La Banque mondiale a organisé un atelier sur le B-Ready à Kinshasa pour présenter la nouvelle méthodologie d’appréciation du climat des affaires dénommée Business-Ready (Prêt pour les affaires, en français), (B-Ready). L’objectif est de passer en revue les initiatives existantes pour l’amélioration de l’environnement des affaires, d’identifier les thèmes de B-Ready qui s’appliquent au niveau provincial en RDC et s’accorder sur les provinces qui vont participer au pilotage du B-Ready au niveau sub-national.
Cet instrument, actuellement en phase pilote, va poursuivre l’évaluation des conditions de pratique des affaires comme le faisait le Doing Business avant son abandon par la Banque mondiale. La méthodologie du B-Ready introduit quelques nouveautés, notamment une attention particulière sur des thèmes comme la résilience climatique, le Genre ou la transparence dans les affaires. Une autre innovation intervient par une implication des provinces dans la reprise des réformes du climat des affaires dans les matières où elles détiennent des compétences. Les provinces sont ainsi encouragées dans une sorte de compétition positive sur l’implémentation des réformes visant à faciliter l’implantation des entreprises, la création de l’emploi, etc.
Cet atelier a connu une forte participation des représentants des provinces, des divisions provinciales du Plan et des directions provinciales des recettes à cet atelier. Quelques entrepreneurs privés y sont également conviés. Cette activité est soutenue par le Projet d’appui au développement des micro, petites et moyennes entreprises (PADMPME) dans sa sous-composante consacrée à l’amélioration du climat des affaires.
Ephrem Balole, un des participants, est directeur général de Virunga Énergie. Virunga travaille pour la distribution de l’électricité et dispose d’une autre unité qui s’appelle Virunga Développement qui promeut l’entrepreneuriat au autour du Parc National de Virunga dans la province du Nord-Kivu. C’est dans ce cadre que Virunga Développement travaille sur le parc industriel. « Nous avons déjà plus de 1.300 entreprises qui ont été créées depuis que nous avons commencé la distribution de l’électricité. Nous avons des mécanismes de crédit via l’électricité », a révélé le directeur général de Virunga Énergie.
Des entreprises qui fonctionnent dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo rencontrent assez des difficultés dues à la guerre et à l’insécurité. « L’atelier était très important pour nous parce que nous avons traité le climat des affaires et nous avons eu à examiner les questions de fiscalité, d’accès aux services publiques qui facilitent le développement des entreprises. Nous avons eu à examiner les facilités d’accès au foncier, au permis de construire. Tout ça constitue une opportunité très importante. Pour nous à l’Est de la RDC, l’accès au foncier était un gros problème pour les opérateurs économiques. C’est pourquoi nous avons envisagé de travailler au travers des parcs industriels ».
Avec le PADMPME, Virunga a été sélectionné comme étant un centre d’entreprise qui va accueillir 40 entrepreneurs notamment des jeunes entrepreneurs qui vont s’y lancer. Il ne faut pas qu’au même moment qu’on puisse encourager la création des entreprises et développer le mécanisme pour les bloquer et pour qu’elles tombent en faillite dans les deux années qui suivent.
Les discussions ont tourné sur comment rendre l’environnement des affaires faciles et favorables au développement des Pme. Des initiatives sont en cours et il espère que ça pourra aller dans la bonne direction. « Nous avons des entreprises qui sont dans le territoire de Rutshuru dans un contexte de guerre avec le M23 et qui peinent à travailler. Nous le voyons très facilement sur notre réseau d’électricité. Rutshuru est un milieu qui consommait au départ deux mégawatts. Pour le moment, Rutshuru ne consomme même pas 500 kilowatts. Ça signifie que les moulins, les soudures, les garages, les chambres froides, les poulaillers... qui étaient en train de fonctionner à ce niveau ne sont plus en activité. Là c’est un casse-tête. Nous avons une entreprise Premedis qui vient de fermer à Rutshuru. Nous accordons du crédit aux entreprises qu’elles remboursent au travers de l'électricité ».
D’ailleurs, au niveau de Rutshuru 11 % des emplois ont été créés par des anciens membres des groupes armés. C’était une manière d’offrir à ces jeunes gens qui sont recrutés dans les groupes armés un emploi certain et sûr pour un travail normal et utile. Les tracasseries administratives et fiscales font partie des difficultés énormes que rencontrent les entreprises dans le Nord-Kivu. Les participants ont analysé cette thématique pour comprendre le mécanisme par lequel les opérateurs économiques sont étranglés par la pression fiscale.
« Il y a des réformes qui sont en cours. Je crois qu’au niveau provincial, j’ai trouvé les différentes régies qui ont entamé un certain nombre d’initiatives positives. C’est pourquoi d’ailleurs nous avons encouragé la recommandation dite les meilleures pratiques fiscales qui ont fait leurs preuves à Kinshasa et au Kongo Central. Que cela puisse servir d’exemple dans d’autres provinces. Il y a de la volonté des régies provinciales de créer des guichets uniques et de faciliter pour les opérateurs économiques au niveau des différentes provinces ».
Fermeture de la frontière avec le Rwanda
Des acteurs politiques et activistes des droits de l’homme réclament du gouvernement congolais la fermeture des frontières avec le Rwanda. Sur le plan économique en effet, il y a des relations étroites entre le Rwanda et la RDC d’une part et d’autre part entre l’Ouganda et la RDC. S’il y a rupture des relations diplomatiques entre les trois pays, ça sera pénible pour les populations congolaises, affirme Ephrem Balole parce que toutes les voies d’importation de toutes les villes qui sont dans l’Est de la RDC transitent par les deux pays. Fermer ces voies, ce serait asphyxié davantage les populations qui sont déjà assiégées.
« La ville de Goma est pratiquement assiégée. Les routes en dehors de Goma ne fonctionnent plus. Et donc, nous sommes en train de dépendre du Rwanda et de l’Ouganda et surtout du Rwanda en grande partie pour l’approvisionnement des produits agricoles ».
Entrée de la RDC dans l’EAC
Dans la vie quotidienne, les opérateurs économiques ne constatent pas encore des plus-values du point de vie économique de l’appartenance de la RDC à cet ensemble sous-régional. Dans les accords, il a été dit qu’en adhérant à cette structure sous-régionale, les habitants des pays membres pouvaient voyager dans cet espace sans visa. « Pour le moment, nous sommes toujours astreints au paiement du visa. Et donc, c’est comme avant l’adhésion et ça n’a rien changé. L’appartenance à cette communauté n’est pas encore en train de se vivre concrètement dans la vie quotidienne ».
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