Paris, Oxford, Bruxelles, Kinshasa, le 5 avril 2012 - Le 24 novembre 2009, la Compagnie minière du Sud Katanga (CMSK),
qui exploite une mine à Luiswishi en République démocratique du Congo (RDC), a cautionné
et participé à la destruction de plusieurs centaines de maisons dans les
villages de Kawama et de Lukuni-Gare, tous deux proches de la mine. Plus de 500 habitations
ont été détruites par les engins appartenant à la CMSK et plusieurs personnes
ont été blessées. La CMSK est une joint venture détenue à 60 % par l’entreprise
générale Malta Forrest (EGMF) qui appartient au groupe belge GEORGE FORREST INTERNATIONAL
(GFI).
Cette opération de destruction, présentée comme visant à faire «
déguerpir » les creuseurs artisanaux et clandestins a en réalité touché des
villageois vivant principalement de l'agriculture et de la fabrication de braises.
Dans les douze mois précédant l'opération, plusieurs incidents violents ont été
rapportés au cours desquels les services de sécurité de la mine et la police
auraient blessé ou tué des creuseurs artisanaux se trouvant dans la zone de la
concession, et tiré à balle réelle en direction du village. Le 9 novembre 2009,
un habitant du village, Boniface Mudjani Tumba, aurait ainsi été touché à la
poitrine par une balle perdue alors qu'il prenait son bain dans sa maison de
Kawama.
« Les agissements du groupe Forrest sont en contradiction
flagrante avec la responsabilité des entreprises de respecter les droits les
droits de l'Homme » a estimé Souhayr
Belhassen, Présidente de la FIDH. « Les Principes directeurs de l'OCDE
établissent clairement que les entreprises doivent s'acquitter de leurs
responsabilités y compris lorsque les Etats ne respectent pas leurs obligations internationales en matière de droits humains » a-t-elle ajouté.
A ce jour, ni la procédure judiciaire initiée au niveau local ni
la tentative de médiation n'ont abouti en une quelconque réparation des
personnes victimes des agissements de la CSMK. A plusieurs reprises, nos organisations
ont demandé au groupe Forrest de reconnaître ses responsabilités dans ces
violations et d'entamer une négociation avec les représentants des victimes. Malheureusement,
Forrest n'a pas souhaité y donner suite.
Aussi, RAID, l'ACIDH, la FIDH, et ses organisations membres en
Belgique et en RDC (la Ligue des électuers et le Groupe Lotus) ont-elles
demandé au Point de contact national belge de se saisir de l'affaire. «
Nous attendons du point de contact belge qu'il confirme que les principes
directeurs ont été violés et qu'il initie une médiation indépendante visant à compenser dans les
meilleurs délais les victimes qui ont été blessées ou qui ont perdu leur
logement et leurs moyens de subsistance » a déclaré Patricia Feeney de Rights and Accountability in
Development ( RAID).
« Il est temps pour l'entreprise Forrest de changer ses pratiques
en République démocratique du Congo » a
ajouté Emmanuel Umpula de l'ACIDH, « Nous espérons que le Point de
contact national pourra influencer positivement le groupe Forrest pour qu'il
prenne en compte à l'avenir les droits humains des communautés locales ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire