sœur Angélique est bien
connue à Dungu car elle circule à vélo dans cette ville poussiéreuse pour se
rendre auprès des femmes qui la considèrent comme une bénédiction du ciel.
Elle les aide à se remettre des traumatismes subis lors de leur enlèvement et des abus subis de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), un groupe rebelle ougandais redouté qui terrorise les civils dans le nord-est de la République démocratique du Congo, depuis des années.
Elle les aide à se remettre des traumatismes subis lors de leur enlèvement et des abus subis de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), un groupe rebelle ougandais redouté qui terrorise les civils dans le nord-est de la République démocratique du Congo, depuis des années.
«
Depuis 2008, je prends soin de jeunes filles qui sortent de la brousse après
avoir été enlevées par la LRA », a indiqué cette religieuse catholique âgée de
45 ans, tout en aidant trois jeunes femmes à cuire du pain dans le centre
qu'elle dirige à Dungu pour aider les victimes à la réintégration et à
reconstruire leur vie. Son organisation financée par le HCR travaille également
à leur redonner espoir pour l'avenir.
L'association
Dynamic Women for Peace dispense des cours d'alphabétisation en lingala ainsi
qu'un large éventail de formations professionnelles visant à aider les femmes
victimes de la LRA. Parmi ces formations, il y a des cours de couture, de pâtisserie,
de cuisine, de fabrication du savon et d'agriculture. Le partenaire
opérationnel local du HCR, le Centre d'Intervention Psychologique, a fourni des équipements et des outils.
Toutes
les victimes n'ont pas la possibilité de se rendre à Dungu et c'est pourquoi la
bicyclette de sœur Angélique est très utile. Elle s'en sert pour aller voir des
femmes qui vivent dans les installations de déplacés internes ayant vu le jour
près de Dungu. Depuis janvier, plus de 4000 personnes ont rejoint ces sites après
des attaques de la LRA.
Rose*
vit dans l'un de ces sites appelé Bangapili, où elle suit des cours de langue
assurés par l'organisation de sœur Angélique affiliée à Dynamic Women for
Peace. Rose, la quarantaine, a été brièvement retenue en otage par la LRA,
après une attaque meurtrière menée contre la ville de Duru il y a cinq ans.
«
Ils ont tué trois personnes dans ma maison – mon fils aîné qui avait 21 ans, ma
plus jeune sœur et mon oncle », a-t-elle expliqué. « Puis ils m'ont emmenée
avec eux dans la brousse. Mais, comme j'étais enceinte, le commandant a dit que
je n'étais pas utile et ils m'ont relâchée après deux jours. » Depuis, elle n'a
plus revu son mari. Après sa libération, Rose a retrouvé ses enfants rescapés
qui se
cachaient dans un champ et elle a fui avec eux vers Dungu, à 45 kilomètres de là.
Elle explique que le lingala n'est pas sa langue maternelle, alors les leçons lui sont très utiles pour l'aider à s'intégrer. « J'ai toujours eu de grands problèmes avec les femmes ici au marché, car nous ne pouvions pas communiquer. Désormais, je me sens mieux. J'aime apprendre à lire et à écrire. J'aimerais aussi apprendre autre chose », a-t-elle ajouté. Elle est ouvrière agricole pour gagner de l'argent, mais elle prévoit de suivre une formation professionnelle pour améliorer son avenir en terme de moyens d'existence.
cachaient dans un champ et elle a fui avec eux vers Dungu, à 45 kilomètres de là.
Elle explique que le lingala n'est pas sa langue maternelle, alors les leçons lui sont très utiles pour l'aider à s'intégrer. « J'ai toujours eu de grands problèmes avec les femmes ici au marché, car nous ne pouvions pas communiquer. Désormais, je me sens mieux. J'aime apprendre à lire et à écrire. J'aimerais aussi apprendre autre chose », a-t-elle ajouté. Elle est ouvrière agricole pour gagner de l'argent, mais elle prévoit de suivre une formation professionnelle pour améliorer son avenir en terme de moyens d'existence.
Sœur
Angélique a indiqué que les formations offertes par son organisation ont
bénéficié non seulement aux victimes de la LRA, mais aussi aux veuves ou aux
femmes élevant seules de grandes familles. Elle a indiqué qu'une fois la
formation terminée, l'association accorde un petit crédit aux femmes pour
qu'elles puissent acheter le matériel de base et lancer leur petite affaire.
Elles remboursent l'emprunt lorsqu'elles commencent à gagner de l'argent.
«
Nous devons les aider à gagner suffisamment chaque jour pour subvenir à leurs
besoins et ceux de leurs enfants plutôt que de se disperser à gagner un peu
d'argent çà et là ou de mendier auprès de leurs voisins pour un travail éreintant
dans les champs », a souligné la sœur.
A
Dungu, Madeleine, âgée de 22 ans, n'est pas une victime de la LRA mais elle se
démène seule pour élever ses trois enfants, y compris celui de sa sœur décédée
il y a un an. Elle a suivi une formation professionnelle de pâtisserie offerte
par Dynamic Women for Peace et elle gagne désormais l'équivalent de 20 dollars
environ par semaine pour sa petite famille.
«
Je me suis achetée ces chaussures, ce pagne et des habits pour mes enfants »,
a-t-elle expliqué, tout en montrant fièrement le pagne coloré. « Je suis
heureuse, mais si j'ai assez d'argent, je voudrais entamer des études de
médecine pour devenir infirmière », a ajouté la jeune femme, dont l'éducation
s'est brusquement arrêtée lorsqu'elle a quitté l'école à 16 ans après être
tombée enceinte.
Sœur
Angélique est fière des femmes qui sont venues à son centre et elle est
heureuse d'avoir pu les « aider à les rendre autonomes. » Elle est enchantée
que « le service de restauration collective que nous avons établi avec les
plats cuisinés des élèves soit célèbre à travers toute la ville. Nous avons une
forte demande de plats cuisinés pour des événements et des séminaires. »
La
sœur a indiqué que les femmes changent beaucoup durant leur formation auprès de
son organisation. « Certaines avaient peur de sortir mais, aujourd'hui, grâce à
leurs activités, elles se sont ouvertes aux autres », a-t-elle expliqué,
ajoutant avec un sourire : « Elles parlent avec vivacité et confiance. »
Mais
il y a eu beaucoup de travail pour arriver à ce résultat, a admis sœur
Angélique. « Nous manquons de moyens pour arriver à faire tout ce qui serait
nécessaire pour aider ces femmes. Souvent, cela prend du temps pour certaines
femmes de bien comprendre la formation », a-t-elle expliqué. « Parfois, avant
d'aller dormir, je me demande pourquoi je continue et alors je pense que
quelqu'un se doit d'aider ces femmes. Je dois faire ce sacrifice. Quand elles
me racontent leur vécu, je me force parfois à ne pas fondre en larmes. »
*
Noms fictifs pour des raisons de protection
Par Céline Schmitt à Dungu,
République démocratique du Congo
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