« La publication des listes provisoires des candidats à la députation nationale traduit une discrimination criante à l'égard des femmes, une trahison volontaire des engagements pris par la République et un mépris de l'idéal du Chef de l'Etat mainte fois exprimé par ses discours et déclarations, tant au pays qu'à l'extérieur ». C’est l’expression du ras-le-bol des femmes politiques toutes tendances confondues et de la société civile réunies au sein de Cadre de concertation de la femme congolaise (CAFCO). Ces femmes ont publié une déclaration le 23 août 2023 à Kinshasa et exige réparation aux termes du contentieux électoral.
La Constitution de la RDC fait obligation aux pouvoirs publics de veiller à une représentation équitable des femmes dans les institutions et postes publics. C’est ce cadre que le Chef de l'Etat, Félix-Antoine Tshisekedi a été désigné Champion de la masculinité positive par des chefs d'Etats africains, comprend pertinemment bien la lourde responsabilité de fournir des évidences sur son engagement à changer le visage trop masculin de l'Etat. C'est dans ce cadre qu'il n'a pas hésité à améliorer le taux de représentation des femmes au sein du Gouvernement. Il a déclaré également sa déception pour toute politique qui exclurait les femmes dans la gestion de la chose publique.
Les dispositions de l'article 13 de la Loi électorale exemptent du paiement des frais de dépôt des candidatures toute liste alignant au moins 50 % des femmes. Cependant, le CAFCO est consterné par le faible taux d'alignement des femmes sur les listes des partis et regroupements politiques. Car seulement 3.955 femmes, soit 17 %, sont alignées à côté de 19.698 candidatures masculines, soit 83 % du nombre total des candidatures jugées recevables.
Les formations politiques ont opposé un pied de nez farouche à la Loi électorale en son article 13, en préférant débourser 1.600.000 Francs Congolais par candidat. Ce qui donne 30.400.000 Francs Congolais, soit 12.667 dollars américains par liste dans chaque circonscription électorale. Malgré les efforts de quelques rares bons élèves parmi les partis et regroupements politiques à aligner beaucoup de femmes, ce qui fait monter leur taux de participation à 17 % par rapport à celui de 2018 qui se limitait à 11 %. Ce ratio demeure toutefois dérisoire au regard des promesses faites par les formations politiques, lesquelles ne se sont révélées n'être qu'un chapelet de bonnes intentions.
En préférant débourser 464.000.000 des Francs Congolais, soit 193.333 dollars américains, pour aligner 300 candidats et atteindre le seuil de recevabilité, au lieu d'aligner simplement 50 % des femmes par liste et réaliser de surcroît des économies pour financer la campagne électorale qui exige autant de moyens.
CAFCO relève de ce fait que la publication des listes provisoires des candidats à la députation nationale traduit une discrimination criante à l'égard des femmes, une trahison volontaire des engagements pris par la République et un mépris de l'idéal du Chef de l’État mainte fois exprimé par ses discours et déclarations, tant au pays qu'à l'extérieur. Les partis et regroupements politiques, dont l'une des fonctions classiques est de cristalliser la citoyenneté, démontrent qu'ils n'ont pas réussi à se définir autrement que comme des machines politiques écrasant les aspirations légitimes des femmes, telles que garanties par l'ordonnancement juridique et constitutionnel en vigueur.
En conséquence, les partis et regroupements politiques participent, à travers leurs mesquineries masculines, à la délégitimation de l'image extérieure congolaise qui se prive des moyens de mettre en valeur un narratif plus attractif à travers une représentation plus remarquable des femmes dans les instances de prise de décision. A cet égard, les chefs des partis et des regroupements politiques devraient cerner les effets négatifs de voir les femmes leur servir de tremplin en mettant en valeur leur féminité pour décorer les podiums de campagnes et jouer aux rabatteuses pour canaliser les voix des électeurs à leur profit.
Il est donc regrettable que la bonne histoire politique soit celle qui est fondée sur l'exclusion de leurs mères, épouses, sœurs et filles, là où les énergies de tous et de toutes sont nécessaires pour relever le défi du développement.
CAFCO recommande ainsi aux responsables des partis et formations politiques de corriger leurs erreurs en revoyant la composition de leurs listes pour qu'il y ait cette fois-ci autant d'hommes que de femmes, soit 50-50, aux élections provinciales et locales ; d'octroyer suffisamment de moyens au peu de femmes alignées à la députation nationale, et de leur permettre d'être visibles, audibles, compétitives, afin de se lancer à chances égales dans la compétition. Et ceci ne sera qu'une amende honorable.
A la population en général, CAFCO recommande également aux femmes électrices en particulier de se servir de leur majorité numérique en votant massivement pour la minorité des femmes candidates dans leurs circonscriptions respectives, en dépit de leur nombre dérisoire en termes des candidatures. Et aux jeunes électeurs d'emboîter le pas au chef de l’Etat sur la masculinité positive dont il en est Champion. Enfin, CAFCO prie les organisations de la société civile en général et celles qui luttent pour les droits des femmes en particulier de sensibiliser et de mobiliser le plus grand nombre d'électeurs et électrices pour les amener à découvrir la nécessité d'accorder leurs suffrages aux respectives aux femmes dynamiques et compétentes de leurs circonscriptions respectives.
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